Projet ROSA BIP
La culture du rosier se heurte à de nombreux problèmes de maladies et de ravageurs dont certains comme les thrips remettent en question la viabilité économique de la culture. La lutte chimique induisant des IFT très élevés, ce projet vise à observer l’efficacité de stratégies globales de protection innovantes basées sur l’utilisation de la lutte biologique couplée à de la lutte physique ou à l’application de biostimulants et de produits alternatifs.
Enjeux et objectifs
La culture du rosier, qu’il soit produit pour la fleur coupée ou en pot comme plante d’intérieur ou de jardin, la gestion des ravageurs et maladies génère des IFT en lutte chimique. Or, les exigences commerciales nécessitent l’obtention de fleurs ou plantes indemnes de défauts ou de dégâts.
Le précédent projet Ecophyto Expé Hortiflor a montré que la mise en œuvre d’une Protection Biologique Intégrée passant par des lâchers massifs d’auxiliaires d’élevage permet de réduire de 60 % l’IFT de cette culture. Mais, cette stratégie ne résout pas tous les problèmes parasitaires dont ceux du Thrips californien Frankliniella occidentalis et de l’Aleurode du tabac Bemisia tabaci qui sont difficilement contrôlables même avec la lutte biologique. L’Oïdium pose également de sérieux problèmes. La présence du Thrips californien peut d’ailleurs conduire à des impasses techniques majeures remettant en cause la viabilité économique.
De façon à lever les verrous existants des stratégies de Protection Biologique Intégrée actuellement mises en œuvre pour cette espèce, le projet Rosa BIP vise à évaluer l’intérêt de deux leviers complémentaires et innovants qui seront utilisés dans des stratégies globales en association avec la lutte biologique : soit l’utilisation de biostimulants et de produits alternatifs, soit la mise en place d’une lutte physique mécanisée par aspiration et par collage. La stratégie générale vise plus à combiner plusieurs méthodes de lutte plus respectueuses de l’environnement et à limiter au maximum les applications de produits phytosanitaires pour bénéficier le plus possible des services écosystémiques liés à la faune auxiliaire spontanée.
Les objectifs de ce projet sont donc de :
- Réduire drastiquement l’utilisation de produits phytosanitaires en culture de rosier tout en aboutissant à une qualité de production adaptée aux exigences du marché.
Les objectifs de production et de qualité sont d’atteindre :
- Un niveau de 90 % de fleurs commercialisables en fleurs coupées ou 90 % de plantes commercialisables en rosier de pépinière sans dégâts de ravageurs ou maladies.
- Un contrôle satisfaisant des populations de ravageurs et des maladies, c’est-à-dire que les ravageurs et maladies présents ne doivent pas entraîner de dégâts sur plus de 10 % des fleurs ou plantes commercialisables.
- Au terme du projet, de réduire l’IFT de 80 % en fleurs coupées et de ramener l’IFT du rosier de pépinière en dessous de l’IFT moyen des arbustes produits en pépinière.
Stratégies testées
Les stratégies de protection alternatives testées dans ce projet sont les suivantes :
- La lutte biologique sera la base de la démarche de protection qui sera mise en place dans ce projet. Des apports d’auxiliaires d’élevage seront réalisés mais la valorisation de la biodiversité fonctionnelle pour bénéficier dans les abris d’un cortège important d’auxiliaires indigènes sera favorisée par un environnement et des pratiques bénéfiques (réduction drastique des pesticides, nourrissage par du pollen, gestion et végétalisation des abords des abris, plantes de service).
- Il s’agit également d’introduire et d’évaluer des méthodes de lutte physique pour dépasser les limites de la lutte biologique contre les thrips et les aleurodes. Pour cela, une méthode globale de protection intégrée basée sur la lutte biologique associée à une lutte physique mécanisée par aspiration et par collage sera étudiée de façon à limiter le plus possible le recours aux applications de produits phytosanitaires. A cette fin, il est nécessaire de tester et valider les solutions physiques mécanisées de lutte par perturbation, aspiration et collage, appliquées régulièrement sur les cultures de rosier contre les ravageurs ailés, mais aussi d’observer les conséquences de cet usage sur les auxiliaires de façon à déterminer les modes d’intervention les plus efficaces et les fréquences optimales de passage. Les règles de décision des procédés de lutte sont à définir pour la lutte physique et à redéfinir pour la lutte biologique utilisée de façon concomitante avec la lutte physique.
- Pour lutter contre l’oïdium, l’application de biostimulants et de produits alternatifs de biocontrôle en association avec la lutte biologique sera évaluée pour éviter les traitements phytosanitaires. De même que pour la lutte physique, les règles de décision pour l’utilisation de ce programme de bio-stimulation sont à définir.
Résultats attendus
Les connaissances attendues à l’issue du projet porteront sur :
- La mise en œuvre de la lutte physique par aspiration et collage : conception du procédé, dimensionnement (vitesse et débit d’air), intégration dans le système serre, efficacité, mode d’utilisation (nombre de passage et fréquence), conditions d’applications, effets sur les auxiliaires, contre-indications.
- L’application de bio-stimulants et de produits alternatifs de biocontrôle : conditions de mise en œuvre, produits, fréquence d’applications, doses, efficacité, effets sur les auxiliaires, contre-indications.
- L’interaction de ces méthodes de lutte avec la lutte biologique et comment la lutte biologique doit être mise en œuvre dans le cas où d’autres méthodes de lutte sont associées, efficacité combinée …
- La microfaune auxiliaire spontanée présente et son rôle dans la protection.
Les livrables de ce projet seront :
- Fiche projet, fiches sites, fiches systèmes.
- Comptes rendus annuels des expérimentations.
- Une synthèse des résultats du projet en fin de projet.
- Publication de 3 articles sur le sujet étudié et les résultats dans la presse spécialisée (en année 2, 4 et 6).
- Rédaction de 4 fiches techniques : une sur la lutte physique, une sur l’application de bio-stimulants et de produits alternatifs de biocontrôle et une sur la valorisation de la biodiversité fonctionnelle en production sous abri. Une fiche technique sur la lutte biologique combinée avec la lutte physique et l’application de bio-stimulants et de produits alternatifs de biocontrôle sera également réalisée.
- Réalisation de posters (pour les portes ouvertes annuelles des stations partenaires).
Les livrables articles, fiches techniques sont destinés aux producteurs et à l’ensemble de la filière, aux techniciens horticoles et à l’enseignement technique horticole.