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Des leviers ou techniques alternatives aux produits phytosanitaires conventionnels et d’autres ressources regroupées en 5 grandes thématiques, pour mettre en oeuvre la protection intégrée des cultures.
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Dispositif clé du plan Ecophyto, DEPHY a pour but d'éprouver, valoriser et déployer des techniques et systèmes agricoles, économes en produits phytosanitaires et multiperformants, pour l'ensemble des filières végétales.
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Cet espace a pour vocation de décrypter des problématiques à forts enjeux pour la protection des cultures. Il propose des centres de ressources pour accompagner les acteurs dans l'utilisation des alternatives existantes.
dephyferme

Groupe DEPHY BIO : Les viticulteurs bio des Charentes

Viticulture Vigne
Conduite de la vigne et du verger
Désherbage mécanique/thermique
Fertilité et vie des sols
Lutte biologique via substances naturelles et microorganismes
Toxicité et impacts sur l'environnement
Année de publication 2019
  (mis à jour le 22 mar 2024)
Carte d’identité du groupe
Structure de l'ingénieur réseau
Chambre d'agriculture de la Charente
Nom de l'ingénieur réseau
Jeanne KERRINCKX
Date d'entrée dans le réseau
2016
11
Nombre d'agriculteurs dans le groupe.
Présentation du groupe

Le groupe FERME DEPHY BIO de Charente est composé de 11 exploitations viticoles. Il se situe en plein cœur du vignoble du cognaçais sur les deux Charentes. Dans ce groupe, on retrouve deux membres convertis en AB depuis plus de 50 ans, mais aussi d’autres où cette conversion est plus récente, avec une moyenne de 20 ans de pratique en bio. Ces 11 fermes s’étendent de 10 à 40 hectares de vigne. Les productions sont diverses (cognac, vin de pays, pineau…) et sont vendues aux négoces, en cave coopérative ou en vente directe.
Dans la production du cognac, le cépage principal est l’Ugni Blanc, un cépage très sensible au mildiou. Afin de répondre aux objectifs de production, aux attentes environnementales et socioéconomiques de la filière, le groupe est engagé depuis 2016 dans la réduction de l’utilisation du cuivre métal. Dès lors, des essais d’aromathérapie et de phytothérapie (huiles essentielles) ont été mis en place. Également interrogé sur son impact environnemental, le groupe travaille sur la quantification du cuivre métal dans le sol et sur la mise en place d’un essai de phytorémédiation.

Répartition des 11 exploitations du groupe DEPHY BIO sur le vignoble du cognac
      Répartition des exploitations du groupe DEPHY BIO sur le vignoble du cognac

 

 

Culture principale : Vigne

Productions principales : Cognac, Pineau des Charentes, vins de pays Charentais

Cépage principal du cognac : Ugni Blanc (présent à 98% dans le vignoble)

Cépages secondaires du cognac : Folle Blanche, Colombard, Montils, Sémillon et Folignan.

Autres cépages (vin IGP ou Pineau) : Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon N, Malbec, Merlot N, Chenin B, Sauvignon B, sémillon B, Chauché gris…

Variétés résistantes (vin IGP) : Artaban, Floreal, Souvignier Gris, Vidoc…

Les principaux portes greffes (résistant aux calcaires et vigoureux) : Fercal, 140 Ruggeri, 41B, 333 EM…

Particularité du groupe : en AB

Le regard de l'Ingénieur Réseau :

« Dans les Charentes, la part de surfaces bios destinées à la production de cognac est estimée autour de 1 à 2%. Bien que certains soient convertis depuis plus de 50ans, la conversion au bio dans la région évolue lentement. Sur le marché, une partie de la production bio n’est pas valorisée en tant que telle. Rachetée par le négoce, elle se retrouve mélangée aux récoltes conventionnelles. Il existe une vingtaine de marques de cognac bio portées par les viticulteurs producteurs ou par de petites maisons de négoce. Ainsi la viticulture biologique représente une faible part sur le volume total produit en cognac.

Chaque année, les objectifs de production sont définis par le BNIC (Bureau National Interprofessionnel du Cognac) et ne peuvent dépasser 16 hl/AP (Alcool Pur)/ha [= 160 hl/ha de vin avec un TAV de 10%]. Depuis 2011, les rendements fixés sont supérieurs à 10 hl/AP et ne cessent d’augmenter.

