
Groupe Guyane Légumes des tropiques
Le réseau est engagé depuis 2018 dans le DEPHY avec 9 exploitations dont 1 puis 2 en agriculture biologique. Les cultures travaillées sont des productions maraîchères diversifiées en plein champ pour certains et sous abris pour d'autres. Tous sont sur des petites surfaces (<2 ha) pour l'atelier maraîchage. L'EPLEFPA de Guyane est porteur du DEPHY. Les exploitations suivies sont très peu mécanisées. Le temps de main d'oeuvre est donc important. De plus, les sols, issus majoritairement d'une défriche récente, requièrent un apport important en amendement et fertilisant. Cela amène ainsi des rendements souvent inférieurs à ceux de la métropole. L'emploi des produits phytosanitaires varie d’une exploitation à l’autre mais il y a globalement une utilisation réduite des produits conventionnels et biologiques, même si des pertes sont souvent observées.
Les agriculteurs du réseau ont la volonté de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires pour des raisons de santé et d’environnement mais aussi pour s’affranchir de ces intrants chers et peu adaptés à leurs cultures.
Productions principales : Maraîchage diversifié
Spécificités du groupe : Amélioration et maintien de la fertilité du sol en maraîchage tropical
Lycées partenaires : EPLEFPA de Guyane
Partenariats locaux : Chambre d'agriculture de Guyane, réseau MAEC
Le regard de l'ingénieur réseau:
Actuellement, la majeure partie du groupe DEPHY Maraîchage a réussi à s’affranchir des produits phytosanitaires (conventionnel et biocontrôle confondus) voire des engrais chimiques.
L’objectif est de continuer dans cette optique tout en atteignant les quantités de production visées et donc les performances économiques attendues. L’amélioration et le maintien de la fertilité des sols ont, par conséquent, été déterminés comme les enjeux majeurs sur lesquels nous allons travailler.
Le fait de pouvoir échanger et obtenir rapidement des résultats, en faisant partie d’un groupe, a motivé les agriculteurs à entrer dans DEPHY. De plus, chacun est conscient que fonctionner en réseau permet de bénéficier d’un encadrement léger et des avancées des réseaux voisins.
Limiter l’impact des bioagresseurs par une meilleure gestion du sol et de sa fertilité
Thématiques principales du groupe :
L’enherbement est, comme dans toutes les régions tropicales, une contrainte importante pour les productions et sa gestion pose le problème du temps de travail, très important lorsque le désherbage est manuel ou mécanique. Temps qui devient un facteur limitant de la surface potentiellement cultivable par l’agriculteur (inférieure à 2 ha/pers.).La fragilité des sols agricoles, leur faible épaisseur, leur taux élevé de sable et la dynamique extrêmement rapide de la dégradation et de la minéralisation de la matière organique dans un climat chaud et très humide rend la situation fragile.
La gestion de l’enherbement et la gestion du sol sont donc deux éléments très liés et le groupe DEPHY a souhaité développer ces thématiques. C'est pour cela que les axes notamment sur la mise en application du désherbage mécanique et de la lutte physique (paillage ou bâches) et même le désherbage avec un générateur vapeur basse pression sont explorés.
Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement
D'autres thèmes ont été abordés avec le groupe, notamment le calcul des apports en matières organiques locales et l'évaluation au champ de la fertilité des sols. La piste des organismes efficaces sera explorée d'ici peu, une agricultrice ayant décidé de tester leurs effets sur quelques cultures.
Résultats du groupe
Concernant les résultats, ils sont mitigés. Ainsi, le désherbage mécanique est très abordable financièrement mais le temps dédié à cette tache est trop important. Le paillage plastique qui est installé pour éviter les herbicides est également intéressant, mais il reste mieux adapté sous abris où la surface est limitée. Il faut le choisir très épais afin qu'il dure dans le temps (4 à 5 ans) et a un coût représentant un léger frein.
D'autres exemples de paillage d'origine végétale montrent qu’il est tout à fait possible et très performant d’utiliser des mulchs de différentes natures (mulch de graminées broyées, BRF) pour limiter le développement des adventices et contribuer à l’apport régulier de matière organique. De plus, un apport régulier de matière organique sous forme de compost ou sciure, en améliorant la structure du sol, facilite également le désherbage. Par contre, le temps nécessaire à sa fabrication (récolte, broyage, paillage) représente un frein pour certains agriculteurs.
Le désherbage à la vapeur apparaît comme une solution très intéressante, particulièrement en maraîchage où les parcelles sont de taille réduite, mais également en arboriculture pour gérer les tours d’arbres. Une première exploitation est déjà équipée d’un tel matériel, et l'agriculteur en est très satisfait, mais ce matériel nécessite d’être complété par un système déporté de lance avec tuyau pour permettre le désherbage localisé. A noter que l’utilisation de vapeur à haute température permet également de désinfecter la couche superficielle du sol en tuant les graines d’adventices (réduction de la banque de semences) et les bactéries Ralstonia solanacearum responsables de la maladie du flétrissement bactérien. Il est par ailleurs recommandé de combiner cette pratique avec l'utilisation de mulchs végétaux afin d'éviter les sols nus ou peu couverts. Le prix d'une telle machine reste cependant un frein important pour les petites exploitations guyanaises.
Témoignage de la structure :
L’exploitation agricole de l’EPLEFPA de Guyane s’investit depuis plusieurs années en faveur de la réduction d’utilisation des produits phytosanitaires et la valorisation de pratiques agro-écologiques. Intégrer le groupe DEPHY Guyane nous offre la possibilité d’échanger avec des agriculteurs sensibles aux mêmes problématiques, de créer du lien et d’expérimenter des techniques innovantes choisies de manière concertée. A travers des thématiques de travail identifiées par le groupe (fertilisation et lutte contre les organismes nuisibles du sol) l’exploitation souhaite développer des essais reproductibles et adaptés aux pratiques locales pour une meilleure diffusion de connaissances.