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dephyferme

Semer des cultures fourragères dans une prairie vivante sans glyphosate

Grandes cultures / Polyculture-élevage
Autonomie alimentaire
Fertilité et vie des sols
Travail du sol simplifié/non labour
Année de publication 2020
  (mis à jour le 26 avr 2023)

La prairie a un rôle central sur notre territoire puisqu’elle représente le support principal de l’élevage cantalien (80 % de la SAU est constitué de prairie naturelle). Or, de nos jours, les prairies subissent de plus en plus d’aléas qui engendrent des pertes de production et dégradent la flore. Il peut s’agir de dégâts engendrés par les taupes, les campagnols ou encore des sécheresses à répétition. Dans ce contexte, les éleveurs cantaliens ont cherché une méthode pour redynamiser la prairie ou pour implanter de nouvelles cultures à moindre coût sans retournement complet du sol.

Marc PEILLERON

Semis direct de méteil fourrager et d’espèces prairiales dans les prairies vivantes, 5 années d'expérimentations

 

 Depuis l’automne 2017, la Chambre d’agriculture du Cantal, en collabora­tion avec les agriculteurs bio, a mis en place une multitude d’essais de se­mis direct ou de semis simplifié afin de déterminer la faisabilité de cette technique sur prairie vivante dans le Cantal. Trois méthodes ont été expérimentées dans le Cantal.

 

  • Le sur-semis à la herse étrille, une solution après dégâts de nuisibles

Cette technique, sûrement la plus simple, consiste à utiliser une herse étrille (réglage le plus agressif pos­sible) combiné à un semoir électrique ou pneuma­tique. Les résultats sur prairie naturelle sont mitigés. En effet les dents ne recréent pas suffisamment de terre fine pour assurer la germination.

Cependant cette technique paraît être intéressante pour les parcelles ayant subi des dégâts de campa­gnols, et qui par, conséquent, ont un pourcentage de terre fine important.

 

  • Le sur-semis Banzaï, une méthode efficace et simple

Cette méthode, la plus rapide et la plus extrême, consiste à utiliser un combiné semoir/herse rotative pour implanter un méteil ou de nouvelles semences de prairie. L’outil doit être réglé pour ne travailler que les premiers centimètres du sol. Le but n’est pas de détruire la végétation déjà présente, mais de ralentir la flore et de créer de la terre fine pour assurer la ger­mination, de la semence.

Les sur-semis de l’automne 2017 donnent plutôt de bons résultats. Cette méthode est relativement simple à mettre en place, efficace, avec un matériel bien souvent présent sur l’exploitation, à la CUMA ou à l’entreprise de travaux agricoles la plus proche.

Ainsi, un sur-semis de trèfle violet a été réalisé avec cette méthode sur une prairie à l’Herbipôle de l’INRA à Marcenat. Philippe Tardif, respon­sable de l’équipe « culture » à l’Herbipôle explique : "l’une de nos prairies de fauche était princi­palement constituée de plantes gazonnantes, au rendement insuffisant. Il nous a semblé intéressant d’essayer d’implanter du trèfle violet afin d’augmen­ter la productivité de la parcelle sans procéder à une méthode d’implanta­tion habituelle afin de conserver la structure du sol. La herse rotative nous a paru être un moyen simple et efficace pour l’implantation, nous attendons main­tenant de voir le résultat".

 

  • Le semis direct, bien choisir son semoir

Cette méthode consiste à semer directement une parcelle sans travailler le sol. Il existe une multitude d’outils développés dans ce but pour des zones de grandes cultures. Mais l’intervention sur prairie de­mande certaines spécificités.

En effet, nos prairies possèdent un chevelu racinaire épais et dense sur les premiers centimètres du sol. Aussi, certains semoirs équipés d’un simple disque semeur ne sont pas capables de recréer de la terre fine dans ces conditions. Par conséquent, la levée sera hétérogène et lente ne permettant pas à celle-ci de concurrencer rapidement la prairie.

Certains constructeurs proposent des semoirs di­rects spécialisés dans l’intervention en prairie. Ces semoirs sont à dents ou à disques, capables de tra­vailler la ligne de semis, de recréer de la terre fine afin d’assurer une forte minéralisation de l’azote sur la ligne, une levée rapide et homogène pour concur­rencer la prairie le plus rapidement possible.

Enfin des semoirs polyvalents existent. Ils sont lourds et onéreux mais présentent plusieurs avantages. Ces semoirs sont équipés de plusieurs rangées de disques tous indépendants permettant de travailler sur sol travaillé (reprise de labour), ou de réaliser une technique culturale simplifiée (TCS) ou encore de n’activer que les disques travaillant la ligne de semis afin de réaliser un vrai semis direct.

À ce jour, seule une parcelle a été sursemée avec cet outil. Les résultats sont loin de nos attentes. Ce­pendant, les conditions de travail n’étaient pas favo­rables induisant ainsi un travail de qualité médiocre.

