Le réseau historique "DEPHY Ouest Gironde" créé en 2011 est en grande partie semi-urbain. Il se veut être représentatif de la viticulture girondine. Les tailles des fermes, leurs débouchés commerciaux et les types statuts juridiques sont différents. Cette diversité permet d’enrichir le débat lors des réunions de groupes. Malgré cette apparente hétérogénéité du groupe se sont révélés de nombreux points communs tout au long des 10 ans passés ensemble.
Les points clefs du réseau :
- Taille des exploitations différente (8 ha à 350 ha).
- Organisations structurelles différentes (main d’œuvre familiale, salariés, associés).
- Types de productions différentes (vendeur de raisins, vinificateur en vrac, coopérateurs, chais particuliers).
- Débouchés commerciaux diversifiés (vente vendange en vrac et/ou en bouteilles).
- 50 % des membres du réseau DEPHY Ouest Gironde sont soumis au cahier des charges en Agriculture Biologique (AB).
- 60 % sont des exploitants contributeurs d’expérimentations pour des essais visant à réduire les intrants phytosanitaires, aux bénéfices d’organismes institutionnels (INRAE, IFV et la Chambre d’agriculture de la Gironde).
- Les 3 exploitations des EPLEFPA Bordeaux-Gironde.

Cépages principaux : Merlot noir, Cabernet-Sauvignon noir, Sémillon blanc, Sauvignon blanc

Spécificités du groupe : Amélioration de l'efficacité de la pulvérisation des produits phytosanitaires

Lycées partenaires : EPLEFPA de Bordeaux Gironde (Montagne (Saint-Emilion), Bommes (Sauternes), Blanquefort (Médoc))

Avec 6 exploitations en AB et 3 engagées en zéro herbicide, la thématique de reconversion du vignoble s’est imposée à l’ensemble du groupe, suite à des échanges fréquents et des visites dans d’autres réseaux DEPHY dans le Sud-Ouest. L’enjeu de reconception des itinéraires techniques est devenu crucial dans leurs actes de production économes d’intrants. Depuis plus de 10 ans, certaines fermes ont repensé leurs systèmes de cultures pour s’affranchir de l’utilisation du glyphosate. Car le sol remplit une multitude de fonctions importantes pour nos sociétés : il constitue le support sur lequel se développent les activités humaines. Il sert de substrat aux végétaux et aux cultures agricoles et engendre le milieu de vie d’une faune abondante.

Bien que les viticulteurs du réseau se soient préoccupés activement de la protection des sols et leur degré de contamination, ils ont tout de suite perçu qu’une analyse chimique basée sur le dosage d’un certain nombre de polluants spécifiques ne suffisait pas à caractériser les déséquilibres engendrés par leurs pratiques. Ce processus de maturation a facilité le choix de la thématique de préservation des sols, des pollutions diffuses, de l’érosion et de leur perte de potentiel productif. Le groupe a décidé d’avoir une vision globale de l'agrosystème en lien avec les écosystèmes environnants au même titre que la gestion des bio-agresseurs. Pour le rendre chaque système de culture plus stable, donc moins vulnérable aux maladies cryptogamiques et aux ravageurs du vignoble.

Thématiques principales du groupe

L’objectif de ce réseau est de produire des outils simples et efficaces fait par des viticulteurs pour des viticulteurs. En proposant des itinéraires techniques basés sur les profils des ilots de production, des fiches techniques de réglages des appareils de travail du sol, et des fiches de points de vigilance dans les changements de pratiques culturales sur une exploitation. Le but étant de modéliser chacun des itinéraires de production développés dans les exploitations en particulier les itinéraires qui permettent une forte diminution d’intrants. Le travail sera d’évaluer les changements pratiqués dans le cadre technique, sociologique et économique. En effet depuis 10 ans les fermes des réseaux ont subi des changements qui ont impactés leurs process de productions. En utilisant des leviers de :

• Substitution comme l’abandon des herbicides, en réalisant de la tonte intégrale ou du travail mécaniques des sols, l’utilisation des engrais vert.
• Efficience comme le réglage des appareils de traitements, des appareils de travaux des sols. le recours différencié des travaux en vert, les choix des pratiques culturales en fonctions des atouts et des contraintes des ilots de production, l’utilisation des OAD, des témoins non traités.
• Reconception d’itinéraires techniques comme le passage de certaines exploitations en AB ou Biodynamie.

