L’agroforesterie, une piste agroécologique favorable à la protection intégrée
L’agroforesterie désigne les pratiques, nouvelles ou historiques, associant arbres, cultures et/ou animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ. Ces pratiques comprennent les systèmes agro-sylvicoles mais aussi sylvo-pastoraux, et les pré-vergers. (Source Association Française d’Agroforesterie AFAF)
En France, les premiers projets de recherches consistaient à réaliser des alignements d’arbres monospécifiques au milieu des cultures. Aujourd’hui, en plus de ces aménagements intra-parcellaires, l’agroforesterie intègre pleinement les aménagements de bordures de champs (haies, arbres têtards…). Il y a une volonté nationale de développer ces pratiques qui se traduit par le plan national de développement pour l’agroforesterie, lancé en 2015 pour une durée de 5 ans, et plus récemment par le lancement du fonds de financement AF-TER créé par l'AFAF qui vise à financer un projet de plantation d'arbres ou de sensibilisation par jour en 2021. Auparavant, un projet CASDAR Agroforesterie (2006-2008) faisait le constat d'une forte demande des porteurs de projets sur ces pratiques et se proposait de structurer l'accompagnement des projets agroforestiers tant au niveau local que national.
Les systèmes agroforestiers sont désormais sujets à plusieurs projets de recherches et développements. Il existe notamment le Réseau Mixte Technologique (RMT) AgroforesterieS qui rassemble plus de 50 partenaires avec les objectifs de mutualiser les compétences, expertises et autres ressources pour développer des outils techniques et méthodologiques et promouvoir et accompagner l’implantation et la gestion de parcelles agroforestières. Consultez le site du RMT AgroforesterieS.
L’agroforesterie et plus généralement l'intégration d'arbres dans les systèmes agricoles, présente de nombreux atouts.
Tout d'abord, cela contribue à améliorer la production des parcelles cultivées. Celle ci est diversifiée par le potentiel de production des arbres : bois d’œuvre, bois énergie, fruits, paillage, litière ; ce sont autant de ressources valorisables directement dans l’exploitation ou par la vente.
Des plus, les arbres participent à l'amélioration du climat en stockant du carbone, mais également en créant des micro-climats plus favorables aux cultures et aux animaux grâce notamment à leur ombre et leur effet brise-vent.
Pour en savoir plus, se renseigner auprès de l'Association Française d'Agroforesterie (voir article ci-dessous), de l'EURAF : Fédération Européenne d’Agroforesterie et consulter la brochure "Réintégrer l’arbre dans les systèmes agricoles, pour diversifier la production et renforcer les écosystèmes", ADEME, Janvier 2015.
Au niveau de la protection intégrée des cultures, les systèmes agroforestiers ont deux intérêts majeurs : l'amélioration de l'activité biologique des sols et la constitution de refuges pour les auxiliaires des cultures.
Activité biologique des sols
L'agroforesterie optimise les ressources du milieu et permettent ainsi d’augmenter la fertilité des sols cultivés, au travers de l’apport de matières organiques que les arbres libèrent grâce à leurs feuilles tombées au sol ; et de la structuration du sol réalisée par les racines des arbres, qui améliore son activité biologique.
La présence d’arbres à proximité des parcelles permet aussi de limiter la lixiviation des intrants et des nitrates. De plus, cela préserve la qualité de l’eau tout en augmentant la réserve en eau disponible pour les plantes cultivées. Enfin, la présence d’arbres dans et aux abords des parcelles permet de limiter l’érosion des sols.
Auxiliaires des cultures
Les implantations d’arbres favorisent la biodiversité aux abords des parcelles et les potentiels services écosystémiques associés à celle-ci. Les arbres constituent en effet un refuge pour les pollinisateurs et les prédateurs naturels des ravageurs de cultures.
La mise en place de l'agroforesterie dans un système de culture donné, nécessite une approche globale qui permettra de définir les essences à planter, leurs emplacements, leur orientation, leur espacement, etc. en tenant compte des caractéristiques spécifiques à chaque exploitation (type de sol, climat, type de cultures associées, matériel à disposition, etc.). La densité de plantation est surtout à prévoir en fonction de son matériel agricole : l’écartement des lignes d’arbres entre elles, et l’écartement des arbres dans la ligne pourront être choisis de manière à optimiser l’usage du matériel déjà présent dans l’exploitation.
Un Levier PIC.et une fiche technique GECO sont consacrés à l'agroforesterie (voir ci-contre), ainsi qu'une formation gratuite en ligne sur le site My Green Training Box accessible après avoir créé un compte.
La période de plantation recommandée s’étale de Novembre à Mars. Les lignes d’arbres peuvent aussi être intercalées par des arbustes de bourrage, ce qui renforçe encore la production de l’aménagement. Ainsi, le bois d’œuvre sera récolté sur le long terme, alors que les arbustes de bourrage se récoltent plutôt à moyen terme. Ces informations concernant l’implantation et l’entretien de ces aménagements et des exemples d’essences employées sont détaillés dans les fiches IBIS AGROFORESTERIE et PRE-VERGERS.
