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Les sclérotinioses : des bioagresseurs sous surveillance

Cultures légumières
Cultures tropicales
Grandes cultures / Polyculture-élevage
Année de publication
  (mis à jour le 14 fév 2022)
Source :  EcophytoPIC
Auteur :  Mise à jour par M.Gayrard sur la base du travail de Ph. Delval en avril 2019
Réferences : 
Synthèse EcophytoPIC n°7

Les sclérotinioses sont des maladies des plantes, provoquées par différents agents du genre Sclerotinia. Elles produisent des altérations humides affectant les parties des plantes au contact du sol et notamment les feuilles sénescentes, puis le collet, voire la tige de certaines cultures. Un tableau réalisé dans le cadre du projet Sclérolég présente les types d’organes principalement colonisés par le S.sclerotiorum et les symptômes pour quelques cultures.

Des agents pathogènes extrêmement polyphages

Sclerotinia sclerotiorum et Sclerotinia minor peuvent se maintenir dans le sol plusieurs années (8 à 10 ans) grâce,

  • aux sclérotes qu'ils produisent sur les organes affectés
  • et/ou au mycélium présent dans les débris végétaux abandonnés sur les parcelles. (source Ephytia)

S. sclerotiorum se caractérise par une très large gamme d’hôtes de plus de 450 espèces de plantes : dicotylédones et monocotylédones comprises (Boland et Hall, 1994), mais aussi des adventices comme le chénopode blanc, le pissenlit, le séneçon, les rumex, les moutardes… Des mycoherbicides à base de ce champignon ont même été développés ! Certaines nouvelles cultures comme la Stevia sont sensibles à cet agent pathogène (Koehler et Shew, 2014).

De plus, il ne semble pas y avoir de spécificité concernant les hôtes, ce qui n’est pas sans implication pour les rotations, l’arrangement parcellaire et pour la gestion des souches résistantes aux fongicides (Bardin M., Faloya V., 2019).

Les CIPAN (cultures intermédiaires pièges à nitrates) comprennent également de nombreuses espèces susceptibles d’héberger le champignon : moutarde, radis, navette, trèfle, vesce, phacélie, mélanges à base de légumineuses…  L’idéal est donc de privilégier les graminées : ray-grass, seigle, avoine…

Consultez la fiche de la base ABAA ci-contre pour plus d'informations.

Facteurs de risque

La rotation pratiquée au cours des 10 dernières années arrive en tête des facteurs de risque. Le nombre de cultures sensibles au sclérotinia et l’ancienneté des dégâts expliquent ainsi une bonne part de la pression de maladie. Les sclérotes peuvent se multiplier chaque fois qu’une culture sensible est implantée. Certaines cultures légumières telles que les carottes, les céleris, les flageolets ou les endives jouent même un rôle aggravant. La nature des couverts végétaux ou mélanges fourragers semble également importante à considérer.

D’autres facteurs tels que les conditions climatiques, le volume de végétation, la date de semis, l’enherbement, la verse sont également à prendre en compte. Des articles UNILET sur le haricot  et Infos CTIFL complètent l'information ci-dessous.

Des maladies sous haute surveillance en colza et cultures légumières

Des "kits fleurs" réalisés dans le cadre de la surveillance biologique du territoire nous permettent d'estimer le potentiel infectieux, a priori, du sclérotinia vis-à-vis du colza. Les résultats de ces suivis alimentent les BSV pour fournir des informations les plus pertinentes vis à vis du risque sclérotinia. (voir ci-contre) Dans certains cas des grilles procurent des éléments de raisonnement du risque. Les grilles ci-dessous concernent le haricot (à gauche) et le soja (à droite).

Il est à noter que S. sclerotiorum développe rapidement des résistances aux fongicides. Ainsi des résistances à la carbendazime, aux dicarboximides (comme iprodione, procymidone ou vinchlozoline), aux strobilurines ou au boscalid ont été mise en évidence (Grossen et al., 2001 ; Penaud et Kazmar, 2001 ; Penaud et al., 2011). Cette capacité d’adaptation est en partie liée à la biologie du pathogène qui a une phase sexuée qui produit des ascospores en très large quantité.

Une note commune, rédigée par un groupe de travail  réunissant des experts de l’Anses, l’INRA et Terres Inovia dresse l’état des lieux de la résistance Sclerotinia vis-à-vis de principales familles chimiques de fongicides actuellement autorisées (SDHI, IDM et QoI) et formule des recommandations de gestion durable pour limiter les risques d’évolution de résistance et maintenir une efficacité des solutions disponibles.