Résultats du groupe 

Unique réseau DEPHY (filière viticole) ayant choisi dès 2012 l’amélioration de l’application des traitements phytosanitaires comme thématique de groupe. Le réseau DEPHY Ouest Gironde a produit un grand nombre de productions sur la qualité de la pulvérisation dans le but de limiter les pollutions diffuses (dérives, pertes aériennes et au sol). Les productions du sont diverses par leurs formes et leurs supports mais les 2 essentiels sont :

• Réunions techniques ou ateliers participatifs appelés « les marathons de la pulvé ». Ces ateliers ont été déclinés au sein des autres réseaux suivis par la Chambre d’Agriculture de la Gironde. Ils ont pour objectif de renforcer les échanges de pratiques de connaissances sur les réglages et la maintenance des appareils de traitements.
• Travaux pratiques (TP) auprès des élèves de BTS du Lycée agroviticole de Dillon. Ces TP créé en 2016, est une première en France. Il  est le fruit d’un travail commun du réseau DEPHY Ouest Gironde, et de l’EPLEFPA de Bordeaux-Gironde, avec l’appui de conseils techniques de la MSA de Gironde, IFV Bordeaux-Gironde et de la Chambre d’Agriculture de la Gironde.  Les objectifs de ces TP sont de placer les élèves en situation professionnelle, pour les sensibiliser aux enjeux de l’utilisation des produits phytosanitaires, en prenant en compte les critères de santé, d’environnement et de techniques de réglage de la pulvérisation. 3 axes de formation sont abordés lors de ces TP pour comprendre les enjeux de cette opération dans le processus de production viticole.

 La sécurité de l’opérateur, les élèves sont formés aux choix des traitements à utiliser en fonction de leur mode d’action et du classement éco-toxicologique. Ils apprennent également à choisir et porter les EPI appropriés aux produits utilisés. Et enfin a adopté des bons gestes lors de la préparation des bouillies.

 La technique, ils doivent apprendre les principes du réglage des appareils de traitements et les appliqués en ayant intégré les intérêts de cette démarche.

 L’analyse, ils sont confrontés lors de la mise en œuvre d’un traitement aux contraintes réglementaires et aux impacts écologiques que peuvent avoir les produits utilisés.

Depuis 2012, le réseau DEPHY Ouest Gironde a maintenu une dynamique positive de diminution des intrants phytosanitaires. On note une légère augmentation des IFT depuis 2018. Cette tendance à la hausse s’explique par l’accumulation de plusieurs facteurs qui ont fait accroître mécaniquement les IFT :

•     Des millésimes plus marqués par la pression maladie, avec de forts épisodes pluvieux lors  des périodes de grande sensibilité de la vigne.
•     Des changements de stratégies de lutte contre les maladies et les ravageurs qui nécessitent des ajustements de méthodes et d’organisations.
•     L’utilisation de produits dont le mode d’action ne permet pas une couverture optimale la protection des vignobles.
•     Evolution des doses homologuées des produits phytosanitaires. Si l’utilisation aux champs de certains produits cupriques a peu évolué dans la pratique (car déjà bas), les doses d’homologation de ces mêmes produits ont eu tendance à diminuer suite au réhomologation depuis 10 ans ce qui augmente automatiquement les IFT.
•     Des stratégies avec une part de biocontrôles en progression qui viennent parfois en complément et non en substitution des programmes de protection des vignobles.

Cette tendance ne paraît pas être significative. Car la diminution des IFT semble reprendre son cours à la baisse au regard des millésimes de 2021 et 2022.