Etude de la dynamique paysagère de la cercosporiose du bananier en Martinique
Titre complet : Etude de la dynamique paysagère de Pseudocercospora fijiensis en Martinique : détermination des leviers territoriaux pour une gestion durable
Cette thèse vise à comprendre l'impact du paysage sur les dynamiques épidémiques de la Pseudocercospora fijiensis, provoquant la cercosporiose noire du bananier ou maladie des raies noires (MRN), pour in fine optimiser sa gestion. Ce travail repose sur une approche intégrative de l'épidémiologie de cette maladie qui prend en compte les facteurs météorologiques, les pratiques culturales, et les effets de la structure paysagère.
Afin de comprendre les déterminants de la dynamique de la maladie à l'échelle de la parcelle, une analyse par modèle dynamique a été menée sur les données d'état d'évolution (EE) de la MRN en Martinique. Le modèle développé a permis une quantification fine de la dynamique temporelle, l'effet des applications de fongicides et du climat (évaporation Piche) sur l'EE, et les résidus du modèle ont été utilisés comme évaluateur de l'effet du paysage sur la dynamique de la maladie (forêts, haies, zones hôtes traitées, zones de potentielles sources, zones non-hôtes). Ensuite, afin de mieux comprendre comment les haies influencent la dispersion de P. fijiensis, nous avons réalisé des essais expérimentaux sur 7 haies avec les deux types de spores du champignon, conidie et ascospore.
Les résultats montrent que pour les sources d'ascospores, la nature de la haie définie par sa surface d'interception (combinaison de la hauteur, la largeur et la porosité optique de la haie) influence négativement la dispersion de P. fijiensis. Dans le cas des sources de conidies, seule sa porosité optique a influencé la densité de lésions. Un autre facteur-clé dans l'épidémiologie est la capacité de dispersion longue distance. Afin de l'évaluer, nous avons mesuré la quantité de spores dans l'air 10 fois sur l'année 2021 à l'aide de plantes pièges et avons comparé nos résultats aux variables climatiques (pluie, température, UV, évaporation Piche). Les variables climatiques influencent significativement la quantité de spores mesurée dans les jours précédents l'exposition. Ces résultats ont permis d'acquérir de nouvelles connaissances sur Pseudocercospora fijiensis et sa dispersion, notamment sur l'impact des différentes composantes du paysage, ce qui permettra de mobiliser de nouveaux leviers pour la gestion agroécologique de la MRN à l'échelle territoriale.