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Système Pommiers en agroforesterie sur l'inter-rang des noyers (AFIR) - Restinclières - ALTO

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IAE et lutte biologique par conservation
Lutte biologique par introduction
Mesures prophylactiques
Régulation biologique et biocontrôle
Valorisation des filières et qualité produit
Variétés et matériel végétal
Année de publication 2019
  (mis à jour le 06 Sep 2024)
Carte d'identité du système de culture
Pommier 'Dalinette' greffé sur le porte-greffe G202_Modalité AFIR_Fructification en 8ème année
Système conduit en
Agriculture biologique
Rattaché au projet
ALTO
Rattaché au site expérimental
Restinclières
- 80 % d'IFT
Objectif de réduction visé

La modalité "pommiers en AgroForesterie sur l'Inter-Rang des noyers" (AFIR) constitue une modalité intermédiaire entre un verger monospécifique conventionnel et le pommier implanté sur le rang des noyers d'ombrage, avec une baisse de production en 8ème année de 36% par rapport aux pommiers témoins.

Présentation du système

 

Conception du système

Dans le cadre de l'essai de pommiers en agroforesterie, ce système a pour objectif d'analyser le comportement architectural et le fonctionnement (croissance, ramification, floraison, fructification) de pommiers plantés en 2016 entre des rangs de noyers à bois plantés en 1995. Cette modalité d'agroforesterie constitue un cas intermédiaire de compétition entre pommier et noyer, entre les pommiers plantés sur le rang des noyers à bois et les pommiers témoins plantés hors noyers. 

À cet objectif de recherche s'est conjugué à partir de 2017, dans le cadre DEPHY EXPE, l'intérêt d'étudier également en quoi le contexte agroforestier modifie ou non les interactions pommiers-ravageurs et cortèges de prédateurs ainsi que de parasitoïdes.

Le choix du cultivar de pommier s'est porté sur 'Dalinette' C.O.V., résistant tavelure, préconisée en agriculture biologique, greffée sur le porte-greffe G202.

Dans le cadre général de cette expérimentation de recherche, cette modalité consiste à analyser les effets de distances moyennes de 6.5m entre noyers matures et jeunes pommiers sur la croissance et le fonctionnement de ces pommiers. Dans cette configuration, la réduction du rayonnement incident a été en moyenne de 42% par rapport aux pommiers témoins.

Les variables analysées sur le pommier sont l'architecture de l'appareil végétatif et la floraison/fructification.

Les effets possibles de ce contexte agroforestier sur 3 ravageurs du pommier (pucerons verts et cendrés ; carpocapses) et différents prédateurs (coccinelles, syrphes, araignées...) sont également analysés. Différents travaux ont été réalisés et sont accessibles sur HAL (voir les "Productions associées" en bas de page). Nous ne présentons ici qu'une synthèse réalisée sur les infestations par le puceron cendré et le carpocapse, sur pommiers matures âgés de 6 et 7 ans, en 2021 et 2022, respectivement.

Mots clés :
pommier - agroforesterie - noyer - agriculture biologique

 

Caractéristiques du système

Espèce Variétés Porte-greffe Mode de conduite Distance de plantation Année d'implantation Valorisation Circuit commercial 
Pommier Dalinette G202 Libre 6.5 x 1.3 (pommier-pommier) 2016 Non Non

 

Système d’irrigation : Goutte à goutte

Gestion de la fertilisation : Organique

Infrastructures agro-écologiques : Bandes enherbées et environnement général de la parcelle très diversifié

Protection physique : Non

Pommiers de 8 ans entre les rangs de noyers âgés de 29 ans
Objectifs

Agronomiques

  • Rendement : Identique aux Dalinettes en agriculture biologique
  • Qualité : non travaillé
Environnementaux
  • IFT : 1-3 des années 1 à 7 (couverture du puceron cendré uniquement) ; IFT 12 en année 8 avec couverture supplémentaire complète du carpocapse

Maîtrise des bioagresseurs

  • Maîtrise des adventices : Oui
  • Maîtrise des maladies  : Oui
  • Maîtrise ravageurs : Bio-contrôle

Socio-économiques

  • Marge brute : Sans objet
  • Temps de travail : Sans objet

Le mot de l'expérimentateur

Cette expérimentation ALTO s'est inscrite dans le contexte plus large de l'acquisition de connaissances sur la croissance végétative et la floraison-nouaison du pommier en situation agroforestière, en dessous de noyers à bois (pouvant limiter les températures excessives durant l'été) et avec un couvert de légumineuse herbacée en strate basse. Il s'agit ici de fournir de premiers éléments objectifs de l'intérêt agronomique potentiel de ce type d'agroforesterie multistrate en conditions méditerranéennes en explorant ici un cas intermédiaire de compétition entre pommier et noyer à bois (au minimum 6.5m entre pommier et noyer).

