Qu'est-ce que le réseau DEPHY ?
L'impact des pesticides est un sujet qui a déjà mené à de nombreuses actions par le passé pour réduire leur usage, soit de manière volontaire sur les exploitations agricoles, soit par la réglementation : bandes enherbées, actions dans le cadre des Contrats Territoriaux d'Exploitation (CTE), plans d'action pour des bassins versants... Ces actions ont fait écho à différentes études soulignant la nécessité de réduire les phytos pour en limiter les impacts et les risques notamment sur l'environnement (ex : expertise scientifique collective de l'INRA et du CEMAGREF, décembre 2005) et au Plan Interministériel de Réduction des Risques liés aux Pesticides (PIRRP) mis en œuvre par l'Etat dans les années 2000.
En 2008, le Grenelle de l'Environnement a marqué un tournant dans les politiques publiques en lien avec ce sujet via l'adoption d'un objectif de diminution des usages comme contribution majeure à la réduction des risques. A l'issue des travaux du Grenelle de l'Environnement, le Président de la République a confié au Ministre en charge de l'agriculture l'élaboration d'un plan de réduction de 50% de l'usage des pesticides dans un délai de 10 ans si possible : le Plan Ecophyto 2018, répondant ainsi à une obligation européenne fixée par la directive 2009/128/CE instaurant un cadre d’action communautaire pour parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable.
L'une des actions du plan Ecophyto consistait à « mutualiser les données de références sur les systèmes de culture (SdC) économes en produits phytopharmaceutiques au sein d’un réseau national couvrant l’ensemble des filières de production et en associant les différents partenaires, et valoriser le rôle des fermes appartenant à ce réseau ». S’appuyant sur les recommandations du rapport de l’étude Ecophyto R&D pilotée par l’INRA (Butault et al., 2010), le réseau DEPHY, avec ses dispositifs FERME et EXPE, est la traduction concrète de cette action. Le plan Ecophyto a fait l'objet de plusieurs révisions depuis son lancement et, chaque fois, le réseau DEPHY a été considéré comme étant une action structurante.
En 2010, le réseau DEPHY FERME démarre avec une phase test : 178 exploitations agricoles, regroupées en 18 groupes, s’engagent volontairement à réduire leur usage de produits phytosanitaires. Progressivement, d’autres groupes s’engagent et le réseau s’étend à l’ensemble des filières présentes sur le territoire (métropole et outre-mer) pour atteindre 3000 agriculteurs et agricultrices en 2018.
En parallèle, le réseau DEPHY EXPE se crée entre 2011 et 2012 : 41 projets d’expérimentation d'une durée de 5 à 6 ans, nommés "EXPE 1", sont lancés pour étudier la faisabilité de 500 systèmes de culture visant une forte réduction d’usage des phytos (voir les travaux et résultats de ces projets). Cette première vague a laissé place, en 2018 et 2019, à 41 nouveaux projets, nommés "EXPE 2". Sélectionnés dans le cadre de l’appel à projets « Expérimentation de systèmes agro-écologiques pour un usage des pesticides en ultime recours », ils affichent des niveaux de rupture encore plus ambitieux en termes de réduction d’usage des produits phytosanitaires.
Aujourd'hui, le réseau mobilise toutes les parties prenantes du développement agricole, de l'enseignement, de la recherche et du transfert en agriculture, il est présent sur tout le territoire national (y compris les territoires d'Outre-mer) et couvre toutes les filières agricoles de production végétale. En 2023, il rassemble un peu plus de 2 000 exploitations, réunies au sein de 180 groupes d’une douzaine d’agriculteurs et agricultrices, animés et accompagnés par des Ingénieurs Réseau (IR) issus de différentes structures (chambres d’agriculture, réseaux CIVAM, groupements d’agriculteurs biologiques, FREDON, centres de gestion, lycées agricoles...).
Retrouvez la présentation des réseaux DEPHY de chaque filière :
Multifilière
(mis à jour le 08 jan 2024)
Depuis son origine, le réseau DEPHY a pour mission de produire des références sur les systèmes économes en produits phytosanitaires. Il vise ainsi un double objectif :
- démontrer qu’il est possible de réduire et de maintenir à un bas niveau l’usage de pesticides dans les systèmes agricoles français
- identifier les situations et les stratégies agricoles associées à la réduction d’utilisation des pesticides.
Afin de partager les acquis et transférer les résultats obtenus sur les fermes et les sites d'expérimentation, les acteurs du réseau organisent de nombreuses actions de communication et de démonstration locales et produisent régulièrement différents types de documents techniques ou méthodologiques. Découvrez ainsi :
- des fiches sur les trajectoires remarquables d'évolution de systèmes de culture et vertueuses en termes d'utilisation de produits phytosanitaires | |
- des fiches sur les pratiques remarquables qui ont fait leurs preuves dans des exploitations DEPHY | |
- des fiches qui témoignent de l'accompagnement réalisé auprès des agriculteurs et agricultrices pour réduire les phytos | |
- des vidéos témoignages et techniques. | |
- 85 fiches "SCEP" sur les Systèmes de Culture Economes (en pesticides) et Performants (économiquement) |
Retrouvez les travaux et productions au niveau local via les pages dédiées aux groupes DEPHY FERME et les les pages dédiées aux projets, sites et systèmes de culture DEPHY EXPE.