D’autres essais sont prévus en 2018 avec ce type de semoir.

toto

 

Alors pourquoi tenter des sur­semis de trèfle violet et de méteil fourrager dans des prairies vivantes ?

 

Les objectifs de ces semis directs dans une prairie vivante sont :

  • implanter des cultures à pousse de début de prin­temps pour s’adapter au changement climatique.
  • Augmenter les rendements fourragers des prairies peu productives sans les détruire.
  • Limiter le salissement hivernal notamment dans les luzernes, en implantant des cultures d’automne.
  • Découper le feutrage racinaire des vieilles prairies et multiplier les stolons des trèfles blancs.
  • Favoriser la porosité et la vie du sol en introduisant des plantes agressives qui augmenteront le volume racinaire (seigle, vesce, fèverole, trèfle violet et ray grass) et fourniront du sucre en début de printemps aux micro-organismes du sol.

 

Les règles d’ors pour assurer la réussite de la technique

 

Bien choisir son outil    

Lorsqu’on veut réussir le semis de graines dans une prai­rie vivante, il faut faire de la place sur la ligne de semis.

C’est pourquoi, la herse étrille et les semoirs mo­no-disques semeurs (type Sky ou SEMEATO) ne donnent pas satisfaction.

En revanche, les semoirs à socs comme le semoir SIMTECH ont montré leur efficacité.

Les semoirs avec des disques ouvreurs gaufrés ou des disques pulvériseurs pour créer de la terre fine sont également performants pour ce type de semis.

Il s’agit des semoirs GREAT PLAINS 3P10006NT, PO­TTINGER TERRASEM, KHUN SD 3000 ou encore BE­DNAR OMEGA, présents et testés dans le Cantal.

 

Enfin, l’utilisation d’un combiné herse-rotative-semoir fera suffisamment de place pour semer la culture four­ragère, mais aura pour inconvénient de faire lever plus de mauvaises herbes (technique dite « Banzaï »)

Comme la herse rotative, le vibroculteur, le déchau­meur à disques ou à dents peuvent être utilisés à condition de passer un coup de rouleau après semis pour re-niveler le terrain et ré-enterrer le plus possible les mottes et les pierres.

 

La date de semis : viser la bonne période

En 2019, la période optimale de semis était la première quinzaine d’octobre, après le retour des pluies. Avant cette période, les semis ont souffert de la sécheresse et à partir de la fin octobre, beaucoup de semences ont pourri en raison d’un excès d’humidité et de froid .

La densité du couvert végétal : éviter les prairie denses

Plus la densité du couvert et du mât racinaire est importante, moins le sursemis a de chance de réussir. Il est déconseillé de semer dans une prairie dense.

Choix des espèces semées

Comme il s’agit de semer dans un couvert vivant, il faut choisir des espèces agressives avec un développement rapide. En 2019 sur les parcelles d’essais, on retrouvait au printemps une dominante de seigle fourrager, triticale, vesces velue et commune, avoine, ray grass et trèfle violet.

Fertilisation azotée

Avec un coût moyen d’implantation de 350 €/ha (dont 90 € de prestation de semis direct), il est important de valoriser cet investissement par une fertilisation azotée minimale de 60 unités d’azote/ha.

 

Observation 2019 – 2020 -2021

 

Résultats de 9 parcelles avec témoin

9 parcelles de semis direct de méteils et d’espèces prairiales ont été comparées avec leur témoin sans sur-semis.

Les altitudes vont de 400 à 1 100 mètres sur tout type de prairie de départ.

  En 2019, il a été observé un écart de plus de 2 T de M.S./ha sur une prairie naturelle de l’INRA de Marcenat sursemée en seigle forestier + vesce (essai implanté lors de la journée "herbe de nos montagnes").

En 2020, les résultats sont hétérogènes. L'hiver 2019-2020, particulièrement doux, a favorisé la reprise de la prairie, le développement des vesces et des espèces prai­riales semées (Ray grass, dactyles et trèfles) au détriment des méteils céréaliers.

Le gain moyen de rendement en 2020 sur les 9 parcelles est de 600 kg de M.S. par hectare avec des rendements pouvant atteindre plus 1,5 T par hectare pour les méteils implantés sur des prairies dégradées.

Le coût de revient du semis direct semences + matériel de 350 €/ha en moyenne,ne permet pas un retour sur investissement dès la première coupe.

En revanche, les récoltes suivantes seront supérieures dans les prairies sursemées en raison de la bonne implantation des espèces prairiales et de l’effet scarificateur des semoirs qui redonnent de la vigueur à la prairie (observations 2018 et 2019). Ce qui permet de préserver la pérennité et la productivité des prairies car il est de devenu de plus en plus délicat d’installer une jeune prairie ces dernières années.

toto

 

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Marc PEILLERON
Responsable du service RID et du service CEDL - Conseiller spécialisé en Agronomie Ingénieur Réseau DEPHY GCPE - CA15
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