Stratégies mises en œuvre :

Il faut bien garder à l'esprit qu'en AB comme en AE, on est bien dans l'idée de combinaison de leviers, chacun étant moyennement efficace mais quand on les assemble, ils confèrent une efficacité généralement satisfaisante.

Gestion des maladies

Schéma décisionnel maladies

 

Leviers Principes d'action Enseignements
Prophylaxie Enlèvement des feuilles à l'automne Conjugué à la résistance du cultivar ‘Dalinette’ cette pratique est très efficace car il n’y a pas eu de tavelure pendant les 8 ans d’expérimentation
Cultivar de pommier Choupette ® Dalinette COV Variété résistante à la tavelure, tolérante au feu bactérien et à faible sensibilité au puceron cendré Efficace
Il n’y a jamais eu de tavelure sur les pommiers. Aucun contournement n'a été observé durant les 8 années de cette expérimentation. 
Porte-greffe G202 Tolérant aux maladies telluriques à Phytophotora (pourriture du collet) et Erwinia (feu bactérien). Efficace
Aucune infection durant les 8 années de l’expérimentation.

 

Gestion des ravageurs

Schéma décisionnel ravageurs

 

 

Leviers Principes d'action Enseignements
Cultivar de pommier Choupette ® Dalinette COV Faible sensibilité au puceron cendré
 
Très efficace tant qu’il n’y a pas de contournement
 
Fertilisation modérée
 
Niveau de fertilisation organique modéré  =>Puceron cendré  Efficacité partielle
 
Taille légère
 
Opérations de taille limitée à l’enlèvement en 5ème feuille* (2020) et 7ème feuille* (2022) de 1 à 2 branches très vigoureuses gênant l’arbre voisin
=> Puceron cendré 
 
Efficacité partielle en limitant la durée des périodes de forte appétence pour le puceron
 
Retirer les pommes au sol
 
Enlèvement systématique et mise hors de la parcelle des pommes chutées au sol et enlevées à l’éclaircissage manuel
=> Carpocapse
 
Efficacité partielle si les pommes sont exportées hors de la parcelle
 
Huile minérale:  Oviphyt
 
L’huile minérale Oviphyt gène la dissémination du puceron sur l'arbre. Elle est appliquée par aspersion sur les rameaux en 2 fois à la sortie d’hiver, une fois avant et une fois après le débourrement
=> Puceron cendré
 
Sur toutes les années, un effet modéré à fort
 
Confusion sexuelle : Rak® 3 Super
 
Provoque une confusion sexuelle chez le carpocapse, les empêchant de s’accoupler, ce qui freine le développement de leur population.
=> Carpocapse
 
Efficacité partielle à conjuguer avec les traitements anti-carpocapse (voir ci-dessous)
 
Bio insecticide à large spectre à base de Bacillus thuringiensis (Bt):  RAPAX Le Bt une espèce de bactérie utilisée pour ses propriétés insecticides. Ce produit de biocontrôle est utilisé pour remplacer les traitements de carpovirusine en période de fortes chaleurs (juillet et août). Il a été appliqué en 8ème feuille uniquement (2023) après constat d’infestations massives les années précédentes (jusqu’à environ 80% de fruits avec carpocapse en sortie de 3ème génération). 
=> Carpocapse
 
Le Rapax est un insecticide biologique efficace en période de fortes chaleurs
 
Carpovirusine : virus de la granulose
 
Les produits de biocontrôle Carpovirusine 2000 et Carpovirusine Evo2 provoquent une infection virale de la larve de carpocapse. 7 traitements de carpovirusine (alternance '2000' et 'EVO2’) ont été utilisés de mi-mai à fin août, en 8ème feuille uniquement (2023), après constat d’infestations massives les années précédentes (jusqu’à environ 80% de fruits avec carpocapse en sortie de 3ème génération
=> Carpocapse
 
Les produits 2000 et Evo2 sont moins efficaces en période de forte chaleur
Modalité agroforestière : AFIR
 
