La formation est un des axes essentiels pour pouvoir aborder les liens existants entre les pratiques agricoles et la biodiversité au sein et autour d'une exploitation.

Accompagné par un écologue, des membres du réseau DEPHY ont ainsi appris pendant 2 jours à identifier les auxiliaires, à favoriser leur accueil sur l'exploitation, à connaître les services qu'ils rendent aux cultures. Ils ont pu prendre conscience du rôle des infrastructures agroécologiques dans l'écosystème de leur exploitation.

Pour aller plus loin, une formation spécifique sur le rôle des chauve-souris en agriculture leur a aussi été proposée : découverte de sa biologie, de son habitat, mode de vie, terrain de chasse, intérêt en tant qu'auxiliaire agricole, intérêt dans l'équilibre écologique des écosystèmes, rôle dans la régulation des lépidoptères.

Ils ont ainsi appris à dresser l'inventaire des infrastructures, corridors écologiques favorables aux chauve- souris et obtenus des conseils pour la pose d'un abri. Une visite sur site leur a permis d'estimer s'il y avait présence ou non de chauve-souris dans les bâtiments et de créer/améliorer les conditions propices à leur installation naturelle afin des les intégrer dans la stratégie de lutte contre les ravageurs (vers de la grappe, cochylis, cryptoblabès...) de l'exploitation agricole.

Au cours de ces 40 dernières années, les populations d'oiseaux des milieux agricoles auraient chuté de 30 %. Les causes de l'effondrement sont multiples et souvent interconnectés donc difficilement quantifiables (utilisation de produits phytosanitaires, remembrement, labour profond, réduction des prairies permanentes...)

Découlant de ce constat, la LPO et le réseau des Chambres d'agriculture via l'APCA ont lancé dès 2018, un programme spécifique pour accompagner le monde agricole dans la prise en compte de la biodiversité avicole: "des Terres et des Ailes".

Ce programme a pour vocation :

• de sensibiliser les exploitants à la vie présente sur et autour de leurs parcelles ainsi qu'aux aménagements possibles pour offrir un bon cadre de vie aux oiseaux
• d'accompagner les agriculteurs dans la mise en place d'aménagements et de pratiques respectueuses de la biodiversité
• de développer un réseau d'agriculteurs engagés pour la biodiversité
• de créer/renforcer les liens entre agriculteurs, naturalistes et grand public
• de sensibiliser le grand public à l'agroécologie, au rôle de l'agriculture dans la conservation de la nature
• et de l'associer aux démarches agroécologiques afin de créer du lien social

Le groupe des fermes DEPHY du Narbonnais a décidé de participer à ce programme via la mise en place d'une journée spécifiquement dédiée à cette thématique.

Celle-ci a été amorcée en décembre 2019 suite à une première réunion d'information organisée par l'ingénieure réseau et la LPO de l'Aude pour les bénévoles LPO, les membres du réseau DEPHY Ecophyto du Narbonnais, la cave de Gruissan et les membres d'Alta Vinha (actionnaires d'un vignoble participatif à Gruissan).

A l'issue de cette réunion d'information, la mise en place d'une journée d'animation chez une ferme DEPHY autour de la co-construction de nichoirs et pose a été validée.

Au préalable un repérage sur site a été réalisé avec la LPO pour évaluer les endroits où les aménagements seraient possibles. Le choix du type de nichoirs a été réalisé en fonction des oiseaux visés:

• granivores (consommation de graines des espèces végétales présentes comme les adventices)
• pollinisateurs (dispersion du pollen et reproduction du couvert et des haies)
• espèces à fort potentiel auxiliaires, insectivores (eudémis, pucerons....)

Le choix s'est donc porté sur des nichoirs à Mésange et à Rolliers d'Europe.

L'animation qui a regroupé une 15 aine de personnes (agriculteurs, bénévoles, LPO) s'est déroulée en 2 temps:

• matinée en atelier pour concevoir les nichoirs
• grillades
• pause des nichoirs, visite de l'exploitation, mise en avant des actions de l'exploitant (baisse de l'IFT, engrais verts...)
• des nichoirs supplémentaires ont été achetés à une association de jeunes handicapés.

La presse local Grand public était présente et a pu communiquer sur cette action.

L'objectif de cette animation qui s'est déroulée en 2 temps (après-midi et soirée) et qui s'est appuyée sur la prestation d'un intervenant écologue, était de permettre à un groupe d'agriculteurs de communiquer de manière positive auprès du grand public sur un des rôles de leur métier : la préservation de la biodiversité avec mise en avant d'un auxiliaire agricole majeur, la chauve-souris.

En première partie d'après-midi, une intervention réservée aux viticulteurs a eu lieu. L'objectif était de présenter le rôle des chiroptères en tant qu'auxiliaire agricole, de mieux connaitre leur cycle de vie, habitude, habitats... et de donner des conseils pour favoriser leur préservation sur l'exploitation avec des conseils pratiques concernant la pose des nichoirs.

La cave coopérative a ensuite porté sa réflexion sur les bâtiments, parcelles qui allaient être engagées dans la protection des lieux de vie des chauves souris. Cet engagement s'est matérialisé par la signature d'une convention refuge Chauve-souris entre la coopérative de Canet et l'association SFPEM et le Groupe Chiroptères Languedoc Roussillon.

L'après-midi s'est poursuivi dans un second temps par une soirée à destination des habitants et des vignerons pendant laquelle la population a été sensibilisée au rôle du monde agricole dans la préservation de la biodiversité et plus particulièrement de la Chauve-souris.

Une quarantaine de personnes adultes et enfants étaient réunis à la salle des fêtes de Canet mise à disposition par la mairie. Le documentaire de Tanguy Stoeckle "une vie de grand Rhinolophe" a été projeté puis des conseils sur la fabrication et la disposition d'abris ont été dispensés aux personnes présentes. 

De retour à la cave coopérative où ils était conviés à partager un apéritif puis un repas offert par les viticulteurs et la mairie, les habitants ont pu assister à la signature de la convention. Un panneau indiquant le partenariat de refuge pour les Chauve-souris a été apposé sur la cave.

Une fois la nuit tombée, la ballade dans l'inaudible a pu débuter : le groupe s'est alors rendu sur des parcelles situées autour de la cave "la Vigneronne" pour écouter à l'aide d'une bat box les ultrasons utilisés par les Chauve-souris pour communiquer entre elles et découvrir l'utilité des bâtiments agricoles dans l'habitat de ces auxiliaires.

Deux articles publiés dans la presse grand public ont permis aux viticulteurs présents d'assurer une communication positive sur leur métier.