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Système M2 - P25 Montagne - CanécoH V2

Cultures tropicales Canne à sucre
Stratégie de couverture du sol
Année de publication 2019
  (mis à jour le 26 Sep 2024)
Carte d'identité du système de culture
Pois sabre en interrang de la canne
Système conduit en
Conventionnel
Rattaché au projet
CanécoH V2
Rattaché au site expérimental
Site P25 Montagne
- 75 % IFT total
Objectif de réduction visé
Présentation du système

Conception du système

La maitrise de l'enherbement en canne à sucre est gérée habituellement par la voie chimique, et par le paillis en repousse. Un des leviers d'action pour réduire l'utilisation des herbicides est l'implantation d'une couverture végétale sur l'interrang, pour concurrencer les adventices. La gestion de l'enherbement du rang est faite chimiquement. Le maintient des rendements restant une priorité, le choix des plantes de services se tourne vers les légumineuses en pur ou en mélange avec d'autres familles.

 

Mots clés :
Plantes de services - Cultures intercalaires - Cannes à sucre - Désherbage - IFTH

 

Caractéristiques du système

Succesion culturale de la canne à sucre

La durée d'un cycle de canne est d'environ 12 mois sauf pour une plantation qui peut être de 18 mois selon la date de plantation. Idéalement, la durée entre deux plantations est comprise entre 5 et 7 ans. La replantation permet entre autre de renouveler la souche de canne et de maintenir les rendements. 

Pour ce système, la plante de service utilisée est le Canavalia ensiformis (pois de sabre). Cette plante a donné de très bon résultat en terme de maintient du taux de recouvrement des adventices dans la version 1 du projet CanécoH. 

A l'avenir, d'autres plantes de servies où mélange de plantes de services à base de légumineuses seront susceptibles d'être testées.

Gestion de l'irrigation : par aspersion.

Fertilisation : fertilisation minérale et fractionnée selon analyse de sol. Le premier apport répondant à 50 % des besoins de la culture est réalisé à 1 mois après la coupe  ou lors de la plantation. Le second apport est réalisé à 3 mois pour une repousse ou entre 3 et 4 mois pour une plantation.

Gestion du sol/des adventices : la gestion du rang se fait chimiquement ou manuellement selon les adventices présentes. L'interrang est géré par le couvert de plantes de services et pourra être géré mécaniquement, chimiquement ou manuellement selon la maitrise des adventices par le couvert.

Débouché commercial : sucre, rhum, énergie

Pois sabre en interrang de la canne à sucre
Objectifs
Objectifs
Agronomiques
  • Rendement : avoir un rendement équivalent voir supérieure au système de référence.
  • Qualité : richesse en sucre équivalente au témoin de référence. Récolte de la canne sans plantes de services.
Maitrise des bioagresseurs
  • Maitrise des adventices : maintenir le recouvrement du sol par les adventices sous le seuil de nuisibilité ( < 30 % de recouvrement).
Environnementaux
  • IFT* : réduction de l'IFT d'au moins 75 % par rapport au système de référence.
Socio-économiques
  • Résultat économique : parvenir à un système économiquement viable pour les agriculteurs.
  • Temps de travail : ne doit pas être excessivement supérieur au système de référence

* En canne à sucre, la totalité des traitements chimiques appliqués sur la culture sont des herbicides, l'IFT total correspond alors à l'IFTH (Indice de Fréquence de Traitement Herbicides).

Le mot de l'expérimentateur

La mise en place de cultures intercalaires dans les champs de canne à sucre était autrefois une pratique courante, axée sur la production de cultures alimentaires à cycle court. Bien que cette pratique se soit progressivement marginalisée, le principe a été repris pour la gestion des adventices dans les interrangs de la canne, offrant ainsi une alternative écologique et efficace à l'utilisation d'herbicides.

Stratégies mises en œuvre :
Gestion des adventices

Image retirée.

Leviers Principes d'action Enseignements
Choix variétal 

Choisir la variété de canne la plus adaptée à la zone de production. 

Le choix de la variété se fait au moment de la plantation de la parcelle.

Une bonne plantation de la canne va naturellement limiter le développement des adventices grâce à sa forte biomasse. 

C'est un levier indispensable, qui offre l'avantage d'optimiser les rendements et la richesse en sucre tout en facilitant la maitrise des adventices. 