L'hypothèse testée avec les pommiers en agroforesterie avec les noyers est celle d'un effet de dilution car le carpocapse de la pomme est semblable au carpocapse de la noix
L'hypothèse testée avec le contexte agroforestier est qu'il agit sur 1) la vigueur de croissance du pommier le rendant moins appétent, ou appétent moins longtemps, et 2) directement sur les cortèges de ravageurs et prédateurs.
Si les systèmes avaient été plus éloignés physiquement (par exemple d'une centaine de mètres), peut-être que de plus grandes différences de résultat seraient apparues entre eux

 

* l’expression « en xème feuille » signifie « à la xème année de l’arbre » à partir de sa plantation 
 

Gestion des adventices

Schéma décisionnel adventices

 

Leviers Principes d'action Enseignements
Couvert de luzerne ou sainfoin entre les rangs Etouffement des adventices. Enherbement sur l’inter-rang,  fauchage quand nécessaire
Luzerne au début de l’expérimentation, puis sainfoin.
Sainfoin : peu vigoureux et difficulté de couverture de l’inter-rang
Paillage au BRF (bois raméal fragmenté) sur le rang Le paillage permet de cacher la lumière aux adventices pour limiter leur développement. Renouvellement du paillage 3 fois par an. Fauchage sur le rang quand nécessaire Ce paillage est moyennement efficace. Il permet d’éviter davantage de fauchage chaque année

 

Maîtrise des bioagresseurs

 Rappel de définitions :

Incidence  : nombre de pousses infestées

Sévérité : combien il y a de pucerons sur les pousses infestée

 

  Carpocapse Puceron cendré Puceron vert Tavelure Phytophora Erwinia
2019

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                

 

2020

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                

 

2021

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                

 

2022

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                

 

2023

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                

 

  Témoin (AC) AFIR Témoin (AC) AFIR Témoin (AC) AFIR Témoin (AC) AFIR Témoin (AC) AFIR Témoin (AC) AFIR

 

  Absence de bioagresseur
  Présence de bioagresseur, mais maîtrisé
  Bioagresseur non maîtrisé

 

Dans le tableau précédent, il faudrait mentionner le fait que le puceron vert était présent, mais avec de faibles incidence et sévérité.

 

 

Incidence puceron cendré

Projet ALTO

 

Sévérité puceron cendré

Projet ALTO

 

Il y a deux principaux ravageurs du pommier : le puceron cendré et le carpocapse.

Puceron cendré :

A traitements phytosanitaires identiques, la modalité AFR diminue l'infestation par le puceron cendré. D'après les graphiques ci-dessus :

- incidence : -71% en 2021, -76% en 2022

- sévérité : -65% en 2021, -96% en 2022

 

Carpocapse (non illustré car sur des effectifs faibles de fruits) :

- incidence (% d'infrutescences avec au moins un fruit infesté) : - 44 % en 2021 (par rapport au témoin AC)

- sévérité (% de fruits infestés) : - 44 % en 2022 (par rapport au témoin AC)

Ces différences sont uniquement visibles en fin de première génération (G1), mais la récolte étant "tardive" (octobre), d'autres générations ont eu le temps de se développer. Ainsi, arrivée à la récolte, la G2 et la G3 ont infesté les trois modalités sans différence significative entre elles.

Performances du système

Performance agronomique à l'arbre

Rappel de définitions :

Charge en fruit : c'est le nombre de fruit par centimètre carré de surface de la section du tronc, qui est donc fonction de la vigueur de l'arbre. Cela sert à homogénéiser entre les arbres (ex : un arbre très grand peut porter davantage de fruits qu'un arbre plus petit). Cette charge en fruit un indicateur du potentiel fructifère de l'arbre.

 

 

Les infestations récurrentes de carpocapse, sans traitement par le virus de la granulose, n'ont pas permis une évaluation fiable de la récolte des années 2018 à 2022, sur pommiers âgés de 3 à 7 ans. La bonne couverture du carpocapse en 2023, sur les pommiers âgés de 8 ans, a permis une récolte représentative de la productivité des arbres. C'est pourquoi ce graphique ne concerne que la récolte 2023.

On lit sur le graphique, qu'à charge en fruit identique sur les 3 modalités (5 fruits/cm² de section de tronc), la réduction de poids de fruits sur les pommiers AFR par rapport aux pommiers témoins est de 62 % par rapport au témoin AC.

