
Fermes DEPHY Basse Durance Un verger de fruits à pépins performant et responsable

Présentation des résultats issus du réseau fermes auprès d'un groupe d'arboriculteurs
A la suite du Grenelle de l'Environnement, la création du groupe a eu pour objectif de construire des valeurs de référence en termes d'IFT, autour d'un savoir-faire reconnu dans la mise en oeuvre de stratégies alternatives éprouvées (confusion sexuelle, gestion des produits de biocontrôle et des méthodes alternatives efficaces), le tout validé par une campagne d'observations au verger incontournable dans l'aide à la décision.
La consolidation des méthodes utilisées (confusion sexuelle, Virus de la Granulose, Barrières physiques) associée à l'évolution de différentes méthodes alternatives (réduction des doses de cuivre, entretien mécanique du rang de plantation avec les alternatives au Glyphosate) ont permis de consolider les données acquises et d'accroître les surfaces conduites en Agriculture biologique

Cultures principales : Pommiers et Poiriers
Spécificités du groupe : Système de culture en Agriculture Biologique
et en Production Fruitière Intégrée
Lycée partenaire : Lycée agricole AIX - VALABRE
Partenariats locaux :
Le regard de l'ingénieur réseau :
Au cours de ses 14 années d’existence, les résultats présentés portent sur une surface significative : environ 150 ha de pommier (PFI et BIO) et 75 ha de poirier (PFI et BIO) en 2024.
De manière globale, on constate pour les 2 espèces, tout système de culture confondu, une réduction significative de la moyenne des IFT, avec une remontée en 2024, en lien pour la pomme avec notamment les pressions exacerbées sur pommier du Puceron cendré et de la Tavelure ; sur poirier de la Tavelure sur Williams.
Par rapport aux références, cette baisse globale est de l'ordre de 75 % pour la pomme et de 60 % pour la poire. En parallèle, le nombre de produits de biocontrôle a augmenté, ce qui démontre la complémentarité nécessaire entre les 2 types d'interventions.
Détailler les données par Système de culture (Bio et PFI) permet de mieux cerner les impacts réels et les causes de ces évolutions.
Dans les 2 systèmes de culture (PFI et AB), et pour les 2 espèces travaillées (pomme et poire), la réduction des IFT par rapport aux valeurs de référence est significative (voir graphiques dans la rubrique Résultats du groupe).
En lien avec les observations régulières en verger qui constituent un pilier indissociable du raisonnement des interventions, les efforts mis en œuvre ont validé dans un verger existant et productif, l’intérêt d’un bon nombre de méthodes économes en IFT (Confusion sexuelle, Barrières physiques, Utilisation de Virus de la Granulose, du Soufre, Réduction des doses de Cuivre, Piégeages massifs …).
En poire, ces résultats ont notamment permis au cours des années écoulées, d’augmenter la part des surfaces conduites en Agriculture Biologique.
Dans le même temps, on a parfois atteint, dans le contexte de production provençal, des limites techniques aujourd'hui très difficiles à contourner avec la problématique de la Tavelure sur poire Williams conduite en Agriculture Biologique.
Description du projet collectif :
Dès 2016, les évolutions réglementaires relatives au Glyphosate ont conduit le groupe PFI à analyser les méthodes alternatives à l’emploi de ce désherbant, en s'appuyant sur le savoir-faire du groupe AB. La piste de l’entretien mécanique du rang de plantation a été privilégiée. En parallèle, la gestion d’un paillage au sol avec une bâche agrotextile de 130 g/m² a été travaillée dans des plantations de poirier, le pommier étant trop sensible dans ce contexte aux attaques de campagnol.
Méthodologie mise en œuvre :
Les partenaires du réseau Ferme ont enregistré leurs pratiques en termes d’entretien du rang de plantation.
Le nombre de passages et les temps de travaux ont été analysés. La consommation en énergie fossile a été estimée.
Résultats obtenus :
Se passer du Glyphosate, et de façon élargie, de désherbage chimique, est possible. Pour preuve, l’accroissement des surfaces conduites en AB au cours de la vie du Réseau.
Cependant, le surcoût est réel :
- Investissement en matériel : celui-ci varie de 3 500 € à plus de 35 000 € pour un type de machine. Pour un travail adapté à différents types de sol, de vergers (installés, jeunes) et d’enherbement (présence ou non de vivaces), il faut souvent 2 machines différentes
- Accroissement du nombre de passages : avec le besoin de passer 3 à 6 fois dans les parcelles, au lieu de 2 ou 3 fois avec une stratégie Désherbage chimique, le nombre de passages est de base doublé.
