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Comment gérer les ravageurs souterrains des cultures ?

Arboriculture
Cultures légumières
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Grandes cultures / Polyculture-élevage
Horticulture – PPAM
Viticulture
Vigne
Année de publication
  (mis à jour le 30 mar 2021)
Source :  EcophytoPIC
Auteur :  M. Gayrard
Réferences : 
Synthèse EcophytoPIC n°15

Les ravageurs souterrains vivent dans le sol et sont donc difficilement observables et prévisibles. Lors de leurs déplacements, ils creusent des galeries et déprécient les récoltes. Leurs dégâts peuvent être considérables et affecter le peuplement de la culture à l’implantation ou la qualité des récoltes.

On peut classer ces ravageurs en deux grandes catégories (Source : Unilet, AS. Kouassi) :

  • Des nématodes, mollusques ou arthropodes n’ayant pas de stade volant : myriapodes, mille-pattes, limaces, escargots, etc. Ces ravageurs se caractérisent par de faibles déplacements et nécessitent souvent la conjonction de conditions favorables (chaleur, humidité, sol favorable) pour se multiplier et se nourrir.
  • Des insectes aériens ayant une phase larvaire souterraine : coléoptères, lépidoptères, etc. Ces ravageurs se caractérisent par une phase larvaire souvent longue, ils s’adaptent aux conditions extrêmes (froid, sécheresse) par des mécanismes de diapause et se propagent sur de vastes surfaces grâce leur stade ailé.

Pour découvrir les différents ravageurs souterrains, parcourez les carrousels ci-dessous : ils vous permettront d'accéder aux dossiers d'identification issus de la base ABAA d'ÉcophytoPIC "Auxiliaires, BioAgresseurs et Accidents", ainsi qu'à quelques articles généraux sur l'identification.

 

Le sol, un contexte contraignant pour la lutte chimique et le biocontrôle

La lutte chimique et le biocontrôle contre les ravageurs du sol sont de vrais défis. En effet, il s'agit de protéger préventivement les plantes des attaques perpétrées par les larves abritées dans le sol. Pour cela, il faut diffuser un produit dans le sol, tout en limitant sa migration dans le milieu, ainsi que son impact sur la faune auxiliaire.

Les produits chimiques appliqués dans le sol sont de ce fait désormais peu utilisés et ont subi beaucoup de restrictions ou d’interdictions d’emploi. Historiquement, la lutte consistait à appliquer des traitements chimiques en plein avec des produits à base de lindane ou d'autres substances ayant une forte toxicité. Ces techniques ont ensuite laissé la place à l'application localisée sur le rang de micro-granulés à base d'organophosphorés ou de carbamates. Enfin, en 1991, le non renouvellement des approbations substances avec la directive 91/414 a réduit considérablement l'emploi de ces produits. Parallèlement, on a pu observer l’avènement des traitements de semences, toujours très répandus aujourd'hui. L’orientation de la lutte chimique mais aussi du biocontrôle se fait maintenant le plus souvent vers des traitements localisés protégeant la plante : traitements de semences, des plants, micro-granulés, appâts… (Pour en savoir plus, consulter les articles ci-contre)

Optimiser et réduire

Des techniques permettent aussi d’optimiser l’application et de réduire les doses épandues. Par exemple, un article d’Arvalis (à consulter ci-contre) présente différents moyens de raisonner l’utilisation des produits contre taupins et des précautions à prendre au niveau de la préparation du sol et du réglage du semoir. De plus, une action CEPP existe pour limiter l’utilisation d’anti-limaces grâce à un épandeur adapté (voir l'article ci-contre).

Solutions alternatives pour lutter contre les ravageurs du sol

Des méthodes indirectes pour prévenir

Variétés résistantes, tolérantes et greffage

Le choix du matériel végétal peut être un levier important contre certains ravageurs souterrains. Par exemple, il existe des variétés résistantes aux nématodes à galles dont l’efficacité a été démontrée dans le cadre du projet GeDuNem (consulter l'article). D'autre part, des variétés tolérantes existent pour la lutte contre les nématodes à kyste en culture de betterave. Autre méthode très répandue : le greffage sur solanacées et cucurbitacées qui permet de lutter contre les nématodes (consulter le levier PIC associé).

