Quelles solutions contre la cécidomyie de la lavande et du lavandin ?
La cécidomyie de la lavande et du lavandin (également appelée cécidomyie de la lavande) est un insecte diptère volant. Les adultes sont actifs en hiver et viennent pondre leurs œufs sous l’écorce des plantes. Les larves, en se développant, provoquent une diminution de la circulation de la sève jusqu’à son arrêt complet, engendrant le dessèchement des rameaux. Les parties desséchées n’émettent pas de hampe florale, réduisant de fait la productivité du plant en huile essentielle. D’année en année, des plants entiers meurent.
Ce ravageur a été découvert dans les années 1930. Son expansion a vite été inquiétante, mais relativement rapidement maîtrisée par plusieurs générations d’insecticides dès la fin des années 1950. Avec le retrait progressif des insecticides efficaces, les attaques de cécidomyies sont redevenues problématiques dans les lavanderaies. A ce jour, les solutions autorisées ne permettent plus de contrôler ce ravageur. La pérennité même de ces cultures est en questionnement. Les dégâts causés par la cécidomyie sont cumulatifs d’année en année, et aucune rémission des parties attaquées n’est possible.
Les paragraphes présentés ci-dessous sont issus d'un document de synthèse bibliographique corédigé en 2024 par l'iteipmai et le crieppam.
Plusieurs projets sont actuellement en cours pour affiner la connaissance de ce ravageur, et tenter d'élaborer des méthodes de lutte efficaces pour endiguer son développement.

1. Le cycle de vie de la cécidomyie
>> Le cycle de vie - quelques points à retenir
Le nombre de cycles par an est très variable selon les espèces de cécidomyies. La cécidomyie de la lavande ne comporte qu’une seule génération par an.
L’adulte émerge du sol en hiver, entre janvier et avril selon les conditions climatiques. Sa durée de vie n’excède pas quelques jours et il se reproduit dans les heures qui suivent son émergence. Le vol des cécidomyies adultes s’étend sur une période durant 2 à 3 mois.
Chaque femelle pond en moyenne une dizaine d’œufs dans les anfractuosités de l’écorce des rameaux de lavandes et de lavandins.Les œufs évoluent en larves blanches qui deviennent roses-orangées, voire franchement rouges. En s’alimentant, les larves provoquent d’abord une diminution de la circulation de la sève, qui va jusqu’à son arrêt complet sur le rameau touché. Le stade larvaire dure 20 à 25 jours.
Autour du mois de juin, à la faveur d’une pluie, les larves mâtures se laissent peu à peu tomber au sol à la base des plants, où elles s’enfouissent sous 2 à 3 cm de terre. Elles sont capables de sauter sur plusieurs centimètres afin de trouver un site d’enfouissement favorable. Elles tissent un cocon avec de la terre et divers débris et en tapissent l’intérieur de soie. La nymphose ne se produit qu’à l’automne, sous terre, jusqu’aux émergences l’hiver suivant.
>> Alimentation de la larve et dégâts sur la culture - Quelques points à retenir
Les larves s’alimentent en pré-digérant le contenu des cellules de la plante, qu’elles aspirent ensuite. C’est ainsi que se développent des plages de nécroses qui tuent progressivement les rameaux puis les plants. La propagation du dépérissement est fonction de facteurs climatiques mais aussi de la densité et du positionnement dans la parcelle des cécidomyies.

