Le groupe Dephy du Boischaut Sud de l'Indre est composé de 13 fermes aux systèmes variés (grandes cultures / polyculture-élevage, conventionnel / bio, travail du sol / semis direct, ...) qui travaillent depuis 2016 à la réduction des produits phytosanitaires.

Les actions du groupe sont variées : formations, visites, tests individuels de pratiques innovantes, comparaison annuelle des résultats techniques (rendements, IFT) et des marges brutes.

Au travers de ces échanges, il s'agit de permettre à chaque agriculteur de trouver les leviers agronomiques adaptés à son contexte et à ses objectifs, pour augmenter la fertilité de ses sols tout en réduisant l'utilisation des intrants (phytos, engrais, aliment) et ainsi rendre son système plus autonome. 

(C) Photo Suzanne Tharel

Productions principales : bovin viande, cultures fourragères, méteils, blé, orge, colza, féverole, etc.

Spécificités du groupe : mixte polyculteurs-éleveurs et céréaliers, conventionnel et bio, labour et non labour. Territoire bocager.

Améliorer la fertilité des sols pour gagner en autonomie et en économies : 

A son démarrage en 2016, le groupe a défini des axes de travail prioritaires : l'autonomie alimentaire des élevages, la réduction d'intrants sur les cultures, la préservation de la vie du sol et de sa fertilité.

Au fil des rencontres, un thème central a été retenu : la fertilité du sol, qui est déclinée en différents leviers mis en oeuvre selon les systèmes agricoles : mélanges d'espèces, réduction du travail du sol, adaptation des itinéraires techniques.

Thématiques principales du groupe :

1- Minimiser le recours aux PPP en mobilisant des combinaisons de leviers agronomiques
- reconcevoir les rotations : développement des cultures rustiques, des cultures de printemps et d'été, des mélanges d'espèces et de variétés, des cultures associées et des plantes compagnes, des couverts et cultures dérobées ;
- optimiser le travail du sol pour gérer les adventices (labour / TCS / Semis Direct) et différentes périodes de travail du sol ;
- développer le désherbage mécanique (hors systèmes SD pur) : binage, herse-étrille, et autres matériels ;
- identifier des solutions alternatives aux PPP pour renforcer la santé du sol et des plantes : extraits fermentés, biocontrôle, phytothérapie, etc.

2- Préserver le sol, la ressource en eau, stocker du carbone, et s'adapter au dérèglement climatique en développant l'Agriculture de Conservation des Sols (ACS) et en trouvant des alternatives au glyphosate
- développer le semis direct en maîtrisant les conditions d'implantation des cultures et en étudiant les matériels adaptés à chaque contexte ;
- trouver des alternatives au glyphosate pour détruire les prairies, les intercultures et les couverts avec un travail du sol minimal : rouleaux, choix d'espèces gélives, scalpage ;
- développer des rotations avec espèces diversifiées : cultures associées, plantes compagnes, couverts permanents ;
- développer des couverts et des techniques d'implantation adaptées au contexte climatique : sélection d'espèces adaptées, mutualisation de semences, couverts semés à la volée avant moisson, semis de couverts associés à la culture, etc.

3- Consolider l'autonomie alimentaire en polyculture-élevage
- associer réduction des PPP et résilience des exploitations d'élevage face aux aléas climatiques : introduction et développement des méteils, des couverts pâturés ou fauchés, gestion des prairies avec sur-semis d'espèces résistantes à la sécheresse en semis direct, etc.
- valoriser les complémentarités entre céréales et élevage, à l'échelle des exploitations et à l'échelle du groupe (échanges céréaliers-éleveurs).

Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement

Certains agriculteurs du groupe ont également réalisé des essais sans traitement de semences. En 2019, des cultures de blé, orge et triticale ont été semées à 50 % avec et sans traitement de semences : aucune différence significative n'a été constatée, encourageant les agriculteurs à supprimer les traitements de semences. Un besoin de références subsiste concernant la prévention contre les taupins sur les céréales semées après une prairie temporaire.

Par ailleurs, l'approche économique est centrale dans le groupe : à chaque bilan de campagne, une comparaison des résultats technico-économiques est réalisée, pour les principales cultures au sein du groupe et à l'échelle de chaque système de culture. Chaque agriculteur peut ainsi avoir des repères pour essayer de trouver un compromis optimal entre réduction des charges et maintien de rendements permettant la meilleure marge brute possible à l'échelle de son système de cultures.

Résultats du groupe 

L'ensemble des travaux du groupe ont permis aux agriculteurs de réduire significativement leurs IFTs (Indice de Fréquence de Traitements), en particulier sur la partie Hors Herbicide grâce à la réduction des fongicides, insecticides et traitements de semences. A noter que la culture du colza a été compliquée pour des raisons d'implantation difficile en 2018 et 2019, ce qui a contribué à la baisse de ces IFT. Par ailleurs il est à noter que les conditions climatiques de ces 2 années ont également été favorables à des conduites avec peu de fongicides tout en maintenant des rendements corrects.

Sur la partie herbicide, des interrogations subsistent quant à la gestion des adventices, en particulier en système céréalier, une des difficultés étant de trouver des débouchés pour les cultures de printemps, et de réussir ces cultures avec des conditions de pluviométrie difficiles en été ces dernières années. Pour les fermes d'élevage en semis direct, la destruction des prairies sans recours au glyphosate est également un sujet de préoccupation important.

C'est sur la partie hors herbicides que l'on retrouve le plus de variations inter annuelles. En effet les traitements dépendent beaucoup des conditions sanitaires de l'année. Sur la campagne 2023 les agriculteurs ont observé plus de ravageurs à l'automne 2022 du fait de la douceur exceptionnelle observée. Les agriculteurs du groupe poursuivent leurs travaux sur cette partie en étudiant plus particulièrement l'usage de préparations naturelles peu préoccupantes afin d'améliorer la défense naturelle des plantes cultivées.

Sur la partie économique : globalement, les résultats du groupe semblent montrer que la réduction d'intrants peut se traduire par une réussite économique. On s'aperçoit que certains systèmes parviennent à garder de bonnes marges grâce à des charges bien maîtrisées, en préservant un rendement correct tout en réduisant le recours aux produits phytosanitaires.