
Réduire l'utilisation des phytos en maintenant les performances économiques

Les agriculteurs sont regroupés autour de la commune de Pontorson, dans la baie du Mont Saint Michel. Ce sont majoritairement des éleveurs avec un atelier lait associé à un atelier bovin viande ou porcin. Les exploitations sont très variables en termes de taille des ateliers, de surface agricole utile (de 36,5 à 210 ha) ou encore de main d’oeuvre disponible (de 1 à 4 UTH).
Les structures visent un objectif de production élevée à la fois en élevage mais aussi pour les cultures afin d'être le plus autonome possible en fourrage et en paille. Deux types de systèmes de culture (SDC) y cohabitent : des SDC fourragers maïs ensilage /blé avec quelques prairies temporaires, et des SDC plus "céréaliers" avec du blé, orge, colza et maïs grain.
La proximité géographique favorise la cohésion et la convivialité du groupe car ce sont des voisins qui ont pour habitude de s’entraider dans les travaux agricoles. De plus, ils font face au même contexte : sols assez similaires, mêmes conditions climatiques, même pression des bioagresseurs, même contexte réglementaire. Ainsi, les résultats (réussites ou échecs) des essais chez l’un sont facilement échangés avec les autres agriculteurs car les conditions d’expérimentation sont proches. Cela permet une mutualisation optimisée des expériences et un gain de temps non négligeable dans la diffusion au sein du groupe mais aussi à l’extérieur.
Cultures principales : Maïs, blé, orge, colza, prairie temporaire
Spécificités du groupe : 100% en zone vulnérable, en bordure du périmètre du bassin versant du Sage Couesnon aval. En 2015, les agriculteurs ont fait le choix de se faire labelliser GIEE en créant l’association Ecoplaine 50. L’objectif général du projet GIEE est de réduire les impacts sur l’environnement (qualité de l’eau et changement climatique) des exploitations, tout en maintenant (voire en améliorant) leurs performances économiques et sans dégradation de leurs conditions de travail et du bien être de leurs animaux. Leur engagement dans DEPHY s’inscrit pleinement dans leur projet GIEE car il permet de travailler sur les axes réduction de l’impact sur les eaux et réduction des charges opérationnelles. La labellisation GIEE a été obtenue pour la période 2016-2025.
Le regard de l'ingénieur réseau :
Les agriculteurs présentaient, au moment de leur entrée dans le réseau DEPHY en 2012, des systèmes assez comparables et avec des niveaux d’IFT assez élevés. La première étape vers la réduction des produits phytosanitaires a été de se réapproprier la conduite de leurs cultures. Critères de choix des variétés, seuils de nuisibilité et reconnaissance des bioagresseurs sont autant de notions qu’ils ont dû réintégrer dans leur raisonnement. Les années dans le réseau doivent maintenant permettre d’évaluer l’impact de leur changement de pratiques sur les performances économiques de leurs systèmes. Il faut également travailler plus spécifiquement sur la gestion du désherbage afin de réduire l’IFT herbicides qui est resté au même niveau depuis 2012.
Les agriculteurs s'interrogent sur les indicateurs économiques pour piloter sereinement des changements de systèmes plus économes en phytos à travers ces deux points :
1.Les changements de pratiques de protection de cultures opérés depuis leur entrée dans DEPHY ont-ils impacté leurs performances économiques du groupe à l’échelle du système de culture et de l’entreprise agricole ?
2.Quels sont les indicateurs économiques pertinents pour piloter la gestion des bioagresseurs et limiter les risques de perte de rentabilité ?
Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement
-Gestion des adventices et réduction des IFT par désherbage mécanique
-Suivi de l'impact de la réduction de l’usage des produits phytosanitaires sur la qualité des productions intraconsommées par l’atelier élevage (mycotoxines)
-Fertilité et vie du sol : une meilleure résilience des plantes contre les bioagresseurs à travers un sol plus équilibré et fertile (couverts végétaux, méthode Albrecht, ...).
Résultats du groupe
Le groupe a réalisé une baisse sur 5 ans depuis 2012 de 21% de l'IFT total. Néanmoins, L'IFT herbicide stagne par rapport aux IFT fongicide et insecticide.
Témoignage de la structure :
Par son investissement dans l’ARAD², service de recherche et développement en innovation technique, le Cerfrance Normandie Maine a pour ambition d’aider les Cerfrance à accompagner les agriculteurs vers de nouveaux systèmes de production économiquement rentables et écologiquement responsables.
Son engagement actif dans le réseau DEPHY traduit de façon très opérationnelle cette ambition : contribuer à la production et à la diffusion de références sur des systèmes d’élevage plus économes en phytos !
Sylvain DELAHAYE,
Agriculteur et ancien Président de l'ARAD² et du Cerfrance Seine Normandie
En construction.