Dans ce contexte, les viticulteurs bios des Charentes doivent faire face à la nouvelle réglementation de 2019. Cette dernière fixe l’utilisation du cuivre métal à 28 kg sur 7ans, autrement dit, seuls 4kg/ha/an de cuivre métal peuvent être appliqués. Face à la sensibilité de l’Ugni Blanc au mildiou, c’est un véritable défi pour les viticulteurs charentais.

Initié en 2016, le groupe DEPHY bio, conscient des enjeux environnementaux et de leur dépendance au cuivre, est impliqué dans la recherche collective d’alternatives afin d’améliorer la protection du vignoble et d’atteindre les objectifs de production. Ce groupe DEPHY FERME permet d’échanger et de partager leurs pratiques et leurs expériences respectives afin d’avancer collectivement.

Ayant repris le groupe courant 2021, j’ai pu faire l’état des lieux sur les avancées du groupe et leur proposer de nouveaux plans d’action. Actuellement, le groupe s’interroge de l’impact du cuivre sur l’environnement et surtout sur le sol. Notre objectif principal est de quantifier le cuivre métal dans les sols charentais afin d’envisager des essais sur la phytorémédiation. »

Projet collectif et résultats du groupe

Projet collectif  :

Réduire l'utilisation du cuivre tout en conservant les objectifs de production et l'harmonie plante-sol

 

Thématiques principales du groupe :

   1. Réduction de l'utilisation du cuivre 

             a. Favoriser les PNPP       

             b. Intégrer le biocontrôle (homologué AB)

             c. Raisonner ses traitements

   2. Fertilisation de la vigne

            a. Intégration des couverts végétaux

            b. Connaitre son sol et sa flore

            c. Réfléchir sur les pratiques alternatives au travail du sol

   3. Échange

           a. Rencontre et partage avec d'autres groupes sur des problématiques communes

           b. Promouvoir le travail réalisé

 

Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement

  • Déployer les Outils d'Aides à la Décision (Bulletin Santé Végétal, Optidose®, Décitrait®, Témoin Non traité)
  • Qualité de pulvérisation
  • Réduction des interventions à la parcelle
  • Alternatives au travail mécanique
  • Essais sur l'impact des fertilisants foliaires et des SNUBs
  • ...

 

Résultats du groupe

De 2016 à 2021 :

Dès la création du groupe, la thématique de réduction du cuivre est travaillée. Pour y répondre, un essai d’aromathérapie est mis en place de 2017 à 2018. Cette science qui utilise les propriétés des tissus embryonnaires des végétaux en croissance tel que les bourgeons ou les jeunes pousses d’arbre, est testée dans la lutte contre le mildiou et l’oïdium (voir ici pour en savoir+). Convaincu par l’utilisation des huiles essentielles, un essai de phytothérapie est installé en 2017, 2019 et 2020. Ces expérimentations démontrent un potentiel pour lutter contre le mildiou et l’oïdium à condition de bien choisir et positionner les huiles essentielles.

Toujours en recherche d’alternatives, un essai utilisant une Substance Naturelle à Usage Biostimulante pour lutter contre le mildiou est instauré sur une parcelle du groupe en 2021. L’impact biostimulant est également évalué en tant que Stimulateur des Défenses Naturelles (SDN) de la plante. L’objectif est de réduire de 30% les doses de cuivre métal. Cette expérimentation est encore menée afin d’évaluer son efficacité dans différents contextes de pression sanitaire.

Outre la problématique de réduction du cuivre, une approche sur la mise en place d’une stratégie de lutte contre Eudémis est étudiée en 2018 avec deux modalités étudiées :

  • Modalité 1 : Trichogrammes + BT (Bacillus Thuringiensis)
  • Modalité 2 : Trichogrammes

La modalité 2, suivie de près par la modalité 1, est celle qui présente le moins de perforation et de fréquence d’attaque de botrytis. Néanmoins la technique doit être étudiée dans différentes configurations parcellaires et prouver également son efficacité à baisser la pression eudémis dans le temps. Il est important de souligner l’incompatibilité de deux techniques biocontrôle : l’utilisation des trichogrammes avec l’application de soufre. Aussi, le temps de pose des diffuseurs et le coût par hectare restent des freins quant à la diffusion de la technique.  

