En 2011, le groupe se forme à partir d'exploitations représentatives et très variées de l'est du Morbihan : présence d'élevage (lait, viande, porcs...), SAU de 60 à 250 ha, part d'herbe variable, exploitations avec et sans labour... Chez chacun la priorité était donnée à l'élevage, et aucun n'avait entamé de réflexion sur la baisse des phytos. Les premières actions et résultats portent sur la baisse des fongicides, régulateurs, insecticides. Puis la réflexion s'élargit au système, aux rotations. Beaucoup ont aujourd'hui signé des MAEC et deux sont passés en bio.

Cultures principales : céréales, maïs, colza, prairies, luzerne

Spécificités du groupe : diversité des exploitations mais objectif commun

Lycées partenaires : Lycée agricole de La Touche (Ploermel)

Partenariats locaux : Rés'Agri 56, CUMA

Gagner en autonomie et en robustesse

En 2011, les agriculteurs du groupe se sont accordés sur un objectif commun de baisser de 30% les phytos sur leur rotation la plus consommatrice. En 2016, ils ont validé un nouveau projet commun sur "plus d'autonomie avec moins de phytos" basé sur :

• Gagner en autonomie de décision : continuer à prendre la main sur la décision des interventions, les impasses, les seuils de déclenchement.
• Gagner en autonomie fourragère et alimentaire : moins dépendre des intrants, introduire de la luzerne, des méteils, des prairies (exploitations avec ruminants), assurer la qualité sanitaire et le volume produit pour les cultures auto consommées même avec moins de pesticides.
• S'assurer de la robustesse du système : agronomique en sécurisant la baisse des intrants, mais aussi économique et au niveau temps de travail.

Autres thématiques travaillées par le groupe :

• continuer la baisse des fongicides, régulateurs, insecticides
• mélanges céréaliers, maïs épi, luzerne
• comment continuer sans labour et sans augmenter les herbicides
• comment se passer de traitements de semences
• calculer ses prix de revient par culture et impact des charges de mécanisation

Résultats du groupe

En  5 ans, tous avaient réduit leur usage de produits phytosanitaires : de 40% en moyenne, et en particulier en fongicides, insecticides et régulateur où la baisse atteint -65% en moyenne en 2016, par rapport à leur situation de départ. Les observations, le choix des variétés, le décalage de la date de semis, leur ont permis de faire des impasses et de réduire sans baisser le rendement. En fait les pratiques ont changé mais eux aussi : "c'est dans la tête" disent certains. Ils mettent en avant la force du groupe : "on se questionne, on se remet en cause, on se rassure, on avance ensemble... même si nos exploitations sont toutes différentes !"

Baisse des IFT hors herbicides :

* réduction des fongicides : en activant les leviers choix de variétés, date de semis retardée, observations, respect des seuils de déclenchement... les agriculteurs ont pris de l'assurance. Aujourd'hui ils sont à 1 fongicide sur céréales en réduction de dose, certains arrivent à faire l'impasse totale selon l'année.

* réduction des régulateurs : là aussi avec le choix de variété tolérante à la verse, le raisonnement de l'apport d'azote (dates et doses) et la réassurance en groupe, il n'y a plus de régulateur appliqué sur blé, orge et triticale (sauf si apport de digestat au printemps). Chacun mesure les risques pris et adapte sa pratique à sa tolérance du risque.

* réduction des insecticides : à part sur colza selon la pression annuelle, aucun insecticide n'est appliqué en foliaire. Il reste encore des traitements de semences insecticides mais pas systématiquement.

Baisse des IFT herbicides :

C'est plus compliqué au sein du groupe. Malgré le décalage de date de semis, le travail sur la tolérance de certaines adventices, la diversification de la rotation, les IFT n'ont pas significativement baissé. Nous avons travaillé sur le choix des produits, les doses adaptées à la flore, le travail sur la tolérance du salissement (ou non selon les personnes !). La règle reste la même : pas de systématique, on évite les pré levées mais certains agriculteurs en non labour le font. Sur les adventices, il y a toujours la crainte de resalir, d'augmenter le stock dans ses parcelles.

Prochain challenge : réduire significativement les herbicides ! Cette année, les 3/4 du groupe ont utilisé le désherbage mécanique sur maïs. Ce n'était pas le cas avant. Comme quoi le changement prend du temps, la réassurance en groupe est primordiale. Le déclic : la réunion marges et charges de mécanisation où deux ans de suite les agriculteurs bio du groupe avaient de bons résultats économiques et en propreté.

Evolution des IFT du groupe (sans traitement de semences)

Le graphe traduit bien l'évolution des IFT au sein du groupe. Et depuis 2017 les IFT des trois "nouveaux" agriculteurs qui ont rejoint le groupe sont intégrés. Les colonnes "ss bio" sont les résultats du groupe sans les IFT des deux exploitations bio (on a souvent la remarque : les IFT baissent grâce aux bio... eh bien pas seulement !). La tendance reste la même, la diminution est réelle même chez ceux qui ont rejoint récemment le groupe DEPHY.