Système EPLEFPA FORMA'TERRA - ST0P
Conception du système
Le système de culture mis en place est un verger-maraîcher qui offre la possibilité d'exploiter au mieux les associations culturales pour mutualiser des services écosystémiques complémentaires. On recherche de cette façon l'autonomie du système, ce qui permet de favoriser les équilibres entre les populations d'auxiliaires et ravageurs, améliorer la fertilité physique et chimique du sol et ainsi réduire l'utilisation d'intrants. Le système se base sur une diversité cultivée et un maximum de leviers agro-écologiques et de stratégies qui permettent de palier à la non-utilisation de pesticides de synthèse. La conception du système a été réalisée grâce à un atelier réunissant un collectif d'agriculteurs, de techniciens et chercheurs qui ont partagé leurs expérience et savoirs. Le partage et la diffusion des expériences auprès des producteurs sont des aspects structurants du projet.
Mots clés :
Co-conception - 0 pesticides de synthèse - Associations culturales - Leviers-agro-écologiques - Plantes de service
Caractéristiques du système
Interculture : Crotalaires et autres plantes de services Gestion de l'irrigation : Goutte-à-goutte, aspersion Fertilisation : Amendement organique (fumier, compost), et engrais organiques AB (Agriculture Biologique) Gestion du sol/des adventices : Paillage naturel, débroussailleuse, manuel Débouché commercial : Vente directe, coopérative bio, supermarché bio Infrastructures agro-écologiques : Haies endémiques et mellifères, hôtels à insectes, plantes de services (hôtes et/ou répulsives) |
Agronomiques |
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Environnementaux |
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Maîtrise des bioagresseurs |
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Socio-économiques |
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Texte complémentaire
Le mot de l'expérimentateur
Le système de culture a évolué dans le temps pour répondre aux demandes des clients principaux et en suivant des associations fruitiers-maraîchage et plantes de service-culture de rente. Des légumineuses ont également été introduites dans les rotations maraîchères pour permettre une fertilisation naturelle. Le système de production a été très diversifié en maraîchage avec jusqu'à 14 espèces maraîchères présentes en culture. Les arbres fruitiers ont souffert des cyclones et beaucoup ont dû être replantés ou bouturés avec des impacts sur les ventes. Par ailleurs, le développement végétatif des arbres fruitiers a conduit à un réaménagement des espaces maraîchers en 2022 pour mieux s'adapter aux productions. En 2022, il a été ajouté un atelier poules pondeuses, sur le modèle de celui de l'Armeflhor.
*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
desherbage manuel | il est fait de façon régulière sur les bandes maraîchères | efficace mais consommateur de temps |
paillage | paillage plastique, broyat de feuilles, tonte de pelouses, paillage à base de chanvre | le paillage plastique a été remplacé par des matières naturelles pour diminuer la pollution et limiter les adventices. |
poules pondeuses | elles nettoient les parcelles maraîchères en fin de production | permet de réduire les passages dans les parcelles et de nettoyer les zones de fruitiers |
débroussaillage | il permet de nettoyer les abords des zones maraîchères et nettoyer entre les fruitiers |
indispensable à certains moments quand la croissance des herbacées devient importante. |
*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
observations | des suivis hebdomadaires sont réalisés afin de suivre la présence et l'abondance des ravageurs | suivis indispensables pour surveiller l'évolution des ravageurs et décider d'une intervention |
prophylaxie | mise en place d'augmentauriums et ramassage régulier des fruits et légumes piqués | cette technique permet de limiter la propagation des mouches des fruits et légumes |
produits de biocontrole | ils sont appliqués en cas d'infestation | |
filet anti-insectes | ils protègent la culture | utilisés sur les cucurbitacées, ils ne se sont pas révélés efficaces. |
poules pondeuses | elles nettoient les bandes de culture en mangeant les insectes présents |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des maladies.
