
Système DEPHY - Biotaupes - PERSYST-Maraîchage

Conception du système
Le système de culture innovant doit permettre d'améliorer la fertilité du sol,mais aussi diminuer le temps et la pénibilité du travail. Dans le système initial, les créneaux pour les engrais verts d'hiver étaient assez courts, selon les années et les cultures. Réduire la pénibilité d'implantation manuelle des cultures était également un objectif visé du système de culture innovant.
Mots clés :
fertilité du sol - pénibilité du travail - engrais verts
Caractéristiques du système
Situation de production : plein champ, maraîchage biologique Espèces : salade, carotte, chou fleur, courge Gestion de l'irrigation : réseau d'irrigation enterré en plein champ. Irrigations courtes et fréquentes pour les légumes racine jusqu'au stade 2 feuilles. Fertilisation : épandage de compost (avant la carotte) Interculture : moutarde, navet, fève Gestion du sol/des adventices : non travail du sol, occultation Circuit commercial : vente directe, magasin spécialisé Infrastructures agro-écologiques : à compléter |
![]() |
Agronomiques |
Maintien du niveau des rendements. Amélioration de la fertilité naturelle du sol. Obtention d'une structure naturelle stable du sol au cours des années.Meilleure résilience vis-à-vis des aléas hydriques. |
Environnementaux |
Amélioration des performances environnementales (milieu sol, nichoirs, haies, friches). |
Maîtrise des bioagresseurs |
La maîtrise actuelle des bioagresseurs est globallement satisfaisante. |
Socio-économiques |
Augmentation du confort de travail (bonne gestion de l'enherbement, rapidité et ergonomie de la plantation). |
Le mot de l'expérimentateur
Les apports de compost de broyat de déchets verts en grosse quantité font craindre un risque de « blocage du sol » (dynamique de minéralisation) à cause d’un apport trop important de MO stable. C’est souvent la réticence agronomique face à cette pratique. Les pratiques de couverts systématiques et le soin de la ferme à l’entretien d’une bonne structure de sol ont garanti un fonctionnement de sol et une fertilité saine. La ferme a maintenant un recul de 10 ans de pratique suite à ces apports. Les observations de PERSYST ont permis, dans ce contexte, de confirmer que le sol de cette ferme est sain et supporte les besoins de production de légumes. Le GAEC Biotaupes est aussi en travail du sol réduit, un levier supplémentaire. Ce levier est piloté avec subtilité. Les interventions sur le sol (ou les non interventions) sont décidées en fonction du contexte climatique, de l'état du sol à l'instant t et des compromis d’ergonomie à réaliser. Il faut regarder ces pratiques dans le contexte de la ferme et avec le regard de l’agriculteur pour conclure à leur efficacité !
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des adventices.
Leviers |
Principes d'action |
Enseignements |
Occultation |
Privation de lumière pour empêcher la germination et affaiblir les vivaces par épuisement des réserves. Favorise la décomposition des résidus sous bâche. |
Peut être pénible physiquement |
Intégration de prairie |
Compétition par couverture végétale dense limitant l’installation des adventices. Réduction du stock semencier. Coupe le cycle des adventices |
Période d’implantation de la prairie important pour son bon développement. Entretien par broyage à prévoir. Destruction de prairie à anticiper plus que sur un couvert. |
Bâches et films de paillage (Toile tissée) |
Blocage de la lumière et réduction de la levée des adventices. Effet supplémentaire selon le matériau : réchauffement du sol, maintien de l’humidité. |
Installation peut être pénible. Bien fixer à cause du vent. |
Buttage |
Enterrement des adventices par accumulation de terre, réduisant leur émergence et limitant leur développement. |
|
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des ravageurs
Leviers |
Principes d'action |
Enseignements |
Filets |
Empêcher les ravageurs de venir pondre ou se nourrir sur la culture |
Permet une bonne protection physique à condition qu’il soit bien installé dès le début de la culture et jusqu’à la récolte |
Gestion de la fertilité du sol |
Favoriser la santé des plantes par le biais d'une bonne santé du sol. L'hypothèse est qu'un sol sain et fertile permet une bonne implantation et une bonne vigueur des cultures et donc une meilleure tolérance face aux ravageurs. |
Il n'y a pas d'impact significatif des pratiques de travail du sol et de fertilisation sur la pression des ravageurs. L'année météorologique reste le principale facteur |
Limocide (Féramol) |
Granulé de phosphate ferrique appétant pour les limaces qui en meurent ensuite |
Parfois le seul leviers de maitrise si infestation trop importante |
Avertissement : seuls les principaux leviers mis en œuvre dans le cadre de l’expérimentation et permettant une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires sont présentés sur ce schéma. Il ne s’agit pas de la stratégie complète de gestion des maladies.
