Le groupe Ferme DEPHY ArboNovateur 82 est engagé depuis 2010 dans la réduction de l’usage des produits phytosanitaires. Ce groupe compte 12 arboriculteurs, dont 9 sont engagés dans le groupe depuis sa création.
Les exploitations sont toutes situées en Tarn-et-Garonne, premier département Français producteur de pommes. Elles sont représentatives de la structuration de la filière pomme du département qui est fortement organisée en coopératives avec une grosse part de pomme vendue à l'export. Les conversions en Agriculture Biologique ont été importantes ces dernières années, et aujourd’hui 11 producteurs ont un atelier en bio.

Productions principales : Pomme, prune, kiwi, raisin de table, poire

Spécificités du groupe : ce groupe rassemble des producteurs adhérents aux différentes organisations de producteurs du département, soit 7 organisations de producteurs sur 10 associées au réseau ferme, dont Blue Whale.

Lycées partenaires : Lycée agricole de Capou

Partenariats locaux : CEFEL, CUMA 82, BlueWhale, GIEE Arbonovateur, Campagnes Vivantes 82

Réorientation du projet de groupe vers la lutte contre les maladies (tavelure) et les ravageurs (puceron cendré et punaise diabolique) pour la période 2021-2026

Après 10 ans de travail sur les luttes alternatives contre les bio agresseurs, la recherche de matériel de désherbage mécanique performant, et l’accompagnement dans la conversion à l’agriculture biologique, le groupe à décider de se réorienter sur la lutte contre 3 bio agresseurs qui pose encore problème à l’heure actuelle. Des travaux ont également porté sur l’implantation de couverts végétaux inter-rang dans différents objectifs ; améliorer la portance du sol, améliorer la fertilité du sol grâce aux légumineuses, ou encore attirer et pérenniser la faune auxiliaire grâce à des bandes fleuries.

L’idée globale est de transférer les pratiques des systèmes de cultures AB vers les systèmes de cultures PFI quand cela est possible. Avec principalement ; l’utilisation de fongicides autorisés en AB, la massification de la confusion sexuelle sur carpocapse des pommes ainsi que l’utilisation d’insecticides de bio contrôle (BT, virus de la granulose). Ou plus récemment, l’intégration des stratégies bio contre le puceron cendré en conventionnel.

Avec le développement des systèmes en AB il y a quelques années, la recherche de matériel de désherbage mécanique performant et rapide continue. C’est dans ce cadre que nous avons testé le désherbage électrique, en partenariat avec le CEFEL. Il a également été testé, en partenariat avec le GIEE Arbonovateur, une solution de guidage de ces outils, le « VisioPiolt ». L’idée est que cet outil permet de garder le tracteur au centre de l’inter-rang, pouvant laisser le chauffeur se concentrer sur la gestion de l’outil de désherbage. Les premiers résultats sont positifs, mais c’est le prix de cette solution qui est aujourd’hui le frein premier.

Tavelure

• Réalisation de traitements 1 rang sur 2 accompagné ou non de réduction de dose, principalement en début de campagne
• Prophylaxie généralisée : broyage et andainage de la litière foliaire afin de diminuer l’inoculum pour la saison suivante
• L’ensemble des producteurs du groupe sont équipés de stations météos, parfois avec un Outil d’Aide à la Décision, « RimPro » qui permet notamment de prévoir les projections et contaminations de la tavelure
• Des essais d’intégration de fongicides de biocontrôle dans les systèmes de culture conventionnelle avec plus ou moins de réussite
• Des essais de bâches anti pluies ont été mis en place il y a quelques années, mais cette technique a été abandonnée car la structure fut arrachée à cause du vent et montrer de très bon résultats sur la tavelure mais posé d’autres problèmes agronomique (coloration, gestion de l’irrigation et de la fertilisation …), ce qui a conduit à l’abandon de cette technique
• Le levier génétique ; avec la plantation de variété tolérante ou résistance à la tavelure, dit « RT » est un levier fort dans la diminution de l’utilisation des PPP. L’accompagnement dans la conversion au bio a été une des grosses thématique de travail dans le projet collectif sur la période précédente. Aujourd’hui, nous continuons à nous informer et à suivre les nouvelles variétés résistantes à la tavelure (visites chez des producteurs, en centre d’expérimentation, …) ainsi que de nouveaux porte-greffes
• En 2023, des prélèvements de sols afin de rechercher des nématodes naturellement présent dans nos sols afin d’étudier les différentes communautés et de voir leur potentielle action de régulation sur les lépidoptères notamment

Puceron cendré

• Amplification de l’utilisation des produits de bio contrôle
• Mise en place de couverts végétaux ou bandes fleuries inter rangs pour attirer la faune auxiliaires
• Lutte biologique par introduction ou par conservation
• Suivi des populations d’auxiliaires
• En 2024, pour la première fois nous avons réussi à suivre l’éclosion des œufs de pucerons cendrés afin de mieux connaitre la période d’éclosion et de positionner au mieux les huiles blanches
• Analyse de résistance (substances actives)
• Suite à de nombreux dégâts dans les systèmes conventionnels ces dernières années, l’intégration des stratégies bio est de plus en plus fréquente, avec d’excellents résultats
• Nous suivons également le vol retour du puceron, mais la difficulté réside principalement dans une identification certaine de l’espèce de puceron