" La canne est le premier désherbant de la canne ".

Fanage de la paille  Répartir la paille de canne (résidus de culture) pour créer un paillage homogène. La paille de canne peut être soit concentrer sur le rang de canne ou faner en plein (sur la totalité de la parcelle).   Une quantité de paille de 12 t/ha de matière sèche est nécessaire pour limiter la levée des adventices. 
Traitement chimique localisé sur le rang

Le prélevée est appliqué juste après plantation ou dans les 7 jours suivant la récolte.

Les traitements de postlevée sont appliqués sur les rangs de canne lorsque le seuil de nuisibilité est atteint (30 % de recouvrement des adventices) 

Les herbicides sont appliquées en mélange et à doses réduites selon les recommandations du Réseau Herbicides d'eRcane.

Le traitement de prélevée occupe une place importante dans la stratégie de désherbage. En effet, le prélevée est l'unique solution pour maitriser les graminées sur le rang de canne. 

Le traitement de postlevée sur le rang est à éviter, car il impacte la Plante de Services (PDS) présente sur l'interrang en raison de la dérive du traitement. Ce traitement entraîne une réduction du recouvrement de la PDS, ce qui favorise le développement des adventices.

Désherbage mécanique sur l'interrang 

Le désherbage mécanique peut être effectué avec un microtracteur avant le semis de la PDS, afin de faciliter son installation grâce à un outil de travail du sol. Il peut également être réalisé lorsque la PDS ne parvient plus à maîtriser les adventices présents

Le tracteur + outil est dimensionné (1m de large) pour circuler entre les rangs de cannes. 

Dans ce système, le désherbage mécanique est réalisé qu'en cas de nécessité. Le choix des outils (outil de fauche ou de travail du sol) est fait en fonction des espèces présentes et la présence ou non de paille. 
Semis de Plantes de Services  Il s'agit d'implanter une plante de couverture, ici le Canavalia ensiformis, dans l'interrang de la canne 3 mois après la plantation ou 1,5 mois après la coupe. à une densité de semis de 73 kg/ha. Le semis de cette PDS est réalisé mécaniquement à l'aide d'un tracteur classique, équipé d'un disque trancheur de paille et d'un système DPAE (Débit Proportionnel à l'Avancement Électronique).

Le pois sabre (Canavalia ensiformis) est une légumineuse semi-lianescente qui présente l'avantage de recouvrir rapidement et efficacement l'interrang, tout en étant facile à implanter.

Cependant, cette PDS présente quelques inconvénients, notamment la disponibilité des semences et la taille importante de ses graines. En effet, ces graines, (PMG= 2,2 kg), ne sont pas compatibles avec tous les types de semoirs. Le semoir à disque trancheur de paille offre cette possibilité et à également l'avantage de pouvoir semer en présence de paille.

Epaillage de la canne Opération qui consiste à arracher les feuilles sèches de la tige de canne et d'arracher les adventices présents sur les rangs de canne surtout les lianes. L'épaillage de la canne est réalisé entre 6 et 8 mois après la coupe. 

Opération qui se substitue à un traitement chimique anti-liane mais très chronophage.

A réaliser uniquement si la présence de liane est avérée. 

Désherbage manuel  Arracher toutes les adventices qui ont résistées au traitement chimique ou au désherbage mécanique.  Ultime solution de rattrapage. Largement utilisé pour éliminer les graminées (ex: Panicum Maximum) dans les rangs de canne. 

 

Gestion des ravageurs

Les variétés de canne libérées par eRcane et cultivées par les agriculteurs sont tolérantes aux différents ravageurs des cultures. 

Lutte contre le vers blanc (Hoplochelus marginalis) : La lutte a été résolue à la Réunion par une lutte biologique utilisant un champignon du genre Beauvaria. Cette méthode de lutte est obligatoire et consiste en l’application du Betel (R) au moment de la plantation de la canne à sucre.

Gestion des maladies

Les variétés de canne libérées par eRcane et cultivées par les agriculteurs sont résistantes ou tolérantes aux différentes maladies présentes aujourd'hui à la Réunion. 

 

Maîtrise des adventices

Pour évaluer l'efficacité des méthodes mises en place pour maîtriser les adventices, des notations de recouvrement et des relevés de flore ont été réalisés chaque mois. Les figurent ci dessous présentent le recouvrement moyen des adventices par cycle, en fonction du nombre de repousses, à la fois sur le rang de canne et l’interrang.

