
Système Réduction - Pôle Légumes
Conception du système
Le projet « MINImisation de l’utilisation des PESTicides en système grandes cultures et cultures légumières en Hauts-de-France (MiniPest) 2018-2024 » répond à l’appel à projets Expérimentation Ecophyto 2018 et s’intègre dans le plan Ecophyto. MiniPest s’appuie sur le projet DEPHY EXPE 2011-2018 « Reconception durable de deux systèmes grandes cultures et légumiers pour une réduction d’au moins 50% de l’utilisation des produits phytosanitaires » pour lequel les objectifs ont été atteints. Confortés par les résultats positifs obtenus, MiniPest a pour objectif d’aller au-delà des 50% de réduction des intrants pesticides ; l’idée est de faire appel à ces derniers en ultime recours.
Mots clés :
Ecophyto - DEPHY EXPE - MiniPest - Réduction des produits phytosanitaires - Désherbage mécanique - Choix variétal - Rotation longue et diversifiée - Outils d'Aide à la Décision
Caractéristiques du système
Espèces : Blé - Chou-fleur - Pomme de terre - Oignon.
Interculture : Mélange avoine/vesce/phacélie.
Fertilisation : Compost de champignon (12T/ha) + fertilisation minérale azotée (dose en fonction des cultures).
Gestion de l'irrigation : Rampe d'aspersion utilisée sur les choux-fleurs, les oignons et les pommes de terre.
Situation de production : à compléter
Travail du sol/gestion des adventices : Cultirateau pour oignons, déchaulage, désherbage thermique, binage mécanique ou manuel, herse treffer.
Circuit commercial : long
Infrastructures agro-écologiques : Bandes enherbées autour et entre chaque micro-parcelle.
Agronomiques |
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Environnementaux |
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Maîtrise des bioagresseurs |
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Socio-économiques |
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Le mot de l'expérimentateur
Le projet minipest fait suite au projet DEPHY EXPE Nord-Pas de Calais qui s'est terminé en 2018. Cette première version a permis d'identifier les "boîtes noires" et de faire évoluer le système de culture. Exemple : sur le système du projet DEPHY EXPE, nous avions énormément de mal à avoir des oignons propres. Après analyse nous en avons conclu que c'était le précédent chou-fleur qui engendrait des difficultés dans la gestion du désherbage de l'oignon. Sur le système du projet minipest, l'oignon a été placé après le blé, ce qui nous permet d'améliorer la gestion du désherbage sur la culture.
La nouveauté de ce projet est le système "parcelle" qui nous permet d'évaluer la faisabilité des leviers alternatifs validés sur les micro-parcelles du système "réduction" à une plus grande échelle.
Etant conseiller en productions végétales pour un GEDA (Groupement d'Etude et de Développement Agricole), cet essai système est un véritable atout dans l'élaboration des conseils et de l'accompagnement fourni auprès des producteurs.
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des adventices.

*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Action sur stock |
Déchaumage superficiel pour faire lever les adventices. |
Labour tout les 3 ans minimum pour garder une bonne efficacité. |
Contrôle physique |
Binage sur les Choux-Fleurs |
Bonne efficacité des binages et buttages en bonne conditions. |
Lutte chimique | Produit phytosanitaire lorsque les parcelles sont sales et que le recours au désherbage mécanique est impossible. Le désherbage localisé peut-être pratiqué sur Oignons et Choux-Fleurs. Acide pélargonique (biocontrôle) pour défaner les pomme de terre. | Equipement particulier nécessaire au désherbage localisé et efficacité moindre. Les produits de biocontrôle sont souvent plus couteux à l'hectare. |
Evitement | Les semis de blé sont réalisés en novembre ou décembre, après les pics de levées des vulpins et ray grass. | Technique qui semble très efficace sur l'expérimentation, le semis peut parfois être difficile si les conditions de l'années sont humides et les terres argileuses, cela peut nécessiter un labour. |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des ravageurs.

