1. Focus sur trois ravageurs en horticulture

Parmi les nombreux ravageurs qui se retrouvent en horticulture ornementale, le zoom a été fait sur trois d’entre eux : la cochenille, le thrips et la pyrale du buis. Pour pouvoir lutter contre ces ravageurs, il faut pouvoir les reconnaître. L’une des missions d’ASTREDHOR est de fournir des informations aux professionnels pour qu’ils puissent facilement identifier ces ravageurs à l’aide d’un diagnostic performant, d’une connaissance approfondie des cycles de vie et plus généralement des interactions de ces organismes avec leur environnement biotique et abiotique.

Les cochenilles

Les cochenilles sont des insectes parasites qui se nourrissent de la sève des plantes grâce un ensemble de pièces buccales différenciées appelé stylet. Le projet Cochorti (voir ci-contre) a dressé un état des lieux non exhaustif des cochenilles présentes sur plantes d’ornement et a identifié les nouvelles plantes hôtes. Dans un deuxième temps, ASTREDHOR a travaillé sur une meilleure identification des cochenilles présentes sur les cultures principales. C’est dans ce cadre que 13 fiches de reconnaissance des cochenilles présentes en cultures ornementales, en France métropolitaine, ont été rédigées. Une fiche d'introduction donne également des clés de compréhension sur les principales différences entre les trois grandes familles de cochenilles. Une vidéo à destination des professionnels du végétal leur permet de repérer et identifier les différentes espèces de cochenilles.

Les thrips

Le thrips californien Frankliniella occidentalis est le principal ravageur des cultures sous serre dans la production horticole. L’absence de diapause de son cycle biologique fait qu’il peut s’installer très tôt en saison, ce qui n’est pas le cas de ces ennemis naturels qui ne peuvent donc pas s’attaquer au thrips assez tôt pour assurer un bon contrôle. Dans cette synthèse technique, ASTREDHOR fourni des informations pour détecter et identifier les populations de thrips et donne les résultats de ses expérimentations sur la lutte contre le thrips. Des références sur le thrips californien et sur d’autres thrips peuvent également être trouvées sur la base ABAA du site EcophytoPIC (voir ci-contre). 

La pyrale du buis

Arrivée en 2008 par l’Alsace, la pyrale était déjà présente dans 71 départements en 2014. Cette forte dissémination est due à l’achat puis à l’introduction de plants infestés ainsi qu’à une progression naturelle de sa population.
Les dégâts sont visibles à partir de mars-avril avec la reprise d’activité alimentaire des chenilles. Ils augmentent alors progressivement jusqu’en juin lorsque les chenilles entrent en nymphose. Dès juillet-août, les chenilles s’alimentent en continu, les dégâts explosent en septembre. Lorsque le feuillage est largement consommé, les chenilles peuvent décaper l’écorce des rameaux. Certains buis finissent alors par dépérir.
Le programme SaveBuxus démarré en 2014 a été mis en place afin d'apporter des solutions concrètes pour lutter efficacement contre la pyrale et le champignon Cylindrocladium buxicola. Les premiers livrables de ce projet sont une synthèse sur la pyrale du buis qui permet de mieux comprendre la biologie de la pyrale du buis en France et une synthèse consacrée au dépérissement du buis induit par Cylindrocladium buxicola (voir ci-contre).

2. Comment gérer ces ravageurs à l’aide d’auxiliaires ?

L’épidémiosurveillance, essentielle pour un bon suivi des ravageurs

Pour maîtriser les ravageurs, l’identification et la quantification de leurs populations mais également de celles de leurs auxiliaires, sont essentielles. Pour les cultures ornementales à forte valeur ajoutée une épidémiosurveillance d’expert, qui identifie les ravageurs mais également les auxiliaires est indispensable pour une intervention rapide sur la culture. Afin d’aider les producteurs dans ce suivi épidémiologique, l’UMT FioriMed a participé à la mise en place d’un outil d’aide à la décision. Les méthodes d’observation mises en place dans ce cadre, permettent de faciliter la prise de décision par le producteur. Cet outil d’aide à la décision a été utilisé pour évaluer des stratégies de biocontrôle sur le site d’ASTREDHOR SUD-OUEST, et éventuellement les réajuster. Il a été enrichi par les données acquises dans le cadre du projet S@mosa qui utilise des capteurs et des algorithmes pour une horticulture, connectée, qui réduit ses usages de pesticides 

La lutte contre les cochenilles

La reconnaissance des auxiliaires et l’identification des associations ravageurs/parasitoïdes sont importantes pour une bonne maîtrise de la protection biologique intégrée. Le projet CASDAR Cochorti a permis à l’UMT FioriMed de dresser une liste des parasitoïdes des cochenilles.
Les vidéos enregistrées par ASTREDHOR permettront aux professionnels et aux gestionnaires de plantes vertes de connaître les différents types d’auxiliaire contre les cochenilles, de savoir comment les appliquer et d’être sensibilisés à la prophylaxie. Ces vidéos sont basées sur le guide technique « Lutter contre les cochenilles sur les lieux de vente ouverts au public » qui expose des recommandations de protection et de lutte contre les cochenilles aux spécificités du point de vente.