Titre
Fiche GECO - Pratiquer l'agroforesterie
L'agroforesterie consiste à cultiver des arbres et des cultures assolées sur les mêmes parcelles. Les arbres sont généralement plantés en rangs dont l'espacement est fonction de la largeur de travail des outils et d'une optimisation de la concurrence entre les arbres et les cultures.
Grandes Cultures
De nombreux projets d'agroforesterie émergent et permettent de redonner une place aux arbres dans ces paysages :
- Témoignage de Marc LEFEBVRE, grandes cultures, pommes de terre de consommation, légumes plein champ, dans le Pas de Calais (62) - Parcelles agroforestières sur 50 ha + Témoignage vidéo (7'14)
- Témoignage de Roger et Denis BEZIAT (GAEC de la Baronnesse), grandes cultures en Haute-Garonne (31) - Parcelle agroforestière de 10 ha + Témoignage vidéo (3'13)
- Témoignage de Julien BEDU et Sébastien BAILLY, 2 jeunes agriculteurs de la Nièvre (58), qui ont planté 7500 arbres sur 150 ha de leurs exploitations. (voir la vidéo ci-contre)
- Projet DEPHY EXPE SCA0pest "Système de Culture Agroforestier "zéro pesticide" en Grande Culture" vise à tester la faisabilité d'un système de culture sans pesticides mais incluant l’agroforesterie comme facteur de résilience. A consulter dans le carrousel ci dessous.
- Enfin, le projet PotA-GE (2017-2020) se propose d’évaluer les potentialités de l’agroforesterie dans le Grand-Est (Alsace Champagne–Ardenne Lorraine) sur la base d’indicateurs biophysiques et socioéconomiques de façon à mieux accompagner l’essor de ces pratiques.
En ce qui concerne les autres filières, l'agroforesterie se décline sous diverses formes et combinaisons de cultures. Par exemple, un travail de co-conception de systèmes inspirés de l'agroforesterie s'est déroulé en 2012 sur la plateforme TAB et a conduit à un premier système qui associe trois strates : arbres fruitiers, cultures assolées en rotation et arbres forestiers (voir carrousel ci-contre).
Polyculture - Elevage
La polyculture élevage tire également de nombreux bénéfices de l'implantation d'arbres comme en témoigne Christian Guéméné un éleveur laitier qui expérimente cette pratique sur le site Produire Bio. Par ailleurs, la notion de pré-vergers est une forme d'agroforesterie intéressante qui associe des arbres fruitiers de haute tige à la prairie, pour des vergers moins denses. A ce sujet, le projet DEPHY EXPE SYDRA prévoit de tester l'intégration de l’élevage en vergers cidricoles avec un double objectif de réduction des consommations de carburant liées à la tonte et de diminution la pression de certains bioagresseurs. (voir carrousel ci-contre)
Arboriculture et Cultures légumières
Ces deux filières sont souvent associées à l'occasion de projets agroforestiers, mais on peut également trouver des projets en viticulture et en horticulture - PPAM (Tous les projets cités peuvent être consultés via le carrousel ci-dessus) :
- Le projet DEPHY EXPE EMPUSA "porte sur des systèmes agroforestiers associant espèces fruitières et cultures annuelles. Il vise à produire des références sur la durabilité de ces systèmes conçus et mis en place dans le cadre du précédent projet DEPHY EXPE VERtiCAL." .
- Le projet CASDAR SMART (2014-2017) se consacre aussi aux associations agroforestières entre arbres fruitiers et cultures légumières, en s’appuyant sur un réseau de parcelles en France. Un témoignage vidéo disponible ci-contre évoque l'agroforesterie en cultures maraîchères sous abri.
- Un témoignage vidéo (4'07) de Cyrille Fatoux, maraîcher agroforestier dans l'Isère vous fera découvrir sa pratique de co-plantation d'arbres fruitiers, de petits fruits et de légumes.
- Le projet CASDAR VITIFOREST (2014-2018) vise à évaluer la pertinence des systèmes agroforestiers en viticulture, en mettant en place des sites pilotes en agroforesterie viticole.
Cultures tropicales
Les systèmes tropicaux sont traditionnellement tournés vers les systèmes agroforestiers. La vidéo Agroforesterie tropicale décrit plusieurs systèmes agro-forestiers à la Réunion et Mayotte avec des arbres fruitiers ou l'ylang-ylang en association avec un ensemble de plantes aromatiques ou autres (voir carrousel ci-contre).
Par ailleurs, le projet DEPHY EXPE St0p "se propose d’évaluer trois systèmes de culture multi-espèces en rupture, basés sur les principes de l’agroécologie. Ils sont composés de strates arboricoles fruitières, maraîchères et aromatiques. La protection des cultures recherchée ici fait appel à la mobilisation de nombreux leviers agroécologiques." Enfin, le projet DEPHY EXPE BANABIO intègre des arbres pour couvrir les bananeraies et tenter de ralentir la propagation de la cercosporiose, nouvelle fonction de l’agroforesterie. (Consulter les projets en détails dans le carrousel ci-contre)
L'arbre est un pilier central des écosystèmes qui mérite d'être intégré dans les systèmes de production agricoles, pour les nombreux bénéfices qu'il peut apporter au niveau de la protection intégrée des cultures mais aussi pour sa contribution au stockage de carbone, à l'amélioration du climat et encore bien d'autres atouts à découvrir.