*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Action sur cycle | Eviter l'enchainement de deux cultures de la même famille |
Les populations de chenilles et d'aleurodes sont très importantes sur la deuxième culture de Choux-Fleurs. |
Contrôle physique |
Irrigation sur les thrips et doryphores |
Accélérations des cultures et de la levée des adventices avec les filets et bâches, bonne efficacité contre les ravageurs. |
Lutte chimique | Applications de produits de biocontrôle lorsque c'est possible. Phosphate ferrique sur limaces, Bacillus thuringiensis sur les chenilles en Choux-Fleurs... | Coût plus élevés des produits de biocontrôle par rapport aux insecticides classiques. |
Bande fleuries | Réserve d'auxiliaires | Efficacité difficile à évaluer |
Evitement | Semis tardif des blés permet d'éviter les principaux vols de pucerons. | Très efficace. |
Seuils BSV | Observations régulière des parcelles et du BSV afin de traiter uniquement si les seuils sont atteints | Permet de limiter les dépenses inutiles et les pertes de temps |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des maladies.
*(Schéma décisionnel à insérer)

*Tableau à compléter
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Action sur l'inoculum | Alternance des espèces | Absence de piétin verse. |
Outils d'aide à la décision |
Mileos en Pomme de Terre. |
Quasiment indispensable en pomme de terre. |
Lutte chimique | Phosphonates de potassium en association en pomme de terre pour réduire les IFT. | Permet de réduire les IFT sans perdre en efficacité. |
Evitement | Semis tardif des blés. | Pas de traitements fongicides en blé, ni de régulateurs. |
Contrôle génétique |
Mélange de trois variétés tolérantes en blé. |
Semences des oignons plus onéreuses et qui a pu craqué en forte pression. |
Le niveau de présence des bioagresseurs sur les plantes cultivées est représenté par trois couleurs : vert (bonne maîtise bioagresseurs), jaune (moyenne maîtrise), et rouge (maîtrise insuffisante).Les adventices les plus gênantes et nombreuses sur le système réduction sont les laiterons, renouées liserons, renouées persicaires, seneçons, chénopodes et chardons. Ce sont majoritairement des vivaces qui se développent très rapidement au printemps et l'été, en envahissant les parcelles.
Les maladies sont assez peu présentes grâce entre autres au choix variétal (variétés non sensibles). En année à forte pression quelques variété ont pu montrer leurs limites.
L'utilisation d'insecticide est assez rare sur le système réduction grâce à la bonne régulation des ravageurs par les auxiliaires hormis sur les choux-fleurs où les populations d'aleurodes et de chenilles sont souvent très importantes et préjudiciable pour la culture.
Performance agronomique
Les performances agronomiques du système réduction sont évaluées par les rendements obtenus chaque année.
- Rendements obtenus dans le système réduction
Les rendements oignons sont inférieurs à ceux du système de référence chaque année avec une maitrise des adventices difficile sur cette culture en système réduction. En blé et choux-fleurs « 1 plantation », on observe globalement des résultats similaires en rendement sur les deux systèmes. En pomme de terre, les rendements sont relativement supérieurs sur le système réduction. Pour les deux plantations de choux-fleurs successives les résultats sont très variables d’années en années.
Performance environnementale
-Indicateur de fréquence de traitement
Le principe de l'expérimentation est d’appliquer au minimum une réduction de 50% des IFT par année sur l’ensemble du système. Les IFT sont donc très fortement réduits. La réduction des IFT est possible grâce à la mise en place de leviers agronomiques tels que les désherbages mécaniques, les faux semis, les OAD, le choix variétal… Des produits utilisables en AB ou de biocontrôle ont également été utilisés sur le système réduction.
Les données présentées sont issues des moyennes sur les campagnes 2019 à 2023. Les références choisies sont des itinéraires techniques pratiqués par les agriculteurs en système conventionnel mis en place sur les micro-parcelles du système référence de l’expérimentation.
