
Système Betteravier IFT -70% - INRAE - Estrées-Mons - System-Eco+

Conception du système
Ce système de culture plus exploratoire à été conçu pour réduire encore plus l'usage des herbicides et autres pesticides en explorant les possibilités techniques et ne s'appuyant pas uniquement sur des innovations validées. Il n'y a pas de contraintes de filières, des cultures peu présentes dans la région (ex : chanvre) sont introduites à la rotation en prenant le parti de pouvoir développer les filières en cas de réussite agronomique. Dans ce système, une grande diversité de leviers agronomiques est utilisée pour réduire fortement l'usage des produits phytosanitaires.
Les objectifs sont de maintenir l'enherbement dans la durée, de limiter les montées à graines d'adventices, de maintenir la marge de l'agriculteur. La présence de symptômes de maladie ou d'individus ravageurs sont tolérés s'ils n'engendrent pas de perte de rendement.
Mots clés :
Diminution des herbicides - Leviers agronomiques - Diversification de la rotation - Désherbage alternatif - Pratiques innovantes
Caractéristiques du système

C.I : Couvert Intermédiaire
Interculture : Réalisation de faux semis lors d'intercultures courtes, implantation de couvert sur les intercultures longues Gestion de l'irrigation : Pas d'irrigation possible Fertilisation : La fertilisation minérale est adaptée aux objectifs de rendement et pilotée selon les reliquats azotés sortie hiver Travail du sol : Alternance labour / non labour, réalisation de déchaumage et faux semis en interculture, implantation des céréales au combiné de semis, implantation des cultures de printemps au semoir de précision Infrastructures agro-écologiques : Présence de bandes enherbées sur le coté Nord des parcelles. Des chemins entourent les parcelles. Un bouquet d'arbres se situe au sud-est de l'essai
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Agronomiques |
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Environnementaux |
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Maîtrise des bioagresseurs |
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Socio-économiques |
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Sur le système Betteravier IFT -70%, l’objectif de réduction de 70% de l’IFT herbicides est considéré comme une obligation de résultat. Tous les leviers possibles sont mobilisés sans aucune limitation, avec la culture possible d'espèces ne bénéficiant pas d'une réelle filière dans la région. D’autres objectifs secondaires (économique, rendement, temps de travail... ) ont été définis, l’objectif étant de voir quel est l’impact de la diminution de 70 % de l’IFT herbicides sur ces autres indicateurs.
Les objectifs ont été définis à l’échelle du système de culture.
Le mot de l'expérimentateur
Texte à compléter
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des adventices.
*(Schéma décisionnel à insérer)
*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Diversification de la rotation | alterner les familles de culture et date d'implantation pour perturber le cycle des adventices |
C'est le principe de base de nos systèmes à très forte réduction herbicide. La réalisation est aisée avec la diversité de cultures dans la région. Evite la spécialisation de la flore. |
faux semis |
2-3 passages de déchaumeur à profondeur décroissante (1er à 10-15cm, 2ème à 7-8 cm, 3ème à 3-4 cm) en interculture courte, 1 à 2 passages avant implantation du couvert en interculture longue. Sur labour en sortie hiver, reprise avec un outil de type herse plate 10 jours avant le semis. |
Les premiers déchaumages visent à faire lever les dicotylédones printanières mais nécessitent de la pluie après récolte. Les passages plus tardifs permettent de faire germer les graminées (vulpin, agrostis). En sortie hiver, la reprise du labour est devenu incontournable, il permet de détruire les adventices levées sur labour (matricaire, vulpin), et permet de faire lever d'autres adventices qui seront détruites par les passages de préparation du sol. |
couverture du sol | couvrir le sol par des plantes compagnes ou favoriser les variétés à fort pouvoir couvrant | ici le principe est de couvrir le sol pour étouffer les adventices. Les plantes compagnes avec le colza permettent cela lorsqu'elles sont implantées tôt (< 25/08) et certaines variétés de céréales aux feuilles larges ou de betteraves à port étalé apporte un plus sur la concurrence de la lumière disponible pour les adventices. |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des ravageurs
*(Schéma décisionnel à insérer)
*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
régulation naturelle | Favoriser l'arrivée rapide des auxilliaires en parcelle pour lutter contre les ravageurs. Eviter à tout prix les insecticides. Faucher plutôt que de broyer les bandes enherbées. | Dans un système avec très très peu d'insecticide appliqués depuis 2013, les auxilliaires peuvent jouer leur rôle si on leur laisse le temps d'arriver en parcelle pour contrôler les populations de ravageurs avant de déclencher une intervention insecticide. |
semis très précoce du colza | semer le colza à partir du 15/08 et avant le 25/08 pour avoir des colzas robustes lors de l'arrivée des vols d'altises. | Semer très précocement permet d'atteindre le stade 4-6 feuilles très rapidement et ainsi de ne pas souffrir des attaques d'altises sur feuillage des altises. |
effarouchement | Mettre en place des systèmes d'effarouchement variés pour faire face aux attaques d'oiseaux. | Les corvidés et colombidés s'accoutument très rapidement aux effaroucheurs (canons, mannequins, bande sifflantes, fusées crépitantes, etc...). Il est important de varier les techniques et de ne pas mettre en place tout les moyens dès le semis. |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des maladies.