>> Moyens de lutte - pistes de recherche
>> Prédateurs et parasitoïdes - Points à retenir
Les observations in situ semblent encourageantes quant au potentiel de développement d’une lutte biologique. Notons cependant qu’il ne semble pas y avoir eu d’études ultérieures sur la faune ou sur les maladies liées aux cécidomyies des lavandes. D’autre part, des observations de terrain ont été faites mais ne permettent pas de connaître l’impact réel de ces organismes sur les populations de cécidomyies. Les informations disponibles à l’heure actuelle sur les organismes prédateurs et parasitoïdes semblent assez parcellaires.
>> Mieux connaitre les périodes de vols
Dispositifs de piégeage et identification des phéromones
Des pièges à émergence ont été développés dès les années 50. Les pièges à émergence sont positionnés sur des plants qui se sont révélés symptomatiques au printemps précédant leur pose. Ces pièges sont constitués de fûts opaques avec 2 tubes en plexiglas orientés vers le sud et l’ouest. Lorsqu’un adulte sort de terre, il est attiré par la lumière et est piégé dans l’un des tubes.
Le CRIEPPAM a comparé les pièges à émergence avec une autre méthode, celle des bassines jaunes remplies d'eau. Les pièges à émergence et les bassines jaunes capturent un nombre similaire de ravageurs.
Les bassines jaunes reflètent mieux le vol réel mais sont fragiles : elles peuvent geler, se renverser ou être affectées par de forts vents (biaisant l'absence de capture), rendant les comptages impossibles.
Les pièges à émergence sont jugés plus fiables malgré le risque d'erreurs de positionnement. Le CRIEPPAM recommande d'utiliser les bassines en complément des pièges à émergence pour une surveillance optimale.
Des pièges à phéromones ont également été testés.
Les amandiers : indicateurs naturels d’émergence des adultes
En parallèle aux travaux de modélisation, le CRIEPPAM a également travaillé sur la date de floraison des amandiers en tant qu’indicateur d’émergence des adultes. La structure a confirmé que la floraison des amandiers mâtures a lieu en même temps que les grandes phases de vol des cécidomyies dans la majorité des observations. Cette information permet d’une part aux agriculteurs de disposer d’un indicateur simple sur l’émergence des adultes ; et apporte d’autre part des éléments pour la construction d’un modèle étant donné que la floraison des amandiers est connue et qu’elle a déjà été modélisée.
>> Les leviers d’action au niveau du sol
Différents essais ont été menés par les organismes de la filière (iteipmai, crieppam, Chambre d'agriculture de la Drôme) afin de perturber le cycle de développement de la cécidomyie. Des tests de buttage seul et de buttage associé à un griffage fréquent du sol ont été conduits.
Si aucun résultat concluant n'a été obtenu jusqu'à présent, ces pistes continuent d'être étudiées afin de perturber les cécidomyies lors des différents stades de son développement.
>> Des variétés plus ou moins résistantes
Les retours d’expérience des producteurs et les observations issues d’expérimentations ont été rassemblées par l’équipe du CRIEPPAM, qui a classé les variétés disponibles en France selon leur niveau de sensibilité. A noter : ces données sont susceptibles de changer en fonction du secteur de production. Le CRIEPPAM a publié ce tableau en 2023 :


>> Ressources utiles
>> Synthèse bibliographique

Afin de développer de nouvelles méthodes de lutte contre ce ravageur, un travail de synthèse bibliographique a été corédigé en 2024 par l'iteipmai et le CRIEPPAM.
Titre
>> Un symposium dédié aux cécidomyies
Le 14 mai 2024, l'iteipmai et le CRIEPPAM ont co-organisé un symposium à destination des producteurs, conseillers, chercheurs et acteurs de la filière lavandicole.
Cette journée a permis de faire un état des lieux des connaissances sur les cécidomyies en lavanderaie, mais également dans d'autres filières.
L'intégralité des présentations est téléchargeable sur le site de l'évènement.
>> Les bulletins de santé du végétal PAPAM

>> Cecilav - un projet de recherche en cours

A la suite du projet ayant permis la rédaction de la synthèse bibliographique, et la tenue du symposium, un autre projet a vu le jour : le projet CECILAV.
Débuté en 2024, il prendra fin en 2028
Piloté par l'iteipmai, et conduit par le crieppam, l'INRAE et le cirad.
Voir la page du projet sur le site de l'iteipmai ou sur la page ecophytoPIC
>> Objectifs du projet
Préciser le cycle biologique du développement de la cécidomyie (stade adulte, œuf, larvaire, cocon, pupe) afin de déterminer les points de vulnérabilité de la cécidomyie au cours de son cycle
Déterminer des facteurs variétaux influençant la fréquence d’attaques au niveau morphologique et phytochimique
Identifier des corrélations entre l’intensité des dégâts, des pratiques culturales et effets du paysage identifiées au travers de retours d’enquête de producteurs
Constituer un panel de parcelles regroupant différentes pratiques agricoles permettant le suivi d’attaques des cécidomyies
Rechercher des potentiels ennemis naturels de la cécidomyie (prédateurs, parasitoïdes,) au travers d’un panel de parcelles constitué
Étudier les interactions entre des pratiques culturales, le développement de la cécidomyie, le cortège des ennemis naturels et de l’environnement cultural
Identifier et tester des solutions de moyens de luttes alternatives
>> Quatre fiches techniques seront publiées en fin de projet :
Biologie de la cécidomyie
Impact des pratiques agricoles
Les ennemis naturels
Les moyens de lutte
Une journée technique de présentation des premiers résultats aura lieu en 2026.