
Groupe Fermes DEPHY Grandes Cultures 68

Créé en 2011, renouvelé en 2016 puis en 2022, le groupe DEPHY 68 repose largement -à l’image de l’agriculture départementale - sur la culture du maïs. Les réglementations sanitaires puis administratives, mais également la réflexion personnelle des agriculteurs, ont fait évoluer les systèmes de culture vers davantage de rotation, avec un impact sensible sur l’IFT. Aujourd'hui la rotation reste à l'ordre du jour : les bienfaits de l'alternance des cultures et des cultures intermédiaires sont reconnus.
La volonté de limiter le recours aux produits phytosanitaire est bien ancrée dans les choix stratégiques. Néanmoins, la réduction de l’IFT trouve encore une marge de manœuvre, davantage dans les fongicides et insecticides que dans les herbicides. Des systèmes très économes doivent prouver leur robustesse.
Pour aller plus loin, le groupe a perçu la nécessité d’une réflexion agronomique. C’est elle qui constitue la trame du projet collectif.
Les normes réglementaires, le constat des évolutions climatiques, la recherche de nouveaux débouchés, la mise en oeuvre de nouvelles façons de cultiver, sont autant de facteurs qui modifient années après années les systèmes de culture.
Si le maïs domine la majorité des systèmes de culture étudiés, en partie pour mieux gérer les investissements liés à l'irrigation le cas échéant, la rotation et ses avantages est acquise pour la grande majorité du groupe.
Pour les irrigants, des conflits d'usage de l'eau se profilent à l'horizon, stimulant également la réflexion sur des systèmes moins gourmands en arrosage.
Enfin, les besoins des filières industrielles en matériaux biosourcés ouvrent de nouvelles perspectives, à condition que des filières solides voient le jour.
Cultures principales : maïs grain, blé d'hiver, soja, colza
Spécificités du groupe : 2 fermes en Bio, partiel ou total
Lycées partenaires : lycée agricole et viticole de Rouffach
Quelques spécificités : betterave sucrière, pomme de terre en vente directe
Le regard de l'ingénieur réseau :
Après 2 renouvellements, les agriculteurs du réseau restent sensibilisés à la réduction d'usage des produits phyto : préoccupation environnementale ou de santé humaine, nécessité de préserver le capital sol, préservation de la ressource en eau, réduction des charges d'intrants, contrats spécifiques. La réduction du nombre de molécules et les restrictions d'usage stimulent également la recherche de solutions alternatives. Les agriculteurs valorisent -de manière pragmatique- les principaux leviers de réduction des phytos adaptés à leur contexte.
Les IFT sont inférieurs aux références régionales, mais variables. Ces résultats sont autant le fait de conditions plus ou moins propices à la réduction des phytos, que de la personnalité de chaque agriculteur, notamment son aptitude à prendre des risques en fonction des expériences passées, de sa disponibilité pour suivre les cultures, de sa réaction face aux risques. Des fermes à IFT très réduits ont prouvé -dans leur contexte pédoclimatique- que ces systèmes sont robustes.
Le groupe s'oriente progressivement vers l'agroécologie, en faisant usage des diverses opportunités offertes par la nature, pour se rendre moins dépendant à l'utilisation des produits phytosanitaires.
Thématiques principales du groupe :
1. Développer la fertilité du sol pour permette aux cultures de mieux résister aux agresseurs
2. Connaître et favoriser les auxiliaires de cultures
3. Choisir et valoriser ses couverts végétaux
4. Tester et valoriser les outils de biocontrôle
Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement
1. Intérêt et utilisation des huiles essentielles et purins de plantes
2. Opportunité de cultures énergétiques et industrielles
3. Reprise des essais "sucres" dans la lutte biologique contre la pyrale du maïs, avec aménagement du protocole de 2018.
4. Efficacité de substances de base comme corvifuge après le semis du maïs.
Résultats du groupe
Les IFT systèmes vont de 0 à 3.34 en 2023. Cette amplitude s'explique par la présence d'une exploitation en Bio, et de celle où l'agriculteur reprend une double-activité dans l'enseignement agricole : ayant moins de latitude pour intervenir opportunément sur ses cultures, il joue la carte de l'assurance. Dans les systèmes à dominante maïs, les IFT systèmes se situent entre 1.3 et 2.0, avec des variations liées aux conditions annuelles de prévalence des ravageurs. Les systèmes se diversifient et se complexifient. Le soja et le colza se développent, la réduction de la sole maïs est enclenchée dans plusieurs fermes, la politique du "tout maïs" trouve ses limites pour plusieurs raisons : un contexte de prix défavorable, un développement exponentiel de la chrysomèle avec apparition des dégâts sur cultures, et la préservation de la ressource en eau. Les IFT pourraient de ce fait évoluer en sens négatif, le maïs restant la culture la moins gourmande en phyto. Le retour de la betterave sucrière, très sensible aux ravageurs, pourrait également altérer les résultats IFT dans les fermes optant pour cette rente supplémentaire, à moins que le cours mondial du sucre ne remette l'attrait pécunier en cause (Erstein paie 40 €/t pour retrouver les 2 000 ha de betterave nécessaires à la survie de la sucrerie : objectif atteint en 2024).
Lien avec l'enseignement agricole
Le groupe a initié en 2020 une démarche en binôme auprès des étudiants de lycée agricole ou de l'enseignement supérieur. Ce mode de communication continue en 2024 grâce à une agriculteur du groupe DEPHY, vacataire à l'IUT d'Agronomie de Colmar.
L'animateur présente le réseau DEPHY et les résultats du groupe pendant 1 heure. Après quoi un agriculteur du groupe détaille son système de culture, et les pratiques mises en oeuvre pour réduire le recours aux produits phyto. La dimension économique n'est pas oubliée, avec présentation des marges brutes des 2 ou 3 cultures principales de l'exploitation, mises en regard avec les références locales du service Economie et Gestion de l'Entreprise.
Une discussion interactive tout au long des exposés permet de mieux cerner le positionnement des étudiants sur l'approche technico-économique, et de recueillir leurs avis et expériences.


Témoignage de la structure :
'La réduction de l’utilisation des pesticides est une évolution de l’agriculture attendue par la société. Pour que cette évolution soit durable, ces systèmes agricoles doivent être performants. Pour mesurer cela, il faut que les indicateurs de qualité, de quantité et de revenu soient au vert. Les indicateurs sociaux doivent aussi être pris en compte dans cette analyse. Grâce à ce groupe de fermes, nous pouvons mettre en œuvre de nouveaux systèmes et mesurer leurs performances.’
Christian Schott, élu Chambre d’Agriculture, référent Ecophyto Alsace