Focus sur les filets anti-insectes en cultures légumières
Pour lutter contre les mouches (des semis, du chou, du céleri, de l’oignon …) voire les altises, la lutte chimique donne des résultats insuffisants sur navet, radis, céleri branche, oignon de printemps ... En AB (Agriculture Biologique), les filets sont souvent les seuls moyens de protéger les cultures contre un grand nombre de ravageurs.
Outre leur coût, le recours aux filets implique de travailler différemment et de trouver des solutions aux nouvelles questions qu’il soulève. Des questions techniques : quels filets ? quand le poser ? quel impact du micro-climat sous le filet ? maîtrise des adventices ? etc. Mais aussi des questions économiques (conséquences sur les coûts de production, les rendements) ainsi que l’incidence sur la pénibilité. |
L’objectif du groupe, pour chacune des cultures, est d'essayer de répondre à ces questions en soulignant les points de vigilance, les clefs de réussite et les résultats économiques : le filet doit permettre de réduire le recours aux insecticides tout en maintenant les objectifs de production en rendement et qualité du produit dans des limites acceptables en termes de pénibilité et de coût de production.
Des filets à la bonne dimension
Si des interventions doivent être réalisées par dessus les filets, il faut prévoir une largeur de filet adaptée à la longueur de la rampe du pulvérisateur et laisser la place pour le passage du tracteur. Dans tous les cas anticiper le fait que le filet doit pouvoir se soulever jusqu'à la hauteur finale de la culture.
NB : Si des interventions phytosanitaires doivent être réalisées par dessus le filet, prévoir d'adapter le volume et la pression lors des traitements.
Même remarque pour la longueur qui doit s'adapter au mieux à la longueur des parcelles. Si la parcelle est plus longue que le filet, la partie qui ne pourra pas être couverte ne sera pas mise en culture.
Gestion des adventices
Pour des questions de pénibilité en premier lieu mais aussi de risques de piéger des insectes sous le filet, ce dernier doit être manipulé le moins souvent possible ; l'objectif est même de ne pas avoir à le manipuler du tout entre la pause et le retrait.
Il faut donc anticiper très en amont la gestion des adventices dans l'objectif de ne pas retirer le filet pour biner : parcelle "propre", faux-semis, désherbage chimique pour les conventionnels, paillage plastique, etc.
Gestion de la fertilisation
Sur les cycles longs, lorsque la fertilisation est fractionnée : l'apport en culture devra se faire par fertirrigation (un apport d'engrais solide par dessus le filet suivi d'un arrosage ne donne pas de bons résultats).
Protection des filets
Les filets anti-insectes sont coûteux, il faut donc en prendre soin si on veut atteindre la durée de vie annoncée par le fabricant (5 ans pour certains) :
- durant le stockage, ils devront être stockés à l'abri et protégés des rongeurs ;
- en culture, on n'utilisera pas de crochets pour les fixer, on enterrera les bords (attention à ne pas les laisser s'enherber car les racines vont entraîner des déchirures lors du retrait) ou on utilisera des boudins de sable ;
- on les protègera du gibier (clôture électrique) : sanglier et ragondin notamment, les chevreuils ne causent pas de déchirures en général. Le filet protège les cultures des lapins ;
- les filets doivent être "étanches" : il ne doit pas y avoir de trous ou de bords mal rappuyés au sol.
Respecter les durées rotations et adapter la maille du filet au(x) ravageur(s)
Le filet sera efficace si le ravageur dont on veut protéger la culture ne se trouve pas déjà dans le sol ! Il faut donc respecter les durées de rotation.
De même, il faut vérifier que la maille choisie bloque bien les insectes dont on veut protéger la culture.
Mécaniser la pose et la dépose autant que possible
Chaque maraîcher a "sa technique" suivant l'équipement dont il dispose pour mécaniser au maximum la pose et la dépose qui, dans tous les cas, restent des opérations pénibles physiquement.
Cibles : mouche du chou, mouche du navet, altises Filets utilisés par les maraîchers du groupe :
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Points de vigilance spécifiques au navet :
- Pose 48H après semis au plus tard (cf. respect de délai de rentrée lié à l'herbicide et nécessité de ne pas casser les cotylédons à la pose) ;
- Surveiller d'éventuels foyers de pucerons ;
- Evaluer le niveau de pression en limaces de la parcelle qui seront à gérer en amont du semis et au semis au plus tard dans l'optique de ne pas retirer le filet après sa pose ;
- Il semble préférable de retirer le filet une dizaine de jours avant la récolte ;
- Si le filet ne protège pas des altises, prévoir de suivre les vols à l'aide de bassines jaunes pour caler les interventions.
- Travailler sur une largeur aussi importante que possible car les calibres des navets des rangs de bordure sont pénalisés.
Cibles : mouche des semis, mouche de l'oignon (voire mouche mineuse) Filets utilisés par les maraîchers du groupe :
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Points de vigilance spécifiques à l'oignon :
- Accentuation importante du risque mildiou donc non utilisé sur de grandes surfaces ;
- Utilisé en maraîchage diversifié sur oignon sur paillage plastique et posé sur arceaux.
Cibles : altises (protection du feuillage) Filets utilisés par les maraîchers du groupe :
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Points de vigilance spécifiques au radis :
- Dans quelques rares cas, le radis a pu "filer" ;
- Pose à plat au semis.
Cibles : mouche du céleri Filets utilisés par les maraîchers du groupe :
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Points de vigilance spécifiques au céleri :
- Accentuation du risque septoriose ;
- La pression "mouche du céleri" est très variable suivant les saisons (quasi nulle à forte) et il n'est quasiment pas possible de l'anticiper : il faut évaluer la balance bénéfice / risque (dégâts mouches / risque septoriose plus fort).
Cibles : altises prioritairement, (chenilles phytophages) Filets utilisés par les maraîchers du groupe :
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Points de vigilance spécifiques aux choux :
- Filet à poser sur arceaux de préférence le jour de la plantation et maintenu jusqu'à la fin du stade critique de la culture de sensibilité aux altises.