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Cet espace a pour vocation de décrypter des problématiques à forts enjeux pour la protection des cultures. Il propose des centres de ressources pour accompagner les acteurs dans l'utilisation des alternatives existantes.
dephyferme

Fermes DEPHY Noix de Grenoble

Arboriculture Fruits à coque
Conduite de la vigne et du verger
Désherbage mécanique/thermique
Fertilité et vie des sols
Lutte biologique via substances naturelles et microorganismes
Régulation biologique et biocontrôle
Année de publication 2019
  (mis à jour le 28 mar 2024)
Carte d’identité du groupe
Structure de l'ingénieur réseau
Chambre d' Agriculture de l'Isère
Nom de l'ingénieur réseau
Ghislain BOUVET
Date d'entrée dans le réseau
2016
12
Nombre d'agriculteurs dans le groupe.
Présentation du groupe

Récemment, de nouveaux ravageurs et maladies sont apparus dans les noyeraies françaises : la mouche du brou en 2007 et des champignons du genre Colletotrichum en 2011. Si la filière nucicole du Sud-Est est dans une zone très fortement urbanisée où la demande sociétale de réduction d'intrants est très marquée, l'arrivée de nouveaux parasites et donc de nouveaux traitements phytosanitaires implique une révision des pratiques. C'est donc avec la volonté de réduire les intrants phytosanitaires tout en maintenant la rentabilité des exploitations qu'un groupe de 14 nuciculteurs s'est constitué en 2016. 10 exploitations iséroises et 4 drômoises dont une en Agriculture Biologique depuis 1996 se sont regroupées pour travailler ensemble sur un projet collectif : Améliorer l'efficience du piégeage de la mouche du brou pour réduire les interventions chimiques.
Depuis 2018, la problématique principale est désormais le Carpocapse (Cydia Pomonella). Lors du renouvellement du groupe (en 2021), qui compte dorénavant 12 fermes, le projet collectif s’est donc porté sur la gestion de ce ravageur. La gestion du rang reste aussi prioritaire avec la relance d'un essai de désherbage électrique en 2024 ainsi qu'un test de matériel de tonte de fabrication locale.

 

Culture principale : Noix

Spécificités du groupe : Un producteur en Agriculture Biologique depuis 1996, deux en conversion depuis la création du groupe.

Particularités de la région : AOP Noix de Grenoble, spécialisation des exploitations, forte urbanisation.

Partenariats locaux : La SENuRA (station d'expérimentation nucicole Rhône-Alpes), le groupe Fermes DEPHY Noix de Dordogne.

NOUVEAU ! Agenda 2024 :

- projet d'une démonstration d'un nouveau matériel de tonte fin avril-début mai et

- projet d'un essai de désherbage électrique en partenariat avec la SENuRA

 

Le regard de l'ingénieur réseau :

La filière nucicole en vallée d'Isère doit faire face a un double défi : maîtriser les nouvelles problématiques phytosanitaires, avec l'arrivée de la mouche du brou en 2007, du Colletotrichum en 2011 et de la recrudescence du carpocapse en 2018, et s'adapter à la pression urbaine et au contraintes et aménagements qui en découlent.

Le groupe DEPHY Ecophyto Noix a donc pour objectif ambitieux de réduire les interventions tout en maintenant la rentabilité des exploitations dans un contexte d'augmentation des pressions sanitaires (changement climatique) et sociales (urbanisation croissante).

En 2022 et 2023, la crise nucicole frappe de plein fouet les producteurs : il y a donc double nécessité de réduction des intrants, notamment phytosanitaire : une nécessité environnementale mais aussi économique.

Projet collectif, thématiques principales de travail et résultat du groupe

1) Le projet collectif : la gestion de la lutte contre le carpocapse de la noix

Le projet collectif du groupe est centré sur la gestion de la lutte contre le carpocapse du noyer, un ravageur dont la présence s’est renforcée depuis 2018.

