
Groupe DEPHY Graines des Savoie

Le groupe se compose de 13 fermes en polyculture-élevage et en grandes cultures. C'est un groupe mixte conventionnel et AB. Ces fermes se situent à des altitudes variées allant de 450m à 1000m. Elles sont principalement situées dans le secteur de l'Albanais. Les productions sont variées : bovins lait avec valorisation du lait en AB, AOP ou IGP, bovins allaitants, porcs charcutiers, céréales et cultures fourragères. Le groupe s'intéresse à la diversification des cultures dans une recherche d'autonomie fourragère et également dans la dynamique de la création d'une filière locale de céréales panifiables AB.
Cultures principales : Blé, orge, méteil, triticale, maïs grain, maïs épi, soja, prairie temporaire, luzerne
Spécificités du groupe : Diversification des cultures, maintient de la fertilité des sols en AB, pâturage des couverts, Création d'un atelier de céréales panifiables, paysans-boulangers, production en double cahier des charges : AOP et AB
Lycées partenaires : MFR des Dronières, EPLEFPA de Contamines sur Arves
Partenariats locaux : Association graines bio des Savoie, Groupe DEPHY mixte éleveurs-céréaliers du Nord Isère, groupes 30 000 du territoire.
Regard de l'ingénieur réseau : Les éleveurs et les céréaliers du groupe ont des objectifs communs : produire davantage de céréales, en quantité et en diversité, sans augmenter leur IFT. Pour cela, ils souhaitent allonger les rotations et diversifier leurs cultures. Eleveurs et céréaliers veulent travailler ensemble car ils ont des systèmes de cultures similaires, avec alternance de céréales à paille et de cultures de printemps avec un retour en prairie tous les 3 à 8 ans selon les fermes et les parcelles.
Les éleveurs sont conscients qu’en allongeant leurs rotations, ils seront confrontés aux mêmes problématiques que les céréaliers. Ils veulent s’inspirer de l’expertise technique des céréaliers sur certaines cultures (soja, céréales panifiables…), sur leur stratégie de rotation et sur les modes de contrôle des adventices et des maladies en rotation plus longue.
De leur côté les céréaliers du groupe sont en production AB. Ils souhaitent également allonger leur rotation, afin de laisser une parcelle le plus longtemps possible en culture avant que celle-ci retourne en prairie. En effet, même si l’effet de la prairie est bénéfique, le coût d’implantation est élevée (en particulier en AB) et la marge liée à la récolte en foin est très inférieure à celle d’une culture. Ainsi, les céréaliers souhaitent travailler avec les éleveurs sur les cultures destinées à l’alimentation animale : les méteils, le maïs, le soja… et sur le choix des mélanges prairiaux à implanter. Ils ont la contrainte de devoir maintenir une fertilité des sols et un taux de MO suffisant sans avoir de production d’effluents sur la ferme.
Le groupe a beaucoup travaillé sur les pratiques de contrôle des adventices (diversification des rotations, désherbage mécanique) et des maladies et ravageurs (adaptation dates de semis, stratégies d'évitement, push and pull). Un autre grand axe de travail a été la recherche d'autonomie et l'amélioration de la fertilité des sols avec l'utilisation de dérobées fourragères et de couverts d'interculture.
Enfin, le groupe a développé la complémentarité agriculture-élevage sur le territoire afin de maintenir la fertilité des sols et de créer des débouchés pour les cultures. Il a également contribué à diversifier et sécuriser les débouchés des cultures avec la création d'une filière de valorisation des céréales locales.











Titre de projet collectif : Améliorer la triple performance des fermes grâce à la diversification des cultures et à la complémentarité entre élevage et cultures, à l’échelle de la ferme et du territoire.
Thématiques principales du groupe :
- Réduction de l’IFT herbicides et réduction des passages en désherbage mécanique et faux –semis.
- Abaisser l’impact de ses pratiques sur l’environnement et abaisser le coût de production pour un atelier plus performant
- Maintenir la fertilité et de limiter la pression des adventices
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Diffuser les pratiques au plus grand nombre pour abaisser et maintenir un IFT bas et accompagner/favoriser la transition agroécologique des systèmes de culture.
Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement
- Complémentarité agriculture-élevage sur le territoire
- Développer les TCS en AB
- Techniques de semis de couverts en semis direct
- Relocalisation de la production : développement de filières et de débouchés locaux
Résultats du groupe
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Baisse de 11 % de l'IFT moyen du groupe (hors biocontrôle) depuis l'entrée dans le réseau DEPHY et de 48% en 2022 par rapport à la moyenne du territoire (données 2023 non disponibles)
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Baisse de 50 % de l'IFT Herbicide moyen du groupe (hors biocontrôle) depuis l'entrée dans le réseau DEPHY et de 25% en 2022 par rapport à la moyenne du territoire (données 2023 non disponibles)
En 2022, l’IFT a fortement baissé par rapport à la période de référence. Cela s’explique par : des conversions à l’AB (3 fermes), ce qui fait baisser mécaniquement l’IFT global. De plus, en 2022, il y a eu des conditions sèches, ce qui a fortement limité le développement des adventices ainsi que la pression des maladies cryptogamiques et des ravageurs et donc le nombre de traitements.
En 2023, l’IFT est beaucoup plus élevé qu’en 2022. Cela s’explique par l’effet année liée au climat :
• L’automne 2022 doux a favorisé les vols précoces des pucerons sur orge
• Le climat de l’année a été plus humide que 2022 : il a fait sec jusqu’en février 2023 puis le début de printemps doux et humide de 2023 a entrainé une émergence relativement précoce de nombreux ravageurs comme les chrysomèles adultes. Ces conditions ont également été favorables aux adventices et aux maladies cryptogamiques sur céréales. La pression piétin verse sur blé a en particulier été plus importante que l’année précédente. Ainsi, les fermes en conventionnel ont réalisé plus de traitement qu’en 2022.
Un second facteur explique cette augmentation/2022. En 2023, les surfaces en céréales panifiables des fermes AB du groupe ont été supérieures à 2022. En effet, plusieurs agriculteurs du groupe ont diminué leurs surfaces en maïs et soja au profit des céréales à la suite des rendements médiocres de 2022 et pour anticiper les impacts du changement climatique sur les années à venir. Or, les semences des céréales sont traitées contre la carie du blé, tandis que les semences de maïs et de soja ne sont, elles, pas traitées. Cela a fait augmenter l'IFT traitement de semences à l'échelle des systèmes de cultures suivis dans le cadre de DEPHY.
Témoignage de la structure :
L’ADABio travaille depuis plus de 30 ans avec les agriculteurs conventionnels et Bio des Savoie. Le financement DEPHY nous permet de travailler collectivement sur la diminution de l'utilisation des produits phytosanitaires. En particulier, nous travaillons avec le groupe sur la diversification des rotations, les dates de semis et les méthodes de semis pour limiter les attaques de ravageurs (chrysomèles sur colza, taupin sur maïs, pucerons sur orge). Nous travaillons beaucoup sur la lutte contre les mauvaises herbes : alternance de cultures d'hiver et d'été, faux-semis pour limiter la pression des adventices, et nous avons amélioré nos pratiques de désherbage mécanique (choisir le bon outil au bon moment, avec le bon réglage) grâce à des formations et à nos groupes d'échange. Dans le groupe DEPHY Graines des Savoie, nous testons aussi des couverts d'interculture et des dérobées fourragères d'été pour couvrir les sols et nourrir les bêtes en été. Olivier Grillet, administrateur de l'ADABio et membre du groupe.