Leviers |
Principes d'action |
Enseignements |
Choix variétal |
Variété avec un feuillage vigoureux, et plus rustique, adaptée à la culture en bio |
aucun |
Gestion de la fertilité du sol |
Favoriser la santé des plantes par le biais d'une bonne santé du sol. L'hypothèse est qu'un sol sain et fertile permet une bonne implantation et une bonne vigueur des cultures et donc une meilleure tolérance face aux maladies. Un pilotage plus fin des apports azoté permettrait également de limiter la sensibilité de la culture. |
Le contexte climatique est le facteur déterminant avant de pouvoir mesurer l’impact des pratiques de fertilité sur le développement des maladies |
Années | Adventices | Mollusque | Rongeurs | Insectes | Maladies fongiques aériennes | Maladies Telluriques |
2020 | ||||||
2021 | ||||||
2022 | ||||||
2023 |
Fourniture potentielle d’azote (U/ha/an) : Le système permet une fourniture suffisante d’azote au cours de l’année, comme en témoignent les rendements satisfaisants. La fourniture d’azote est liée à l’activité microbienne. Ces dynamiques dépendent beaucoup des conditions climatiques au moment des prélèvements (température, humidité du sol…).
La structure du sol est satisfaisante chaque année. Il y a de la porosité, des agrégats ronds, pas de trace d’hydromorphie. Une semelle de labour historique est présente à 20 cm. La stabilité structurale, mesurée par un slake-test (qui évalue la tenue des mottes à la réhumectation) chute après les cultures de poireaux et pommes de terre, dont les itinéraires chamboulent le sol. Elle se rétablie rapidement, notamment grâce aux longues périodes de couverts. A partir de 4 de note de slake-test, la stabilité des mottes est jugée correcte.
Evolution de la teneur en matière organique et de la biomasse microbienne
La teneur en MO oscille entre 2 valeurs, probablement du fait des différences de prélèvement et à l’hétérogénéité du sol lui-même. Il y a une accumulation de MO (couleur) à la surface et celle-ci ne se mélange pas complètement dans les mottes. Cela prendra du temps en non travail du sol.
La Biomasse microbienne (BM) est très dépendante des conditions pédoclimatiques. En 2022, toutes les BM du projet étaient basses, du fait d’une fin d’hiver encore très froid. En 2024, les sols gorgés d’eau tard dans la saison ont pu/freiner le développement microbien. Ici les quantités de BM sont satisfaisantes voire élevées.
En comparaison avec la quantité de carbone total, la biomasse microbienne est satisfaisante dans l’ensemble voire un peu faible. Ce ratio se situe souvent entre 1.8% à 3% (référence laboratoire). Cet indicateur permet de relativiser l’abondance microbienne par rapport aux capacités d’accueil du sol. Les indicateurs d’activité biologique (minéralisation du carbone et de l’azote) sont satisfaisants également.
Conclusion : Un sol avec une bonne structure, résilient face aux interventions sur le sol. Un pH de 6.5 en fin de projet. Une population microbienne présente et active. Le système de culture est adapté pour préserver la qualité du sol, du point de vue de sa structure, de sa stabilité, de son activité microbienne et de sa fertilité chimique. (observation valide pour un pas de temps de 5 ans)
Les rendements suivis sur l’essai satisfont le producteur. La qualité également. Le suivi des adventices est globalement satisfaisant même si pour certains itinéraires, cet aspect est à améliorer d’après le producteur (poireaux).
Atouts : Le faible ou non travail du sol permet une souplesse et une robustesse pour l’implantation des cultures (humidité et sécheresse). C’est un avantage qui permet d’éviter les retards de chantier et d’abimer ses parcelles
Contraintes : Gestion de la précocité difficile, notamment avec l’utilisation de paillage et des couverts. L’itinéraire de poireau et de la pomme de terre dans ce système chamboule le sol et réduise sa qualité, c’est accentué avec des conditions météo défavorables
Recommandations et pistes d'amélioration :
- Eviter les transitions brutales du travail du sol au non travail du sol, sur un sol qui n’a pas de qualité de structure adaptée,
- Maitriser les itinéraires techniques,
- Se garder la possibilité d’intervenir sur un travail de sol pour être rassuré techniquement et psychologiquement.