 

Performance environnementale ;

 

Au cours de l'expérimentation, seuls des produits de biocontrôle ont été utilisés (voir les Stratégies de lutte contre les bioagresseurs plus haut). Dans le graphique ci-dessus, l'IFT biocontrôle augmente en 2023 à cause de la plus forte couverture contre le carpocapse.

 

Evaluation multicritère

Le graphique ci-dessus se lit en pourcentage de la référence. Par exemple, le rendement du système AFIR vaut 60 % de celui de la référence (autrement dit, 40 % de moins).

Pour rappel, le rendement ne concerne que les valeurs de l'année 2023.

Les IFT sont tous identiques car les systèmes ont été protégés de la même façon.

Entre les trois systèmes, il n'y a donc pas de différence, à part l'ombrage. En effet, les pommiers ont un peu moins poussé (rendement légèrement plus faible), mais l'ombre des systèmes AFIR et AFR a permis aux employés de travailler dans de meilleures conditions, puisque les arbres d'ombrage diminuent la température sous leur canopée (Marie Gosme, 2016). 

Si les systèmes avaient été plus éloignés physiquement (par exemple d'une centaine de mètres), peut-être que de plus grandes différences de résultat seraient apparues entre eux.

Zoom sur l'intérêt potentiel de cultiver du pommier en agroforesterie

On estime que, au-delà de 40°C, la physiologie du pommier est fortement et négativement impactée par la température, tant au niveau de son fonctionnement foliaire que de la qualité du fruit, avec dans ce dernier cas des phénomènes de coup de soleil (‘sunburn’ en anglais) qui rendent rapidement le fruit impropre à la consommation. On peut observer ces phénomènes dans diverses régions du monde, avec des printemps et des étés chauds et secs. Cela est particulièrement vrai dans la région méditerranéenne et tend à se répandre dans des régions de plus hautes latitudes en raison du changement climatique. La protection contre ces excès de température est généralement assurée par des filets d’ombrage présentant un coût important pour l’arboriculteur, tant pour l’installation initiale que pour leur remplacement tous les 5 à 10 ans. Dans ce contexte, l’agroforesterie, qui consiste à implanter des ‘arbres d’ombrage’ dans les systèmes agricoles, offre une alternative intéressante. Elle combine en effet une contribution à l’atténuation du changement climatique par stockage de carbone dans le sol, une diversification végétale du système verger et une protection efficace contre les excès de rayonnement solaire pour autant que la densité de plantation et la conduite des ‘arbres d’ombrage’ soit réfléchie en fonction de l’ombrage souhaité.

Sur la base de ces premiers résultats, et en vue d’un transfert en exploitation agricole, il y aura lieu de  développer une Recherche-Développement permettant de préciser les choix suivants :

  • espèces d’arbre d’ombrage à feuilles caduques, tant pour la densité de feuillage que pour la phénologie en visant une réduction maximale de 40% du rayonnement solaire incident,
  • cultivars de pommier les plus adaptés physiologiquement à des contextes d’ombrage,
  • dispositifs de plantation, au niveau spatial (orientation des rangs est-ouest ou nord-sud ?) et temporel (complantation de l’arbre d’ombrage et du pommier ou plantation échelonnée ?).
Transfert en exploitations agricoles

Les travaux d’expérimentation menés sur le dispositif GAFAM indiquent de premières pistes de transfert en exploitations agricoles aux 2 niveaux suivants :

  • dans un dispositif en rangs orientés Est-Ouest (le cas de cet essai), la modalité de plantation des pommiers dans l’inter-rang des noyers, à 6.5 m des rangs, est intéressante en protégeant des coups de soleil et en maintenant la production proche de rendement à l’arbre obtenu sur un verger de référence ‘Dalinette’ cultivé en AB dans la région (SudExpé, Marsillargues).
  • l’intérêt d’arbres d’ombrage à feuillage caduque et à feuillaison tardive permet une mise à fleur et une nouaison optimale des pommiers au printemps.
Pistes d'amélioration, enseignements et perspectives

Cette modalité de pommiers en agroforesterie, en rang orientés E-O, à 6.5 m des rangs de noyers à bois mitoyens, constitue une possibilité intéressante de culture du pommier en agroforesterie, bénéficiant d'un ombrage modéré (-42% de la lumière incidente), limitant ainsi les coups de soleil en cas de rayonnement excessif (en juin 2019, environ 10% de fruits brûlés contre environ 25% sur les pommiers témoins ; Lauri et al., 2022).

