Il s’agit d’un groupe de viticulteurs homogène, où chacun porte les mêmes objectifs. Leur outil commun est la cave des Vignobles de Constance et du Terrassous où ils sont tous adhérents et fortement impliqués. C’est au sein de cette structure qu’ils décident ensemble des orientations importantes à prendre sur le vignoble.

Le projet du réseau Dephy a été l’occasion pour les exploitants de formaliser un groupe d’échange technique.
L’enjeu est d’améliorer et réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, tout en préservant la rentabilité économique sur les exploitations. Les cinq premières années ont entre autres permis la mise en œuvre de nouvelles stratégies de lutte contre le mildiou et l’eudémis. L’intégration en 2016 dans le groupe de la station viti-vinicole de Tresserre gérée par la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales a été importante sur le point technique. La composition du groupe évolue quelque peu en 2022 avec des départs en retraite et l'arrivée de jeunes agriculteurs et de viticulteurs en bio.

Le groupe mise beaucoup sur le travail en collectif et le partage. Dans un contexte socio-économique difficile et alors que l'évolution du climat pèse de plus en plus sur les rendements au sein des exploitations, ils tentent ensemble, grâce à une combinaison de solutions techniques, d'évoluer vers des pratiques plus vertueuses. Pour certains, cette évolution passe par une restructuration progressive du vignoble traditionnel favorisant la mise en oeuvre de ces pratiques.

Cépages principaux : Grenache noir, Syrah, Carignan, Grenache blanc, Grenache gris, Macabeu, Muscat petits grains, Muscat d'alexandrie

Spécificités du groupe : Combinaison de pratiques en vue de réduire l'utilisation des produits phytopharmaceutiques

Partenariats locaux : Groupes 30000 fermes, Université de Perpignan

Thématiques principales du groupe :

1. Développement du désherbage mécanique intégral : l'enjeu majeur est l'entretien mécanique des sols sous le rang.

2. Analyse du risque (OAD climatique, observation) et optimisation de la dose : Améliorer l'efficience des pratiques de lutte contre les maladies fongiques (oïdium, mildiou) et réduire les IFT.

3. Réglage du matériel : en travail du sol comme en pulvérisation, l'utilisation d'outils bien entretenus et réglés avec précision conditionne une large part de la réussite.

4. Biocontrôle : Développer l'utilisation de produits ayant déjà démontré une efficacité réelle (soufres et phéromones notamment).

5. Fertilité des sols et amélioration de la capacité de rétention en eau : utiliser des outils de diagnostic et mettre en pratiques différentes actions (compostage à la ferme, semis d'engrais vert, projet collectif d'irrigation).

Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement

1. Variétés et matériel végétal : depuis la création du groupe le cépage marselan a été planté par plusieurs viticulteurs. Une réflexion est en cours concernant l'introduction dans les parcelles d'autres cépages : tolérants, caladoc...Cette réflexion est menée en concertation avec la cave coopérative.

2. Participation à la recherche sur le biocontrôle et les biostimulants : les viticulteurs du groupe mettent à disposition des parcelles pour que différents essais puissent y être menés (Chambre d'agriculture, Chaire AgoLab de l'université de Perpignan, fabricants...).

Résultats du groupe 

Durant la première phase, de 2010 à 2015, le groupe a particulièrement travaillé sur le raisonnement de la lutte insecticide contre eudémis, sur l'utilisation de cuivres à doses réduites sur mildiou ainsi que sur l'implantation du cépage marselan au sein du parcellaire.

La phase de 2016 à 2021 a également été expérimentale avec la mise en oeuvre de la lutte contre l'eudémis par confusion sexuelle sur des zones tests et l'utilisation d'intercep sur certaines parcelles..

Diverses réflexions portant sur l'utilisation d'OAD modélisés, l'amélioration de la vie des sols, l'implantation de cépages tolérants, la mise en oeuvre d'un projet collectif d'irrigation ont été menées.

A partir de la phase de réengagement de 2022, les travaux en cours seront poursuivis et étendus, certaines réflexions concrétisées en actions. Les changements à réaliser sont importants et nécessitent en partie restructuration des vignes et investissements. Les baisses de rendements observées au cours des dernières années n'autorisent ces changements que progressivement. Les prises de risque sont également très mesurées.

Le graphique ci-dessous représente l'évolution des IFT totales chimiques des exploitants toujours engagés (les points à 0 concernant les viticulteurs ayant fait leur entrée dans le groupe lors des phase de réengagement après 2010).

On peut observer les points suivants :

• La moyenne des IFT chute régulièrement depuis le démarrage du groupe.
• Les niveaux d'IFT sont très dépendant des conditions climatiques du millésime (exemple de 2020, millésimes à très forte pression mildiou sur le département).

Concernant les viticulteurs on distingue 3 catégories : ceux qui stagnent à un niveau d'IFT supérieur à la moyenne (4 exploitants sur le graphique) et pour qui le changement de pratique reste difficile. Un agriculteur qui reste a un niveau assez bas mais qui pour l'instant est au maximum de sa prise de risque. Ceux dont la trajectoire de la courbe tend vers le bas (3 agriculteurs) depuis la formation du groupe.

On note que le secteur viticole est soumis à des traitements obligatoires contre la flavescence dorée, ce qui entraine jusqu'à 3 points d'IFT pour certains agriculteurs.

Une des principales caractéristiques du groupe est le fonctionnement collectif. Il n'y a pas d'individualités, le groupe avance ensemble, chacun toutefois avec sa propre acceptation du risque et bien entendu avec ses propres moyens. Le groupe se réuni régulièrement, au minimum une fois par mois, voir plus en saison. Des déplacements d'étude sur d'autres vignobles avec des problématiques ciblées sont organisés chaque année.