Réseau Fermes DEPHY Noix du Sud-Ouest
Le Réseau Fermes DEPHY Noix du Sud-Ouest composé, depuis 2017, de 12 agriculteurs répartis sur l’ensemble de la zone nucicole représentative de la production départementale et régionale. Les agricultrices et agriculteurs du Réseau sont soucieux de partager leurs expériences sur la conduite de leurs vergers afin que toute la profession bénéficie de ces évolutions des techniques visant à améliorer la performance tant environnementale que économique et sociale, des exploitations. Les membres du Réseau affichent une grande diversité (surface, système, âge,...), une excellente complémentarité et surtout la volonté commune de participer à un collectif ayant pour finalité l’intérêt du plus grand nombre. En effet, parmi les membres sont représentés des adhérents des 5 différents organismes du bassin de production (coopératives, négociants, grossistes,...) : la diffusion des améliorations de pratiques est ainsi facilitée !
Culture principale : Noix (variétés AOC et non-AOC)
Spécificités du groupe : Noix bio (dont 1 exploitation en Biodynamie et plusieures en arbo-pastoralisme) et Noix conventionnelle
Partenariats : Station Expérimentale de Creysse (46) - GIEE Cuma Virginie St Cyprien - Groupe Technique Noix du Sud Ouest - BSV Noix Sud-Ouest - Fermes DEPHY Noix de Grenoble
Le regard de l'ingénieur réseau :
Le groupe DEPHY Noix du Sud-Ouest est avant tout un groupe d'échange visant à valoriser la technicité, l'ingéniosité et les expériences individuelles de chacun de ses douze membres afin de donner une impulsion à toute la filière.
Autour de ce groupe gravitent d'autres collectifs de la profession comme la Station Expérimentale de Creysse (46) et le Groupe Technique Noix du Sud-Ouest. Dans un contexte de concurrence mondialisée, de pressions sanitaires en constante évolution (hausse de l’impact des maladies fongiques) et de changement climatique de plus en plus pesant (sécheresses successives participant à l’affaiblissement des arbres), il est essentiel de renforcer les échanges entre recherche et terrain.
Parce qu’une exploitation agricole environnementalement pertinente se doit d’être pérenne économiquement et gratifiante pour le producteur, le groupe DEPHY travaille collectivement pour concilier ces trois axes : économie (rendement, qualité, charges), environnement (biodiversité, ressources naturelles) et social (conditions de travail, épanouissement personnel, reconnaissance).
Au-delà de l’échange au sein du groupe lui-même, c’est finalement la discussion avec tous les autres producteurs, y compris d’autres filières arboricoles, qui est visée.
29 Juin : Journée Technique du groupe DEPHY lors de l'évènement "Élevage et Territoire", Meyrals (24), entrée libre et gratuite toute la journée. Repas sur place possible.
Intervention et démo machinisme DEPHY de 10h-11h : Casotti, mixbox, pose de confusion par drone etc. Après-midi : stand permanent avec la Station Expérimentale de Creysse et démonstration de blanchiment d'arbres par drones.
Pour plus de renseignements : 06.75.73.20.01
Une réduction de l'IFT tangible
Depuis le début du groupe en 2016, l'IFT moyen a enregistré une nette baisse (- 40%) ; tandis que le recours aux solutions de biocontrôles est plus ou moins stable avec le temps. La raison de ce plateau concernant l'utilisation du biocontrôle est le contexte économique de la filière, parfois difficile, qui restreint l'achat des intrants alternatifs, souvent moins abordables.
À noter que la substitution d'intrants "classiques" par des intrants "alternatifs", n'est qu'un des nombreux leviers vers des pratiques agricoles plus durables.
De manière encore plus marquante, l'IFT médian du groupe a lui diminué de 81%, sans impact identifié sur le rendement !
Mais que ce cache-t-il derrière cet IFT ?
Les années 2022 et 2023 ont été particulièrement favorables aux anthracnoses, collétotrichums et autres cortèges de champignons. L'impact sur la récolte et la santé des arbres fut conséquent malgré des traitements fongiques suivants les recommandations en vigueur. Par ailleurs, à l'échelle du bassin de production, certaines exploitations en difficulté financière, ont dû faire des impasses sur les traitements fongiques et/ou insecticides.
En conclusion, il est urgent de trouver des moyens de traiter moins (avec des produits moins dangereux) mais aussi mieux (avec une meilleure efficacité et à moindre coût) !
Ré-Orientation du groupe vers la lutte contre les maladies (2021-2026)
Après une première période de travail très enrichissante et encourageante, portant sur les luttes alternatives contre les ravageurs, le groupe a décidé d'orienter sa démarche vers les maladies (fongiques ou bactériennes).