Comme pour toute expérimentation, nos résultats sont toutefois contingents aux choix initiaux et aux modalités de gestion : couple cultivar/porte-greffe, plantation de pommiers sur des noyers à bois âgés de 22 ans donc projetant déjà un ombrage relativement dense à partir de fin juin, production en agriculture biologique très bas intrants (IFT moyen de 1 à 3 selon les années sauf en 2023 où nous avons assuré, avec un IFT de 12, une couverture efficace du carpocapse permettant une récolte intéressante sur le plan agronomique).

Pour ce qui est des bioagresseurs, GAFAM a été mené en agriculture biologique. Les 2 points saillants sont

1) aucune maladie constatée sur toute la période.

2) ravageurs :

* le puceron cendré a été bien maitrisé avec 2 applications d'huile minérale en pré- et post-débourrement

* le carpocapse reste le ravageur critique sur la période d'étude. La seule bonne récolte n'a pu être réalisée qu'à la suite d'un programme complet de carpovirusine alternant, EVO2, 2000, et Rapax en été. La non couverture entre 2018 et 2022 a systématiquement conduit à des pertes de récolte estimées à 70 - 80%.  

Les perspectives de poursuite de ce premier travail, original sur le plan international, sont de 2 types :

- Exploration de la variabilité génétique du pommier. Il est possible que certains cultivars de pommier soient plus adaptés que d'autres à l'ombre. Des expérimentations futures devraient donc étendre la gamme de porte-greffe et de cultivars. Nous préconisons des porte-greffes de vigueur égale ou supérieure au G202 expérimenté ici. Pour ce qui concerne le choix du cultivar, il serait nécessaire de poursuivre cette expérimentation sous d'autres angles : cultivar peu demandeur de rayonnement lumineux tout au moins pour la bonne coloration et maturation du fruit (ex. 'Granny Smith' serait donc un bon candidat à tester dans cette optique), ou a cycle floraison-récolte plus court pour diminuer le temps d'ombrage sur le fruit (ex. cultivars à récolte estivale).

- Exploration de la diversité spécifique et de la variabilité génétique de l'arbre d'ombrage et de la conduite de ces arbres. Dans notre cas, si la question posée par le noyer à bois est celui de la juglone dont les effets négatifs sur la croissance ces plantes associées sont souvent mentionnés mais sans résultats probants de façon générale (cf Zubay et al, 2021, par exemple) le décalage temporel entre la floraison du pommier (fin mars-début avril dans nos conditions) et du noyer (environ un mois plus tard) permet une floraison et une nouaison de même qualité que celles des pommiers témoins. D'autres espèces à frondaison plus poreuse et à phénologie tardive devraient être expérimentées. Par ailleurs, dans le cadre de notre expérimentation, nous n'avons que peu taillé les noyers à bois. Une taille modérée maintenant un ombrage identique au cours des années consécutives devrait être incluse dans toute expérimentation future.

- Design temporel et spatial du dispositif de pommier en agroforesterie : une complantation de noyer et pommier serait à expérimenter, permettant au pommier de se développer au maximum de ses potentialités durant les 10-15 premières années, avec un arrachage des pommiers dès que leur production décline de façon excessive. Si, comme attendu, la modalité de pommiers sur les rangs de noyers (AFR) réduit de façon excessive la production, nous montrons l'intérêt potentiel de la modalité AFIR (pommier dans l'inter-rang des noyers). Pour cette modalité, une distance plus importante des rangs de pommiers par rapport aux rangs de noyers permettrait de mieux équilibrer l'ombrage nécessaire à la culture du pommier en contexte méditerranéen en limitant un excès d'ombrage préjudiciable à la croissance et à la fructification du pommier. 

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Références citées : 

  • Lauri, P.É., Pitchers, B., Simon, S., 2022. Designing a sustainable orchard - Plant diversity as a key and ways to implement it. Acta Horticulturae 1346, 19-26.
  • Zubay, P., Kunzelmann, J., Ittzés, A., Zámboriné, É.N.,  Szabó, K., 2021. Allelopathic effects of leachates of Juglans regia L., Populus tremula L. and juglone on germination of temperate zone cultivated medicinal and aromatic plants. Agroforestry Systems, 95, 431-442. https://doi.org/10.1007/s10457-020-00572-9.
Références et mémoires d'étude

Références citées : 

Mémoires d'étudiants (voir dans les "Production associées", en bas de page) :

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Pierre-Eric LAURI
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