
Système Betteravier IFT -50% - INRAE - Estrées-Mons - System-Eco+

Conception du système
Ce système est représentatif des systèmes céréales-betteraves du Nord Bassin Parisien, avec des cultures conduites de façon intensive. Le blé représente 50% de l’assolement.
Dans le système Betteravier Ecophyto 1, la rotation a été diversifiée et allongée avec des cultures présentes dans la région ayant déjà leurs filières de collecte. Il vise à mettre en œuvre l’ensemble des leviers agronomiques déjà validés et à tester leur faisabilité de manière combinée dans un système.
Mots clés :
Diversification et allongement de la rotation - Filières locales - Désherbage localisé - Réduction herbicides - Performance
Caractéristiques du système

C.I : Couvert Intermédiaire
Interculture : Réalisation de faux semis lors d'intercultures courtes, implantation de couverts sur les intercultures longues Gestion de l'irrigation : Pas d'irrigation possible Fertilisation : La fertilisation minérale est raisonnée selon les reliquats sortie hiver, adaptée aux objectifs de rendement et fractionnée selon les besoins de la culture Travail du sol : Alternance labour / non labour, réalisation de déchaumage et faux semis en interculture, implantation des céréales au combiné de semis, implantation des cultures sarclées au semoir de précision Infrastructures agro-écologiques : Présence de bande enherbées de 12 m de large au nord des parcelles. Un bouquet d'arbres isolés est aussi présent au sud est de l'essai
|
|
Agronomiques |
|
Environnementaux |
|
Maîtrise des bioagresseurs |
|
Socio-économiques |
|
Sur le système betteravier Ecophyto 1, l’objectif de réduction de 50% de l’IFT herbicides est considéré comme une obligation de résultat. Tous les leviers possibles sont mobilisés sans aucune limitation. D’autres objectifs secondaires (économique, rendement, IFT autres produits..) ont été définis, l’objectif étant de voir quel serait l’impact de la diminution de 50 % de l’IFT herbicides sur ces autres indicateurs.
Les objectifs ont été définis à l’échelle du système de culture.
Le mot de l'expérimentateur
Conduit depuis la campagne 2013, le système betteravier B1 atteint aisément les objectifs de réduction fixés. En intégrant l'orge de printemps et le pois protéagineux à la rotation initiale, c'est un système peu complexe qui est quand même diversifié et qui, après une phase d'apprentissage des techniques pourrait être dupliqué chez un agriculteur. La marge reste toutefois à améliorer et c'est pour cela que dans la deuxième rotation, le pois d'hiver à remplacé le pois de printemps qui avait fortement impacté la marge semi nette du système en 2016. Cette culture permet aussi une meilleure couverture du sol et une meilleure résistance aux maladies.
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des adventices.
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Diversification de la succession culturale |
Allongement et diversification des dates de semis : fin d’été, automne, printemps. |
Réalisation aisée avec la diversité de cultures dans la région. Evite la spécialisation de la flore. |
Labour |
Labour 1 an sur 2. |
Globalement très bonne maîtrise des adventices ayant un Taux Annuel de Décroissance élevé (destruction des graines enfouies en 1-2 ans). |
Date de semis |
Retard de la date de semis en blé (>20/10) et avancement en colza (15-25/08). |
Sur blé, le retard de la date de semis permet de limiter les levées de graminées automnales. En colza, le semis précoce permet le développement rapide et la concurrence vis-à-vis des adventices |
Faux semis |
2-3 passages de déchaumeur à profondeur décroissante (1er à 10-12cm, 2ème à 7-8 cm, 3ème à 3-4 cm) en interculture courte, 1 à 2 passages avant implantation du couvert en interculture longue. |
Les premiers déchaumages visent à faire lever les dicotylédones printanières mais nécessitent de la pluie après récolte. Les passages plus tardifs permettent de faire germer les graminées (vulpin, agrostis). |
Désherbage mécanique |
Binage sur cultures sarclées, herse étrille (HE), bineuse et houe rotative (HR) sur céréales. Adaptation selon conditions. |
En culture sarclée, très bonne efficacité du binage associé au désherbage chimique localisé. Sur blé, le binage couplé à un passage de HR permet de bons résultats. Sur orge et pois d’hiver, les effets de la HE et HR sont plus aléatoires. |
Lutte chimique |
Herbicide localisé au semis en colza, herbicide en plein ou localisé selon conditions en betteraves. Herbicide à faible dose d’automne sur blé et pois hiver. Rattrapage possible sur céréales et pois. |
Si besoin d’un rattrapage chimique, l’intervention doit être faite rapidement pour maximiser l’efficacité du désherbage.
