Synthèse des résultats à l'échelle nationale du réseau DEPHY EXPE 2012-2018 - filière viticulture
Cette synthèse valorise dans une approche globale à l’échelle du réseau, les résultats des systèmes en productions viticoles 3 ou 4 années après le démarrage des expérimentations. Après une présentation générale du réseau DEPHY EXPE Viticulture, et un rappel du contexte de la protection des cultures dans cette filière, les performances des systèmes testés sont présentées à travers une évaluation des leviers alternatifs à l’usage des produits phytosanitaires mis en œuvre. Le document se termine par des focus thématiques et par la présentation de chacun des projets DEPHY EXPE de la filière Viticulture.
Projets concernés : Cors'Expé, EcoViti Aquitaine, EcoViti Alsace, EcoViti Arc Méditerranéen, Ecoviti Charentes-Cognac, EcoViti Sud-Ouest, EcoViti Val de Loire-Centre.
La pratique dite des « engrais verts » consiste à implanter un couvert dans les inter-rangs, de manière temporaire, le plus souvent en période hivernale.
Les espèces semées sont détruites au printemps, puis laissées au sol (mulch) ou incorporées par un travail superficiel après dessèchement. Après destruction, la décomposition des couverts libère progressivement les éléments minéraux mobilisés pour leur développement, sous forme facilement assimilable par la vigne.
L’utilisation de légumineuses peut également permettre un apport de ressources azotées supplémentaires pour le système.
Cette pratique permet en outre de restructurer les sols et d’améliorer leur porosité, par l'action mécanique des racines et la stimulation de l’activité biologique provoquée par la dégradation des couverts. Cette action sur la stabilité structurale des sols contribue ainsi à améliorer les conditions de minéralisation de la matière organique et par conséquent la disponibilité des ressources minérales pour la vigne.
La mise en place d’enherbement sous le rang a pour objectif de se substituer à l’utilisation des herbicides mais aussi au désherbage mécanique, jugé dans certains cas très difficile à maîtriser en raison de la technicité requise pour le réglage, des contraintes à respecter pour intervenir, et du nombre élevé d’interventions.
L’enjeu est de concevoir et de tester des règles de décision qui définissent de façon précise le positionnement des traitements fongicides contre le mildiou et l’oïdium. L’objectif est de réduire l’IFT nécessaire à la maîtrise de ces maladies en adaptant, au contexte épidémique de la parcelle, le nombre de passages et les doses appliquées.
Le projet DEPHY EXPE EcoViti Arc Méditerranéen a conduit une réflexion importante sur la maîtrise de l’oïdium dans ses systèmes viticoles expérimentés. Cette maladie s’est avérée être, entre 2012 et 2015, la plus délicate à gérer (comparativement à la pression en mildiou) dans un objectif de réduction de l’IFT et des fongicides plus spécifiquement.
L’augmentation de la biodiversité au sein d’une parcelle est souvent citée comme levier potentiel de maîtrise des bioagresseurs.
Néanmoins certains travaux ont montré que la réalité était plus contrastée, avec des effets positifs mais également négatifs de la biodiversité.
L’objectif ici est d’identifier des processus susceptibles d’aider à maîtriser un ou plusieurs bioagresseurs en mettant en jeu une seconde culture sur la parcelle. De plus, il est important d’assurer une valorisation économique de cette culture, afin de ne pas pénaliser le bilan économique du système.
Dans le projet Ecoviti Val de Loire un système a été conçu avec cette approche.
L’enjeu est de réduire drastiquement la quantité de cuivre utilisée par hectare et par an pour lutter contre le mildiou, tout en continuant à suivre les cahiers des charges de l’Agriculture Biologique, de la biodynamie et de l’AOP concernée. Les objectifs de réduction de l’IFT sont supérieurs ou égaux à 50 %.
Tous les cépages cultivés actuellement sont sensibles au mildiou et à l'oïdium, les deux bioagresseurs à l'origine de plus de 80 % des traitements phytosanitaires.
Le levier de la résistance variétale n'est plus utilisé depuis la seconde moitié du XXème siècle, suite à la disparition du vignoble des variétés dites « hybrides producteurs directs », fortement résistantes au mildiou et à l'oïdium mais dotées de qualités œnologiques médiocres.
L’effort d’amélioration génétique a cependant été poursuivi en Europe, notamment en Allemagne, en Hongrie, et plus récemment en Italie et a permis de mettre au point plusieurs variétés résistantes.
En France, l'INRA s'est engagé en 2000 dans un projet de sélection visant à créer des variétés oligogéniques, c'est à dire associant un ou plusieurs gènes de résistance au mildiou et à l'oïdium.
Ce projet va aboutir aux premières inscriptions de cépages résistants en 2018. Dans un proche avenir, les viticulteurs vont donc pouvoir mobiliser ce levier pour construire des systèmes de culture très peu dépendants des pesticides.
La question de l’appropriation des résultats à venir par les viticulteurs locaux été abordée dès la construction du projet EXPE.
Aussi il est apparu essentiel d’associer des producteurs à la fois dans la conception des prototypes mais aussi dans la conduite et le pilotage des essais. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur des méthodes de co-conception permettant d’organiser la réflexion collective à l’origine des systèmes de culture testés.
Au delà de la richesse des idées proposées, ces séquences de travail ont favorisé (i) la prise en compte du cadre des contraintes des exploitations viticoles et (ii) l’appropriation et la diffusion des innovations par les futurs utilisateurs de ces dernières.
Les prototypes co-construits ont donc permis de mettre en œuvre chez des professionnels des innovations techniques et/ou organisationnelles dans des parcelles de vigne de vins destinés à la production de vins AOC et suivant à la fois le cahier des charges de l‘Agriculture Biologique (AB) et les principes de la biodynamie.