Punaises phytophages en arboriculture fruitière : le cas particulier de Halyomorpha halys, la punaise diabolique
Les punaises phytophages en arboriculture fruitière sont nombreuses. En arboriculture fruitière, des dégâts significatifs et parfois importants ont été observés ces dernières années sur certaines parcelles notamment en noisetiers, poiriers, pommiers et kiwis.
Ce Dossier spécial, se basant sur des sources accessibles à tous, se focalisera sur Halyomorpha halys, dite punaise diabolique. Il doit permettre à chacun de trouver des réponses fiables quant à l’évolution des moyens de protection disponibles contre ce ravageur. Il sera mis à jour en fonction de l’actualité, des avancées de recherche, etc.
La punaise diabolique, Halyomorpha halys (Stål, 1855), est un Hémiptère de la famille des Pentatomidae, originaire d’Asie du Sud-est, où elle est un ravageur important sur cultures fruitières et maraîchères. Elle a été importée aux Etats-Unis puis en Europe depuis 2004. Elle a été observée en France pour la première fois en 2012 en Alsace. Il s’agit d’une espèce invasive et elle a depuis été signalée sur l’ensemble du territoire français. Très polyphage, elle est un ravageur majeur pour les cultures fruitières mais aussi sur cultures légumières.
Avec l’évolution des connaissances, et de par sa présence envahissante, de nombreux documents paraissent et se complètent, à l'image de la note de synthèse produite par le CTIFL parue en 2021 et de l'article de disponible ci-dessous, avec l’aimable autorisation de Phytoma – La santé des plantes.
1. Identification et biologie du ravageur
Identification
L’adulte est une punaise de grande taille qui mesure 12 à 17 mm de long pour 7 à 10 mm de large, son corps est coloré de plusieurs teintes de brun plutôt foncées, densément marqué de points sombres. Pour les adultes l’absence d’épine ventrale ainsi que le schéma des antennes permettent de différencier Halyomorpha halys des autres punaises.
Malgré tout, la punaise diabolique Halyomorpha halys peut être facilement confondue au stade adulte avec, notamment, deux autres punaises. En revanche, les stades larvaires, pas plus que les ooplaques, ne permettent la confusion.
Biologie
La température optimale pour réaliser son cycle est de 24 degrés, mais plus les températures sont élevées et plus le cycle se réalise rapidement. C’est pourquoi, le nombre de générations pourra évoluer dans l’avenir en cas d’élévation des températures. La punaise réalise une métamorphose dite incomplète, la larve ressemble à l’adulte.
2. Les méthodes de lutte
Il n’existe pas encore de stratégie de lutte simple et efficace contre Halyomorpha halys. Il faut jongler et conjuguer les différentes solutions. On parle davantage de maîtriser cette punaise que de l’éliminer.
Les dégâts se manifestent par des piqûres provoquées par l’appareil buccal des adultes ou des larves sur les organes végétaux des plantes. Les enzymes digestives rejetées induisent des nécroses aux abords de la piqûre. Le pic d’activité se situant pendant la période estivale, les dégâts sur fruits, proche des récoltes, ont donc des conséquences économiques importantes en provoquant une déclassification commerciale, voire une perte de récolte.
La stratégie de protection insecticide est très limitée en France, en production fruitière intégrée (PFI) comme en agriculture biologique (AB). La plupart des insecticides présentés comme efficaces, organophosphorés, néonicotinoïdes ou étofenprox de la famille des pyréthrinoïdes sont interdits d’usage en France sur arbres fruitiers. Une stratégie fondée uniquement sur des applications insecticides est insuffisante pour une lutte efficace et devra tenir compte des différents stades.
Le piégeage
Les piégeages permettent de déterminer une dynamique de population sur la saison et ainsi de travailler sur la modélisation. C’est une piste intéressante afin d’optimiser toutes les techniques alternatives développées pour lutter contre les punaises, permettant d’utiliser chaque levier au bon moment. Les phéromones utilisées sont des phéromones d’agrégation. Les pièges vont préférentiellement attirer des punaises dans un état physiologique les incitant à se regrouper et donc plutôt en fin de saison. Ainsi, ces installations de pièges doivent être associées à des frappages réguliers, dans les cultures et dans les haies à proximité, en particulier en début de saison à la sortie d’hivernage.
Les protections physiques
Les filets insect-proof (mono-rang, mono-parcelle) donnent des résultats intéressants (filets de type Alt’carpo).
Dans les situations de pression punaise élevée, les filets installés en mono-parcelle ou en mono-rang ont montré une efficacité significative en pommier comme en poirier (voir les résultats du projet Supor).
Pour que l’efficacité du filet mono-rang soit optimale, il faut qu'il soit le plus hermétique possible au niveau du tronc. En effet, la pénétration des punaises dans le verger se fait beaucoup par le déplacement de la strate herbacée vers les troncs et branches des arbres plutôt que par le vol des adultes.
Un nouveau projet, Bugs Buster (voir l'encart Projets de recherche ci-dessous) cherche à évaluer la faisabilité et l’impact d’une lutte mécanique en verger comme moyen de lutte complémentaire aux outils existants dans un contexte de réduction de recours à la lutte chimique
Les plantes de services (avec option Attract and Kill)
Le principe des plantes pièges repose sur le fait de leurrer la punaise en lui proposant une culture secondaire (sorgho, tournesol, millet) plus appétente que la culture à protéger, et qui sera ensuite éliminée afin qu’elle ne se transforme pas en réservoir.
Encore en test, les résultats présentés sur noisette suggèrent un effet de la méthode durant les deux premières semaines de juillet sur la punaise verte des bois et la punaise diabolique. Néanmoins, la portée de ces premiers résultats reste limitée et de nouveaux essais doivent être conduits pour améliorer le dispositif.
La lutte biologique
Cette lutte utilise des parasitoïdes de punaises (Trissolcus japonicus acclimatation et dispersion naturelle, Trissolcus mitsukurii, Anastatus bifasciatus, Ooencyrtus telemomicida etc.), qui se regroupent en deux catégories principales : les parasitoïdes de larves et ceux d’œufs.
Des ennemis naturels comme les coccinelles ou les forficules peuvent également être des prédateurs potentiels.
3. Les projets en cours
De nouvelles méthodes de lutte sont en cours d’évaluation dans ce projet (2023-2025 porté par SudExpé) dont l’objectif est d’évaluer la faisabilité et l’impact d’une lutte mécanique par soufflerie/aspiration en verger.
Déclenchement des méthodes de lutte en fonction de la maturation ovarienne des punaises.
L'objectif de ce travail vise à développer un système de surveillance automatisé intégrant l'acquisition d'images par l'utilisation de drones et la détection de H. halys grâce à l'intelligence artificielle (IA).