|
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des ravageurs
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Date de semis |
Semis tardif du blé (> 20/10), pour esquiver la période de présence des pucerons d’automne.Semis précoce du colza (15-25/08) pour avoir des plantes au stade avancé en cas d’attaque d’altises.
|
Pas de pression puceron sur blé sur semis tardifs. Réel intérêt du semis précoce du colza : attaque quasi systématique des altises à la mi septembre tous les ans. Le stade avancé du colza permet de faire face aux attaques généralisées d’altises tous les ans et supporter les dégâts. |
Mélange variétal |
Ajouter 5 à 10 % d’une variété d’intérêt en colza, qui permet de concentrer les méligèthes sur ces plantes plus précoces à floraison |
La technique permet de ne plus faire de traitement anti méligèthes. |
Effarouchement |
Pose d’effaroucheurs divers contre les corvidés |
Efficace si l’on varie régulièrement les modèles et les emplacements |
Régulation naturelle |
Favoriser le développement d’auxilliaires avec la présence de bandes enherbées au Nord et Sud de chaque parcelles. |
Les traitements insecticides sont devenu quasi nuls sur l’essai. Avec patience, la régulation naturelle s’est installée sur les parcelles. |
Lutte chimique |
Pour les ravageurs très nuisibles, si les populations continuent d’augmenter après l’atteinte des seuils d’intervention et que les auxilliaires n’arrivent pas en parcelle, la lutte chimique peut être envisagée. |
Il est important de ne pas traiter trop précocement pour laisser la régulation naturelle se mettre en place. L’insecticide détruit également les auxilliaires! |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des maladies.
*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Choix variétal |
Les progrès de la génétique permettent d’avoir sur le marché des variétés résistantes aux maladies et productives. Ces variétés sont privilégiées dans l’assolement. |
Les performances des nouvelles variétés permettent d'atteindre de très bons rendements en limitant l'usage des fongicides. |
Diversification de la succession culturale | Allongement de la succession et diversification des espèces cultivée | |
Densité de semis |
Réduire de 10 à 15 % la densité de semis en blé par rapport au conventionnel |
Permet de restreindre les conditions favorables au développement des maladies (plus de distance entre plantes = meilleure aération de la culture). |
Fertilisation |
Pour raisonner la fertilisation, choix d’un objectif de rendement accessible 1 an sur 2. Gestion de la disponibilité en azote, limitation du 1er apport à 40 unités sur blé. |
Une fertilisation adaptée ne sensibilise pas la culture aux agents pathogènes. Ne pas réaliser le 1er apport trop tardivement sur blé permet de valoriser cet apport en cas de sécheresse printanière. |
Lutte chimique |
Seulement en cas d’atteinte des seuils d’intervention (différents pour chaque culture) et si la météo est favorable au développement de la maladie concernée. |
2 traitements paraissent incontournables (à demi dose) : -Contre le sclérotinia du colza (stade chute des premiers pétales),
-Contre les maladies du blé au stade dernière feuille étalée.
|
campagne | culture | adventices annuelles | adventices vivaces | maladies | ravageurs |
2019 | blé tendre d'hiver | ||||
2020 | maïs | ||||
2021 | blé tendre d'hiver | ||||
2022 | pois d'hiver | ||||
2023 | colza |
La maîtrise des bioaggresseurs est globalement très satisfaisante sur le système betteravier -50% IFT.
Les adventices vivaces sont parfaitement gérées sur le système. S'il y a apparition d'une tache de chardons, celle ci est géré manuellement afin de ne pas permettre leur extension.