Prévention au moment de l'implantation des cultures

L’implantation des cultures est un moment clé de la prévention contre les ravageurs souterrains. « Les levées lentes et difficiles sont particulièrement exposées aux ravageurs souterrains (mouche des semis, larves de taupins, limaces, etc.). Soigner la mise en place de la culture et respecter les bonnes pratiques de semis suffit souvent à limiter les problèmes et les applications de produits de traitement. » (Source : Terres Inovia) - Consulter l'article sur l’exemple du soja.

Des techniques de plantes-appâts permettent de limiter les attaques de ravageur comme les larves de taupins. Le principe est simple : "il s’agit de proposer une nourriture alternative, constituée d’un appât attractif vis-à-vis des larves de taupins de telle sorte que celles-ci se détournent du maïs cultivé." (Source Arvalis) - Consulter l'article. Par exemple, en culture de maïs, de l’orge peut être implanté en barrière (ou double barrière) dans le sol afin de détourner les larves de taupins de la semence ou des jeunes plants de maïs (projet Innov.AR).

En outre, dans le cas des cultures légumières et en horticulture – PPAM, la culture hors-sol permet de s’affranchir totalement de ces ravageurs.

Allongement des rotations et biofumigation

« L’allongement des rotations permet d’augmenter le nombre d’années avant le retour, sur une parcelle donnée, d’une culture appartenant à un groupe d’espèces favorable à la multiplication d’un bioagresseur donné. », c'est ce que propose un des contrats de solutions (voir l'article ci-dessous) + Consulter le Levier PIC associé.

La rotation des cultures est un levier primordial car elle permet d’éviter le retour régulier de cultures-hôtes qui entrainerait la multiplication des générations de ravageurs souterrains. Cette technique est généralement très intéressante pour perturber les cycles de développement et de multiplication des ravageurs et diminuer les inoculums dans le sol. Ainsi, il est à noter que les prairies et les cultures intermédiaires peuvent constituer des précédents à risques car ils recèlent une faune très active et des zones refuges pour les adultes.

Les cultures intermédiaires peuvent également jouer un rôle dans la prévention par rapport aux ravageurs souterrains grâce à la méthode biologique de biofumigation (voir définition ci-contre et Levier PIC ci-dessous). Ainsi, il existe des plantes dites « nématicides » que l’on utilise pour repousser les nématodes, comme le montre la vidéo ci-dessous. Avant un maïs, cet agriculteur sème un mélange de radis fourragers et de moutardes qui, une fois détruits et enfouis au printemps, dégageront une toxine répulsive des nématodes.

La biofumigation est une pratique agronomique qui consiste à broyer finement un couvert végétal, mis en place pendant la période d’interculture et à incorporer les résidus dans le sol. L’intérêt de cette pratique réside dans la libération de composés organiques volatils, substances naturellement produites lors du développement de certaines espèces de plantes comme mécanisme de défense (effets allélopathiques), et qui sont susceptibles de réduire la pression biotique pour la culture suivante.

Source : Dictionnaire d'Agroécologie

Titre
Contrat de Solutions

Résumé

Allongement de rotation et diversification d’assolement pour construire un système + robuste face aux bioagresseurs telluriques

Image
Contrat de Solutions
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Travail du sol

Le travail du sol : déchaumage, labour ou travaux superficiels, joue un rôle dans la gestion des ravageurs telluriques. En effet, les structures de terre fine et lits de semences rappuyés diminuent les possibilités de déplacement de ces ravageurs. De plus, un travail superficiel en été permet de dessécher le sol et donc de détruire les œufs de certains ravageurs comme les limaces (voir article ci-contre).

Les techniques culturales simplifiées sont des pratiques limitant le travail du sol dont certains effets sont bénéfiques, mais le maintien des résidus de récolte en surface et le non-labour favorisent le développement de certains ravageurs comme les limaces. Plusieurs agriculteurs du réseau DEPHY FERME en témoignent et travaillent dans ce contexte, comme le détaille l'article dans le carrousel ci-contre. Par ailleurs, le projet STARTAUP (voir plus bas) "Conception de stratégies alternatives pour la maîtrise de la nuisibilité des taupins sur culture de maïs" concerne en partie l'agriculture de conservation.

Fertiliser pour stimuler les plantes

La fertilisation peut constituer un levier contre les ravageurs du sol. On peut ainsi stimuler la croissance des jeunes plantes pour les rendre moins vulnérables aux ravageurs. Ainsi, la localisation d’engrais starter sur le rang des haricots et du maïs donne d’excellents résultats contre les attaques de nématodes. Autre exemple, un apport d’azote constitue un moyen d’alimenter un pois dont les nodosités sont absentes ou parasitées par des larves de sitones.

