Gestion des bioagresseurs racinaires en betteraves

Les maladies racinaires peuvent être très préjudiciables au rendement d’une parcelle. De plus, elles impactent la qualité de stockage mais aussi le passage en sucrerie. Toutes les régions sont concernées, mais certains contextes et certaines successions culturales peuvent conduire localement à de fortes infestations. L’allongement des durées de campagne des sucreries augmente les durées de conservation en silo et nécessite d’anticiper le risque face à ces bioagresseurs qui doivent être repérés avant la récolte.
Divers bioagresseurs peuvent entrainer une pourriture des racines : virus, bactéries, champignons et nématodes. Une identification précoce est essentielle, avant que les betteraves ne meurent, rendant toute identification difficile.
Le seul moyen de lutte après apparition des symptômes reste une adaptation de la récolte et du stockage des betteraves touchées. Des moyens de lutte variétaux existent pour les maladies les plus impactantes (rhizomanie, nématodes à kystes, …), mais peuvent s’avérer limitants en cas de forte pression.
1. Bien identifier l'origine des dégâts
Les maladies racinaires sont à identifier à partir de la couverture du sol, dès les premiers symptômes de flétrissement. L'outil DIAGBET ravageurs, maladies & auxiliaires de la betterave permet à partir d'une clé de reconnaissance de bien différencier les maladies. De plus, le guide BetaGIA aide à l'identification des maladies et donne tous les éléments pour gérer une attaque. 3 fiches détaillées synthétisent les connaissances pour une bonne gestion de la rhizomanie, des nématodes à kystes et du rhizoctone brun. De plus, suite à la recrudescence de détection du SBR (Syndrôme des Basses Richesses), une nouvelle fiche a été mise en ligne sur ce syndrome et les cicadelles vectrices.
La base ABAA permet d’indiquer par maladie les liens vers les pages des sites Ephytia (portail de la santé des plantes de l’INRAE) et de l’OEPP (organisation intergouvernementale chargée de la coopération et de l’harmonisation dans la santé des plantes). De plus, y figurent des ressources plus documentaires avec des fiches techniques sur la maladie concernée.
Vous trouverez ci-dessous les fiches des bioagresseurs racinaires.











2. Méthodes alternatives
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Toutes les pratiques pour anticiper le risque des bioagresseurs racinaires
L'apparition et le développement de chaque bioagresseur dépend de différents facteurs, tels que l'historique parcellaire (l'inoculum des maladies se conserve plusieurs années dans le sol), les conditions climatiques et les pratiques culturales. En cas de présence avérée d'un bioagresseur racinaire, il est possible d'anticiper la prochaine betterave en mettant en œuvre une lutte agronomique adaptée : il est conseillé d'allonger la durée entre deux betteraves, de diversifier dans la mesure du possible la rotation et de limiter les plantes hôtes, y compris en interculture.
Le choix variétal reste incontournable pour lutter contre la rhizomanie, les nématodes à kystes, et permet dans les situations à risques rhizoctone brun et nématodes du collet de réaliser son potentiel de rendement. Les performances des variétés sont évaluées chaque année dans le réseau de post-inscription de l'ITB et des Services Agronomiques des Sucreries, dans une diversité de situation agro-climatiques dans toutes les zones de production betteravière. Ces évaluations permettent la diffusion d'une liste de variétés recommandées selon chaque situation sanitaire.
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Les variétés recommandées selon la pression bioagresseur

Il est nécessaire de définir les arrachages prioritaires selon les parcelles touchées et d’écourter la durée de stockage des parcelles infestées par le rhizoctone brun, le rhizoctone violet, Erwinia, Rhizopus et les nématodes du collet.
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SILOBET : un outil pour gérer son silo
Silobet est un Outil d’Aide à la Décision (OAD) qui permet de raisonner la date d’arrachage, en prévenant le risque de pourriture des betteraves pendant leur stockage en silo.

Deux bioagresseurs sont concernés : dans le cas des nématodes à kystes, il est conseillé d'implanter des crucifères résistantes en interculture. Dans le cas du rhizoctone brun, il est recommandé d'implanter une culture intermédiaire riche en glucosinolates et d'optimiser sa biofumigation.
3. Raisonner les traitements
Le rhizoctone brun est le seul bioagresseur racinaire contre lequel une intervention fongicide en végétation est possible, dès l’apparition des premiers symptômes en fonction de la réglementation de chaque produit. Il n’existe en effet aucun traitement à action fongicide ou fongistatique pour contrôler ces maladies une fois en silo.
Les teignes ou les charançons, en attaquant les betteraves, sont des portes d’entrées pour des bioagresseurs secondaires, tels que le Rhizopus ou Erwinia. Le maintien d’un bon état sanitaire permet de limiter les blessures.
4. Recherche et développement
Chaque année l'ITB et les services agronomiques des sucreries mettent en place des essais pour évaluer les performances des variétés en cas de rhizomanie et de forte pression de rhizomanie, mais aussi avec différentes pressions de nématodes à kystes et de rhizoctone brun (avec des contaminations artificielles dans certains essais pour homogénéiser la pression de la maladie.
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Accès aux variétés testées et recommandées selon la pression bioagresseurs
Alors qu'il n'avait plus été observé depuis l'arrêt de la production betteravière en Côte d'Or, le Syndrome des Basses Richesses (SBR) a de nouveau été détecté en Alsace en 2023. Même si les surfaces concernées restent limitées, l'ITB suit attentivement sa progression et a commencé un travail de bibliographie et de recherche afin de déterminer les moyens de lutte, notamment contre les cicadelles Pentastiridius vectrices des bactéries responsables de ce syndrome. De plus, une autre maladie, transmise aussi par des cicadelles, est également sous surveillance : le RTD (Rubbery Taproot Disease), dù au phytoplasme Stolbur. Ces deux maladies entrainent des pertes de richesse ou des difficultés d'extraction du sucre des racines.