Réduire les IFT insecticides en vigne ?
L’invasion des vignes par le phylloxera au 19ème siècle, a marqué la viticulture européenne par son importance économique et sociale dramatique. (accès à la fiche Base ABAA phylloxera).
Gustave Foex déclarait en 1900, «L’histoire de l’Agriculture ne nous a conservé, à aucun moment et pour aucune autre plante cultivée, le souvenir d’une crise aussi grave que celle traversée par les vignes de l’ancien continent lorsqu’elles furent envahies par le Phylloxéra».
Ses conséquences ont été phénoménales et ont conduit à la mise en œuvre d’une méthode alternative à l’échelle de la planète, même si des méthodes chimiques à base d’injection de sulfures au niveau des racines avaient été précédemment mises en place. Le phylloxéra est désormais présent dans tous les vignobles du monde. La récente crise phylloxérique survenue en Californie au début des années 1990, provoquée principalement par l’emploi massif d’un porte-greffe insuffisamment résistant au parasite, ainsi que la présence parfois importante de la forme gallicole sur V. vinifera dans certains vignobles, nous rappellent qu’il faut rester vigilants.
Désormais, la préoccupation principale des viticulteurs est toute autre. En 2019, en France la valeur moyenne de l’utilisation des insecticides représentait seulement 10% des IFT avec des différences régionales (Source : Agreste).
Les synthèses produites en vigne par le réseau DEPHY permettent aussi de s'en rendre compte (voir ci-contre). On note que les IFT insecticides sont toujours plus importants dans les vignobles concernés par les traitements obligatoires contre la cicadelle vectrice de la flavescence dorée (Bordeaux, Sud-Ouest, Charentes, Languedoc-Roussillon). Le biocontrôle a ainsi sa place dans les vignobles en absence de cicadelles vectrices.
En Italie, un groupe de chercheur a travaillé sur le prototype d’un outil électro-magnétique exerçant une confusion sexuelle en provoquant des vibrations propagées par les fils de palissage et empêchant ainsi la reproduction des cicadelles dans le cadre du projet PURE (voir ci-contre).
Les autres insectes pouvant causer des dégâts en vigne sont de lépidoptères (tordeuses des grappes) ou hémiptères (cicadelles des grillures). Ces problématiques restent relativement locales et ponctuelles et des solutions de biocontrôle sont disponibles (confusion sexuelle, insecticides biologiques, macro-organismes) permettant aux viticulteurs de réduire potentiellement l’usage des insecticides. De même, de nombreuses études conduisent à faciliter la lutte par conservation afin de développer les auxiliaires pouvant maîtriser en totalité ou en partie ces ravageurs. Cette méthode a particulièrement porté ses fruits vis-à-vis des acariens rouges via l’installation et le développement d’acariens prédateurs, plus particulièrement les typhlodromes.
Dans la synthèse des trajectoires Viti du réseau DEPHY Ferme, il est noté que le nombre de leviers mobilisés pour la réduction de l’usage des insecticides est plus faible que pour la réduction des fongicides. Les leviers d’efficience (optimisation de l'application, observations) sont les plus cités, avec principalement le raisonnement des applications à l’aide d’observations ou de bulletins techniques. En complément, le recours au biocontrôle représente 23% des citations.
On dénombre différentes sortes de tordeuses : Cochylis , Eudémis, Eulia , Pyrale de la vigne. Plusieurs méthodes alternatives sont désormais disponibles notamment sur les deux premières qui sont les plus importantes au niveau du vignoble. Ces méthodes font toutes l’objet d’une action CEPP.
- Tout d’abord la confusion sexuelle qui nécessite l’implication des viticulteurs sur une zone géographique donnée mais qui donne pleinement satisfaction. (CEPP confusion sexuelle).
- Des trichogrammes ont été récemment mis sur le marché. (CEPP trichogrammes).
- Enfin, des bio-insecticides à base de Bt peuvent être utilisés. (CEPP Bt).
De nombreux viticulteurs des groupes DEPHY Ferme ont adopté ces techniques et notamment la confusion sexuelle (consulter une fiche trajectoire DEPHY à ce sujet). Il est important de ne pas oublier l’existence de parasitoïdes naturels qui dans un environnement adapté peuvent contribuer à la régulation de chenilles de tordeuses (exemple de Campoplex capitator).
Concernant les cicadelles des grillures, des produits de biocontrôle à base de kaolinite calcinée, peuvent être employés. Cette méthode fait également l’objet d’une action CEPP kaolin. Elle a été testée par plusieurs viticulteurs du réseau DEPHY FERME (voir ci-contre).
Ici encore, on peut signaler la présence naturelle d’un parasitoïde oophage Anagrus atomus. Dans le cadre du projet DEPHY Expé Ecoviti Val de Loire, l’implantation de rosiers a été testée pour favoriser les parasitoïdes de la cicadelle verte. Une fiche système, un focus thématique et une présentation lors du colloque DEPHY Expé (mai 2019) abordent les résultats de cette expérimentation (voir ci-contre).
Enfin, il est important de noter l'émergence de nouveaux ravageurs comme Drosophila suzukii, arrivée en France en 2014, qui peuvent impacter certains vignobles.
Dans certains vignobles méditerranéens, des attaques de mouche méditerranéenne Ceratitis ont été signalées. Cette mouche peut être contrôlée grâce à des systèmes de pièges, répertoriés comme action CEPP Pièges à mouches.