
Système DEPHY IGP Blanc - Site du Gers - NextGen’VITI

Conception du système
Le système est conçu comme une combinaison de leviers permettant de :
- Réduire la pression des maladies ou des ravageurs
- Substituer des intrants chimiques par des méthodes physiques
- S'appuyer sur la modélisation pour décider de l'application des règles de décision
Cela se traduit par :
- du matériel végétal peu sensible : cépage Floréal résistant au mildiou et à l'oïdium, issu du programme RESDUR
- l'utilisation d'OAD pour déclencher les traitements selon une évaluation fine de la pression
- un dispositif de pulvérisation fixe au vignoble pour appliquer des produits avec réactivité
- des mesures prophylactiques pour favoriser le maintien d'un bon état sanitaire (TRP, épamprage)
- l'usage d'un robot de binage sous le rang pour désherber sans herbicides et sans immobiliser la main d'oeuvre à cette tâche
- la préservation des habitats en périphérie de la parcelle et la mise en place de couverts végétaux
Mots clés :
Robot de binage - Pulvérisation fixe - OAD - Agroécologie
Caractéristiques du système
Type de production | Cépage | Porte-greffe | Densité | Mode de conduite | Hauteur palissage | Année d'implantation |
VSIG mais conduite type IGP blanc | Floréal | SO4 | 4400 | TRP | 2014 |
Gestion de l’irrigation : Pas d'irrigation Gestion de la fertilisation : Selon vigueur et rendement n-1 Gestion du sol : Travail du sol sous le rang ; IR1 enherbé naturel ; IR2 travaillé en saison (disques) et semé en engrais verts l'hiver Infrastructures agro-écologiques : Couverture du sol ; murets en pierres et arbres isolés à proximité immédiate de la parcelle ; haies et bosquet à moins de 200m
Ceci est valable pour la période 2019-2021. A partir de 2022 et jusqu'à la fin du projet, le système a été déployé sur une parcelle de Merlot, pour des aspects pratiques : fonctionnement du robot et gestion de la pulvérisation fixe. |
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Agronomiques |
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Environnementaux |
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Maîtrise des bioagresseurs |
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Socio-économiques |
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Le mot de l'expérimentateur
La réduction des intrants dans un contexte de production IGP côtes de Gascogne est un vrai défi compte tenu des conditions climatiques rencontrées. L'intégration en début de projet du Floréal visait à établir un système en rupture, comparable à la production de Colombard, cépage emblématique du Gers, avec moins de contrainte au niveau de la gestion du mildiou et l'intégration de technologies innovantes comme la robotique ou la pulvérisation fixe. Paradoxalement, ce sont ces technologies qui nous ont fait changer de parcelle, et de cépage, car la parcelle de Floréal était peu adaptée à l'utilisation du robot, limité dans la pente et le dévers d'une part, et d'autre part parce que la longueur des rangs était très pénalisante pour la mise en oeuvre de la pulvérisation fixe.
La maîtrise des adventices est confiée au désherbage mécanique sous le rang et à la pratique des couverts végétaux dans les inter-rangs.
Les interventions phytosanitaires sont pilotées grâce à la modélisation.
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des adventices.
*(Schéma décisionnel à insérer)

*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
désherbage mécanique sous le rang |
fractionnement, arrachage, retournement | Le robot de binage fonctionne, mais la version 1 de Ted (le robot) présente sur le site du château de Mons, s'est avérée insuffisante en termes de puissance disponible pour gérer efficacement les adventices toute l'année. la version 2, présente sur le site de Gaillac du même projet, et non disponible partout pour cause de coût élevé, était meilleure. |
couverts végétaux temporaires | les couverts occupent l'espace, limitant le développement des adventices indésirables | pratique facile à mettre en oeuvre, impact modéré |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des ravageurs.
*(Schéma décisionnel à insérer)

*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Lutte biologique | favoriser la présence des prédateurs naturels des ravageurs comme l'eudémis. | Les infrastructures écologiques présentes sur le site y contribuent (murets, bâtiments anciens, vieux chênes) |
Confusion sexuelle | en complément, la confusion permet de limiter la reproduction des ravageurs | Pression plus importante que sur d'autres sites, d'où l'utilisation ponctuelle de traitements dédiés. |
Favoriser la diversité | Maintien des couverts le plus longtemps possible | impact difficile à mesurer |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des maladies.
*(Schéma décisionnel à insérer)
*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Agronomie | modération de la vigueur par l'enherbement | impact modéré |
Prophyllaxie | aération de la zone fructifère | Bon impact sur Botrytis, économiquement impactant |
Modélisation | traiter en fonction du risque modélisé seulement | permet de traiter à bon escient. Dépendance à la météo |
2022 | 2023 | 2024 | ||||
ECO | REF | ECO | REF | ECO | REF | |
Mildiou | ||||||
Black-Rot / Oïdium | ||||||
Botrytis | ||||||
Ravageurs | ||||||
Adventices |
Ce tableau montre une maîtrise des bioagresseurs convenable dans la plupart des cas pour les 3 dernières années du projet, avec des règles de décision stabilisées. Les limites du système à très bas niveau d'intrants sont atteintes lors des années de forte pression, sur Mildiou et Oïdium, dans des proportions acceptables (2023, 2024). La gestion des adventices est le point le plus critique lors des mêmes millésimes, pluvieux, en raison d'une solution robotique dépassée, faute d'avoir pu être remplacée par un nouveau modèle comme sur les autres sites.
Performance de production. Rendement en kg par souche sur les 3 années "stables" du système
Ces graphiques sont à mettre en regard des performances en matière de maîtrise des bioagresseurs. Il est intéressant de noter qu'en dépit de difficultés liées à deux millésimes très pluvieux, les rendements obtenus en 2023 et 2024 avec Dephy EXPE sont du même niveau, voire supérieurs à ceux de la référence. La forte pression vécue pendant ces deux années s'est aussi traduite par une rigueur dans les programmes de protection, permettant de limiter les dégâts. le millésime 2022 était plus sec, et le rendement sur DEPHY EXPE a sans doute été pénalisé par l'historique de mise en oeuvre des stratégies sur le système.
Performance de réduction d'IFT