Punaise diabolique

Suite à une recrudescence des dégâts en verger depuis plusieurs années en pomme mais également sur d’autres espèces, la punaise diabolique est un nouveau ravageur peu connu en arboriculture. Afin de mieux connaitre ce ravageur, un réseau de surveillance grâce à des pièges a été mis en place chez certains producteurs du groupe Dephy. Ceci nous a permis de mieux connaitre le cycle biologique de ce ravageur sur notre département. Au préalable, nous avons testé différents types de pièges et de phéromones pour identifier le meilleur couple piège/phéromones. Grâce à ce réseau, nous avons notamment observés une augmentation des dégâts à proximité d’environnements attractifs pour la punaise ; les ripisylves, mais aussi à proximité de cultures attractives (soja, tournesol, sorgho, noisettes, …) mais aussi des déplacements de populations avec les moissons, ou encore une migration des populations vers les vergers qui présentaient des conditions favorables (lors de la canicule en 2022 ; les vergers irrigués ont été les seuls lieux « accueillants » pour la faune).

Actuellement nous travaillons sur ;

• La recherche et l’identification de parasitoïdes de la punaise diabolique (de nombreuses ooplaques parasitées sont observés en verger, mais nous sommes dans l’incapacité d’identifier précisément le parasitoïde)

• Travail sur les barrières physiques tel que les filets Alt’carpo qui peuvent avoir un effet positif sur les populations de punaises

• Lien avec la recherche sur les différents travaux en cours et sur les différentes filières impactées ; kiwi et noisettes principalement

L’objectif est de trouver une combinaison de leviers qui permettra une gestion satisfaisante de ces bioagresseurs sans reposer exclusivement sur la lutte chimique, en continuant de réduire l’utilisation des PPP ou au minimum de stabiliser les IFT. Pour cela, les échanges de pratiques, et la comparaison des stratégies sont un élément fondamental.

Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement

• Impact de la faune auxiliaire sur la régulation de ravageurs
• Vie du sol
• Impact du dérèglement climatique sur la fillière arbo
• Nouvelles variétés et porte-greffes

Résultats du groupe

Les données récoltées auprès des producteurs permettent d’analyser les différences d’IFT entre exploitations et entre systèmes. Le premier constat est que les systèmes de culture en Agriculture Biologique, très souvent constitués de variétés résistantes à la tavelure ressortent avec l’IFT total le plus faible, inférieur de 20 points par rapport au système de conduite classique. Ensuite, on retrouve les systèmes en PFI avec des variétés RT, avec un IFT total inférieur de 17 points par rapport au système classique PFI. Cependant ces systèmes PFI avec des variétés RT ont diminué ces dernières années, les producteurs convertissant ces systèmes en AB.
Le passage à l’Agriculture Biologique, que ce soit par la conversion ou la plantation du verger engendrent de fortes baisses d’IFT, ce qui se traduit notamment par une utilisation importante des solutions de biocontrôle et par l’utilisation de variétés résistantes à la tavelure. Aujourd'hui, le projet collectif se concentre sur le transfert des acquis en agriculture biologique vers les systèmes conventionnels, quand cela est possible.

Pour les systèmes de cultures en AB;

On observe un usage beaucoup plus important des produits de biocontrole par rapport aux systèmes en conventionnel, ce qui est normal. On comptabilise ici dans l’IFT fongicide le cuivre, qui est utilisable en bio mais qui ne fait pas parti de la liste officielle des produits de biocontrole. Dans l’IFT insecticide, on comptabilise uniquement les applications d’azadiactine contre le puceron cendré, dont l’utilisation est en dérogation depuis de nombreuses années

Pour les système de cultures en conventionnel;

On observe actuellement un plateau de la diminution des PPP classiques, et une introduction des solutions de bio contrôle parfois compliqué au regard du contexte économique actuel qui peut être un frein. De plus, il est important de souligner le levier de substitution de PPP classiques par des PPP de bio contrôle fait partie des leviers de la réduction des PPP. Ceci est particulièrement important dans le cas de conversion en AB.

La moitié des traitements sont des traitements fongicides et ceux pour 2 raison principale ; la tavelure étant l’une des maladies les plus préjudiciables sur pommier et les conditions climatiques de notre région étant plus favorables au développement des maladies.

Concernant l'IFT insecticide; certains ravageurs comme les pucerons cendrés et la punaise diabolique sont en augmentation ces dernières années ce qui conduit à une augmentation des interventions insecticides

De plus, avec le réchauffement climatique (+1,75°C à Montauban en 60 ans, avec un réchauffement de +0.3°C par décennie – source ORACLE Occitanie), nous savons dors est déjà que cela affecte positivement le développement de certains types de bio agresseurs que sont les lépidoptères, les hémiptères ou encore les diptères. Les pressions de ces ravageurs vont très certainement s’amplifier dans les années à venir. Ces fortes chaleurs posent également des problèmes physiologiques ; blocage des arbres lors des épisodes de canicules, coups de soleil sur fruits, brûlure des fruits entrainant des problèmes en conservation …

Agenda :

14 au 16 janvier : SIVAL

29 janvier : Réunion collective du groupe

12 février : Journée technique Sudexpé/CDA82 sur l'irrigation en arboriculture et la gestion des lépidoptères