Santé et protection des abeilles
Les travaux de l'ANSES
L’Anses s’est autosaisie en 2012 sur la question des co-expositions des abeilles à différents facteurs de stress et leur rôle respectif dans les phénomènes d’affaiblissement, d’effondrement ou de mortalité des colonies d’abeilles, l’accent étant mis sur les interactions entre ces facteurs.
Les abeilles, des pollinisateurs essentiels dont la santé est menacée
Cette page regroupe et détaille les actions de l'ANSES en faveur de la protection des abeilles.
Dans cet avis de mai 2022, l'ANSES recommande de consolider les connaissances par l’acquisition de données supplémentaires au sujet de l'efficacité des mesures compensatoires visant à protéger les pollinisateurs des épandages de produits phytopharmaceutiques durant la floraison des cultures.
Cet avis porte sur la rotation des cultures suivant des betteraves. Sur la base de cet avis, la liste de cultures pouvant être semées, plantées ou replantées les années suivant un semis de betteraves traitées avec des néonicotinoïdes a été établie. Elle fait l’objet d’une annexe dans l’arrêté de dérogation.
Afin de réduire l’exposition des abeilles et autres insectes pollinisateurs aux produits phytopharmaceutiques, l’Anses recommandait dans son avis du 23 novembre 2018 de renforcer les dispositions nationales imposant des restrictions en matière d’utilisation des produits pendant les périodes où les cultures sont attractives pour ces insectes. En complément, l’Agence publie un nouvel avis visant à faire évoluer les méthodes d’évaluation des risques dans le cadre des demandes d’autorisation de mise sur le marché. L’Anses recommande de s’appuyer sur le document guide de l’EFSA qui permet notamment de mieux évaluer les risques à long terme pour les abeilles et pour les autres pollinisateurs. Par ailleurs, l’Agence souligne la nécessité de fixer des valeurs seuils réglementaires au niveau européen pour les risques chroniques afin d’harmoniser les critères relatifs à la décision de mise sur le marché des produits.
Dans le cadre du plan d’action gouvernemental sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides, l’Anses publie ce jour le résultat de son expertise et ses recommandations visant à renforcer le cadre réglementaire relatif à la protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs.
L’objectif de ces recommandations est de réduire encore l’exposition des abeilles aux produits phytopharmaceutiques.
Les abeilles et autres insectes pollinisateurs jouent un rôle crucial dans la biodiversité et l’agriculture. La santé des abeilles est impactée par de nombreux facteurs, dont les produits phytopharmaceutiques. Leur protection vis-à-vis de l’exposition à ces produits est donc une priorité. Dans ce contexte, le plan d’action gouvernemental sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides prévoit de renforcer le dispositif réglementaire de protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs. L’Anses a été saisie par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et le ministère de la Transition écologique et solidaire afin de formuler des recommandations pour renforcer ce cadre réglementaire.
En réponse à cette saisine, l’Agence formule une série de recommandations, ainsi que des orientations pour le renforcement de l’évaluation des produits phytopharmaceutiques au regard des risques pour les abeilles et autres pollinisateurs
Les résultats de l’expertise mettent en évidence un nombre important d’agents infectieux et parasitaires affectant les colonies d’abeilles, de nombreux résidus de xénobiotiques (insecticides, fongicides et acaricides) présents dans les matrices apicoles, ainsi qu’une grande diversité de facteurs de stress auxquels les abeilles peuvent être exposées, de manière concomitante ou successive. L’expertise souligne le caractère multifactoriel des causes de mortalité des colonies d’abeilles et met en évidence le rôle des co-expositions aux pesticides et aux agents infectieux dans le déterminisme de leur effondrement.
