Site Mauguio - Rés0Pest
L’Unité Expérimentale INRAE DiAScope bénéficie d’un climat et de sols caractéristiques de la zone méditerranéenne ce qui en fait un lieu propice à l’évaluation de plantes en condition de stress abiotiques (hydrique, thermique, azoté).
Elle offre à l’expérimentation, sur 70 hectares, une gamme de sols caractérisés consacrés principalement au phénotypage plein champ de grands panels de génotypes. Ce phénotypage haut débit se fait via des vecteurs aériens ou terrestres (drones, phénomobile) équipés de capteurs imageurs (RGB, multispectrale, hyperspectrale …).
Outre ces expérimentations analytiques, l’UE offre également des plateformes expérimentales dédiées à l’agroforesterie, à l’arboriculture ainsi qu’aux suivis longue durée en l’occurrence l’essai système grandes cultures Res0Pest et un verger-observatoire phénologique du SOERE TEMPO.
Climat | Sol |
Climat méditerranéen avec des variations inter annuelles importantes, particulièrement en regard de la pluviométrie (ex : cumuls annuels de 321 mm en 2017 et de 907 mm en 2018) | Réserve Utile > 100 mm. Sol sensible à la battance et pauvre en Matière Organique. |
Niveaux de pression : Maladies | Niveaux de pression : Ravageurs | Niveaux de pression : Adventices |
En conduite zéro phytos, la flore adventice se diversifie et de fait sur l’essai Rés0Pest Mauguio, les adventices sont les bio-agresseurs les plus impactants, principalement en cultures de printemps. Sur les cultures d’implantation automnale (blé dur), le ray grass peut se révéler rapidement concurrentiel. Et en fin de cycle, ce sont la folle avoine et le rumex qui posent problème. Pour les cultures de printemps à développement végétatif faible en début de cycle (pois chiche), le contrôle des adventices annuelles (renouée, amarante, chénopode, …) exige plusieurs passages d’outils de désherbage mécanique.
Les maladies cryptogamiques prégnantes sur la zone (essentiellement les rouilles sur blé dur) n’ont pas compromis les objectifs de rendement durant la période de suivi (2012-2020). Toujours sur blé dur, en printemps humide, des fusarioses de l’épi (Microdochium) ont causés des pertes de rendements sur la petite région (ex 2018 entre début épiaison et grain laiteux) mais n’ont pas eues d’incidence significative sur la parcelle Res0Pest. De même, l‘Ascochytose du pois chiche qui a été peu présente jusqu’ici sera à suivre avec la poursuite de la rotation.
Les invertébrés ravageurs potentiels sont nombreux mais à deux exceptions près, Helicoverpa armigera sur pois chiche et phytonomes sur luzerne, leurs pressions restent acceptables. Le levier Biocontrôle (Bacillus thuringiensis) est à optimiser sur Helicoverpa ainsi que le levier technique sur les phytonomes (date de coupe ou broyage). Le taupin pose également problème en printemps froids sur tournesol. Pas de présence importante de pucerons sur épis et feuilles car probablement contrôlés par la faune auxiliaire.
En environnement périurbain et zone de chasse, la pression de la faune sauvage, oiseaux, lapins et sangliers est réelle à certains stades : levée et maturation du tournesol, levée des pois chiches. La lutte est physique (clôtures et effaroucheurs sonores). Les populations de campagnols sur luzerne sont partiellement contrôlées par leurs prédateurs naturels (hérons cendrés, rapaces, ….).
Les grandes cultures occupent un peu plus de 1 million d’hectares de la SAU (Surface Agricole Utile) régionale, concentrées dans les zones de plaines et de coteaux. La filière blé dur connait une baisse conjoncturelle (volatilité des prix) malgré des atouts réels (facilités d’exportation sur les marchés méditerranéens). Les filières biologiques sont dynamiques et en forte croissance et la filière semence est importante, l’Occitanie étant la deuxième région productrice de semences avec des cultures sous contrat à haute valeur ajoutée.
Situé en environnement périurbain, l’essai est inclus dans la zone vulnérable nitrate avec un risque récurrent d’inondation (proximité du Salaison). Les parcelles proches (grandes cultures, maraîchage et arboriculture) sont majoritairement conduites en conventionnel.
Système Rés0Pest (- 100 % IFT hors produits de biocontrôle et stimulateurs des défenses naturelles) | |
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Le système de culture a été conçu de manière à respecter un cadre de contraintes et d’objectifs commun au réseau expérimental de systèmes de culture « zéro pesticides » Rés0Pest, et adapté au contexte local de l’expérimentation.
Sous 2 contraintes:
- Ne pas recourir aux pesticides, y compris les traitements de semences
- Inclure autant que possible les cultures des principales filières de la région
Et avec pour objectifs :
- Maximiser, sous ces contraintes, une production commerciale respectant les cahiers des charges des filières en limitant l’impact des bioagresseurs
- Limiter les impacts environnementaux autres que ceux liés à l’utilisation des pesticides : limiter la consommation énergétique et la consommation en eau
- Maintenir la marge de l’agriculteur.
Dispositif expérimental
Description du dispositif expérimental : Le dispositif expérimental Rés0Pest de Mauguio est composé de 3 parcelles (P1, P2 et P3) d’une surface individuelle de 0.4 ha et accueillant chaque année un terme de la succession culturale (6 ans). |
Le suivi expérimental porte sur :
- les comptages et mesures de biomasse des adventices
- les comptages et observations de ravageurs et de maladies
- le prélèvement d'auxiliaires
- la mesure 3 fois par an des reliquats azotés
- les peuplements et les rendements obtenus
Une bande enherbée de 6 m de large composée de luzerne et fétuque entoure le dispositif.
Une ripisylve orientée Nord-Est borde le parcellaire le long des berges du ruisseau Salaison.
La parole de l'expérimentateur :
A Mauguio, la difficulté d’une conduite sans irrigation est clairement apparue dès la mise en place de l’expérimentation (2012). La stabilisation des rendements et donc la viabilité économique du système passent par la possibilité d’irrigations ciblées sur certains stades phénologiques ou à certaines étapes de l’ITK. Le positionnement de ces irrigations étant à moduler en fonction du contexte climatique de l’année d’une part et de l’objectif de rendement et/ou de valeur technologique d’autre part. A ce bémol près, il semble tout à fait possible de conduire des cultures avec les contraintes zéro-pesticides et faibles niveaux pour les autres intrants. Les leviers techniques restent à améliorer sur la gestion des adventices. En ce qui concerne les maladies, le levier génétique s'est révélé efficace au moins pour le blé dur. Notre site, qui apparaissait comme atypique en 2012, semble désormais représentatif de l’évolution climatique en cours à l’échelle du réseau expérimental.