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Popillia japonica : Quelles solutions alternatives pour ce ravageur émergent ?

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Année de publication
  (mis à jour le 03 nov 2022)
Source :  EcophytoPIC
Auteur :  L.PONNET
Réferences : 
Synthèse EcophytoPIC n°17

Un ravageur émergent

Le scarabée japonais (Popilla japonica) est un ravageur menaçant et émergent qui a fait son apparition en territoire européen en 2014 en Italie. Depuis, cet insecte a été identifié en Suisse (frontière italienne) en 2017, puis s'est étendu sur les territoires suisse et italien au point de déclencher une stratégie d’enrayement et d’éradication en novembre 2020.
Ce scarabée est considéré comme un organisme de quarantaine prioritaire classé (ANSES) et fait l’objet d’une lutte obligatoire et d’un plan national d’intervention sanitaire d’urgence (PNISU : Lien du document ci-dessous). La menace de l’émergence de ce ravageur en France est grande, du fait de la proximité géographique de son apparition mais également de sa forte polyphagie et sa forte capacité de déplacement (comportement « d’autostoppeur »).
 

Biologie, plantes hôtes et dégâts occasionnés

Le scarabée japonais est un coléoptère de la famille des Scarabaeidae. Originaire du japon, il a été introduit aux Etats-Unis et au Canada, où il cause de nombreux dégâts et s’étend rapidement. En effet, l’insecte peut s’attaquer à 404 plantes, dont 131 qui sont considérées comme des plantes hôtes principales. Cette grande polyphagie est un des points inquiétants quant à son émergence en France.

Dans la saisine « n°2021-SA-0090 Popillia japonica » de l’ANSES, les participants ont généré une carte montrant « les richesses en espèces de plantes hôtes principales de P.japonica par département au sein de la zone ARP ». Cette carte visible ci-dessous représente les zones les plus susceptibles de voir apparaître la présence du coléoptère. En France, les plantes largement cultivées, qui sont aussi hôtes d’intérêt pour P.japonica sont : le maïs, la vigne, les cultures fruitières, les plantes à fleurs et espèces ligneuses ornementales (comme le rosier).

Le stade ravageur est le stade adulte, qui se nourrit activement des feuilles des végétaux hôtes et des tissus entre les nervures foliaires. Si l’invasion est importante, il peut ne rester qu’un « squelette de feuilles » amenant les feuilles à brunir et tomber. Les fruits et les fleurs peuvent être aussi consommés par l'insecte. Ses larves mangent les racines avec une préférence pour les graminées. Pour mieux connaitre cet insecte ravageur, consultez sa fiche d’identification sur notre base documentaire « ABAA » (Auxiliaires, Bio Agresseurs et Accidents) : lien ci-dessous.

Carte ANSES
Carte saisine « n°2021-SA-0090 Popillia japonica » de l’ANSES
Contenu
Scarabée Japonais

Dossier

Ravageurs - Popillia japonica - Classe: Insectes - Autres noms: Hanneton japonais

Année de publication (mis à jour le 16 sep 2022)

Source : EcophytoPIC

1) Surveillance et piégeage de ce bioagresseur

Surveillance de P.japonica

D'après le site Ephytia de l’INRAE : « Le Scarabée japonais est classé comme organisme de quarantaine prioritaire présentant un risque majeur sur le plan économique et environnemental, il est donc interdit de l'introduire en Europe. En cas de confirmation d’un cas de Scarabée japonais en France, un signalement sera fait par l’expert aux services officiels (Service Régional de l’Alimentation de la région concernée). Il transmettra les coordonnées GPS et le mail de l'observateur, une inspection pourra être réalisée sur place par les services officiels, et des mesures seront prises en cas de confirmation pour éviter sa propagation ».

Le Plan National d’Intervention Sanitaire d’Urgence (PNISU : voir ci-contre) et l'ANSES recommandent la vigilance des acteurs du terrain afin d’éviter l’émergence de l’insecte en France. Différentes méthodes sont proposées :

  • La première méthode implique la participation de la population en effectuant des inspections visuelles des adultes durant les périodes de vols (entre juin & septembre) en privilégiant les zones les plus propices à son émergence (surfaces herbagères, vignobles et cultures fruitières).
  • La seconde méthode repose sur la vigilance et les reports de la population. Du fait de son comportement « d’auto-stoppeur », on sait que le scarabée est disséminé par les activités humaines. Il est donc interdit de transporter de la terre et du végétal provenant d’une zone contaminée, et il est nécessaire de vérifier. Le transport, la détention, la multiplication et la libération de Scarabées japonais vivants sont donc interdits en Europe. Tout spécimen collecté doit être placé dans de l’alcool ou au congélateur pour la conservation.
  • La troisième méthode est le piégeage, méthode décrite en dessous.