Dans ce contexte, l’Agence recommande d’intervenir sur l’ensemble de ces facteurs, notamment au travers de l’appropriation et du respect des bonnes pratiques apicoles, mais aussi de la diminution globale de l’exposition des abeilles aux pesticides. L’Agence souligne également l’importance de disposer à terme d’un réseau d’observation harmonisé et structuré au niveau national, permettant de produire des bilans de l’état de santé des colonies, notamment par la création de ruchers de référence. Enfin, l’Agence recommande- dans le cadre de discussions à engager au niveau européen – l’élaboration puis l’intégration de tests supplémentaires pour mesurer l’effet de co-expositions à des fongicides et des acaricides dans la procédure d’évaluation de la toxicité des insecticides.
Les travaux de l'ITSAP
Actualité du 30/09/2020 : Néonicotinoïdes, betteraves sucrières et exposition des abeilles
L’utilisation des néonicotinoïdes par enrobage des semences dans les cultures des betteraves sucrières peut-elle conduire à une exposition des abeilles ?
Le risque d’une contamination des ressources alimentaires des abeilles ne pouvant être totalement exclu, même dans le cas de l’utilisation de néonicotinoïdes sur des cultures non attractives comme celle de la betterave sucrière, une surveillance devra être menée en cas de dérogation.
Actualité du 19/02/2020 : Effets des faibles doses dans l'évaluation du risque des pesticides
Depuis 5 ans, l’ITSAP coordonne la validation internationale d’une méthode permettant d’évaluer les effets de doses sublétales de pesticides sur le retour à la ruche des butineuses en conditions naturelles.
La finalité de ce travail est l’inscription de cette méthode dans les lignes directrices internationales de l’OCDE pour qu’elle soit employée dans le cadre des procédures d’évaluation du risque des pesticides avant leur mise sur le marché.
Depuis 2013, un moratoire de l’Union européenne (UE) impose des restrictions à l’usage de trois néonicotinoïdes jugés nocifs pour les abeilles dans les cultures prisées de ces insectes. Cependant, des chercheurs du CNRS, de l’Inra et de l’Institut de l’abeille (ITSAP) viennent de montrer que des résidus de ces insecticides, notamment l’imidaclopride, restent détectables dans le nectar de colza de 48 % des parcelles étudiées, avec d’importantes variations selon les années.
Actualité du 16/04/2019 : "Effet d’un insecticide sur le vol de retour"
Dans le cadre d’un projet coordonné par l’ITSAP visant à valider à l’international une méthode évaluant les effets de faibles doses de pesticides sur le retour à la ruche des butineuses, nous avons étudié l’impact de l’état de santé des colonies (infestation en V. destructor, Nosema spp. et DWV) dans la modulation des effets d’un insecticide testé (molécule néonicotinoïde thiamethoxam). D’autres facteurs environnementaux comme la température ayant déjà montré influencer le retour à la ruche des individus exposés au produit (Henry et al. 2014), nous l’avons également considéré comme facteur potentiel de variabilité des résultats.
Les travaux de l'INRAE
Actualité du 15/09/2021 : "Le pollen réduit la sensibilité des abeilles aux pesticides"
De nombreux travaux scientifiques ont montré le rôle crucial de la nutrition pollinique sur la santé des abeilles mellifères (Apis mellifera). La consommation de pollen peut notamment améliorer l’immunité et la tolérance aux agents pathogènes des abeilles. Des chercheurs INRAE ont récemment étudié l’influence de la nutrition en pollen sur la sensibilité des abeilles aux pesticides. Ils ont mis en évidence que certains pollens ont des effets bénéfiques plus importants que d’autres, ceci étant dû à des différences dans leurs compositions en nutriments et en composés phytochimiques selon les espèces florales.
Actualité du 26/11/2020 : "Apprendre à butiner est une activité risquée pour l’abeille domestique"
Des chercheurs INRAE en collaboration avec le CNRS analysent, grâce à des systèmes de détection, la mortalité naturelle des abeilles domestiques afin de mieux comprendre les risques de mortalité dus à leur environnement telles la pollution, les maladies ou bien la prédation. Les résultats de cette étude parue dans la revue Royal Society Open Science le 11 novembre 2020 montrent que la phase d’apprentissage pour devenir butineuse est très risquée et correspond à des pertes importantes. Par la suite, la mortalité chez les butineuses est relativement constante.