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dephyferme

Focus sur : la réduction des doses de cuivre pour les fruits à pépins Bio

Arboriculture Fruits à pépins
Mesures prophylactiques
OAD, analyse du risque, optimisation de la dose
Toxicité et impacts sur l'environnement
Année de publication 2020
  (mis à jour le 26 avr 2023)

Le cuivre est un fongicide autorisé en agriculture biologique et largement utilisé, notamment pour gérer la tavelure du pommier et du poirier. Il joue aussi un rôle sur la régulation des maladies de conservation. Depuis 2012, les arboriculteurs du groupe DEPHY Fruits à Pépins bio ont réduit l’utilisation de cette substance.

Les produits à base de cuivre principalement utilisées sont les sulfates de cuivre sous forme de poudre mouillable. Ils offrent un bon compromis entre l’efficacité, la rapidité d’action et la résistance au lessivage, leur procurant une meilleure rémanence. Ils restent peu phytotoxiques et le pH est neutre.

Les résultats du groupe

Depuis 2014, la moyenne d’utilisation du cuivre a été réduite de plus de 50% sur les systèmes de cultures les plus performants du groupe.

 

Moyenne quantité cuivre
Evolution de la moyenne d’utilisation du cuivre métal (kg/ha) du groupe avec les systèmes de cultures (SDC) en pommiers les plus représentatifs au cours du temps. Dans le cas où les producteurs sont suivis sur plusieurs SDC, celui concernant les variétés les plus sensibles a été considéré pour mieux capter l’évolution. Le graphique commence en 2014 pour avoir un maximum de données complètes en lien avec la modification des membres du groupe.

 

Les quantités baissent progressivement au cours du temps. Malgré un printemps très pluvieux et une période de contamination de tavelure primaire longue avec des pics fréquents et nombreux, la moyenne d’utilisation du cuivre en 2019 se cantonne à 1.5 kg/ha. En 2020, la quantité de cuivre utilisée diminue encore, mais ce résultat est à mettre en relation avec les conditions météo de l’année : les pics de contamination étaient peu nombreux et bien identifiés.

Les leviers de réduction des traitements au cuivre
Choix des variétés

Le premier critère de choix des producteurs pour de nouvelles plantations de pommier est le caractère de sensibilité à la tavelure. En effet, les stratégies sanitaires sont différentes si les arbres ont un patrimoine génétique sensible à la tavelure ou pas.

Pour les producteurs, une variété peu sensible à la tavelure garantit l’absence de tâche de tavelure avec un programme de traitement allégé par rapport à des variétés sensibles. Les années trop pluvieuses, les différences s’estompent.

Sensible et non sensible
Comparaison de l’évolution des quantités de cuivre métal (kg/ha) utilisées sur variétés de pommes sensibles et peu sensibles chez un même producteur.

 

Réduction des doses de cuivre par abandon du préventif pour gérer la tavelure

Bien que le cuivre soit un produit moins onéreux que les autres phytosanitaires, certains arboriculteurs ont préféré abandonner la stratégie de protection préventive de la tavelure à base de cuivre. En effet, le cuivre est facilement lessivable, il est compliqué de trouver la bonne fenêtre pour traiter en saison. Les traitements curatifs à base de bouillie sulfo-calcique, soufre ou bicarbonate de potassium (plutôt sur tavelure secondaire) sont plus rémanents et sont efficaces sur feuillage humide. Le pilotage est facilité en saison. Ils continuent toutefois d’utiliser le cuivre à faible dose pour gérer de manière préventive les maladies de conservation durant la saison.

« Le problème avec le cuivre, c’est que c’est lessivable et ce n’est pas facile à placer. Si on a de longues périodes de pluie sur plusieurs jours, on ne peut pas assurer la protection. »

Toutefois, cette stratégie n’est pas adoptée par tous les producteurs du groupe car certains ont des terrains qui se ressuient lentement et qui n’ont pas toujours la possibilité de rentrer sur la parcelle au sol humide après les contaminations. Ils optent alors pour une stratégie préventive, avant les pluies contaminatrices, afin de pouvoir rentrer dans le verger avec le pulvérisateur.