Quelques informations sur cet insecte :

Le carpocapse, Cydia Pomonella, (photo ci-dessous), est un lépidoptère nocturne actif principalement au crépuscule si la température excède les 15°C. Le cycle du carpocapse conduit généralement à 2 générations (G1 et G2) par an, mais peut en réaliser une troisième (G3) sur noyer, comme ce fut le cas en 2018. Sur noyer, la première génération peut s'étendre de début mai jusqu'à mi-juillet, suivie par une G2 jusqu'à fin août et éventuellement une G3 début septembre. Les larves de l'insecte induisent des dégâts directement sur les fruits. Les dégâts précoces entrainent la chute des fruits et les dégâts tardifs rendent les noix non commercialisables. 

Carpocapse
Carpocapse adulte (crédit: La SENuRA)

Objectif du projet : Raisonner davantage et réduire les traitements contre le carpocapse.

Afin d'atteindre cet objectif, différents leviers sont étudiés :

  • Optimiser les interventions grâce au piégeage afin de déterminer les périodes de vols et donc les moments où les traitements seront les plus efficients. C'est un piège delta blanc, à l'intérieur duquel on dépose une capsule de phéromone sur une plaque engluée (figure ci-dessous). Il existe différentes capsules de phéromones sur le marché, la plus commune appelée GR1 est constituée de 1 mg de codlémone, la phéromone sexuelle femelle. Elle attire donc principalement les mâles. Avec cette capsule, le seuil d'intervention est fixé pour la première génération de carpocapses à 10 individus piégés sur 3 relevés consécutifs (1 relevé tous les 2-3 jours) et à 6 individus pour la seconde génération. En 2024, il est prévu de tester un piège autonome pour optimiser le suivi.
Piège delta
            Piège à carpocapse (crédit : La SENuRA)

 

  • La mise en place de la confusion sexuelle à l'aide de diffuseurs de phéromones. Ces derniers ont comme avantage de désorienter les mâles, ce qui limite les rencontres avec les femelles, permettant une régulation de la population de la génération suivante de carpocapse.
  • Passage au virus de la granulose, un insecticide microbiologique qui constitue une alternative intéressante aux insecticides chimiques. Le virus va se transmettre de génération en génération aux larves de carpocapse, entrainant à terme une réduction des populations. 

2) Les autres thématiques travaillées au sein du groupe

  •   Maladies :

Chez quelques producteurs, des stations météos ont été mises en place notamment pour suivre l'hygrométrie des parcelles ou l'humectation des feuilles. En effet, avec une hygrométrie et/ou une humectation importante, les risques de dégâts liés à l'anthracnose ou la bactériose sont plus importants. Un suivi météo permet donc d'identifier les périodes critiques et donc de décider, en parallèle d'observations sur les parcelles et des suivis du bulletin phytosanitaire de la région, les moments les plus opportuns pour traiter. Ce travail, commencé dès la mise en place du groupe va être renforcé en 2024 avec un suivi individuel des producteurs.

 

  • Gestion de l'enherbement :

Dans le groupe, nous avons cherché à réduire les doses de désherbants pulvérisées sur le rang et développer la mise au place du désherbage mécanique pour réduire la fréquence des traitements (IFT).

Plusieurs journées de démonstration de système de désherbage ont été organisées. En 2021, différents outils de désherbage mécanique ont été comparés. Pour cela, plusieurs concessionnaires ont été invité à démontrer l'efficacité de leur outil (photos ci-dessous) au sein d'une parcelle de noyer.

Outils de désherbage mécanique
Broyeur Broyeur
Broyeur Rang broyé

En 2022, une journée a été organisée autour du désherbage électrique, une méthode encore peu connue. Deux électrodes (photos ci-dessous), qui au contact de l'herbe créent un flux électrique qui va permettre d'éliminer la végétation sur le rang. Le visuel définitif est observable 3 semaines après l'intervention. 

