
Système SYDRA - Bremontier-Merval
Conception du système
Le design du système a été conçu en 2010-2011 dans le cadre du projet CASDAR Verger Cidricole de Demain. Plusieurs techniques culturales agroécologiques sont expérimentées pour réduire fortement les intrants phytosanitaires en contexte de verger adulte biologique. Ces techniques sont adaptées à un verger AB déjà implanté, et pour lequel la reconception est, de fait, plus limitée qu'un jeune verger. Au terme du projet, il s'agira d'évaluer les performances et les conséquences obtenues après plusieurs années (> 10 ans) de pratiques très bas-intrants. Chaque année, les combinaisons et stratégies sont évaluées pour être éventuellement réadaptées, enrichies ou abandonnées (conception dite "pas à pas").
L'originalité du système réside dans un objectif d'autonomie maximale dans l'utilisation des intrants (intrants produits sur l'exploitation) :
- limiter l'utilisation d'insecticides et de fongicides en utilisant le pâturage à des fins prophylactiques pour réduire l'inoculum de certains bioagresseurs (tavelure, campagnols, hoplocampe, carpocapse)
- réduire les consommations de carburant en limitant les tontes mécanisées grâce au pâturage
- limiter l'utilisation de cuivre via l'utilisation de lactoserum produit sur l'atelier Neufchatel de l'exploitation pour gérer la tavelure (effet SDP et antagoniste attendus)
- fertilisation organique à base de fumier produit par l'atelier élevage de l'exploitation
Mots clés :
Diversification - Introduction d'animaux - Prophylaxie - Autonomie
Caractéristiques du système
Espèce | Variétés | Porte-greffe | Mode de conduite | Distance de plantation | Année d'implantation | Valorisation | Circuit commercial |
Pommier à cidre |
Douce de l'Avent Dabinett Judor |
MM106 | Basse-tige, axe palissé |
6 m x 3 m et 5,5 m x 2,3 m |
2012 |
Industrie |
Court |
Système d’irrigation : Non irrigué Gestion de la fertilisation : Apports organiques Infrastructures agro-écologiques : Nichoirs, haies
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Agronomiques |
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Environnementaux |
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Maîtrise des bioagresseurs |
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Socio-économiques |
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Le mot de l'expérimentateur
Le verger a été planté en 2012 en agriculture biologique dans le cadre du projet CASDAR Verger cidricole de demain avec une reconception du verger : densité de plantation légèrement inférieure au verger cidricole basse tige classique et pâturage par des moutons Shropshire. Le projet Sydra permettra de comparer le système avec pâturage avec un verger sans pâturage. L’objectif est de tendre vers la quasi-autonomie en termes d’intrants en mettant en place sur le verger un ensemble de pratiques en lien avec l’atelier d’élevage et de production de formage « Neufchatel » AOP bio sur la ferme. L’utilisation du lactoserum et du fumier sur le verger ainsi que le pâturage en sont quelques exemples.
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des adventices.
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Diversification par introduction de montons |
Introduction de brebis Shropshire pâturant le rang et l’inter-rang pour limiter les consommations de carburant liées à la tonte et au désherbage mécanique du rang |
0 à 2 tontes/an selon la densité de pâturage |
Lutte physique | Utilisation d’un broyeur sur l’inter-rang et d’un satellite sur le rang | Temps de passage du broyeur et du satellite compatible avec l’objectif économique du projet |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des ravageurs.
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Lutte biologique par conservation |
Implantation de haies autour du verger Favoriser l’activité de chasse des mésanges en implantant des nichoirs au sein du verger |
Très bon développement de la haie avec des espèces bien adaptées Bonne occupation des nichoirs et forte activité des mésanges observée |
Substitution par des produits de biocontrôle |
Utilisation de produits de biocontrôle à faible impact |
Virus de la granulose : efficience correcte voire très correcte compatible avec les objectifs économiques du verger |
Diversification par introduction de montons |
Introduction de moutons Shropshire pour leur effet prophylactique par ingestion des fruits véreux |
Pas d’effet observé sur 6 années sur les principaux bioagresseurs en comparaison avec la parcelle pâturée |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des maladies.