Maitrise des adventices sur le rang de canne 

Highcharts.com

L’année de plantation (R0) se caractérise généralement par une pression des adventices plus forte que les années de repousses, en raison du travail préalable du sol. Cela explique un recouvrement moyen des adventices plus élevé (> 30 %) comparé aux autres années de repousses (R1 à R6). Durant cette première année, le recouvrement moyen des adventices est très similaire entre le Tref et le système étudié, avec respectivement 36 % pour le Tref et 43 % pour le système.

Pour R1, les recouvrements moyens sont équivalents, ce qui peut s'expliquer par le fait que la PDS  ne s'est pas développée et que la gestion du rang de canne a été similaire cette année-là. À partir de R2, il est clairement visible que le recouvrement des adventices dans le système étudié dépasse celui du Tref, avec des écarts allant de 5 à 13 points. Ce résultat traduit une maitrise des adventices moins bonne pour le système avec C. ensiformis que le Tref. 

En excluant l’année de plantation, nous observons que le recouvrement des adventices dans le système a tendance à augmenter au fil des repousses, contrairement au Tref, où il reste relativement stable.

Maitrise des adventices sur le l'interrang de canne 

Highcharts.com

À l’exception de l’année de plantation (R0), où le recouvrement moyen des adventices sur le Tref et le système avec C. ensiformis est très proche, les années de repousses montrent un recouvrement moyen supérieur dans le système. Les écarts varient de 6 à 17 points, traduisant une moins bonne maîtrise de l'enherbement par la PDS C. ensiformis par rapport à une gestion chimique. En effet, certaines adventices parviennent à se développer sous le couvert de la PDS.

Le tableau ci-dessous présente les différents niveaux de maîtrise des adventices par C. ensiformis sur l’interrang, classés selon les grandes catégories d'adventices. En vert, une bonne maîtrise, indiquant que le développement des adventices est contrôlé ; en jaune, une maîtrise moyenne, où les adventices peinent à se développer mais y parviennent tout de même ; et en rouge, une absence de maîtrise, où la PDS ne parvient pas à contrôler les adventices. Les cases blanches indiquent un manque de données.

  Grandes graminées Vivaces Autres monocotylédones Dicotylédones à feuilles larges Lianes 
C. ensiformis           

Ce tableau présente le niveau de maîtrise de C. ensiformis dans des conditions de développement optimales, c’est-à-dire avec une densité de semis adéquate, sans manque à la levée, ni stress hydrique pour la PDS, et sans traitement chimique sur le rang. Malgré ces conditions favorables, les grandes graminées telles que P. maximum et R. cochinchinensis, ainsi que les lianes comme I. obscura, parviennent tout de même à se développer et à traverser le couvert.

Performances du système

Performances agronomiques 

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Le graphique ci-dessus présente le rendement et la richesse en sucre (SE) obtenus pour chaque repousse de canne, correspondant à un cycle cultural. Sur l'ensemble des repousses, le rendement du système est inférieur à celui du Tref, à l'exception de la R6, avec des pertes de rendement moyen atteignant 18 %. L’analyse de la variance révèle une différence significative en faveur du Tref (p-value < 0,0001). Cette perte de rendement pourrait s'expliquer par la concurrence exercée à la fois par C. ensiformis et les adventices sur la canne. 

Concernant, la richesse en sucre extractible on observe une richesse légèrement supérieur (+3,4 %) en faveur du Tref. Les analyses statistiques montrent une différence significative (à confirmer).

 

Performance environnementale

Highcharts.com

Sur l'ensemble des repousses, l'IFTH du système est inférieur à celui du Tref, avec une réduction moyenne de 59 %. Cette réduction est moins marquée lors des premières années du cycle (R0-R2), ce qui s’explique par des traitements chimiques de postlevée appliqués sur le rang du système avec C. ensiformis. À partir de R3, le choix a été fait de ne plus appliquer de postlevée sur le rang mais d'intervenir manuellement si la PDS maîtrisait les adventices. À partir de cette période, l'IFTH du système est inférieur à 2, avec une réduction moyenne de 75 %. L'objectif de réduction a ainsi été atteint suite à la modification du système.