Piégeages et attractifs sur les zones concernées

Sur les zones concentrées en plantes hôtes et limitrophes des pays contaminés, un réseau de piégeage doit être déployé en parallèle de l’enquête de détection. Selon les recommandations de l’ANSES :
« L’utilisation de leurre basé sur une combinaison de phéromones sexuelles et d’attractifs floraux est recommandée. […] les pièges à leurre mixte doivent être placés à une distance d’au moins 1 km de la frontière pour éviter d’encourager cette incursion dans la zone ARP. Dans la zone ARP, les pièges doivent être mis en place fin mai, vérifiés deux fois par mois pendant l'été et enlevés en septembre. Les pièges pour les enquêtes de détection doivent être placés à plus de 200 m les uns des autres (EPPO, 2016) »

Pour en savoir plus sur la méthodologie à adopter, vous pouvez consulter les pages 89-90 de la Saisine de l’ANSES ci-contre. -->

Saisine Popillia japonica - n° « 2021-SA-0090 » ANSES
Saisine

 

Le piégeage massif sur cette espèce est déconseillé. En effet, le scarabée est un insecte opportuniste et peut s’établir sur de nombreuses cultures. Différents essais ont été effectués en piégeage massif, et les résultats ne sont pas constants : il arrive que cette méthodologie attire des adultes et augmente les dégâts sur la zone. Mais le piégeage reste une méthode efficace pour surveiller l’apparition du ravageur ; des travaux de recherches sont en cours (projet IPM-Popilla) pour la mise au point d’un piège innovant combinant photographie et IA pour une détection automatique du P.japonica.

2) Protection des cultures contre ce ravageur

Généralité sur la lutte contre P.japonica

Si une zone est infectée avec des observations avérées du scarabée, la recommandation est d’utiliser une combinaison des différents moyens de lutte : lutte biologique, lutte culturale, piégeage, lutte chimique avec l’utilisation des substances actives autorisées contre les adultes et les larves (pyréthrinoïdes en France).

Par précaution, le déplacement de matériel végétal (végétaux racinés, terre / sol et déchets végétaux) dans la zone infestée ou originaires de la zone tampon est interdit.

Lutte culturale

La probabilité d’établissement du scarabée est plus forte dans les zones irriguées ; par conséquent il est recommandé de réduire l’irrigation dans la zone infestée pendant la période critique de ponte : juillet - août. (Voir Levier PIC ci-contre)

Le labour est une autre pratique recommandée pour réduire les densités de larves et d’œufs. Dans cet objectif, il faut effectuer un retournement du sol sur une profondeur d’au moins 10 cm à l'automne. (Voir Levier PIC ci-contre)

La destruction des plantes hôtes n’est pas recommandée par le groupe d’experts de la saisine de l’ANSES, compte tenu de la polyphagie du ravageur.

Lutte biologique

L’utilisation de nématodes entomopathogènes tel que H.bacteriophora et de champignons parasites tel que Metarhizium brunnaeum est recommandée (Voir Leviers PIC ci-contre).

Au Québec, un nouveau parasitoïde a été observé : Istocheta aldrichi (Mesnil). Il s’agît d’une mouche de la famille des Tachinidae, introduite aux Etats-Unis en 1922 pour lutter spécifiquement contre le scarabée japonais. Le parasitoïde s’attaque aux adultes en pondant ses œufs sur leur thorax. C’est le développement de la larve qui tue l’adulte.

3) Projet de recherche & perspectives

Projet européen IPM-Popillia

Intitulé « Lutte intégrée contre le scarabée japonais envahissant, Popillia japonica – IPM-Popillia », ce projet est doté de 5,5 millions d'euros sur une durée de quatre ans. Il est coordonné par Agroscope, et notamment Giselher Grabenweger, chercheur au sein du groupe « Protection écologique des plantes dans les grandes cultures ».

Ce projet multidisciplinaire financé par l'UE (Horizon 2020), a pour objectif principal de mettre au point de nouveaux outils pour améliorer la surveillance de ce ravageur en Europe. Pour cela, différents axes sont abordés :

  1. Identification des voies d’entrée et de propagation des scarabées japonais
  2. Comprendre les moteurs du développement des populations
  3. Fournir une « boîte à outils IPM » pour le contrôle du ravageur
  4. Développer une gestion durable du scarabée japonais en Europe

Une application disponible sur téléphone « IPM Popillia Citizen Science » a été développée au cours de ce projet, permettant de relever la position de l’observation d’un coléoptère ravageur comme Popillia japonica.
Via les observations effectuées, on peut accéder notamment à une carte interactive afin de suivre l’évolution du ravageur en Europe.

Cette application, ainsi que la récente publication du PNISU de la DGAL sur ce ravageur, indiquent que de nombreuses actions sont mises en place afin d'éviter l'apparition de ce scarabée en France et son extension en Europe. Le suivi de l'actualité sur cet insecte, ainsi que les avancées du projet IPM-Popillia seront primordiaux, afin d'être averti au plus tôt d'un changement de statut en France. 

"Rien ne s'oppose non plus à son établissement en France: c'est un insecte qui se déplace facilement, les conditions de température et de précipitation lui sont favorables et, comme il peut consommer de nombreuses espèces de plantes présentes sur le territoire français, il n'aura pas de difficulté à trouver des sources de nourriture"

Christine Tayeh, coordinatrice scientifique au sein de l'unité Expertise sur les risques biologiques à l'ANSES interview pour Phytoma Juin-Juillet 2022