Désherbeuse électrique
         Outil de désherbage électrique

 

En 2024, il est prévu de relancer la démonstration de désherbage électrique avec un suivi des résultats en partenariat avec la SENuRA.

Des tests avec des pâturages ont également été fait à Montmiral à partir de 2020. En 2023, ce sont 3 producteurs qui se sont lancés dans le pâturage ovin, accueillant un troupeau dans les vergers. Le résultat : réduction du broyage de 50 % à minima, 1 à 2 passages contre 4 habituellement.

  •  Amélioration de la vie biologique des sols grâce à l'implantation de couverts végétaux hivernaux :

Des couverts végétaux ont été mis en place chez 2 des producteurs. Un autre producteur a testé l'implantation pendant une année, mais par manque de matériel, il n'a pas renouvelé la mise en place du couvert. L'objectif est de tester l'effet de certains végétaux sur le tassement du sol et sur le gain en biodiversité auxiliaire.

Une journée a été organisée en 2021, pendant laquelle deux fosses pédologiques ont été creusées (photo ci-dessous); l'une dans un sol avec un couvert végétal, et l'autre dans un sol sans couvert semé. L'objectif est de comparer et de tester l'effet de certains végétaux sur le tassement du sol et sur le gain en biodiversité auxiliaire.

Fosse
                    Fosse pédologique
Pour plus d'informations sur le pâturage et l'importance de la biodiversité en noyer, nous vous invitons à consulter le document de la "Formation pâturage et biodiversité" réalisée chez Christian Nagearaffe en 2020.

 

3) Les résultats du groupe :

Dans la majorité des analyses qui vont suivre, nous étudierons des évolutions d'IFT : Indicateur de fréquence traitement. Pour bien comprendre à quoi correspond cet indicateur, il faut savoir que 1 IFT est 1 traitement phytosanitaire effectué sur l'ensemble du parcellaire à la dose homologuée du produit utilisé.

Graphique des IFT hors biocontrole
                              Graphique des IFT hors biocontrôle

Si l'on s'intéresse à l'évolution de l'IFT hors biocontrôle moyenné à l'ensemble des producteurs du groupe (graphique ci-dessous), on peut remarquer qu'il a augmenté de l'état initial (2014 à 2016 avant l'entrée dans le groupe DEPHY) à 2018. Le graphique suivant nous permettra de mieux comprendre cette évolution.

A partir de 2019, les IFT sont en baisse, jusqu'à atteindre 3 en 2022, soit une diminution de 40% par rapport à l'état initial. En 2023, les IFT passent sous la barre des 3. (synthèse de mars 2024).

 

Plus en détails, si l'on s'attache à l'évolution de chaque IFT, on peut identifier les résultats suivants :

Graphique des IFT par catégorie
Evolution du cumul des IFT de l'état initial à 2022, et courbe des précipitations d'avril à mai

Le graphique ci-dessus reprend l'évolution de l'ensemble des IFT, avec la proportion de chaque catégorie. Une courbe des précipitations y est aussi représentée, avec pour chaque année, la somme des précipitations d'avril à mai, période de sensibilité aux maladies (données basées sur la station MétéoFrance de Chatte (38160)).

 

  • Evolution des IFT insecticides et biocontrôles : Les IFT insecticides vont prendre en compte tous les produits phytosanitaires chimiques qui vont permettre de lutter contre les ravageurs. Le biocontrôle quant à lui se base sur des mécanismes naturels à base de micro-organismes, de macro-organismes, de phéromones ou de substances naturelles d'origine minérale, animale ou végétale. Les IFT biocontrôles vont être analysés en même temps que les insecticides, puisque dans la culture de noyers, les produits de biocontrôles homologués sont exclusivement des moyens de lutte contre les ravageurs. 