Concernant les adventices annuelles, leur gestion sur la campagne 2019 est partiellement satisfaisante, en effet le recours à l'écimage à été nécessaire pour contrôler les vulpins, agrostis et folles avoines passées au travers des techniques de désherbage. Le résultat de cet écimage à été satisfaisant et cela a empêcher la dissémination des graines et l'augmentation du stock semencier sur les parcelles. En 2022, des gaillets ont également résistés aux herbicides et sont arrivées à graines avant maturité de la culture. Leur nombre étant toutefois limité et acceptable.
Au niveau des ravageurs, la campagne 2020 est classée en rouge puisque la très forte pression corvidés de cette campagne à entrainé la destruction totale et le ressemis tardif d'une parcelle.
Enfin de manière générale, les maladies sont parfaitement bien contrôlées sur ce système grâce notamment à la résistance des variétés choisies.
Indices de Fréquence de Traitement (IFT) : comparaison au système betteravier de référence :
Les Indices de Fréquence de Traitement présentés ont été établis pour la période 2013-2023, et tiennent ainsi compte de l'ensemble des espèces de l'assolement ainsi qu'une diversité d'années climatiques (2017 et 2022 : années sèches et 2016 et 2021 particulièrement humides). La méthodologie de calcul est homogène entre projets DEPHY EXPE : les IFT étant non millésimés c'est à dire calculés pour les doses homologuées jusqu'au 31/03/2024 (où à date de retrait du marché pour les produits concernés).
Le système B1 IFT - 50% montre une baisse de l'IFT Total de près de 67% au-delà de l'objectif fixé. Avec principalement des doses réduites, du désherbage localisé et du désherbage mécanique l'IFT Herbicides est de 59% inférieur au système betteravier de référence, là encore au delà de l'objectif initialement fixé. Hors herbicides, la baisse d'IFT total entre le système B1 et la référence de l'essai est de 75%.
Pression de la flore adventice
Rendements des cultures
La comparaison des rendements du système B1 à la référence (B0) est ici réalisée à partir de rendements exprimés en matière sèche (MS) notamment afin de prendre en compte les betteraves sucrières sans induire d'importantes distorsions graphiques. Sur la période considérée (2013-2023) exclusion faite de l'année 2020 dont les itinéraires techniques ont été fortement perturbés par les restrictions gouvernementales, le cumul des rendements en système B1 se révèle inférieur de -35.6 % au système de référence B0. Il faut toutefois mettre en perspective cette observation : la betterave sucrière est assolée seulement une fois en 2014 en système B1 (elle le sera de nouveau en 2024) alors qu'elle l'est à trois reprises (2014, 2018 et 2022) en système B0 pour la période considérée.
En culture de blé tendre d'hiver, espèce commune aux rotations des deux systèmes dont la récurrence d'implantation est la plus élevée, nous observons des rendements stables et équivalents entre les systèmes à travers les années (en moyenne 7.96 t ha-1 en B0 contre 8.17 t ha-1 en B1 exprimés en MS, soit : 9.37 et 9.61 t ha-1 respectivement exprimés à une humidité à la norme de 16% ).
Sébastien DARRAS, pilote du projet, présente les temps de travail observés dans les systèmes betteraviers et les marges semi-nettes dégagées pour ces systèmes expérimentaux.

Sur ce système betteravier B1 nous avons réussi à réduire l’IFT herbicide de -60% avec un système régional mais en incluant des cultures comme l’orge de printemps ou le pois protéagineux. Cela permet d’allonger la rotation tout en étant moins dépendant de l’utilisation des herbicides sans prendre de risques majeur quant à la productivité ou le salissement des parcelles sur le long terme. Si l'on compare les marges depuis 2012, on constate que la baisse de marge constatée sur le système B1 par rapport aux 2 autres systèmes B0 et B2 est principalement due à l’année 2016 où les conditions climatiques du printemps ont été extrêmement défavorables à la culture de pois de printemps implanté sur ce système. Le remplacement du pois de printemps par un pois d'hiver a permis de réduire le risque d'accident climatique sur cette culture, attention toutefois à ne pas négliger des maladies récemment apparues comme le colletotrichum très destructrice en 2024 et d'adapter la protection face à ce champignon polyphage.