*(Schéma décisionnel à insérer)
*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
observation | des observations régulières permettent de détecter de manière précoce les symptômes des maladies | temps indispensable pour surveiller les cultures et l'apparition de maladies et pour décider de traiter ou non. |
prophylaxie | dès l'apparition de symptômes, les plantes ou organes touchés sont supprimés | permet de limiter les infestations et de suivre les évolutions des maladies |
irrigation | raisonner l'irrigation pour éviter de créer un climat favorable au développement des maladies | adapter l'irrigation à la culture en place permet de limiter certaines infestations |
rotation des cultures | diversifier les familles et les espèces pour rompre le cycle des bio-agresseurs | |
contrôle génétique | choix de variétés tolérantes et mélange de variétés | les mélanges de variétés permettent d'étalier potentiellement les récoltes et de limiter les impacts des pathogènes |
produits de biocontrôle | en cas d'attaque, des produits de biocontrôles sont appliqués aux dosages recommandés | |
greffage | utiliser des plants existants pour implanter de nouvelles variétés |
rouille | mildiou | cochenille | thrips | pucerons | mouche des fruits | chenilles | |
2020 | faible | faible | bien installé | bien installé | faible | bien installé | faible |
2021 | bien installé | bien installé | bien installé | bien installé | faible | bien installé | faible |
2022 | faible | faible | bien installé | bien installé | faible | bien installé | faible |
2023 | faible | faible | bien installé | bien installé | faible | bien installé | faible |
Code couleur
Infestation sévère | |
Faible à nulle |
La rouille a été présente sur les figuiers de façon régulière mais n'a pas nécessité de traitement particulier car elle n'est jamais devenue inquiétante.
Les thrips ont été abondants, en particulier sur les cultures d'oignons et d'aubergines. Des patchs de fleurs ont été plantés sur les bandes maraîchères pour limiter les infestations, sans réel effet significatif. des traitements ont été faits au spinozad.
La mouche des fruits et des légumes, Bactrocera capitata, est très installée, notamment sur les cultures de cucurbitacées. Les années 2021-2022 et 2023 ont vu de fortes présences. Les piégeages n'ont pas été efficaces pour protéger les cultures.
Les chenilles sont présentes tous les ans sur les bandes maraîchères.
Performance économique
Le chiffre d'affaires est calculé suivant les ventes des produits en coopérative bio ou en vente directe. Les prix mis en place sont les prix du marché en réel.
Si l'année 2020 est l'année de départ, marqué par de forts investissements et pas de récolte, les récoltes des années suivantes ont été fortement impactées par les aléas climatiques, notamment les cyclones qui ont entrainé une très forte perte dans les fruitiers notamment en 2022.
Les coûts de production sont sensiblement les mêmes d'une année à l'autre, la main d'oeuvre est clairement le poste le plus important.
Performance sociale
Les graphiques représentent la répartition des temps de travaux pour les années 2020, année de mise en place du système de culture et 2022.
L’année 2020 a été essentiellement consacrée à la mise en place du système de culture. Les temps de travaux se répartissent donc entre la préparation globale de la parcelle, des planches maraîchères et fruitières, la plantation de toutes les zones de production et l'entretien de la parcelle et des plantations.
En 2021, la répartition des tâches est très semblable à l’année 2020 avec des travaux de mise en place et d’entretien des cultures importants et peu de récoltes. En effet, les fruitiers ayant été implantés en 2020 sont peu productifs et les cultures implantées sur les zones maraîchères sont principalement des cultures à cycles longs (ananas, aubergines).
En 2022, les temps de plantation et de récolte sont équivalents. La répartition des temps de travaux met en évidence que la gestion des adventices est prépondérante sur le système de culture avec des postes de désherbage et paillage qui occupent 37% du temps de travail.
Au total, 2396 heures de travail ont été nécessaires à la conduite du système en 2022, soit 4792 heures pour la conduite d’un système de ce type sur un hectare. Ainsi, ce système a mobilisé 2.6 ETP/ha/an (Equivalent Temps Plein).
En 2023, la répartition des tâches est similaire à celle de 2022. Cependant, avec l’installation d’une routine pour certaines tâches, le nombre d’ETP nécessaire à la conduite de ce système diminue à 2 ETP/ha/an. C’est au cours de cette année que le pilotage et l’entretien de la parcelle sont plus aisés.
L’installation d’un atelier de poules pondeuses intégré dans la rotation des îlots devra trouver également un aspect routinier. Il faut noter que la conduite du système de culture ST0P de l’EPL Forma’Terra a demandé un investissement en personnel conséquent. Cet aspect peut impacter lourdement les résultats financiers si les récoltes ne suivent pas.
Les performances du système de culture ont évolué au fur et à mesure des années.
En ce qui concerne l'IFT, il est et demeure très bas sur la période, et les traitements naturels se sont révélés efficaces pour toutes les cultures sauf sur les aubergines qui ont été détruites par un tobamovirus.
La biodiversité fonctionnelle n'a pas connu d'évolution significative malgré les espaces dédiés, patchs fleuris, haies, et bandes enherbées mais certaines espèces, comme les araignées, ont vu leur population augmenter. Par contre, une augmentation croissante de la diversité et du nombre d'espèces total présentes sur la parcelle a pu être observée, grâce à ces IAE. Cette diversité a permis une diminution de la pression parasitaire, notamment en cochenilles et pucerons qui ont presque disparu de la parcelle avec le temps.