*(Schéma décisionnel à insérer)
*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
résistance variétale | utiliser les progrès de la génétique pour faire face aux maladies | C'est le levier majeur du système pour faire face aux maladies. Des variétés pour toutes les cultures sont très performantes pour allier résistance et productivité. |
Observation des seuils de risques | suivre l'évolution des maladies et se référer aux seuils de risques pour chaque culture en tenant compte de la météo à venir. | L'observation des seuils de risque est le minimum faisable pour raisonner sa protection fongicide. |
culture | adventices annuelles | adventices vivaces | maladies | ravageurs | |
2019 | blé tendre d'hiver | ||||
2020 | maïs | ||||
2021 | orge de printemps | ||||
2022 | colza associé | ||||
2023 | chanvre |
La maitrise de ce système est globalement très satisfaisante, les 2 situations de gestion des adventices plus compliquées étant liées principalement à des actions humaines.
En 2019, la gestion des adventices fut partiellement satisfaisante. Cette année correspond à la phase d'apprentissage de la bineuse à céréales, la prise en main de l'outil ne nous à pas permis de contrôler de manière efficace toutes les adventices de la parcelle, surtout que le 1er herbicide réalisé au printemps l'avait été à faible dose. Les campagnes futures nous permettront d'apprendre qu'un 1/2 herbicide réalisé à l'automne pour ciblées les levées de poste semis couplé à un passage de bineuse au printemps donne de très bons résultats en terme de gestion de la flore adventice. Un passage de herse étrille pour essayer d'arracher les véroniques à été réalisé sur la parcelle Y5 suivi d'un herbicide de rattrapage toujours sur cette même parcelle. Finalement un écimage fut nécessaire pour éviter la dissémination des semences de graminées présentes.
En 2020, le confinement sanitaire nous amène à remplacer la betteraves initialement prévu par un maïs implanté assez tardivement Les conditions sèchent de ce printemps à permis une maîtrise parfaire des adventices sur les parcelles.
En 2021, nous avons tenté de conduire l'orge de printemps sans herbicide, avec juste du désherbage mécanique à la herse étrille en prélevée et au stade 2 feuilles de l'orge. Malheureusement une erreur d'apport azoté de +40u sur la parcelle Y5 couplée à un orage ayant emprunté le couloir parcellaire à entrainé la verse de cette parcelle, suivi du passage par dessus la culture de renouées liseron qui ont pu avoir le temps de se développer durant le cycle de la culture.
En 2022, le colza n'a pas pu être associé du à la récolte tardive de l'orge versée. Malgré cela, le désherbage localisé de post semis à demi dose puis le binage de printemps à permis de très bien contrôlé la flore adventice.
En 2023, la culture du chanvre fut très efficace pour étouffer les adventices levées en début de cycle lors de la levée du chanvre.
Concernant les ravageurs, l'année 2020 fut marqué par la destruction totale de la parcelle Y5 par les corvidés qui a entraîné le ressemis.
En 2023, nous avons du être vigilant pour protéger à l'aide d'effaroucheur les jeunes pousses de chanvre très appétente pour les pigeons.
Pour le reste des ravageurs et maladies, il s'agit d'une très bonne maîtrise sur ce système.
Indices de Fréquence de Traitement (IFT) : comparaison au système betteravier de référence
Les Indices de Fréquence de Traitement présentés ont été établis pour la période 2013-2023, et tiennent ainsi compte de l'ensemble des espèces de l'assolement ainsi qu'une diversité d'années climatiques (2017 et 2022 : années sèches et 2016 et 2021 particulièrement humides). La méthodologie de calcul est homogène entre projets DEPHY EXPE : les IFT étant non millésimés c'est à dire calculés pour les doses homologuées jusqu'au 31/03/2024 (où à date de retrait du marché pour les produits concernés).