Évolution des indicateurs du groupe :

De 2017 à 2021, les millésimes ont été très différents. Les années 2018, 2020 et 2021 ont été marquées par la pression sanitaire du mildiou. En 2018, de fortes pluies sur la période de floraison – nouaison provoquent une forte progression de symptômes. Malgré tout, la protection a globalement bien été raisonnée : les parcelles traitées sont peu touchées. Ce n’est pas le même scénario en 2020 qui fut une année avec des pluies excédentaires et des températures plus chaudes que la moyenne décennale. Les attaques de mildiou et de black rot furent précoces sur feuilles et inflorescences. La fréquence des pluies n’a laissé que peu de place aux traitements qui avaient besoin d’être très régulièrement renouvelés dû au lessivage du cuivre. En 2021, la pression du mildiou fut plus importante et également marquée par des pluies excédentaires. Les températures étaient conformes à la moyenne décennale et laisse apparaitre les premiers symptômes de mildiou plus tardivement, à la différence de 2020 la protection phytosanitaire fut mieux encadrée. En 2022, les conditions climatiques sont chaudes et sèches, la pression mildiou fut faible et peu de dégâts ont été observés sur le vignoble.

En 2022, la quantité de cuivre métal utilisée chute de 37 % par rapport à 2016 et atteint 2,31 kg/ha grâce à une saison exceptionnelle avec une pression très faible. L'année 2023 ne connait pas le même sort, la pression mildiou était plus importante et la dose de cuivre métal utilisé dans le groupe est de 3,72 kg/ha.

Graphique cuivre

Ces différences climatologiques permettent d’expliquer les résultats d’IFT (Indicateur de Fréquence Traitement) et de cuivre métal supérieurs en 2020 au sein du groupe. Outre cette année, l’utilisation de cuivre métal se stabilise autour de 3,58 kg/ha/an. L’IFT du groupe diminue de 13,75% jusqu’en 2019. L’IFT biocontrôle, principalement dû à l’utilisation du soufre, connait une augmentation de 8,78% en 2020 et représente 41,66% de l’IFT total en 2021 contre 25,7% en 2018. En 2022, le nombre de traitement est faible (8 en moyenne) en raison des conditions favorables de la saison, ce qui fait diminuer l'IFT total à 5.6.

De 2016 à aujourd'hui, l'IFT total a diminué de 30 %.

Graphique IFT

Depuis le renouvellement du groupe en 2022, l’objectif est de travailler sur l’utilisation du cuivre afin de mieux raisonner les traitements pour permettre d’assurer le rendement les années à forte pression sanitaire. L’utilisation de biocontrôle est également favorisée pour augmenter l’IFT biocontrôle. Ce levier reste freiné par le faible rapport coût/efficacité des produits biocontrôle homologués AB.

 

La presse en parle

Réunion intergroupe - 22 juillet 2022 - Travail du sol
Performances techniques du groupe DEPHY BIO - Octobre 2022 - ProfilBIO n°17 (page 30)
Rallye Transfert : journée technique "l'entretien mécanique, à chacun sa pratique !" - Terre de Cognac n°154
Mois de la bio : visite sur l'exploitation de Guillaume Rault - l'Agriculteur Charentais décembre 2023

Témoignage de la structure :

« Cette démarche qui s'inscrit dans une action nationale consiste à mettre en commun les compétences des agriculteurs et des conseillers puis collectivement de réfléchir, de tester, d'expérimenter et d'innover dans de nouvelles techniques de production qui nous permettrons de répondre aux enjeux de demain, notamment sur la diminution de l'usage des produits de santé végétale.
Le rôle de la Chambre d'agriculture de la Charente et de ses Ingénieurs Réseau DEPHY est d'initier, d'animer et d'accompagner tous ces projets quelques soient les modes d'agricultures (conventionnels, biologiques ...). Les conseillers créent ensuite des références techniques en évaluant l’efficacité des solutions sur les plans économique, social et environnemental, puis les diffusent à grande échelle, tant sur la zone de production du Cognac qu’au-delà. » 

Christian DANIAU, Président de la Chambre d’agriculture de la Charente

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Jeanne KERRINCKX
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