
Groupe Légumes EUREDEN

Le groupe s’est construit en 2017 autour d’exploitations déjà engagées dans la réduction de l’usage des produits phytosanitaires. Situées en Bretagne les exploitations ont toutes en commun la production de légumes pour l’industrie.
Le groupe s’intéresse aux méthodes alternatives biologiques ou mécaniques et avance sur l’agriculture de précision.
Le second axe de travail principal est la prophylaxie avec une attention portée sur les rotations, le choix des variétés, des couverts végétaux implantés et la gestion des résidus de récolte.
Il s’agit donc d’acquérir des références sur ces pratiques tout en permettant le respect des cahiers des charges des industriels.
Cultures principales : Légumes industrie (haricots, pois, flageolets, épinards...)
Spécificités du groupe : Réduction de l'IFT en légumes industrie
Lycées partenaires : Lycée agricole La Touche (Ploermel)
Partenariats locaux : GIEE RIVAPLI, UNILET, Bassin versant du Blavet, Grand Bassin de l'Oust
Regard de l'ingénieur réseau :
Le groupe d'agriculteurs que j'accompagne est convaincu de l’obligation d’engager une réflexion sur d’autres façons de produire. Ils ont tous pour objectif de répondre aux attentes sociétales en valorisant l’image de leurs produits tout en préservant l’environnement, leur santé et leurs résultats économiques.
Le réseau ferme DEPHY apporte une reconnaissance officielle et une crédibilité à cette démarche.
La mixité du groupe, bio et conventionnel, est un réel atout pour découvrir de nouvelles alternatives. Elle permet également de mettre en œuvre les différents leviers proposés lors d’échanges et de communiquer sur les pratiques vertueuses auprès d’autres acteurs de la filière (en partenariat avec un lycée agricole et des bassins versants locaux ).
Trouver des méthodes alternatives pour la gestion des bioagresseurs du haricot vert :
Thématiques principales du groupe :
- Gestion des intercultures et techniques de destruction des couverts en intégrant le risque sclérotinia (destruction mécanique, biofumigation)
- Optimistation et raisonnement des traitements (choix et réglage du matériel, OAD, biocontrôle...)
- Désherbage mécanique, désherbage "numérique"
- Valoriser les systèmes économes développés dans le groupe et diffuser les pratiques.
Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement
- Mesure de l'hétérogénéité et du potentiel des parcelles pour moduler les intrants
- Test de nouveaux matériels de désherbage mécanique adaptés aux récoltes mécanisées.
Résultats du groupe
Mesures préventives et rotations.
En premier lieu pour lutter contre les bioagresseurs des cultures tous les agriculteurs du groupe veillent, dans la mesure du possible, au respect des mesures préventives dans l'élaboration de leurs rotations et itinéraires techniques culturaux (entre autres: choix variétaux, délais de retour entre deux cultures sensibles, broyer et enfouir les résidus de récolte, maîtriser l'irrigation, réduire l'usage des outils à disques quand problématiques vivaces, maîtriser la fertilisation azotée, éviter les carences en calcium, bore ou manganèse).
Certains d'entre eux ont ou vont participer à des ateliers de reconception des systèmes de culture.
Gestion des intercultures.
Les agriculteurs du groupe ont réalisé des essais avec différents couverts qu'ils ont pu comparer aux couverts majoritairement utilisés avant légumes (avoine rude ou mélange avoine/seigle). Ils ont pu appréhender la technique de biofumigation et son intérêt dans la limitation des populations de nématodes pour les cultures de pommes de terre, choux et céleris.
Pour mieux maîtriser le choix des couverts, lors de ces essais ou lors de visites d'autres plateformes couverts une attention est portée sur les objectifs assignés à la couverture des sols (lutte contre l'érosion, piégeage de l'azote, rupture parasitaire, effet concurrentiel sur les adventices, apport de biomasse, structuration du sol, facilité d'implantation ou de destruction). Un travail pluriannuel se poursuit pour affiner une sélection de couverts en mélanges compatibles avec les cultures de légumes (principalement risque sclérotinia, hernie du chou et gestion des repousses) et répondant à un souhait fort de profiter d'un effet structurant sur le sol.

Optimisation et raisonnement des traitements.
Depuis plusieurs années, les membres du groupe sont sensibles aux bonnes conditions d'application des produits phytosanitaires pour améliorer l'efficacité, réduire les doses, réduire les risques pour la santé et l'environnement. Adjuvants quand cela est opportun, buses anti-dérives, traitements de nuit ou tôt le matin sont devenus la norme.
Concernant plus particulièrement la lutte vis à vis du sclérotinia et pour réduire les traitements fongicides, tous les agriculteurs utilisent la solution de biocontrôle Contans®️WG à raison de 2 kg/ha avant l'implantation des haricots ou de toutes cultures sensibles. En cas de sclérotiniose déclarée, le produit est aussi utilisé en curatif par pulvérisation sur les résidus de récolte.

En complément, la plupart des exploitants s'aident d'un OAD pour raisonner le nombre de traitements et le nombre de jours entre deux interventions. En prenant en compte l'historique de la parcelle, le type de sol, les conditions climatiques et le développement de la culture, ScanBean nous a permis de diminuer le nombre de traitements fongicides contre le sclérotinia.
Pour mieux gérer la ressource en eau et réduire le risque de sous ou de sur irrigation, plusieurs irrigants utilisent des sondes capacitives Sentek qui permettent d'ajuster les apports en fonction de la réserve en eau du sol mesurée en direct - cela contribue également à la maîtrise sanitaire des cultures.

Désherbage mécanique et désherbage localisé.
Pour réduire le stock de graines dans le sol et lorsque les conditions le permettent, les agriculteurs du groupe ont généralisé les faux semis avant certaines cultures et notamment haricots, pois, carottes, chou ou maïs.
Avec ou sans l'aide du guidage optique et d'équipements de précisions, le binage s'est intégré dans certains itinéraires techniques, en remplacement de certains herbicides, ou en assistance vis à vis d'impasses techniques. Cependant toutes les parcelles ne peuvent être désherbées mécaniquement en légumes: les champs caillouteux ne sont pas adaptés. Le binage remonte les cailloux en surface et ceux-ci sont entraînés par le matériel de récolte causant de la casse matérielle et une pollution de la récolte en corps étrangers. Le choix du désherbage mécanique requiert également une grande réactivité car les fenêtres d'interventions (absence de pluie) sont réduites. Il faut parfois consacrer des journées pour l'arrachage manuel de certaines adventices passées au travers du désherbage.
Des essais continuent pour réduire l'utilisation des herbicides. Certaines exploitations sans animaux intègrent du ray-gras porte graine dans la rotation et le prolonge en prairie fauchée, quelques agriculteurs utilisent une herse étrille sur le blé et certains vont tester des outils de désherbage localisé.

Témoignage de la structure :
"Le groupe Eureden a décidé de s’investir dans DEPHY pour épauler les agriculteurs pilotes dans leurs modifications de pratiques culturales. A l’heure de l’agroécologie, notre objectif est en effet de passer du concept aux pratiques de terrain. Les agriculteurs du groupe sont moteurs pour tester, pratiquer « autrement » et nous accompagnons/encourageons donc leurs initiatives. Au-delà des travaux engagés, l’enjeu est aussi de partager les expériences avec le maximum d’agriculteurs pour faire évoluer collectivement les pratiques." Jean-Luc DEMARS, Responsable pôle développement technique du groupe Eureden.