- Accroissement des temps de travaux : Une intervention mécanique nécessitant entre 1 h/ha (vitesse de 8 km/h avec les disques émotteurs et les doigts Kress) à 4 h/ha (décavaillonnage), le temps annuel de travail cumulé à l’hectare est de l’ordre de 5 à 12 h selon l’équipement disponible sur l’exploitation. Dans l’ensemble, on double à minima le temps d’intervention en comparaison à une stratégie Désherbage chimique.
Avec les résultats obtenus et le maintien de l’usage du Glyphosate en verger, le groupe a achevé la réflexion sur ce sujet au début de 2024.
Concernant la bâche au sol, l'alternative est efficace si le paramètre irrigation est bien géré. Il faut piloter les apports avec des outils et un système d'irrigation permettant de bien contrôler la baisse des apports.
Avec des surfaces plantées souvent imbriquées au milieu de vergers installés et pour lesquelles la différenciation du régime d'irrigation reste parfois compliquée (réseau commun entre les parcelles plantées et en production), tout excès d'eau pénalise le jeune verger et peut dans certains cas d'excès répété, conduire à son dépérissement.
Thématiques principales du groupe :
Depuis sa création, le groupe travaille sur le maintien d’un IFT bas, en valorisant un certain nombre de techniques culturales :
- Confusion sexuelle contre, d’une part le Carpocapse des pommes et des poires ; d’autre part, la Tordeuse Orientale du Pêcher sur fruits à pépins : cette technique de lutte constitue la base des stratégies mises en œuvre. Elle permet d’économiser en situation maîtrisée en PFI, plus de 6 IFT.
- Barrière physique à base de kaolin calciné contre le psylle du poirier : la vulgarisation de cette technique permet d’économiser de base 2 IFT en saison. Elle a également favorisé la conversion de vergers en Agriculture Biologique, la maîtrise du Psylle constituant un des freins majeurs à cette démarche.
- Gestion des mini doses de Cuivre : en se basant sur les travaux du Réseau régional PFI basé à la station d’expérimentation la Pugère (13), la réduction des doses de cuivre pour lutter contre les maladies fongiques et bactériennes a permis, dans le contexte provençal, de réduire les IFT d’au moins 4 points.
- L’emploi de produits de biocontrôles comme le Soufre (Tavelure, Oïdium), les Huiles minérales (Pucerons et autres insectes), les Virus (Carpocapse) ou le Bacillus thuringiensis (Zeuzère, Tordeuses) permet d’économiser selon les niveaux de pression à la parcelle, jusqu’à 10 IFT.
Ces techniques ne permettent une baisse réelle des IFT qu'avec un suivi sanitaire par contrôle visuel régulier du verger, couplé à une réactivité à la parcelle permettant de "corriger" tout dérapage.
Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement
Depuis la fin de 2023, une réflexion est engagée autour de la qualité de pulvérisation. Une étude conduite en 2024 par l'INRAe Avignon et le GR CETA de basse Durance, financée par le GIS Fruits, a mis en évidence l'intérêt de la qualité de pulvérisation avec, en laboratoire, un taux minimal de la surface foliaire couverte par une solution de Virus de la Granulose. Ces expérimentations reconduites en 2025 devraient déboucher en verger sur la recherche de cette qualité de couverture de la surface foliaire et donc, de l'efficience de la qualité de pulvérisation dans le cadre de l'utilisation des produits de biocontrôle.
Résultats du groupe
Témoignage de la structure :
Engagé depuis 2010 dans la démarche EcoPhyto, le groupe a pu valider différents points :
- un suivi sanitaire continu de l'exploitation permet globalement de mettre en place des stratégies de réduction des IFT cohérentes avec un objectif de rentabilité économique et ce, tout en prenant en compte la présence de bio agresseurs émergents ou en recrudescence (mouche, punaises, cicadelles, maladies).
Si la voie du Bio permet de réduire drastiquement le niveau des IFT de base de 90 % (voir Graphiques Pomme en AB et Poire en AB ci-dessus), la baisse constatée des rendements (de base de 25 % en poire) couplée à une altération plus ou moins marquée de la qualité visuelle de l'épiderme et à un prix de vente qui a perdu de base 30 % en 5 ans, peut constituer un frein à cette transition rapide.
Avec des alternatives éprouvées comme la Confusion sexuelle et l'utilisation de produits de biocontrôle efficaces, couplée à une observation permanente du verger, la baisse des IFT en Production Fruitière Intégrée (PFI) peut atteindre dans le contexte provençal 50 % en pomme pour un IFT de référence de 38,2 ; et 35 % en poire pour un IFT de référence de 14,8 (voir Graphiques Pomme en PFI et Poire en PFI ci-dessus).