Conception du système

Ce système, conçu en 2010, vise à atteindre l'autonomie azotée dans un contexte sans élevage, en grandes cultures céréalières bio sans irrigation, tout en maintenant une rentabilité économique (charges réduites avec des interventions mécaniques limitées).

Mots clés :
Autonomie azotée - Fertilité des sols - Légumineuse - Agriculture Biologique - Désherbage mécanique 

 Caractéristiques du système

Succession culturale :

Interculture Cultures intermédiaires non systématiques. La lutte contre les adventices passe par des déchaumages réguliers durant l'interculture, ce qui n'est pas compatible avec l'implantation de couverts. Gestion de l'irrigation Aucune Fertilisation Aucun apport organique depuis 2010. Uniquement kieserite sur les luzernes (40 à 50 unités en moy. de soufre en sortie hiver) Travail du sol Labour quasi systématique Infrastructures agroécologiques voir la page SITE La Saussaye

Résultats sur la période 2017-2024 :

P. : Printemps - H. : Hiver 

Niveau de satisfaction : Rouge - Non satisfaisant / Jaune - Partiellement satisfaisant / Vert - Satisfaisant

Historiquement le Système Autonome bénéficie d’une flore adventice diversifiée et peu dense grâce aux 3 années de luzerne en début d’expérimentation. On note cependant un salissement progressif de la parcelle avec l'émergence du vulpin en 2017 et l'expansion du chardon à partir de 2019. L'enherbement a pris de l'ampleur dans les cultures à grand écartement (sorgho et féverole), en particulier en fin de cycle. Le chardon a concurrencé l’orge de printemps en récolte 2022, nécessitant la réintroduction de la luzerne dans la rotation. L’effet nettoyant de cette culture, en place depuis 2023, a été particulièrement efficace. Toutefois, en 2024, on note la forte émergence de graminées. L'hypothèse de cette progression est le positionnement des dates de coupes en 2023, parfois trop tardives, après montée à grenaison (alimentation du stock semencier)

Performance agronomique

P. : Printemps - H. : Hiver - NC : Non concerné

Niveau de satisfaction : Rouge - Non satisfaisant (inf. de 20% à l'objectif de rendement / Jaune - Partiellement satisfaisant (inf. de 10% à l'objectif de rendement) / Vert - Satisfaisant (> objectif de rendement)

Performance environnementale

Pour rappel, les parcelles converties en AB sont incluses dans le périmètre rapproché d'un forage dédié à l'alimentation en eau potable. L'ensemble de l'assolement de la ferme est également situé sur une Aire d'Alimentation de Captage. À ce titre, une attention particulière est portée au risque de transfert en nitrates. Un suivi reliquat a pour objectif de retracer la dynamique complète de l'azote du sol. Une limite indicative de concentration en nitrates la lame d'eau drainante sous-parcellaire à ne pas dépasser est fixée à 50 mg/L et correspond à un REH de 60 kg N/ha.*

Dans le cadre de l'Autonome, les REH sont fluctuants selon les conditions météo, les types de successions et la gestion de l’interculture (objectif de 60 kg N/ha atteint 1 année sur 2). Pour certaines situations dites à risque (pailles > pailles ou précédent légumineuses), l’implantation d’un couvert d’interculture serait souhaitable afin de réduire les pertes d’azote par lessivage. Toutefois, la gestion des vivaces durant l’été reste une priorité.

Hors perte en nitrates, il est légitime de supposer qu'en l'absence d'apport organique exogène, l'Autonome se caractérise par de plus faibles émissions de Gaz à Effet de Serre. Des études complémentaires permettront (via l'outil SYSTERRE) d'apporter des éléments de réponse chiffrés à cette hypothèse.

* valeur plafond estimé en moyenne (tout type de sol confondu à l'échelle du département du 28) via le modèle de Burns. Source : Chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir

Performance économique

PB : Produit Brut - MB : Marge Brute

(*) Calcul basé sur les prix de vente non consolidés de 2024 établis dans les contrats de campagne

L’Autonome produit une marge brute inférieure à celle du Producteur, mais ce résultat, avant 2021, était généralement compensé par des charges de main d’œuvre et de mécanisation moindres (en complément d’un poste de dépense nul en fertilisation). Depuis 2021, l’écart se creuse entre les deux systèmes.

Il existe une grande fluctuation selon les années, les parcelles, l’effet du contexte météorologique de la campagne sur le rendement de la culture (gel, maladies, stress hydrique ...). Deux points sont à noter :

• Les deux systèmes de culture ont évolué en cours d’expérimentation (retrait de la luzerne du Système Autonome sur la période 2019 à 2021 et introduction dans le Système Producteur dès 2018). Ce changement de protocole a aussi un impact sur les résultats économiques.
• La marge semi directe moyenne sur le Système Autonome est tirée vers le haut par les très bons résultats du blé tendre 2017. A l’inverse, la conduite de deux cultures (betterave en 2022, triticale en 2023) en Producteur, dégageant une bonne rentabilité, marque le différentiel avec l’Autonome en comparaison d’une orge de printemps déclassée en fourragère en 2022 et d’une luzerne en 2023.

* Résultats extrapolés à l'échelle d'une ferme virtuelle de 180 ha (1 UTH). Réalisation d'une évaluation multicritère via l'outil SYSTERRE

Note de satisfaction (1 : Très défavorable à 5 : Très favorable)

• À court terme, en lien avec la dernière année de maintien de la luzerne (récolte 2025), la stratégie sera d’éviter toute montée à grenaison des graminées au moyen de passages répétés du vibroculteur en sortie d’hiver, avant reprise végétative et en portant une attention particulière sur le positionnement des coupes.
• À moyen terme, avant d’envisager une éventuelle évolution du dispositif expérimental (ex : test de nouveaux leviers), un plan de gestion vivace devra être établi et mis en œuvre dès la campagne 2025-2026 (stratégie d’épuisement via scalpages répétés en juillet – août dès l’atteinte du stade 6 feuilles pour le chardon). Les enseignements qui découleront de cette phase transitoire seront transférables aux agriculteurs du territoire confrontés aux mêmes difficultés.
• Toutefois, en perspective sur le long terme, il est possible d’envisager l’introduction de couverts d’interculture plus systématique, technique jusqu’à présent peu mobilisée du fait de la nécessité de gérer prioritairement l'enherbement.