Temps de travaux

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Les temps de travail par opération ont été mesurés à l'aide de l'outil OTECAS, développé par le RITA Canne Réunion. La comparaison avec le Tref s'est concentrée uniquement sur les leviers d'action ayant un impact sur la maîtrise de l'enherbement. Pour chaque levier, la moyenne des temps de travail sur l'ensemble des repousses de canne (hors plantation R0) a été calculée. Comme illustré dans la figure ci-dessus, les principales différences par rapport au Tref concernent le désherbage manuel (+65 h/ha), la gestion de la paille (+48 h/ha) et le semis (+32 h/ha). À noter qu'une économie de 15 h/ha a été réalisée sur les opérations de désherbage chimique.

L'augmentation importante du temps de désherbage manuel est principalement due à l'arrachage des adventices sur le rang de canne, ainsi qu'au désherbage effectué après le semis de la PDS au niveau de l'interrang. En effet, pour favoriser le développement de la PDS, un désherbage manuel est réalisé un mois après le semis.

Concernant la gestion de la paille, c'est la pratique de l’épaillage qui a conduit à une augmentation du temps de travail. Cette opération était systématiquement effectuée entre R3 et R4. Cependant, après une analyse technico-économique mettant en évidence la forte demande en main d'oeuvre, il a été décidé de rendre cette pratique optionnelle, ne la déclenchant qu’en présence de lianes entre 6 et 8 mois du cycle cultural. Comme aucun traitement de postlevée n’a été appliqué sur le rang de canne à partir de R3, l’épaillage a été réalisé chaque année.

Quant à l'opération de semis, ce n'est pas le semis en lui-même qui est chronophage, mais plutôt le remplacement manuel de la PDS lors de levée hétérogène qui l'est.

Evaluation multicritère
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Le radar ci-dessus présente les notes de satisfaction pour chacun des critères définis pour le système (en bleu foncé) par rapport au Tref (en bleu clair). Chaque critère est évalué sur une échelle de 1 à 5 : 1 correspond à "très défavorable", 2 à "défavorable", 3 à "peu favorable", 4 à "favorable", et 5 à "très favorable".

Pour le calcul de la marge semi-nette, nous avons supposé que le rendement et la richesse en sucre du système étaient égaux à ceux du Tref. Cette hypothèse de départ permet de chiffrer uniquement la perte de marge liée à la mise en place des leviers d'action. Le coût d'achat des semences de C. ensiformis n’est pas pris en compte dans le calcul des charges, car ces semences ne sont pas disponibles à la vente localement. Elles proviennent de l'autoproduction par eRcane.

Le système intégrant C. ensiformis dans l’interrang a montré une réduction notable de l'IFTH, avec une baisse moyenne de 75 % lorsque les traitements de postlevée sur le rang ont été arrêtés, tout en maintenant le recouvrement des adventices. Ce résultat répond à l'objectif fixé de réduction de 75 % de l'IFTH.

Sur le plan des performances agronomiques, les résultats ont révélé un impact statistiquement significatif du système sur le rendement et la richesse en sucre (à confirmer). En effet, une perte de rendement de l'ordre de 18 % a été calculé, probablement due à la concurrence de C. ensiformis et des adventices au niveau de l'interrang sur la canne pour les ressources en eau et en nutriments. Concernant la richesse en sucre, bien qu'une différence significative de -3 % ait été observée pour le système, cette différence peut être considérée comme insignifiante.

Les performances socio-économiques (temps de travail, charges, et marges) du système sont fortement affectées. Afin de réduire l'usage des herbicides tout en maintenant un rendement correct, le désherbage chimique de postlevée a été remplacé par du désherbage manuel sur le rang, ce qui a considérablement augmenté le temps de travail et les coûts de main-d'œuvre. Comme pour le système M1 avec fauche, les charges liées à la gestion de la paille sont également très élevées. Malgré l'économie réalisée sur les herbicides, cette économie ne compense pas cette l'augmentation  des coûts de main d'oeuvre. L'ensemble des leviers mobilisés a entraîné une augmentation des charges totales de 45 % et une baisse de la marge de 38 %.

Zoom sur... (titre à compléter)

* A compléter

Transfert en exploitations agricoles

* A compléter

Pistes d'amélioration, enseignements et perspectives

* Texte à compléter

Productions associées à ce système de culture