-Consommation de carburants et émission de gaz à effet de serre
La consommation de carburant a été calculée à partir de simulation dans Systerre. L'utilisation du désherbage mécanique sur le système réduction est compensé par les passages de pulvérisateur qui sont plus fréquents sur le système de référence. C’est la même explication en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre.
Performance économique
- Temps de travail et charges directes
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Pour le temps de travail, la plus grosse différence entre le système réduction et la référence s'observe pour les cultures d’oignons et de choux-fleurs. En effet, ces cultures nécessitent parfois le passage de désherbage manuel qui est très chronophage à l’échelle de grandes surfaces. Sur l’ensemble du système réduction, le temps de travail est donc plus important, cette différence est significative et à prendre en compte si l’on veut raisonner à l’échelle d’une exploitation agricole.
Les calculs ont été faits grâce au logiciel Systerre. Les charges les plus importantes dans celle expérimentation se trouvent dans les charges salariales en raison des nombreuses heures de désherbages manuels. Cela représente environ 325 euros de plus par hectares. Le cout des intrants est en moyenne 2% supérieur sur l’ensemble du système par rapport à la référence. Le cout des semences est plus cher sur des variétés résistantes au mildiou en oignons (2.5 fois plus couteux), cela ne compense pas totalement l'économie des fongicides réalisés au cour de la campagne. Quelques produits de biocontrôle peuvent également être plus couteux.
La plus importante différence entre les pratiques habituelles (référence) et celles appliquées dans le système réduction se voit sur la différence de temps de travail (25% supérieure) qui induit la baisse de la marge brute. Sur l’ensemble du système et des années la baisse de rendements moyen se chiffre autour de 3% pour une réduction d’IFT d’en moyenne de 60%. Les résultats sont donc prometteurs, il faut maintenant réussir à travailler sur la diminution du désherbage manuel.
Sur les 6 années d'expérimentation, des variétés résistantes au mildiou ont été implantées sur le système réduction. L'impasse des fongicides a pu être réalisé 5 années sur 6. La sixième année, avec une pression mildiou exceptionnellement forte, la variété a été impacté par la maladie et des traitements ont du être réalisé. Le cout des semences "variété résistantes" est environ 2,5 fois supérieur aux semences classiques. Du point de vue économique, cela ne compense pas les frais de passage de fongicides, mais ça permet de réduire les IFT et les charges de travail en limitant les passages de pulvérisateur.
L'expérimentation a fait l'objet de nombreuses visites. Elle suscite de nombreuses questions de la part des agriculteurs. La transférabilité sur de plus grande parcelle fait également partie de l'expérimentation puisque l'itinéraire du système "réduction" est mis en place à plus grande échelle sur une parcelle de 0.6 ha d'un agriculteur voisin.
Avec le retrait de nombreuses molécules sur le marché des produits phytosanitaires, les agriculteurs passent plus facilement des herses étrille ou des bineuses. Ces outils sont utilisables sur d'autres créneaux météo, notamment lors de vent trop fort pour des traitements au pulvé, et peuvent être efficaces même sur des adventices résistantes (ray-grass par exemple).
La gestion des adventices est parfois difficile en réduisant les IFT sur les cultures de printemps notamment dans les années humides. Le désherbage manuel est trop coûteux et n'est pas pratiqué en plaine par les agriculteurs. De nouveaux outils comme le désherbage par détection de mauvaises herbes à l'aide de caméras se développent afin de pouvoir allier réduction des IFT et temps de travail convenable.
La conduite des cultures de blés sont très encourageante. Grâce, en partie, au décalage de la date de semis et au mélange variétal, l'impasse en régulateur, fongicide et insecticide est réalisé sur le système réduction et les rendements significativement similaire en prenant la moyenne des 6 dernières années.