Leviers | Principes d'action | Enseignements |
Levier génétique |
Gestion de la tavelure reposant sur des variétés peu sensibles et/ou phénologiquement plus tardives (Douce de l’Avent et Dabinett) |
Dabinett très rustique 0 sans tavelure depuis 12 ans ; Douce de l’Avent idem mais problème de maladies secondaires avec chute anticipée du feuillage en été certaines années =>variété peu adaptée au contexte bas intrants |
Efficience |
Raisonnement de la lutte chimique à l’aide du modèle tavelure RIM Pro : intervention de préférence en préventif sur risque réel annoncé par le modèle, en fonction de l’inoculum d’automne de l’année précédente, de la sensibilité variétale et du niveau de risque de contaminations donné par le modèle |
Nombre d’interventions limitées sur tavelure : 2 à 5 selon les années |
Substitution par des substances de base |
Traitement tavelure quasiment exclusivement à base de lactosérum issu de l'atelier de production de Neufchâtel de l'exploitation |
Lactoserum : efficience correcte sur le long terme y compris sur variété sensible (Judor) et en année de forte pression (2024) |
Reconception |
Extensification du verger : 520 arbres/ha au lieu de 800 arbres/ha pour une meilleure aération du verger afin de limiter la pression maladie. |
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Diversification |
Introduction de moutons Shropshire pour leur effet prophylactique par ingestion des fruits véreux |
Pas d’effet observé sur 6 années sur les principaux bioagresseurs en comparaison avec la parcelle pâturée |
Bonne | Plutôt bonne | Moyenne | Mauvaise |
Bioagresseurs | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 |
Tavelure | ||||||
Oïdium | ||||||
Chancre | ||||||
Puceron cendré | ||||||
Anthonome | ||||||
Hoplocampe | ||||||
Carpocapse | * | * | * | |||
Campagnol | ||||||
Adventice |
*Pas d'interventions pour des raisons techniques (disponibilité du produit ou manque de main d'oeuvre)
L’utilisation de variétés tolérantes aux maladies permet de limiter les dégâts.
La maîtrise des bioagresseurs est correcte sur ce système avec les produits de biocontrôle.
Seul l’anthonome peut nécessiter une intervention avec un insecticide non biocontrôle (Spinosad).
Performance Agronomique
Les résultats agronomiques de cette parcelle peuvent être comparé à ceux d’une parcelle de référence situé sur l’exploitation (même variété, même date de plantation, densité d’arbre plus élevé et sans brebis).
Pour chacune des 6 années, les rendements de la parcelle de référence sont plus élevés que ceux de la parcelle en système SYDRA. Cette différents est visible sur les rendements totaux des parcelles (graphique de gauche) ainsi que sur les rendements de chacune de variété (graphique de droite).
Cette différence est majoritairement dû à la différence de densité de plantation d’arbre : 512 arbres/ha pour le système SYDRA et 790arbre/ha pour la parcelle de référence.
Les rendements en kg/arbres (graphique ci-dessous) montre bien que les rendements sont identiques voire légèrement plus important sur la parcelle SYDRA.
Un porte-greffe plus vigoureux (M25) aurait peut-être permis d’avoir des rendements un peu plus élevés sur la parcelle SYDRA à faible densité d’arbre et de compenser l’écart avec le rendement à l’hectare de la parcelle de référence.
Les rendements de la parcelle SYDRA sont néanmoins correct pour un verger bio malgré l’alternance.
Les arbres ont maintenant bien pris leur volume malgré un démarrage un peu difficile.
Performance Environnementale
L’objectif de réduction de minimum 75% a été atteint sur cette parcelle.
En moyenne sur les 6 années du projet, l'IFT (hors biocontrôle) est de 0,6 soit une réduction de 95% par rapport à l'IFT de référence pour la filière cidricole.
