
Réseau DEPHY Fleur 83

Localisé sur le littoral varois, le groupe se compose d'horticulteurs cultivant principalement l'anémone ou la renoncule, cultures phares de la région. Ces productions alimentent le marché aux fleurs de Hyères, 1er lieu de mise en marché de fleurs coupées de France. Maintenir une qualité "zéro défaut" tout en limitant l'usage de produits phytosanitaires, tel est le défi lancé par le réseau Dephy Fleur 83. Disposant d'outils de production performants (dispositifs hors-sol, sous serre ou tunnel), les exploitants visent avant tout la maîtrise de leurs conditions de cultures.
Systèmes de production : Fleurs coupées en hors sol sous abris
Lycées partenaires : Lycée Vert d'Azur Antibes
Partenariats locaux : Phila Flor, SICA MAF Hyères, Hyères Hortipole, CA 83
Le regard de l'ingénieur réseau :
Les principales problématiques phytosanitaires sont liées aux conditions climatiques: implantation de la culture délicate en été et floraison sensible aux maladies d'hiver.
Dans un contexte économique difficile, il est impératif de maîtriser la qualité ainsi que les volumes et calendriers des apports. De plus, la valorisation des productions passe par l'adoption de processus éco-responsables.
Les horticulteurs du réseau souhaitent échanger sur les méthodes de protections alternatives. A terme les outils développés au sein des fermes seront diffusés auprès d'un plus grand nombre d'entreprises.
Valoriser les productions d'anémones et renoncules par des méthodes de lutte alternatives :
Adopter des processus éco-responsables pour accéder à des labels environnementaux et renforcer l'attractivité de la filière.
Thématiques principales du groupe :
- Les micro-organismes et biostimulants en substitution aux fongicides
- OAD et épidémio-surveillance pour anticiper les problèmes parasitaires
- Optimisation des conditions climatiques sous abris pour diminuer les pressions fongiques
Autres thématiques travaillées par le groupe et pistes innovantes explorées collectivement
- La Protection Biologique Intégrée en substitution aux insecticides
- Toxicité et impact sur la santé et l'environnement des produits phytosanitaires
Résultats du groupe
- Les micro-organismes et biostimulants en substitution aux fongicides
L’objectif était d’améliorer les connaissances du groupe en matière de produits alternatifs aux pesticides : stimulants, biostimulants, SDN, champignons antagonistes...
A partir des résultats de la station, une stratégie préventive contre les maladies fongiques est proposée : les fongicides sont remplacés par des biostimulants en aérien ou racinaire et par des champignons antagonistes au niveau du sol.


Une stratégie plus ciblée contre les maladies du sol (en partenariat avec Lallemand et Racine) sera testée par le groupe en 2019.

L’ensemble du groupe n’a pas été convaincu par les biostimulants à effet SDN, en revanche les stimulants de croissance sont désormais bien intégrés dans les programmes de fertilisation.
L’usage des micro-organismes en substitution des fongicides ne fait pas l’unanimité car il est difficile d’en juger l’efficacité. Si un producteur en est très satisfait, une partie du groupe continue de les utiliser sans conviction tandis que l’autre a préféré les abandonner.
- Formation à l’épidémiosurveillance
L’ensemble du groupe a participé durant une campagne au projet IS@M, programme européen visant à développer des OAD en co-construction avec des entreprises.
L’objectif était de proposer au groupe de se familiariser avec un OAD, l’outil S@M (Dephy Expe- OTELHO) et de les impliquer dans la surveillance des cultures.
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L’année de suivi s@m a permis aux producteurs d’harmoniser leurs observations et d’alimenter le BSV Productions horticoles PACA.
L’amélioration des observations a modifié la stratégie de protection : les traitements sont beaucoup moins systématiques et davantage ciblés.
Si l’usage de l’OAD ne s’est pas maintenu, les entreprises contribuent toujours au BSV.

- Optimisation des conditions de culture
Le groupe est essentiellement composé d’horticulteurs reconvertis à la culture d’anémone ou renoncule peu de temps avant leur entrée dans le réseau. Cultivant historiquement des espèces à forte valeur ajoutée telles que la rose ou le gerbera, des raisons techniques (impasse de la lutte contre thrips) et/ou économiques (coût de l’énergie, concurrence de pays émergents), les ont redirigés vers des cultures moins énergivores. Ils disposent pour la plupart d’un outil de production plus performant que celui traditionnellement utilisé pour les cultures de fleurettes hivernales. L’ajout de technicité engendre pour ces cultures un gain en qualité, en précocité et sécurise les rendements.
L’objectif était pour tous d’améliorer le niveau de maitrise de leur équipement afin de l’adapter au mieux aux cultures d’anémones et renoncules.
Plusieurs réunions de groupe ont permis d’échanger sur la fertilisation, l’irrigation et la gestion du climat.

Pour l’ensemble du groupe, une meilleure gestion du climat et de la ferti-irrigation ont conduit à une baisse de la pression des maladies fongiques de façon générale. La diminution du nombre d’interventions contre le botrytis est forte chez un tiers des exploitations du réseau.
- Baisse de 45 % de l'IFT par rapport à l'entrée dans le groupe

- Limites et perspectives
La diminution des insecticides par la PBI avec l’utilisation des auxiliaires de culture était un levier initialement retenu à la création du réseau. A ce jour aucun producteur n’a souhaité le mettre en œuvre pour plusieurs raisons : le minimum de dégâts engendrés est non acceptable pour la commercialisation, le coût des lâchés est jugé trop élevé et le risque virus transmis par le thrips en début de culture est trop important.
Au niveau du négoce l’exigence de qualité prévaut encore sur le profil écologique des productions et pose une limite à la baisse des produits phytosanitaires dans la filière fleurs coupées.
L’entrée dans le réseau en 2019 d’un nouvel horticulteur labélisé HVE ouvre une voie intéressante pour la valorisation des productions à faible consommation de pesticides de synthèse.
Témoignage du directeur de la structure:
ASTREDHOR Méditerranée Scradh s'implique depuis 2012 dans le réseau DEPHY EXPE et il nous est apparu logique et important de poursuivre notre action d’innovation à travers le réseau FERME. Le choix s’est naturellement porté vers un produit phare régional pour lequel nous disposons de voies de progrès nombreuses et prometteuses, ainsi qu’un groupe de producteurs très impliqués. Avec le réseau Fleur 83, nous souhaitons faire progresser l’ensemble des producteurs du bassin et améliorer l’impact commercial de la production régionale.