Santé humaine
En raison même de leurs propriétés intrinsèques, les produits phytopharmaceutiques représentent un risque pour la santé humaine en cas d’exposition inopinée. Leur utilisation est une opération sensible qu’il convient d’entourer de précautions particulières (évaluation des risques, substitution des produits dangereux par des produits qui ne le sont pas ou qui le sont moins et mesures préventives), tant au niveau professionnel que lors d’une utilisation à titre personnel.
Les risques d’exposition et les effets sur la santé humaine peuvent être limités par la mise en place de mesures de protection (en privilégiant les mesures de protection collective par rapport aux mesures de protection individuelle) à destination des personnes appliquant des produits phytopharmaceutiques mais également pour les riverains et les consommateurs de produits alimentaires.
Santé et sécurité au travail
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- Les risques chimiques professionnels :
Les produits chimiques peuvent avoir des effets sur l’être humain et son environnement. Dans le milieu agricole, cela concerne les produits phytopharmaceutiques ainsi que les autres familles de produits chimiques comme les solvants, les fumées de soudage, l’amiante, les biocides ou encore les produits d’entretien mécanique, etc. Le risque chimique touche toutes les entreprises du régime agricole, et en particulier les cultures, jardins espaces verts et l’élevage.
- La prévention des risques :
La prévention des risques chimiques s'appuie sur les principes généraux de prévention. Elle repose notamment sur une identification de la dangerosité des produits et sur une évaluation des risques exhaustive et rigoureuse. La prévention du risque chimique peut se faire à plusieurs niveaux :
- en amont, lors de la conception du matériel d’application et des produits ;
- sur l’exploitation agricole, avec l’organisation du travail, la conception des lieux et postes de travail, le choix des produits, des procédés et des équipements de protection, le stockage des produits et des équipements, l’entretien du matériel, l’hygiène, la gestion des déchets et des effluents.
Plus d’informations sur le site du ministère de l'agriculture
- La réparation professionnelle :
La réparation professionnelle des travailleurs passe par la création et le déploiement récent du fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) et par l’actualisation des tableaux de maladies professionnelles afin d’améliorer le régime commun de réparation des maladies liées à une exposition professionnelle.
Voici quelques exemples de tableaux de maladies professionnelles agricoles en lien avec des produits chimiques :
- le tableau n°58 : maladie de Parkinson liée aux pesticides,
- le tableau n°59 : hémopathies malignes liées aux pesticides,
- le tableau n°61 : cancer de la prostate lié aux pesticides notamment la chlordécone.
A noter l’existence de Comités Régionaux de Reconnaissance des Maladies Professionnelles (CRRMP) qui permettent la reconnaissance de l'origine professionnelle d'une maladie dans les cas où il n'existe pas de tableaux de maladie professionnelle ou dès lors qu'une victime ne remplit pas l'une des conditions prévue dans un de ces tableaux.
Santé de la population générale
On y retrouve notamment des articles concernant :
- Les risques et impacts pour la santé humaine :
Les principales connaissances sur les effets aigus des produits phytopharmaceutiques sont issues d’observations rapportées chez des travailleurs et de cas d’intoxications documentés par les centres antipoison et de toxicovigilance. Les manifestations peuvent se limiter à des signes locaux : irritations cutanéomuqueuses, réactions allergiques cutanées ou oculaires, vomissements, toux, gêne respiratoire ou traduire l’atteinte d’un ou plusieurs organes ou systèmes (système nerveux, foie, rein notamment).
Concernant les effets chroniques, des études épidémiologiques ont mis en évidence des liens entre l’exposition aux produits phytopharmaceutiques et le risque d’apparition de pathologies cancéreuses, neurologiques ou encore de troubles de la reproduction, en particulier en milieu professionnel. Si les études épidémiologiques menées chez des travailleurs exposés à des doses plus élevées, de façon plus fréquente, attestent du danger, l’estimation du risque pour la population générale ne peut pas être directement transposée de ces études en raison d’incertitudes sur les relations doses-réponse (des relations entre expositions et effet sur la santé). Certains produits phytopharmaceutiques possèdent aussi des effets perturbateurs endocriniens, qui ne dépendent pas de la dose. En outre, des études épidémiologiques identifiées dans les expertises collectives scientifiques de l’Inserm (2013 et 2021) ont attiré l’attention sur les effets d’une exposition, même à faible intensité, au cours des périodes sensibles du développement (in utero et pendant l’enfance).
Il est néanmoins difficile par le biais d’études épidémiologiques d’établir un lien de causalité entre l’exposition à une substance précise et l’apparition d’une maladie. Il demeure en effet complexe d’identifier précisément les substances auxquelles un individu a été exposé tout au long de sa vie – on parle d’exposome – et de prendre en compte les expositions cumulées à tous types de produit. Outre l’exposition à des substances chimiques (dont les produits phytopharmaceutiques), la population est potentiellement exposée à d’autres facteurs de risque de diverses pathologies (polluants atmosphériques, médicaments, tabac, alcool, rayonnements ultraviolets, déséquilibres alimentaires, stress psychologiques et socio-économiques…). Enfin, les susceptibilités individuelles, en particulier génétiques, doivent également être prises en compte dans l’expression des effets sanitaires en lien avec les produits phytopharmaceutiques.
- Les riverains :
Le cadre réglementaire actuellement en vigueur prévoit des dispositions en matière de protection des riverains qui subordonne l'utilisation des produits phytopharmaceutiques à la mise en œuvre par l'utilisateur de mesures de protection qui tiennent compte du matériel et des techniques d'application, et qui soient adaptées au contexte. Ces mesures sont formalisées dans une charte d'engagement départementale, après concertation avec les riverains ou leurs représentants. Lorsque les mesures ne sont pas mises en place ou ne vont pas dans l'intérêt de la santé publique, l’État peut prendre des mesures de restriction ou d'interdiction à proximité des zones concernées.
- Les consommateurs :
Dans les aliments, la réglementation détermine des limites maximales de résidus (LMR), pour chaque produit phytopharmaceutique et pour une denrée définie, qui ne doivent pas être dépassées afin de garantir un niveau d’exposition le plus faible possible aux consommateurs. L’Etat contrôle les résidus de produits phytopharmaceutiques dans les denrées alimentaires (absence de dépassement des LMR) et vérifie si les produits et leur utilisation sont conformes à la réglementation (respect des bonnes pratiques, absence de substance interdite, etc.).
L’eau du robinet fait l’objet d’un suivi sanitaire régulier, de façon à en garantir sa qualité pour la population. Ce suivi comprend la surveillance exercée par la personne responsable de la production et de la distribution d’eau et le contrôle sanitaire mis en œuvre par les agences régionales de santé (contrôle des produits phytopharmaceutiques à la ressource et en sortie des stations de traitement). Les produits phytopharmaceutiques font également l’objet d’un suivi régulier (surveillance et contrôle sanitaire) dans les eaux en bouteille (à la ressource et dans l’eau conditionnée).