Réduction des doses de cuivre par combinaison avec le soufre

« Avant le suivi DEPHY, il m’arrivait de faire deux passages de bouillies bordelaises à 5kg/ha. Je suis ensuite passé à un seul passage à 5kg/ha. Puis j’ai ajouté le soufre et on a ensuite commencé à diminuer les doses. En voyant que ça fonctionnait, on a continué sur les autres traitements. »

Les producteurs ont commencé par réduire les doses de cuivre utilisées en explorant la combinaison entre le soufre et le cuivre.

Cuivre et soufre
Evolution des quantités de cuivre métal (kg/ha) utilisées par un producteur qui a progressivement associé le cuivre au soufre entre 2012 et 2020 sur pommiers.

 

Au-delà des effets « années », qui entraînent l’utilisation d’une quantité de cuivre plus importante sur l’année en cas de pluviométrie importante donc de fréquence de traitement plus importante (comme en 2019 au printemps très pluvieux avec de nombreuses contaminations de tavelure donc avec des lessivages importants), on note globalement une baisse dans l’utilisation du cuivre. Le producteur base sa stratégie de gestion de la tavelure sur des interventions en préventif à base de cuivre et de soufre.

Au départ, la stratégie s’articulait à partir de deux passages de bouillie bordelaise en début de saison puis des applications de cuivre+soufre sur la suite de la saison. Puis la combinaison entre le cuivre et le soufre a été testé en baissant les doses de cuivre lorsqu’il était complété par du soufre. Cette pratique a été adoptée. Ce sont ensuite les doses des applications de cuivre seul au début de la saison qui ont été baissées et là encore, adoptées (voir tableau ci-dessous).

Quantité cuivre min max
Evolution des quantités de cuivre métal maximales (utilisées en début de saison) et minimales de 2015 à 2020.

 

Aujourd’hui, en période à fort risque de projection d’ascospore, le cuivre est utilisé à hauteur de 200g de cuivre métal/ha. Sur les faibles risques ou la tavelure secondaire, ce sont 125g de cuivre métal qui sont utilisés.

Réduction des doses de cuivre par meilleure connaissance de la tavelure et des prévisions

Les producteurs se sont équipés d’outils d’aide à la décision pour mieux cibler le moment de leur traitement. A l’aide d’une station météo sur le verger, RIMPro modélise les pics de contaminations de la tavelure. Cette modélisation permet de prévoir les projections d’ascospores. Les traitements de rattrapage sont aussi mieux ciblés : entre 100° et 320° heures depuis le début de la pluie.

Réduction des doses de cuivre par substitution avec d’autres produits et bonnes connaissances de leurs conditions d’application
La bouillie sulfo-calcique

Elle est utilisée par certains arboriculteurs en traitement curatif stop (de rattrapage). Certains producteurs utilisent exclusivement ce produit et ont abandonné le cuivre.

Ce produit fonctionne mieux sur feuillage humide, à partir de 120° heure depuis le début de la pluie contaminatrice et jusqu’à 300° (moment où le champignon de la tavelure pénètre dans la feuille). Il est peu persistant. Il est très efficace sur ascospores, moins sur conidies. C’est un produit corrosif.

La bouillie sulfo-calcique ne doit plus être utilisée une fois que les fruits basculent et que les températures maxi dépassent 28°C.

 En revanche, cette stratégie n’est possible uniquement sur des sols qui permettent les passages du pulvérisateur répétées en conditions humides dans le verger.

Le bicarbonate de potassium

Il est peu efficace sur les contaminations primaires de la tavelure. Les producteurs l’utilisent donc sur la tavelure secondaire, dans les 400° qui suivent la germination des spores. Il s’emploie sur feuillage humide.

Règlementation sur l’utilisation du cuivre

Depuis 2019, la règlementation européenne fixe une dose maximale d’utilisation du cuivre à 28 kg/ha lissée sur 7 ans (moyenne de 4kg/ha/an).

En fruits à pépins, ce seuil est tenu. La moyenne du groupe depuis 2012 oscille entre 3.28 kg/ha et 1.20 kg/ha. Du côté de la production de poires, la moyenne du groupe la plus basse se situe à 2.24 kg/ha et la plus haute à 4.34 kg/ha.