Les objectifs de baisse d'IFT sont atteints pour le système Betteravier B2 -70%. Le système B2 avec un IFT herbicide de 0.42 atteint une baisse d'IFT d'environ 80% par rapport à la référence régionale 2017 et la référence de l'essai. Certaines cultures de ce système B2 ont permis des applications à très faible dose grâce à la réalisation de traitement localisé sur le rang (colza, betteraves) ou de s'affranchir des herbicides en les substituant par du désherbage mécanique (orge de printemps, maïs). D'autres cultures ont également permis de faire l'impasse par leurs propriétés d'étouffement (luzerne, chanvre). C'est sur le blé tendre d'hiver que la diminution d'IFT est la plus difficile, même en utilisant des techniques alternatives comme le binage. Le cycle des céréales d'hiver est favorable à l'émergence et au développement des adventices. La diminution de l'IFT même si elle est atteinte reste un enjeu majeur de ce type de système.
Concernant l'IFT total hors herbicide, la baisse est d'environ 72% par rapport aux 2 références. Cette diminution s'obtient sans mettre le système en péril, en utilisant des leviers comme la décalage de date de semis, la résistance variétale et l'adaptation de la densité de semis. L'IFT fongicide baisse de 80%, l'IFT "autres" (régulateurs, molluscicide, rodenticide) baisse aussi d'environ 80%. Par contre la diminution de l'IFT insecticide n'est que de 48% par rapport à a référence régionale et de 33% par rapport à la référence de l'essai. Cette diminution de l'TFT insecticide même si les interventions sont peu nombreuses devra être mieux prise en compte pour la poursuite de l'expérimentation.
Pression de la flore adventice
Les populations d'adventices ont été évaluées en biomasse, nombre et identifiée par espèces sur la période 2013 à 2023, à différents stades de la culture en place dont celui de la floraison, dont les résultats sont ici présentés. À ce stade floraison de la culture, on estime son développement comme proche de son maximum en terme de capacité photosynthétique et donc un potentiel de nuisibilité des adventices le plus préjudiciable également. Le dénombrement de la densité d'adventices moyenne du système B2 (IFT - 70%) est ci-dessous en comparaison à la référence (B0) en moyennes sur la période étudiée, en quatre classes pour en faciliter la lecture : les renouées (renouée liseron et renouée des oiseaux), les matricaires (inodore et camomille), les graminées (vulpins des champs et agrostis jouet du vent) ainsi qu'une classe "autres" correspondant à la cohorte d'autres espèces (chénopodes, laiterons, ray-grass...) présentes mais dans des densités inférieures et jugées peu préoccupantes par l'expérimentateur.
On relève une densité totale d'adventices s'élevant à 24.9 adventices m² en moyenne en système B2 contre 13.0 adventices m² dans le système B0 de référence. Bien que cette différence entre les systèmes soit d'un facteur 2, elle résulte d'une séquence de 2 rotations (2012-2018 puis 2018-2024) qui démontre pour les deux systèmes des états initiaux critiques (+ de 70 adventices m² en 2013) qui se sont respectivement stabilisés aux niveaux actuels à l'issue de la première rotation.
En terme de biomasse d'adventices celle-ci s'élevait en moyenne à 41 kg ha-1 contre 8 kg ha-1 en système B0 de référence.
Rendements des cultures
La comparaison des rendements du système B2 à la référence (B0) est ici réalisée à partir de rendements exprimés en matière sèche (MS) notamment afin de prendre en compte les betteraves sucrières sans induire d'importantes distorsions graphiques. Sur la période considérée (2013-2023) exclusion faite de l'année 2020 dont les itinéraires techniques ont été fortement perturbés par les restrictions gouvernementales, le cumul des rendements en système B2 se révèle inférieur de -26,9 % au système de référence B0. Il faut toutefois mettre en perspective cette observation : la betterave sucrière est assolée seulement une fois en 2014 en système B2 (elle le sera de nouveau en 2024) alors qu'elle l'est à trois reprises (2014, 2018 et 2022) en système B0 pour la période considérée.
En culture de blé tendre d'hiver, espèce commune aux rotations des deux systèmes dont la récurrence d'implantation est la plus élevée, nous observons des rendements stables et équivalents entre les systèmes à travers les années (en moyenne 7.96 t ha-1 en B0 contre 8.04 t ha-1 en B2 exprimés en MS, soit : 9.37 et 9.46 t ha-1 respectivement exprimés à une humidité à la norme de 16% ).
*A compléter (graphique + texte)
Sébastien DARRAS, pilote du projet, présente les temps de travail observés dans les systèmes betteraviers et les marges semi-nettes dégagées pour ces systèmes expérimentaux.

* Texte à compléter