En effet, les pratiques alternatives telles que la confusion sexuelle du carpocapse, l'application de barrière physique ou encore l'hyperlocalisation d'insecticide contre la mouche du brou de la noix rayonnent à présent dans la filière nucicole. Un travail de diffusion sera poursuivi mais le groupe DEPHY vas orienter à présent ses efforts vers la lutte raisonnée (ET efficace) contre les anthracnoses et autres maladies.
Les axes de travail du collectifs sont :
- Réduire et rationaliser l'usage du cuivre : combinaison de la lutte avec des engrais foliaires contenant de très faible quantité de cuivre et d'oligo-élèments, fractionnement de la dose de bouillie bordelaise selon les prévisions météo et la modélisation, biostimulants...
- Renforcer l'efficacité de la prophylaxie visant à réduire l'inoculum des anthracnoses et de colletotrichum : broyage(s) des feuilles, produits de biocontrôles, engrais azoté, arbo-pastoralisme
- Améliorer la résistance des arbres aux stress abiotiques (sécheresse) et favoriser la santé du sol grâce aux couvert végétaux et à la gestion de l'enherbement sur le rang
- Se former et informer sur les maladies du verger : identification, connaissance de leurs cycles et du fonctionnement des produits de luttes
- Explorer des leviers de lutte multi-cibles : barrière physique protégeant simultanément du soleil, de la mouche du brou et des maladies, test de produits stimulants, choix variétal etc.
Concrètement, les objectifs du collectif sont :
- à rendement égal, une réduction de l'IFT fongicide sur la période 2022-2026
- une meilleure tenue des feuilles en fin d'été et une meilleure reprise des arbres au printemps
- moins de dégâts sur les noix causées par les maladies (quantitativement et qualitativement)
Avec autant que possible, un transfert des pratiques AB vers les exploitations PFI :
- l'utilisation de fongicides autorisés en AB exclusivement
- la diminution du désherbage chimique sur le rang en vergers adultes
- démocratisation de la confusion sexuelle du carpocapse et de l'hyperlocalisation d'insecticide contre la mouche du brou de la noix.
Premiers résultats
D'abord préconiser pour la lutte contre la mouche du brou et les coup de soleil, l'utilisation de lait de chaux semble également limiter la sporulation de certains champignons pathogènes. En effet le lait de chaux, au pH fortement basique, rendrais la surface de la feuille hostile à la germination des spores.
La dose et les périodes d'application optimales ainsi que l'efficacité sur la chute des fruits et le gain économique restent encore à préciser.
En parallèle, trois nouvelles variétés créées localement par la Station Expérimentale de Creysse s'annoncent prometteuses vis-à-vis de leur tolérance aux bioagresseurs : Germaine, Charlette et Dorianne.
Témoignage de la structure :
La préservation de la richesse de notre environnement associée à la rentabilité et la pérennité de nos exploitations, a toujours été au cœur des préoccupations de la Chambre d’agriculture de la Dordogne ; elle correspond vraiment à une attente sociétale dans un département où agro-tourisme et vitalité des territoires sont directement dépendants des progrès faits en matière de protection des productions agricoles. Nous voulons être le facilitateur et le catalyseur de cette dynamique de groupe que permettra d’atteindre cet objectif de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires.
- Julien Michau, Chef département Dynamiques Environnementales et foncières Chambre d’agriculture de Dordogne.
La nuciculture du Périgord au service du maintien de la qualité de l'eau et de la préservation de la biodiversité.
Malgré ces enjeux environnementaux, la récolte est au rendez-vous !
Période 2017-2021
Thématiques de travail du groupe :
1. Réduire l’utilisation des herbicides par le recours à des méthodes alternatives.
2. Lutte contre la mouche du brou : mettre en place le piégeage massif comme alternative à l’utilisation des insecticides et une gestion adaptée de l’enherbement de l’inter-rang pour permettre de maintenir une biodiversité favorable.
3. Lutte contre le carpocapse : développer la confusion sexuelle à la place de la lutte chimique.
4. Gestion de la bactériose et des maladies fongiques : réduire l’utilisation de cuivre et tester de nouveaux produits de biocontrôle.
5. Tester des appareils de traitement permettant d’utiliser des barrières physiques (argile). Localiser les insecticides afin de réduire les doses utilisées.
Autres thématiques innovantes explorées collectivement :
1. Tester différents outils de travail sur le rang pour remplacer le désherbage chimique.
2. Gérer la lutte contre la mouche du brou sans utilisation d'insecticide.
3. Mettre en place des couverts végétaux en période hivernale .
1. Réduire l’utilisation des herbicides par le recours à des méthodes alternatives :
- les largeurs des bandes désherbées ont été réduites dans la totalité des exploitations entraînant une réduction des IFT herbicides qui sont passés de 0.7 en 2016 à 0.1 en 2020 soit une réduction de 85 %,
- le choix a été fait de réduire le nombre d’interventions herbicides grâce à l’implantation de couverts végétaux sur une exploitation. Aujourd’hui, cette pratique « diffuse » dans d’autres exploitations et d’autres filières (prune).