La réduction des IFT s’est faite grâce à la substitution totale des herbicides par du pâturage et par l’utilisation en priorité de produits de biocontrôle.
La diminution des IFT est également dû à la présence de variétés peu sensible à la tavelure qui a limité les interventions fongiques et l’utilisation de lactosérum (issu de l'atelier de production de Neufchâtel de l'exploitation et caractérisé comme substance de base pour l’utilisation en arboriculture) pour quasiment tous les traitement tavelure.
Vert = satisfaisant ; Jaune = à améliorer ; Rouge = pas du tout satisfaisant ; Gris= pas encore de résultats
Dimension évaluée | Indicateurs utilisés | Niveau de satisfaction aux objectifs | Commentaires | |
Biodiversité | Diversité des petits oiseaux | Bonne occupation des nichoirs et nombreuses mésanges observées dans les arbres | ||
Diversité botanique utile aux auxiliaires | Non observé | |||
Maitrise des bioagresseurs | Maitrise des maladies | Dégâts des maladies (tavelure, oïdium, chancre) | Tavelure plutôt bien maitrisée sur les variétés tolérantes | |
Maitrise des ravageurs principaux | Dégâts des ravageurs (puceron cendré, anthonome, carpocapse, hoplocampe) | Peu pucerons Dégâts anthonome te carpocapse très dépendantes des années |
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Maitrise des ravageurs secondaires | Dégâts des ravageurs (chenille défoliatrice, cicadelle, zeuzère...) | Présence de cicadelles et d'anthonome certaines années | ||
Maitrise de l'enherbement (adventices et couverts alternatifs) |
Quantité d'adventices problématiques (rumex, orties...) Accessibilité de la parcelle par les machines |
Pâturage seul insuffisant, nécessitant plusieurs tontes pour éliminer les refus (orties) | ||
Réduction des IFT | Réduction des produits phytosanitaires (hors biocontrôle) | IFT (hors biocontrôle) | IFT hors biocontrôle = 0,5 (0,8 en biocontrôle) en moyenne sur 6 ans soit 95% de réduction | |
Maitrise de la charge de travail | Charges de travail pour la maitrise des ravageurs et maladies | Nombre de passages de traitement (hors tonte/broyage) | Nombre de traitement limité | |
Charges de travail pour la maitrise des adventices | Nombre de passage de tonte/broyage | Moins de passage sur la parcelle pâturée mais quelques passages nécessaires pour maitriser les refus | ||
Charges de travail lié à l'organisation spatiale de la parcelle |
Nombre d'espèces récoltés Organisation spatiale de la parcelle |
Variété en blocs | ||
Production | Développement des arbres | Vigueur des arbres | Parcelle avec un démarrage un peu difficile, mais maintenant les arbres ont bien pris leur volume | |
Quantité de production | Alternance | Alternance à l'arbre sur le rang sur Judor et Douce de l'Avent | ||
Rendement | Rendements corrects malgré l’alternances |
Le pâturage est globalement positif car il permet de limiter les interventions de broyage et de tonte. Cependant, certains dégâts d’écorçage ont été constatés ce qui nécessite une bonne surveillance du troupeau. En contexte cidricole la disparition des branches basses en dessous de 1.2 m n’est pas un problème. L’incidence sur les bioagresseurs n’a pas pu être démontrée, sauf sur campagnol après 6 années de comparaison entre parcelle pâturée/non pâturée. | ![]() |
L’ensemble des observations réalisées a été transmis aux arboriculteurs normands dans le cadre du conseil en arboriculture effectué par les Chambres d’Agriculture de Normandie.
La lactoserum provenant directement de la fabrication du fromage sur la ferme semble présenter un bon potentiel sur cette parcelle pour maîtriser les maladies à un niveau acceptable en contexte cidricole. Une comparaison avec une zone sans aucun traitement sur le verger serait intéressante pour évaluer plus finement l’efficience de cette ressource.