La lutte contre le thrips Frankliniella occidentalis

Les stratégies de Protection Biologique Intégrée utilisent essentiellement des lâchers inondatifs d'acariens Phytoséiides visant le stade larvaire du ravageur. Or, le stade adulte, avec une durée de vie bien supérieure, n'est pas ciblé par cette approche. Seul le piégeage de masse sur panneau chromatique englué s'avère efficace parfois complété par l'utilisation de phéromones.
ASTREDHOR a participé à un projet pour développer les connaissances en écologie chimique pour améliorer le contrôle du thrips via l'utilisation de composés aromatiques pour orienter le comportement des adultes. Ces travaux ont confirmé les propriétés répulsives de deux huiles essentielles pour la lutte contre Frankliniella occidentalis. Il s'agit des huiles essentielles de Thymus zygis et de Gaultheria frangantissima. Les résultats de ce projet sont également présentés dans un article scientifique.

Les outils d’aide à la décision sont très importants et utiles dans le cadre de la gestion de Frankliniella occidentalis. ASTREDHOR a participé à une étude pour développer un système pour fournir aux agriculteurs un indice représentant une estimation du risque de présence du thrips californien, dans une serre de roses.

La lutte contre la pyrale du buis

Les synthèses en 2015 et en 2016 du programme SaveBuxus présentent les résultats et principaux enseignements pour les différents axes d’expérimentation du volet « pyrale du buis ».

En 2018 le programme SaveBuxus II a pris la suite du programme SaveBuxus, afin de poursuivre le développement de solutions pour la perturbation du comportement des adultes de pyrale et limiter ainsi leur multiplication mais aussi pour la destruction des œufs à partir des parasitoïdes. Une synthèse présente les progrès vers la construction d'une stratégie de gestion de la pyrale du buis. SaveBuxus II a permis d’apporter des enseignements sur la perturbation du comportement de la pyrale (à l'aide d'huiles essentielles et autres extraits végétaux), sur l’utilisation d'agents entomopathogènes (Bacillus thuringiensis, Beauveria bassiana associé à un stimulateur de défense des plantes) et sur le lâcher de macro-organismes. Un volet sur les alternatives au buis a également été intégré dans l'étude. Un webinaire de restitution du programme SaveBuxus recentré sur la gestion de la pyrale du buis présente des solutions de biocontrôle et l'intérêt de différents arbustes comme alternatives aux plantations de buis.

Le Laboratoire Biocontrôle d'INRAE a contribué à SaveBuxus en recherchant des auxiliaires pouvant être lâchés contre la pyrale du buis. Les travaux ont été réalisés à INRAE UEVT Antibes et sur le site d'ASTREDHOR Sud-Ouest. L'ensemble des travaux conduit dans le cadre du projet a permis de choisir le prédateur le plus efficace contre la pyrale du buis : Chrysoperla lucasina. 

3.  Comment maintenir les auxiliaires ? 

La protection biologique intégrée des plantes (PBI), qu'elle soit réalisée par des lâchers inondatifs ou par la conservation des auxiliaires de culture, ne peut être efficace et rentable que si ceux-ci se maintiennent durablement dans les cultures.
Dans ce but, le projet Hab'Alim a identifié et mis au point les solutions d'habitat et d'alimentation pour des prédateurs et des parasitoïdes de plusieurs ravageurs des cultures sous serre ou de plein air. De nouveaux leviers favorables au maintien d’un acarien prédateur généraliste Transeius montdorensis dans une production de roses fleur coupée ont pu être expérimentés. Des essais ont ensuite été menés sur les thrips californiens, avec de bons résultats sur la combinaison de cosses de sarrasin et de proies. Les résultats de combinaisons pertinentes d'habitats et de compléments alimentaires dans les stratégies PBI, dans d’autres types de cultures, en climat méditerranéen, ont été validés avant le transfert dans les exploitations agricoles.
Le projet Hab'Alim contribue au soutien de l'autonomie des cultures horticoles et maraîchères sous abri le plus naturellement possible, tout en veillant à la viabilité économique des approches écosystémiques.