Pour l'évolution de la marge brute, il faut noter que le système est sensible aux évènements climatiques (cyclones notamment) qui entraînent de lourdes pertes qui affectent la marge brute. Sur la durée de l'expérimentation, la marge brute reste fragile. Cependant, il a été démontré qu'il est possible de travailler sans pesticides de synthèse et d'être à l'équilibre.
En ce qui concerne le temps de travail, il augmente en fonction de la diversité des espèces cultivées. Il convient de trouver un pallier entre la biodiversité cultivée et le temps de travail en gardant un équilibre de marge. L'atelier poules pondeuses a, par ailleurs, permis de gagner 3 semaines en moyenne sur la levée des adventices dans les parcelles et permet donc de gagner du temps de travail sur la gestion de l'enherbement, qui demeure un poste de travail important.
Globalement, le système peut être à l 'équilibre, et dégager des revenus, en gérant l'équilibre entre la biodiversité cultivée, le temps de travail et les conditions climatiques.
Suite à la mise en place sur la parcelle ARMEFLHOR d'un atelier de production en poules pondeuses, Forma'Terra a décidé de mettre en place la même expérimentation à partir des plans existants de l'Armeflhor, afin de déterminer les coûts de fabrication, les coûts d'implantation et les coûts de production liés à cet atelier sur une parcelle agricole.
Au niveau agronomique, cette implantation de poules s'est révélé très bénéfique et a permis de gagner 3 semaines sur les levées d'adventices sur les parcelles, diminuant d'autant le temps de travail d'entretien. Par contre, la présence de chiens errants rend particulièrement vulnérable un poulailler mobile et a entraîné des coûts supplémentaires de surveillance et de présence humaine régulière auprès du poulailler.
Au niveau économique, la problématique de l'errance animale met en difficulté l'élevage et impacte fortement la rentabilité de l'atelier.
Au départ du projet, un atelier de co-conception avait organisé avec les partenaires de la filière et les producteurs afin de valider les choix et les productions de départ. En 2023, les mêmes interlocuteurs ont participé à un atelier de restitution qui a permis de mettre en avant les points essentiels du dispositif, à savoir la possibilité de produire tout en diminuant les intrants phytosanitaires, et en montrant les difficultés à surmonter pour pérenniser un tel système (gestion de la main d'oeuvre, atelier poules, adéquation de la production avec les standards des consommateurs....).
Des ateliers de présentation du système ont été réalisés régulièrement tout au long du projet montrant que la possibilité de diversification sur une petite surface agricole est viable et pérenne.
L'insertion d'infrastructures agro-écologiques pérennes telles que les haies endémiques et indigènes a été réalisée au fur et à mesure du projet avec plus ou moins de facilité d'installation et de suivi. Les infrastructures semi-pérennes tels que les patchs fleuris installés au coeur du dispositif nécessitent une attention plus particulière afin de maintenir ces patchs sur une durée optimale.
Les relevés réguliers de la FDGDON sur la parcelle ont permis de mettre un place un premier constat sur l'abondance des auxiliaires, notamment dans les haies mais il n'a pas été possible de démontrer les effets de cette présence d'auxiliaires sur le système en place, à savoir la réduction de la présence de ravageurs. Il est nécessaire de poursuivre cette démarche d'expérimentation au sein de la parcelle.
Au sein de notre parcelle de production, cette expérimentation montre des facteurs limitants. Il est notamment nécessaire de se fixer des seuils d'intervention malgré la présence des auxiliaires, au risque de perdre des productions.
Au sein d'une parcelle de production, il faut se fixer un seuil limitant la diversité des cultures afin d'optimiser l'entretien, le suivi et la valorisation des cultures en place. Ce qui nous a amenés à réduire le nombre de cultures présentes en même temps sur la parcelle.
Pour la poursuite du projet, il a été choisi de mettre en place des cultures semi-pérennes, de type fruits de la passion ou ananas, de façon à réduire les temps de main d 'oeuvre nécessaires aux rotations des cultures de cycle court.
L'atelier poules pondeuses s'est très bien intégré au système de cultures. Les effets bénéfiques rapides ont été constatés notamment en ce qui concerne le desherbage naturel fait par les poules. Les effets de réduction des semences d'adventices et des larves de mouches sont encore à mesurer. La fragilité de cet atelier tient à la sécurisation du roulapoul face aux attaques de chiens errants. Cette sécurisation nécessite des investissements supplémentaires et une surveillance accrue.