Les groupes DEPHY FERME partagent régulièrement leurs travaux et résultats lors de colloques, par exemple lors des colloques "Grandes Cultures - Polyculture-Elevage" de 2021.
Un objet d'étude : le Système de Culture (SdC)
Dans le réseau DEPHY, l'objet d'étude est le système de culture, qui désigne un ensemble cohérent et ordonné de techniques culturales mises en œuvre sur un lot de parcelles conduites de la même façon, selon les mêmes principes de gestion et avec les mêmes objectifs, sur plusieurs années. Le SdC est suivi de manière détaillée au fil des ans, en particulier sur ses objectifs, les techniques culturales mises en place et les performances réalisées. Ce suivi englobe la majeure partie des cultures de la production considérée. L’agriculteur ou agricultrice s’engage à réduire son utilisation de pesticides sur ce SdC mais aussi à se donner les moyens de le faire sur l’ensemble de son exploitation.
Un indicateur : l’Indice de Fréquence de Traitement (IFT)
L’IFT est un indicateur de suivi de l'utilisation des produits phytosanitaires, son évolution au cours des années permet d'évaluer les progrès réalisés sur le SdC. L'IFT correspond au nombre de doses de référence (définie pour chaque produit) appliquées par an sur une surface donnée. Il est calculé au niveau d’une culture puis au niveau du SdC. L’IFT peut être décliné en fonction de la cible des produits phytosanitaires : herbicides, fongicides, insecticides, traitements de semences, régulateurs, biocontrôle (NODU-Vert). La méthodologie complète de calcul de l’IFT est disponible ici.
Système économe et Système de culture économe et performant
Dans le cadre du réseau DEPHY, le caractère économe en phytos des SdC est défini comme suit :
- système très économe : IFT inférieur à 50% de la référence
- système économe : IFT inférieur à 70% de la référence
- système peu économe : IFT inférieur à la référence
- système non économe : IFT supérieur à la référence.
La référence dépend de la filière, de la région, et peut être modulée pour les grandes cultures en fonction de la nature de l’assolement. Les Systèmes de Culture Economes et Performants (SCEP) sont des systèmes économes en produits phytosanitaires avec un indicateur économique (marge semi-nette ou chiffre d’affaire selon la filière) au dessus de la référence. Cette référence est calculée par rapport aux données du réseau.
Vers des analyses multicritères des systèmes
Les changements engagés par les agriculteurs et agricultrices mettent en évidence des systèmes économes et performants, mais quels sont leurs impacts sur le temps de travail de l’exploitant/e et sur l’environnement général ? Depuis 2020, le réseau DEPHY souhaite aller plus loin en caractérisant les systèmes suivis sur l’ensemble des piliers de la durabilité (économique, social et environnemental) afin d’identifier des systèmes de culture multiperformants.
L'un des leviers de la réduction des phytos à l’échelle nationale est la valorisation et le déploiement des techniques et systèmes économes et performants qui ont fait leurs preuves, notamment dans les 3 000 fermes DEPHY. Le réseau traite la question de la facilité de prise en main des outils et expériences du réseau DEPHY par les agriculteurs et agricultrices ainsi que les conseillers et conseillères. Ainsi, les ingénieurs réseau et territoriaux sont amenés à transférer les méthodes et ressources acquises dans les réseaux DEPHY vers les autres collectifs d’agriculteurs et agricultrices dont les groupes dit « 30 000 ».
Accompagner 30 000 agriculteurs et agricultrices vers la réduction des produits phytosanitaires
L’action 4 du plan Ecophyto II prévoit d’accompagner 30 000 exploitations dans leur transition vers des systèmes agro-écologiques à faible dépendance en produits phytopharmaceutiques. Il s’agit de passer des "pionniers" au plus grand nombre. Cette action concerne des collectifs d’agriculteurs et agricultrices, qu’ils soient déjà constitués ou qu’ils se constituent du fait de leur engagement dans la démarche. Organisés en groupes de 10 à 20, ils sont mobilisés autour d’un projet collectif de réduction significative de l’utilisation des phytos, également décliné à l’échelle de chaque exploitation. Les groupes « 30 000 » sont labellisés par le comité des financeurs Ecophyto régional après avoir répondu à un appel à propositions, lancé tous les ans par les DRAAF et les agences de l'eau. Pour les agriculteurs et agricultrices, s'engager dans la démarche 30 000 c'est bénéficier de l'accompagnement et du conseil de la structure de son choix pour mener à bien les projets collectifs et individuels vers la transition agro-écologique à bas niveau de produits phytosanitaires. Vous pouvez retrouver l'ensemble des collectifs agroécologiques sur le site collectifs-agroecologie.fr.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur les sites des DRAAF et des agences de l'eau de votre territoire.