Projet BEE
Le projet BEE « Biocontrôle et Equilibre de l’Ecosystème vigne », porté par l’IFV Nouvelle-Aquitaine, propose de développer une démarche agro-écologique de la culture de la vigne afin de faciliter l’intégration des produits de biocontrôle. Les résultats attendus sont une réduction drastique de l’IFT hors biocontrôle et un respect des objectifs de rendement et de qualité pour les vins et eaux de vie.
Enjeux et objectifs
Ces dernières années, la filière viticole est mise en cause pour les retombées environnementales et sanitaires de ces pratiques. En effet, la viticulture française occupe 3% de la SAU et utilise 20% des volumes de produits phytopharmaceutiques. Consciente des progrès à réaliser, la viticulture a engagé une réflexion globale pour produire de manière plus pérenne, et en accord avec les aspirations citoyennes. Dans cette optique, la loi d’avenir pour l’agriculture propose comme piste l’usage des Produits de Biocontrôle (article L 253-6 du code rural et de la pêche maritime). Les produits de biocontrôle sont décrits comme « des agents et produits utilisant des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures ». L'intégration de ces produits dans les itinéraires techniques passent par une meilleure connaissance de l'équilibre des agroécosystèmes et la mobilisation de leviers alternatifs.
L'objectif du projet est la conception d'un système de culture favorable à une utilisation privilégiée des solutions de biocontrôle. Le système de culture testé devra assurer une réduction de l'IFT hors-biocontrôle supérieure à 75% et respecter les objectifs de production de la filière viticole.
Stratégies testées
Une reconception des systèmes viticoles traditionnels est nécessaire pour sécuriser l'intégration des solutions de biocontrôle. L'augmentation de l'efficience des produits de biocontrôle doit notamment passer par une meilleure prise en compte de la plante et de sa sensibilité aux bioagresseurs. Dans ce cadre notre stratégie s'appuie tout d'abord sur la gestion de la santé du sol et de la plante. Notre itinéraire de gestion des sols vise à promouvoir la qualité biologique, structurale des sols afin d’améliorer sa fertilité, répondre aux besoins nutritifs de la vigne et garantir un rendement quantitatif et qualitatif. La mise en place d’engrais verts, les restitutions internes de matière organique et le pilotage de la flore adventice spontanée sans herbicides chimiques vont en ce sens et doivent permettre aux viticulteurs de raisonner au mieux la fertilité de leurs sols. Au delà de cette gestion mettant en relation le sol et la vigne, des mesures prophylactiques complémentaires seront mises en place pour modifier la structure de la plante (épamprage, effeuillage,..). Notre agroécosystème devra avant toute application de produits phytopharmaceutique fournir les ressources nécessaires à la mise en place des défenses de la plante et disposer d'un microclimat défavorable à l'installation et au développement des bioagresseurs.
L’utilisation complémentaire de produits de biocontrôle permettant une protection du végétal est malgré tout inévitable. Les produits stimulateurs des défenses des plantes (SDP) seront positionnés préventivement pour préparer la plante à résister aux bio-agressions. Nous mobiliserons également des produits avec une action asséchante pour créer une zone défavorable à l'installation des bioagresseurs ou freiner leur développement. En dernier recours, pour des pressions sanitaires fongiques élevées, une application de cuivre ou de soufre à dose réduite sera possible.
Le vin issu de ce nouvel itinéraire devra être de qualité et marchand. Le projet cherchera donc à établir des itinéraires œnologiques correctifs adaptés à ces récoltes et au profil des vins espérés. Au cours de l’élaboration, les leviers utilisés devront donc atténuer le caractère dépréciateur d’une vendange altérée, mais aussi le stabiliser afin d’obtenir les qualités organoleptiques espérées.
Résultats attendus
Les résultats attendus dans le projet sont de mieux comprendre et maitriser les facteurs de succès et d’échec liés à l’utilisation des produits de biocontrôle dans un agroécosytème. Ces nouvelles connaissances devraient permettre une réduction quantitative et qualitative de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques. Cette réduction devra correspondre aux attentes sociétales tout en respectant la qualité de vie et la pérennité de l'activité viticole. Un outil d'aide à la mise en place de notre système sera formalisé afin d'accompagner les viticulteurs dans l'appropriation de nos résultats. La reconnaissance portée sur ce type de système sera également étudiée afin de définir si ces systèmes plus vertueux peuvent influencer le choix des consommateurs.