- 1 exploitation sur 12 (8 %) a fait le choix fin 2020 de passer en BIO, induisant de fait un arrêt des herbicides,
- 1 exploitation sur 12 (8 %) devrait également passer en conversion BIO en 2022,
- 1 exploitation sur 12 (8 %) a fait le choix de ne plus utiliser d’herbicides durant le printemps et l’été bien qu’étant en conduite conventionnelle,
- 1 exploitation sur 12 (8 %) avait fait le choix, depuis de nombreuses années, du pâturage par des animaux (moutons) ; elle est aujourd’hui l’objet de toutes les attentions et de nombreuses visites de la part d’autres nuciculteurs de plusieurs régions.
Une rencontre technique sur le thème les « Alternatives pour l’entretien sous le rang des noyers » a réuni le 06 septembre 2018 plus de 150 participants (vidéo Alternatives pour l'entretien sous le rang des noyers) et a donné lieu à un article dans "Réussir le Périgord" : des outils et de l'herbe.
2. Lutte contre la mouche du brou :
- En 2020 a été mis en place la méthode du « push and pull » sur 4 vergers du groupe DEPHY afin de tester cette méthode dans différentes conditions pédoclimatiques et avec différentes variétés afin de réduire les populations de mouche dans les zones très infestées pour utiliser une moindre quantité d’insecticides, un compte-rendu de ces démonstrations a été réalisé.
- Au cours de ces 4 années le recours aux organo-phosporés (phosmet) a été banni avec pour objectif de respecter l’environnement, des insectes pollinisateurs et auxiliaires.
Un compte-rendu est consultable : Mise en place d'un Essai de Lutte Alternative contre la Mouche du Brou
Ainsi qu'une vidéo sur l'Hyperlocalisation comme lutte contre la mouche du brou
Et une Fiche Pratique Remarquable sur l'Hyperlocalisation d'insecticide
3. Lutte contre le carpocapse :
- Mise en place d’une démonstration pour une nouvelle méthode de confusion sexuelle (paintball).
- Développement du lâcher de Ginko Ring par drones (vidéo de démonstration et article de France 3 consultable )
Des résultats d'études sont consultables : Mise en place d'un Essai de Confusion Sexuelle du Carpocapse sur Noyer et Etude de l’Influence des Facteurs Environnementaux et des Pratiques Culturales sur la Présence du Carpocapse.
Ainsi qu'une vidéo : Des solutions respectueuses de l'environnement contre les ravageurs des noyers
Et une Brochure sur les méthodes de lutte alternatives existantes.
4. Gestion de la bactériose et des maladies fongiques : cf. Projet collectif 2022-2026
5. Tester des appareils de traitement permettant d’utiliser des barrières physiques (argile). Localiser les insecticides afin de réduire les doses utilisées :
- Une rencontre technique sur le thème les « Réglage pulvérisateur et utilisation d’argile en barrière physique » a réuni le 03 juillet 2019 plus de 80 participants et fait l’objet d’article dans Réussir le Périgord (plus de 6000 abonnés) : Biocontrôle de la Mouche du Brou par Pulvérisation d'Argile
Période 2022-2023
1. Utilisation des méthodes de lutte alternatives et/ou biocontrôle dans la gestion de ravageurs (carpocapse et mouche du brou) :
- En 2022 ont été mis en place des essais au champ de la méthode du « push and pull » sur 3 vergers du groupe DEPHY afin de tester l'efficacité de la réduction d'insecticide en hyperlocalisation associée à une barrière physique.
L'utilisation de l'hyperlocalisation de SYNEIS Appât un rang sur quatre, à quatre reprises, par rapport à deux passages en plein de SUCCESS 4 permet de n'utiliser que 0.576 g/ha de spinosad contre 192 g/ha selon la réglementation.
En comparant la méthode hyperlocalisation + barrière physique, aux références producteurs, la protection du verger est équivalente.
Un fiche pratique afin de vous accompagner dans la mise en place de cette stratégie est consultable ici.
L'étude complète est consultable ici : Etude du Push-Pull Attracticide contre la Mouche du Brou
Ainsi qu'un livret sur la mouche du brou : Brochure Mouche du Brou 2022
et une vidéo : Maîtrise de la mouche du brou par la méthode Push-Pull
En 2023, le travail sur les ravageurs s'est poursuivi via le développement d'un piège de monitoring connecté utilisant la reconnaissance artificielle pour compter les captures de mouche du brou.
N'hésitez pas à consulter les documents mis à disposition !