Une combinaison de leviers en fonction des filières et des cultures

La cohérence des pratiques est cruciale, afin que celles-ci tendent toutes vers le même objectif et additionnent leurs effets. Un article UNILET vous permettra d'aller plus loin. Il est primordial de mettre tout en œuvre sur les cultures sensibles au Sclerotinia pour éviter que la maladie ne s'y développe et de soigner les désherbages des adventices dicotylédones sensibles pour la même raison. Il est recommandé de réduire le potentiel infectieux de la parcelle par l’utilisation de l’agent fongique de lutte biologique Coniothyrium. Pour être efficace, ce produit doit être mis en contact direct avec les sclérotes, sur les résidus de récolte infectés dans le cas d'une attaque mal maîtrisée, avant le semis, ou en rattrapage jusqu'au stade 4-5 feuilles pour le colza.

En grandes cultures

Il est important de maitriser la densité et de limiter l'usage des régulateurs au printemps (sur colza) afin de garder une végétation bien aérée, c'est à dire à densité correcte de 30-35 plantes/m². L'application d'un régulateur au printemps, en tassant la végétation, peut favoriser les attaques de sclérotinia en augmentant l'humidité du couvert et pétales plus près de l'inoculum.

Si les variétés de colza actuelles sont toutes sensibles au sclérotinia, de nombreuses recherches, à l'échelle mondiale, sont menées sur la résistance à cette maladie. Plus d'information sur colza et soja dans le carrousel ci-contre.

Il est conseillé de ne pas intervenir trop tôt avec des fongicides sur colza : G1 est le stade optimal dans la protection contre le sclérotinia. A ce stade, les 10 premières siliques sont formées sur les hampes principales avec une longueur inférieure à 2 cm et les premiers pétales chutent. La précocité variétale, l’exposition nord- sud, la présence d’accident sanitaire… Cela oblige donc à raisonner la date d’intervention à la parcelle. Il est, bien entendu, indispensable de limiter le risque de développement des résistances en respectant la note commune (voir § plus haut) et de respecter la réglementation concernant les pollinisateurs.

En cultures légumières

Maitriser la fertilisation

Il est important de limiter le maintien d’humidité dans le couvert par une végétation abondante, dense, mal aérée, versée ou enherbée. Il est donc indispensable d’éviter une fertilisation azotée trop copieuse et d’évaluer les reliquats azotés, les restitutions du précédent cultural, les arrière-effets des effluents organiques, les apports starters de phosphate d’ammoniaque, etc.

L’azote expose les cultures légumières aux maladies dues à Sclerotinia spp. et aux pucerons d’où l’intérêt de minimiser le risque lié aux fertilisations élevées. De réelles marges de progrès existent sans remettre en cause l’objectif économique des productions, avec des conséquences favorables sur la santé des plantes. Enfin, la fertilisation, en tant que facteur de gestion du risque sanitaire, entre dans les stratégies de production intégrée. La gestion de l’irrigation mérite aussi d’être affinée. Consultez les informations du projet de recherche FERTIPRO pour compléter l'information.

    Autres pistes d'action

    • La solarisation peut être une solution envisageable afin de réduire les inoculums de la maladie, (consulter le levier PIC dédié).
    • Des travaux canadiens ont montré l’intérêt d’un fauchage latéral du feuillage sur carotte après la fermeture des rangs afin de modifier le microclimat au niveau des plantes.
    • L’implantation de cultures neutres telles que l’oignon, la betterave ou la pomme de terre présente un intérêt. Certaines cultures telles que le céleri présentent des pertes négligeables et ne nécessitent pas d’intervention.
    • Des solutions de biocontrôle, avant la mise en culture ou pendant, complètent la panoplie de solutions utilisables en cultures légumières.
    Retours d'expérience du terrain

    Différents projets de recherche ont travaillé de près ou de loin sur le sujet (voir détails ci-contre) :

    • Le projet Scléroleg a apporté de nombreuses informations sur la résistance génétique, notamment par la modification de l’architecture des plantes mais aussi la rotation, la réduction du potentiel infectieux des parcelles (Souches hypovirulentes, Diminution de la viabilité des sclérotes, Diminution du nombre d’apothécies) et l'Induction de résistances. Un article d'Innovations Agronomiques fait le tour complet des résultats.
    • Le projet Chicorée à travaillé sur les tolérances variétales
    • Le projet Fertipro s'est concentré sur l'amélioration de la santé des plantes via une meilleure fertilisation.
    Côté réseau DEPHY
    • En grandes cultures, les trajectoires DEPHY ont surtout porté sur une réduction des doses de fongicides. Quatre trajectoires témoignent de cette possibilité en lutte fongicide (liens vers les trajectoires en Centre - Val de Loire, en Occitanie, en Pays de la Loire, en PACA).
    • En cultures légumières, le biocontrôle et la rotation sont au cœur de la réflexion pour la maîtrise de ces bioagresseurs (lien vers les trajectoires en Occitanie est, en Occitanie ouest, en PACA).
    • Côté expé, une fiche système présente les résultats d'une expérimentation sur la gestion des bioagresseurs telluriques dans un système centré sur la salade ayant recours aux produits de biocontrôle et à la solarisation un été sur trois.