    Les IFT insecticides sont environ deux fois plus élevés que les IFT biocontrôles, comme par exemple en 2018 avec 2,02 contre 1,03. La somme de ces IFT donne le total des IFT concernant la lutte contre les ravageurs. En 2016, une forte pression mouche a été constatée, il y a eu donc une répercussion en 2017 afin de canaliser cette pression en augmentant les traitements. De même en 2018, avec une pression carpocapse importante qui a engendré, pour les années suivantes (2019 et 2020), une augmentation de la fréquence des traitements. D'une manière générale, les IFT sont restés stables, avec 2.91 à l'état initial, 2,62 en 2021, et une légère baisse en 2022 avec 2.06. En 2023, malgré une pression carpocapse en hausse, ils se maintiennent à un niveau bas.

    Avec l'augmentation de la pression, les producteurs ont su réagir tout en régulant leurs traitements; les suivis par piégeages des mouches et des carpocapses ont permis d'optimiser les passages. 

 

  • Evolution des IFT fongicides: Les IFT fongicides regroupent les traitements bactériostatiques, qui inhibent la multiplication bactérienne contre la bactériose, les traitements fongicides, qui détruisent les cellules fongiques et les traitements fongistatiques, qui inhibent la croissance du mycélium contre les anthracnoses. L'optimisation des traitements est difficile puisqu'il existe peu d'outils d'aide à la décision. 

    La part des IFT fongicides est la plus importante en proportion des autres catégories. Les années pluvieuses sont plus sujettes au développement des maladies et par conséquent les fongicides sont davantage sollicités, comme on peut le voir pour les années 2018 et l'état initial. A contrario, l'année 2022 fut particulièrement sèche, et l'utilisation des fongicides a été réduite. L'année 2021 est particulièrement intéressante, puisque malgré des pluies importantes durant la saison, les producteurs ont tout de même réussi à réduire leur IFT. Les producteurs changent leurs pratiques et possèdent une sensibilité à réduire les interventions. A noter qu'en 2023, le printemps pluvieux n'a pas permis une protection optimale.

 

  • Evolution des IFT herbicides: Les herbicides sont utilisés uniquement pour lutter contre les adventices qui sont situées sur le rang de noyer, puisque l'inter-rang est broyé. Cette surface représente environ 10% sur un hectare, une faible surface qui engendre un IFT relativement bas. A noter que les producteurs qui sont passés au désherbage mécanique ne sont pas pris en compte dans ce graphique, puisque les IFT nuls viendraient fausser les données de réduction. 

    Avec un IFT initial de 0,2, on peut remarquer qu'au fil des années les IFT diminuent progressivement avec 0,12 et 0,13 en 2018 et 2020, jusqu'à arriver à 0,08 en 2021 et 2022. soit une diminution de 57%. Même avec des précipitations importantes, notamment en 2021, les IFT ont continué de diminuer. La pluviométrie n'influence donc pas les traitements herbicides et la baisse des IFT n'est pas due à une sécheresse soudaine. Les producteurs ont donc réussi à diminuer leur dose de produits phytosanitaires, mais aussi la fréquence de leurs traitements. Cependant, la diminution des IFT herbicides, bien qu'importante, ne représente que 1 à 2% des IFT totaux cumulés. Il est donc important de remettre en perspective la baisse de quasiment 57% des IFT herbicides. 

    D'autre part, une information importante n'est pas représentée dans ce graphique; le nombre de personnes s'étant converti au désherbage mécanique. En 2014, 2 producteurs pratiquaient le désherbage mécanique, alors qu'en 2021, 6 producteurs se sont convertis, soit une vraie avancée vers l'arrêt du désherbage chimique. En 2023, malgré la crise économique qui a frappé la filière dès 2022, 4 producteurs pratiquent le désherbage mécanique dont 3 en AB.
     

 

(Pour plus d'informations sur les résultats du groupe et les méthodes mises en place pour réduire les traitements phytosanitaires, nous vous invitons à regarder les documents joints dans la partie "Production du groupe")

 

Témoignage de la structure :

 
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Ghislain Bouvet
Ghislain BOUVET
Ingénieur Réseau Déphy Noix du Sud-Est - Chambre d'Agriculture de l'Isère
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