Gestion des maladies foliaires en betterave

Gestion des maladies foliaires en betterave : cercosporiose, oïdium, rouille et ramulariose
Les maladies du feuillage sont présentes chaque année dans les parcelles betteravières. Elles présentent un risque de perte de rendement et de qualité très variable selon de nombreux facteurs climatiques, agronomiques et variétaux. Ces dernières années, on observe une progression importante de la cercosporiose, y compris dans des zones à dominante historique rouille / oïdium, en parallèle d’une perte d’efficacité des fongicides et notamment des strobilurines.
La gestion des maladies foliaires est une stratégie globale qui commence par un choix variétal adapté, sous peine de contribuer à l’augmentation des IFTs fongicides. De plus, la surveillance est essentielle pour positionner les interventions : une intervention fongicide trop tardive contre la cercosporiose n’est pas rattrapable et peut entrainer une baisse significative de rendement. De même, une intervention trop précoce peut être inutile si la maladie ne se développe pas d’avantage par la suite. Lorsqu’elles sont mal contrôlées, ces maladies foliaires peuvent entrainer de 15 à 20 % de pertes de rendement.

Il est important de bien identifier les premières taches de maladies foliaires, et de ne pas les confondre avec des maladies sans préjudice, comme la bactériose à Pseudomonas.
L'outil DIAGBET ravageurs, maladies & auxiliaires de la betterave permet à partir d'une clé de reconnaissance de bien différencier les maladies. De plus, le guide BetaGIA aide à l'identification des maladies et donne tous les éléments pour gérer une attaque.
Etant donné la montée en puissance de la cercosporiose, une fiche spécifique détaille sa biologie et son épidémiologie, les facteurs de risque et les méthodes de lutte.
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Base Auxiliaires Bioagresseurs et Accidents
La base ABAA permet d’accéder à différentes ressources d'identification sur ces maladies, notamment les liens vers les sites Ephytia (Portail de la santé des plantes de l’INRAE) et OEPP (Organisation intergouvernementale chargée de la coopération et de l’harmonisation dans la santé des plantes).








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Un réseau d’observation spécifique
Un réseau spécifique de suivi des maladies foliaires, dénommé "RESOBET-FONGI" a été mis en place par l'ITB dès 2007 et intégré depuis 2009 au dispositif de Surveillance Biologique du Territoire (SBT) afin de suivre chaque semaine l'évolution des maladies sur des parcelles de référence et d'adapter la protection à la pression réelle de la parcelle avec la méthode IPM (Intensité de Pression Maladie). Cette méthode permet, après prélèvement de 100 feuilles, de déterminer le pourcentage de feuilles atteintes. Lorsque le seuil est atteint par l'une des maladies, une intervention fongicide est déclenchée avec un produit adapté. Ce réseau a été intégré
Les observations sont saisies dans l'outil Vigicultures et permettent d'alimenter l'outil 'Alerte Maladies'. Après validation, elles sont synthétisées dans les Bulletins de santé du Végétal (BSV) et complétées par des conseils dans les notes d'informations régionales. Le dernier bilan de 2023 permet de confirmer la montée en puissance de la cercosporiose.
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L'outil 'Alerte Maladies'
L'ITB propose une carte interactive des seuils d'interventions, pour lutter contre les maladies foliaires.






L'utilisation d'une variété tolérante permet de garder un feuillage sain jusqu'à l'automne, notamment pour les arrachages les plus tardifs. Elle facilite la gestion de la protection, en permettant d'économiser dans certains contextes une intervention en végétation. De plus, le recours à une variété tolérante permet d'obtenir un certificat d'économie de produits phytosanitaires (CEPP), et fait partie des solutions pratiques proposées dans le contrat de solutions.
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Utilisation de variétés tolérantes aux maladies foliaires de la betterave sucrière

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La liste des variétés recommandées par l'ITB selon le ou les risque(s) sanitaire(s) majeur(s)

- Ajuster l'irrigation au plus près des besoins de la parcelle
L’irrigation favorise le développement de la cercosporiose par l’augmentation de l’humidité relative au niveau du couvert et du sol. Aussi, une irrigation positionnée juste après un traitement peut entrainer des pertes d’efficacité en lessivant le produit.
- Détruire les cordons de déterrage en mesure prophylactique
Les repousses de betteraves de ces cordons peuvent abriter divers parasites et maladies de la campagne précédente, en particulier des spores de cercosporiose. Leur destruction avant le début de la nouvelle campagne permet de limiter le risque d'infestation.
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L'outil Irribet pour gérer l'irrigation
L'outil permet d'identifier à partir de quel moment une irrigation est nécessaire.

Les maladies fongiques en culture biologique peuvent avoir un impact important sur le rendement. Le risque du développement de chaque maladie va dépendre de la situation géographique de la parcelle.
Les leviers à mettre en œuvre pour lutter contre les maladies sont l’utilisation de variétés tolérantes, et l’utilisation de produits homologués pour l’agriculture biologique.

Raisonner la protection fongicide c'est positionner les interventions au bon moment (ni trop tôt, ni trop tard), utiliser les produits adaptés à la situation parcellaire, mais aussi modérer son coût, et limiter l'IFT.

L’utilisation répétée de fongicides avec le même mode d’action peut entrainer des phénomènes de résistance. Pour éviter le phénomène de résistance ou d’accoutumance des champignons responsables des maladies du feuillage, il est recommandé d’utiliser des fongicides en alternant les modes d’action. Une note commune concerne la stratégie anti-résistance en betterave.
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Evaluation de la résistance de la cercosporiose aux fongicides
Le constat d’une baisse d’efficacité des produits traditionnels contre la cercosporiose a conduit l’ITB à la création du projet RECIFE (2019-2021), en partenariat avec l’INRAE et l’ANSES pour évaluer les résistances du champignon aux différents fongicides utilisés en France : tous les résultats ont été présentés dans le cahier technique du Betteravier Français n°1139 en pages 3 et 4. Suite à ce projet, l'ITB poursuit des études au laboratoire pour connaître les différentes souches de cercosporiose et leurs résistances aux fongicides.

La cercosporiose étant de plus en plus difficile à combattre, et de plus en plus problématique dans les zones betteravières, plusieurs projets visent à élargir les connaissances de cette maladie pour trouver de nouveaux moyens de lutte :
- le projet SUGAR (2021-2024) a pour objectif d'évaluer la virulence des différentes souches de cercosporiose collectées dans le cadre d'une étude préalable. Les premiers résultats sont accessibles ici.
- De plus, le projet CERCOCAP (2020-2023) a pour objectif d'améliorer le pilotage de la cercosporiose par couplage entre modèle agroclimatique et capteurs connectés avec le développement d'un Outil d'Aide à la Décision complet à partir de l'observation au champ et du risque agro-climatique, pour une information en temps réel du risque cercosporiose.
- Pour appuyer ses recherches, l'ITB a coordonné le projet Phenaufol, visant à s'équiper d'un robot de phénotypage des maladies foliaires, en collaboration avec l'INRAE et l'UMR Agroécologie de Dijon : tous les résultats accessibles ici.
