La rotation est incontestablement le levier numéro 1 à étudier pour permettre une baisse d'IFT. Le suivi des fermes depuis 2016 montre bien que les exploitations ayant une rotation longue et bien équilibrée entre les cultures de printemps et d'automne sont performantes en terme de baisse d'IFT. A contrario, les fermes du groupe n'ayant pas changé de rotation (souvent courte 3 ans) n'arrivent pas de manière durable à baisser leur consommation de phytosanitaires. Les graphiques ci-dessous montrent l'évolution de l'assolement de 2016 à 2020 sur le groupe des 10 fermes DEPHY. On s'aperçoit que le nombre de cultures secondaires a fortement augmenté et que la part du colza-blé- orge ainsi que la part de maïs diminuent. De nouvelles cultures font leur début dans les assolement comme le lin, la moutarde, le trèfle, le seigle et la part de tournesol augmente.

Les différentes réglementations obligent parfois à couvrir le sol en interculture (pac/sie,  directives nitrates), ce qui au premier regard peut être considérer comme une contrainte.  Cependant la couverture des sols représente une opportunité pour les fermes du réseau DEPHY car ce levier permet de gérer efficacement l'enherbement des parcelles et permet de conserver la fertilité des sols. Une partie de ce groupe DEPHY a mis en oeuvre des techniques de couverture (très fréquente du sol) avec des résultats honorables sur l'IFT herbicide. Les bilans de fin de campagne effectués sur ces 5 années permettent de conclure sur l'effet bénéfique du couple intercultures-cultures de printemps. Les cultures de printemps sont plus propres et l'interculture permet de concurrencer les graminées automnales (vulpins, ray grass, fin septembre début d'automne). D'autres essais tels que des colzas associés (à de la lentille, du trèfle ou de la luzerne) ont été menés et ont démontrés que ces techniques sont efficaces pour baisser les IFT.

Durant ces dernières années, le groupe DEPHY grandes cultures 70 a mené des essais en bandes agriculteurs pour tester des solutions de biocontrôle au niveau de la protection fongicide.

Ces expérimentations ont été menées avec un double objectif, la baisse des IFT et trouver des solutions 100 % biocontrôle pour les secteurs à fort enjeu qualité de l'eau où les phytosanitaires seront bientôt interdits. Ces 4 années d'expérimentation ont démontré que la substitution des fongicides classiques par du biocontrôle sans reconception des systèmes au préalable n'était pas satisfaisante. En effet, le biocontrôle est principalement fondé sur la gestion des équilibres de la population des bioagresseurs et non sur leur éradication. C'est pourquoi nous avons testé ces solutions dans des contextes de moindre risque (précédents et variétés présentant des risques faibles de dégâts sur les cultures de céréales. Dans nos expérimentations, ces solutions 100% de biocontrôle font légèrement moins bien que les solutions classiques mais il faut noter que les solutions mixtes bio contrôle+ chimique font des scores équivalent aux solutions classiques. Les résultats de ces essais sont présentés dans le bloc carrousel ci- dessous.

Depuis 2015, un suivi annuel des IFT est effectué sur les fermes du réseau DEPHY afin de regarder l'évolution de cet indicateur sur les différentes fermes du Réseau. Le graphique ci-dessous représente bien l'efficacité de la reconception des systèmes de culture sur l'IFT. La ferme numéro 8 a maintenu des IFT bas avec des rotations de 6 ans (colza-blé-orge-maïs-soja-blé). A l'inverse la ferme numéro 1, qui n'a pas modifié sa rotation à base de colza-blé-orge ou colza-blé-blé selon les parcelles n'est pas arrivée à baisser son IFT. On peut aussi noter l'évolution de la ferme numéro 3 qui a allongé sa rotation pour passer d'un colza-blé-orge à un colza-blé-orge-maïs-tournesol-blé voit son IFT baisser de 20 %.