Contrairement aux sites de Gaillac et du Beaujolais, le site du Gers n'a pas mis l'accent que sur le biocontrôle pour la maîtrise des maladies cryptogamiques. Pour des raisons économiques (les produits de biocontrôle coutent cher dans un contexte de production IGP côtes de Gascogne). La stratégie retenue pour les 3 dernières années stables du projet a été de miser plus sur la modélisation et l'utilisation a bon escient des molécules conventionnelles. La baisse d'IFT est effective, même si elle est plus modérée que l'objectif de 75 %.

Cette image (photo 1) permet de bien comprendre la conception de la première version du robot viticole Ted, utilisé sur le site du Gers pendant le projet. Les outils de désherbage mécanique interceps Vitimeca (photo 2) sont positionnés à l'arrière du robot et sont totalement passifs : ils s'appuient sur les pieds de vigne pour déclencher leur repli. Cette première version permet de travailler correctement sur un terrain relativement plat et régulier, mais son manque de puissance peut poser problème en cas de forte infestation adventice et engendrer de nombreux passages, avec quelques limites telles que relevées par l'expérimentateur :
"L’utilisation du robot TED V1 a connu quelques limites techniques liées à sa conception et liées aux conditions d’utilisations. "
"L’utilisation des étoiles de binage Kress (photo 3) est très limité avec ce prototype, la vitesse de passage conseillée pour cet outil est comprise entre 7 et 8 km/h, or la vitesse maximum du robot avoisine les 4km/h réduisant ainsi considérablement la vitesse de rotation des étoiles et donc sa capacité à projeter efficacement les mottes de terre. "
"Le socle sur lequel les outils sont fixés est circulaire et manque de rigidité, sous la pression exercée par le contact du sol les outils s’écartent de l’axe du robot. Ce décalage ne permet donc pas de travailler correctement sous le rang, comme on peut le voir sur les photos ci-dessous. Ce problème impacte l’utilisation des 2 types d’outils. "


"Le GPS utilisé constitue lui aussi une grande limite, plusieurs fois par utilisation le robot s’arrête parce qu’il perd le signal GPS, ce temps d’attente peut durer 1 seconde comme 300 secondes. La perte de temps engendrée par cette défaillance est estimée à 5 minutes par heure d’utilisation. "
De plus, environ 2 fois par utilisation, le robot TED s’arrête indiquant un blocage, cette situation nécessite un redémarrage du système (voir Photo 4).
Photo 4: Robot bloqué lors du demi tour entre le rang 2 et 3, (25/05/2022)
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Limites d’utilisation dues aux conditions spécifiques de la parcelle
Le travail du sol sur la partie la plus au nord de la parcelle était moins efficace. La parcelle de merlot présente un peu de dévers à partir du rang, ce qui a pour effet de décentrer le robot.
Le remplacement des piquets entre la période de cartographie de la parcelle et l’année 2022 constitue aussi une limite. Ces derniers n’étant pas parfaitement alignés, le risque d’accrochage, notamment avec les lames interceps, est plus important. De la même manière les remplacements d’amarres compliquent les demi-tours, en effet l’utilisateur peut être amené à stopper le robot et le replacer manuellement.
Photo 5: Demi-tour automatique stoppé par l'utilisateur avant d'heurter l'amarre
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La bonne nouvelle est que toutes ces limites ont été levées avec la version 2 de Ted, plus grande, plus puissante, plus aboutie. Cette dernière n'a pas pu être déployée sur tous les sites en raison du surcoût important qu'elle représente.
La réduction des IFT permise par le système testé est intéressante, surtout dans un contexte de production tel que l'IGP côtes de Gascogne. Cependant, le niveau de rupture du système par rapport à des pratiques déjà en place chez certains viticulteurs n'est pas très important, exception faite des leviers très innovants et peu transférables que sont la pulvérisation fixe et la robotique.
Avec un robot plus à jour et plus performant, le système aurait obtenu de meilleurs résultats dans la gestion des adventices. Ce système gersois, un peu décalé (dans ses règles de décision et d'utilisation des différentes matières actives) par rapport aux deux autres sites du projet NextGen'Viti, nous montre aussi que le levier biocontrôle n'était pas le meilleur si on souhaite être efficace dans la maîtrise des bioagresseurs.
Ce système équipé d'un robot plus récent et plus performant, pour désherber et pour réaliser les traitements à la place de la pulvérisation fixe, qui a mal fonctionné, serait plus à même de répondre au cahier des charges d'une rupture technologique au service de la réduction des intrants.
Le système Dephy EXPE testé ici se montre plus performant sur l'IFT et sur la consommation énergétique (moins d'interventions) que la référence, mais avec un coût supérieur lié à l'investissement matériel (robot). La maîtrise des adventices est moins bonne car le système n'a pas pu bénéficier des dernières évolutions robotiques en fin de projet. La maîtrise des ravageurs et des maladies est moins bonne en valeur absolue mais n'est pas préjudiciable au rendement du système, du moins sur les deux dernières années du projet.