Des techniques de surveillance et d'évaluation des risques

Piégeage et observations terrain

Un guide des ravageurs souterrains en grandes cultures au Québec recense les différents pièges permettant de surveiller ces bioagresseurs. (Consulter le guide) Pour suivre leur activité, les réseaux d’observations liés au bulletin de santé des végétaux ou à des réseaux privés sont également utiles : ils rediffusent généralement des informations issues de piégeages (consulter la base BSV d’ÉcophytoPIC).

Évaluer les risques

Modèles de prévision des risques, règles de décisions, outils d'aide à la décision, tous les moyens sont bons pour tenter de prévoir les risques associés aux ravageurs souterrains. A ce sujet, un contrat de solution existe sur l’évaluation du risque limaces (Consulter ce contrat de solution). Plusieurs projets de recherche se sont attardés sur ce thème, vous pouvez consulter les dossiers dédiés à ces projets, issus de la base Recherche & Innovation d'ÉcophytoPIC dans le carrousel ci-contre :

  • Projet RESOLIM "Évaluation et prévision du risque lié aux populations de limaces nuisibles aux grandes cultures : constitution d’un réseau expérimental permettant de comprendre l’impact des pratiques agricoles et des facteurs environnementaux"
  • Projet Taupins : "Protection des cultures contres les attaques de taupins : Prévision des risques et élaboration de nouvelles techniques de lutte"

Des méthodes à combiner pour protéger les cultures

Désinfection à la vapeur et solarisation des sols

La lutte par désinfection des sols à la vapeur ou par solarisation peut s’avérer efficace dans certains cas vis-à-vis des nématodes. Cependant, ces techniques sont également nuisibles aux organismes utiles du sol. Leur principe est d'élever la température du sol via l'injection de vapeur d’eau à 180 °C ou le rayonnement solaire afin d'atteindre une température respectivement de 85 – 90 °C ou de 40°C. La plupart des organismes pathogènes sont détruits à de telles températures. Le carrousel ci-contre rassemble des articles à ce sujet, dont une action CEPP consacrée à la solarisation.

Des produits de biocontrôle

Plusieurs produits de biocontrôle ont été développés pour lutter contre des ravageurs souterrains :

- Des biopesticides comme le phosphate ferrique contre les limaces qui concerne un contrat de solution et une action CEPP ou encore le spinosad contre les taupins qui concerne une action CEPP.

- Des produits à base de micro-organismes comme Bacillus firmus, pour lutter contre les nématodes en maraîchage (voir action CEPP), ou les champignons entomopathogènes testés avec succès dans la culture de pomme de terre (voir vidéo ci-contre).

- Des produits à base de substances naturelles comme les extraits d'ail pour lutter contre les nématodes pathogènes (voir action CEPP)

Lutte biologique inondative

La lutte biologique peut s’avérer utile dans certains cas. Par exemple, en Guadeloupe, on utilise des nématodes Heterorhabditis indica contre le charançon des agrumes Diaprepes spp. les premières années d’implantation d’un verger. Plus récemment, dans le cadre du projet européen Innov.AR, la lutte biologique contre la chrysomèle du maïs à l’aide de nématodes entomopathogènes fait l’objet de tests au champ. Le carrousel ci-dessus présente ces deux exemples.

Focus sur la gestion des nématodes

Beaucoup de travaux concernent les nématodes, il y a par exemple un article proposant un tour d'horizon en cultures de pommes de terre.

Plusieurs projets de recherche ont étudié et étudient encore ces ravageurs invisibles, à consulter dans le carrousel ci-contre : Projet Nématodes, PRABIOTEL, SERUM, GEDUBAT, NEMATOOLS et plus récemment le projet DEPHY EXPE ALTERCAROT.

Un contrat de solution existe sur la gestion des nématodes à galles : "Combinaison de méthodes alternatives, dont les produits de biocontrôle, pour la gestion des nématodes à galles".

Focus Taupins et Limaces

Ravageurs souterrains bien connus, de nombreux travaux existent également à leur sujet. Le site Agro Transfert propose notamment une page très complète sur l'identification et la gestion des taupins.

Plusieurs projets de recherche leur sont consacrés, à consulter dans les 2 carrousels ci-contre : STARTAUP, Projet Taupins, BIOLIM, Innov.AR.

En conclusion, les ravageurs souterrains sont difficiles à repérer. Ils constituent donc une menace latente pour les cultures, contre lesquels il vaut mieux anticiper.