Focus sur : la gestion des sols viticoles
L’objectif des groupes DEPHY est de travailler sur la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. En viticulture, la majeure partie des produits utilisés sont les fongicides. Ces derniers sont utilisés pour lutter contre différents ravageurs, dont deux biens connus, le mildiou et l’oïdium. Sont également utilisés de manière plus spécifique les insecticides, par exemple contre la cicadelle vectrice de la flavescence dorée. Enfin le dernier poste de consommation est lié aux herbicides, qui sont utilisés pour la lutte contre les adventices qui se développent dans le vignoble.
Le groupe DEPHY raisin de table du Vaucluse a été créé en partie lors de la genèse du projet en 2011 et s’est complété en 2016 lors du réengagement pour 5 ans. Il continue à nouveau pour 5 ans à partir de 2022.
Depuis lors, la réduction des produits phytosanitaires a déjà plutôt bien avancé avec des réductions moyennes d’environ 25% pour les agriculteurs du groupe.
Le raisin de table est une culture exigeante qui nécessite un produit fini sain mais également esthétique visuellement. Partant de ce principe, les réductions d’utilisation de produit déjà effectuées sont significatives. Mais elles semblent, pour le moment, être une nouvelle limite difficile à franchir. En effet, il apparait risqué de continuer à diminuer les doses de produits sans actionner d’autres leviers, et ce même lors d’années avec une faible pression phytosanitaire. Le projet des fermes DEPHY est d’obtenir des résultats viables économiquement pour les agriculteurs qui s’engagent.
Lors de réunion de groupe, l’idée est donc apparue de travailler différemment et de trouver de nouveaux leviers. Le sol est un paramètre majeur de la culture de la vigne. L’idée est donc d’évaluer si la réduction des produits phytosanitaire a eu un impact sur la santé des sols ?
Une seconde question se pose mais ne pourra probablement pas être traitée avec les moyens disponibles : est-ce qu’une meilleure santé des sols permettra de réduire à plus long terme le besoin en produits phytosanitaires ?
Une première étape sur ce questionnement est l’utilisation de couverts végétaux dans les vignes. Plusieurs membres du groupe faisaient partit d’un GIEE destiné à mettre en place des couverts végétaux dans les vignes. La problématique étant vaste, c’est donc par cet angle que sera commencé le projet.
Au sujet des sols, le groupe DEPHY à déjà quelques résultats, toutes les exploitations sont équipées pour un travail mécanique du sol, et une seule utilise encore des herbicides.
Les groupes Dephy n’ont pas vocation à réaliser des études scientifiques poussées, les évaluations se feront donc sur des paramètres simples.
Les diagnostics seront les plus rigoureux possibles, mais le manque de répétition ne permettra pas d’en tirer des conclusions statistiques. L’idée est aussi de pouvoir diffuser des évolutions de système de culture spécifiques pour donner des idées et montrer des possibilités de changements. Les résultats auront valeurs d’exemples.
Des fosses pédologiques seront creusées chez les membres du groupe DEPHY, dans le but de diagnostiquer l’état du sol. Ce diagnostic est mis en contexte, si un couvert végétal est déjà présent ou non et sur les quantités de produits phytosanitaire utilisés sur la parcelle.
Le diagnostic permet d’évaluer la santé de ce sol, sa compacité, sa teneur en matière organique, sa capacité à abriter des organismes vivants etc. Certaines fosses seront accompagnées d’analyses de sols pour permettre une évaluation chiffrée, plus facilement comparable pour un suivi rigoureux.
Grâce au diagnostic, on peut également établir des modifications d’itinéraires techniques, établissement d’un couvert végétal, modifications de l’itinéraire de travail du sol etc.
Le but étant de mettre en place des modifications, et de refaire un diagnostic trois années après pour évaluer s’il y a un changement ou non. Si aucune modification de l’itinéraire technique n’est pertinente ou faisable, on évaluera tout de même s’il y a une évolution des sols, car ces parcelles sont depuis longtemps conduites avec une réduction des produits phytosanitaires.
L’objectif est de pouvoir évaluer des changements dans la santé des sols. Cela passera par un suivi : profils de sols, paramètres de compaction, de vie du sol, teneur en matière organique, et certaines parcelles, analyse de sol. Le rendement et les IFT seront également suivis.
Cet ensemble de mesures peut servir d’exemple et sera diffusé. L’idée est de montrer que les réductions de produits phytosanitaires et la mise en place de pratiques différentes au vignoble sont possibles et peuvent en plus améliorer la santé des sols. Il est à garder en tête que les résultats auront simplement valeurs d’exemple et non de résultats scientifiques validés statistiquement.
La mise en place de couvert végétaux semble être un des premier levier à étudier pour entretenir les sols.
Un est objectif principaux est de mettre en place des couverts végétaux adaptés aux situations de chacun et d’avoir un itinéraire d’entretien du sol le plus économe et efficace possible.
Le GIEE a déjà débouché sur la création d’une association, l’ADAEL, qui permet d’obtenir à des prix réduits un mélange de semences qui a été confectionné grâce aux trois années de travail du GIEE. Des semoirs sont également disponibles à la location pour les adhérents et prochainement un rouleau pour détruire le couvert sera disponible.
Ce mélange contient pour 175kg de semence hectare (en plein) :
Espèce | Quantité | Espèce | Quantité |
Poids fourrager | 25 kg | Orge | 25 kg |
Vesce | 25 kg | Triticale | 25 kg |
Avoine | 25 kg | Fèverole | 50 kg |
Avantages du couvert
- meilleure infiltration des pluies hivernales
- empêche le lessivage de minéraux
- améliore la structure physique du sol (décompactions, aération)
- apport de matière organique
- favorise la vie du sol (microbienne, insecte et vers de terre)
- apport d’azote (légumineuse)
- concurrence aux adventices
Inconvénients du couvert
- concurrence hydrique
- concurrence azotée
- influence sur le rendement
- mise en place et entretient du couvert en temps et en coûts
Désormais le groupe travaille pour identifier les meilleurs itinéraires de gestion de ce couvert. Les points de recherche sont :
- identifier la bonne date de semis en tenant compte des vendanges
- identifier la méthode de semis optimal (type de semoir)
- identifier la période et le mode de destruction selon l’objectif du couvert végétal
- chercher des solutions pour un enherbement permanent sous le rang
D’autres outils sont intéressants type tondeuses ou outils interceps moins consommateurs et plus efficaces. Ces outils sont observés lors de démonstrations et seront peut être assez convaincants pour être utilisés et testés par les membres du groupe.
La diminution des produits phytosanitaires entre désormais dans une phase complexe de mise en place de cercles agro écologiques vertueux. Ils permettront de réduire encore plus la dépendance de nos vignobles a ces produits. Cela passera par des modifications profondes de nos modes de productions.