Diversité génétique : le riz traditionnel au secours de l'agriculture moderne
Le riz, l'une des principales cultures mondiales, fait face à de nombreuses menaces liées aux maladies, notamment en raison des monocultures. Pourtant, les variétés traditionnelles de riz, appelées "landraces", détiennent des clés essentielles pour renforcer la résistance des cultures. Une étude récente, réalisée grâce à un partenariat entre l'INRAe, le CIRAD et l'Université Agricole de Yunnan (Chine) et publiée dans Current Biology (libre accès juste ici) souligne l’importance de la diversité génétique dans la lutte contre les pathogènes et offrent des pistes prometteuses pour une agriculture agroécologique.
Les monocultures modernes, qui dominent l’agriculture de nombreuses régions, sont sélectionnées pour des traits spécifiques comme le rendement ou la tolérance à certaines maladies. Cependant, elles s'avèrent vulnérables aux épidémies, car leur patrimoine génétique limité ne leur permet pas de faire face à l’évolution rapide des agents pathogènes. Ce phénomène est particulièrement marqué dans la production du riz, exposant les cultures à des maladies comme la pyriculariose, un champignon dévastateur. En réduisant la diversité génétique, ces monocultures offrent peu de résistance à de nouvelles souches de pathogènes.
Des landraces de riz, c'est à dire des variétés traditionnelles qui ont évolués avec peu voire pas d'intervention humaine, ont été découvertes grâce à des recherches approfondies menées dans des régions rurales et des zones reculées. Parmi ces région, on pourra retenir notamment les terrasses de Yuanyang, où les agriculteurs cultivent ces variétés uniques depuis des siècles. Ces riz anciens sont souvent adaptés à des conditions locales spécifiques, et ils ont accumulé une grande diversité génétique, en particulier dans leurs systèmes immunitaires. Les scientifiques ont analysé ces landraces pour identifier des récepteurs immunitaires variés, notamment les récepteurs NLR, impliqués dans la détection des agents pathogènes. Ces variétés, étudiées dans la publication Current Biology, disposent d’un répertoire immunitaire bien plus étendu. Cette diversité leur permet de résister à une gamme plus large de maladies, offrant une alternative naturelle à l’utilisation massive de fongicides. La conservation de ces landraces est cruciale pour préserver ce patrimoine génétique et l’intégrer dans les variétés cultivées.
Les recherches de l'INRAE confirment ces observations et plaident pour une agriculture qui valorise la diversité génétique comme moyen de protection des cultures. En incorporant les gènes résistants des landraces dans les programmes de sélection modernes, il est possible de créer des variétés de riz capables de mieux résister aux maladies émergentes, tout en réduisant la dépendance aux produits chimiques. Une telle stratégie pourrait non seulement améliorer la sécurité alimentaire mondiale, mais aussi limiter l'impact écologique de l’agriculture intensive.
L'importance de ces découvertes repose sur leur potentiel à enrichir les programmes de sélection moderne, offrant ainsi des solutions naturelles pour protéger les cultures tout en réduisant la dépendance aux produits phytopharmaceutiques.